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Les Etats-Unis satisfaits de la lutte anti-terroriste en Algérie

mercredi 5 mai 2004, par Hassiba

Les Etats-Unis ont-ils changé de politique envers l’Algérie concernant les livraisons d’armes ? Un article de la revue d’intelligence américaine World Tribune.com tend à le confirmer.

Daté du 14 avril 2004, un article annonce que « l’Algérie attendrait une livraison fraîche d’armements létaux en provenance des Etats-Unis ». Liant cette information aux résultats de l’élection présidentielle du 8 avril dernier, l’auteur affirme que le gouvernement US récompense l’Algérie pour le bon déroulement du scrutin. « Les Etats-Unis sont déterminés à paver la route aux premières livraisons d’armes létales, dont les premiers arrivages pourraient avoir lieu dès le mois prochain (mai, NDLR) », a affirmé un officiel américain à l’agence de presse online East West Services Inc.

Cette information semble aller dans le sens de la levée de « l’embargo » US sur les ventes d’armes de guerre à destination de l’Algérie. Quelle forme pourrait prendre ces livraisons, compte tenu de la détermination américaine de maintenir un équilibre dans le rapport de forces entre l’Algérie et le Maroc. Le Maroc demeure le premier partenaire stratégique des Etats-Unis dans la région. Pour l’instant, l’achat par l’Algérie d’avions militaires ou de missiles à moyenne ou à longue portée parait exclu. Les autorités marocaines, qui viennent d’établir un accord de libre-échange avec Washington, jugent menaçant le parc aérien algérien, surtout depuis l’acquisition par les forces aériennes de bombardiers russes Sukhoï 24 Fencer et le développement des techniques de ravitaillement en vol. L’acquisition par l’Algérie d’armement classique à destination de l’infanterie (fusils, pistolets...) est lui aussi impensable tant est ancrée la tradition de traiter avec l’armement russe. Par contre, l’ANP a un besoin pressant en équipement de lutte antiterroriste à grande échelle.

L’achat d’hélicoptères AH-64 Apache ou de missiles Hellfire représentent donc la probabilité la plus sérieuse, autant que l’amélioration des capacités nocturnes des hélicoptères déjà acquis. Progressivement allégé depuis 2002, cet « embargo » de fait ne concernait plus que les importations d’équipements balistiques (missiles) et tactiques (chars, avions, armement automatique..) ainsi que le matériel d’écoute et de surveillance. On se souvient des premières livraisons d’équipements de vision nocturne en novembre 2002 mais aussi de la déclaration, la même année, de Richard Boucher, porte-parole du gouvernement US, à propos de la livraison de matériel militaire. « Washington a autorisé la vente de stations radar au sol, d’équipements de communication tactique, de pièces détachées pour les Hercules C-130 de l’armée de l’air ainsi que de véhicules de type Humvee », avait-il révélé. En effet, l’Algérie avait en 2002 importé pour l’équivalent de 37 398 132 dollars, dont 28 597 589 dollars de pièces de rechange et composants électroniques, 3 339 191 dollars de machines de cryptage et 2 135 995 dollars d’agents chimiques et d’herbicides.

Des achats d’armes en évolution constante depuis 1990 : d’ailleurs la somme des exportations de matériel militaire US vers l’Algérie entre 1990 et 1999 (19 311 000 dollars) représente la moitié des transactions en 2002 (37 398 132 dollars). Le volet formation est aussi en nette évolution depuis 1990 : il représentait à cette date 144 000 dollars alloués par le Congress au département US de la défense dans le cadre de l’IMET (International Military Education and Training) pour la formation d’officiers algériens. Des officiers formés essentiellement dans les domaines de l’aviation militaire et des forces spéciales. Cette aide à la formation a fortement été influée par la montée du terrorisme car elle baissa de moitié pendant les années 1994-1997. En 2004, le montant de ce budget a atteint les 700 000 dollars, soit dix fois plus qu’en 1995. Les officiels du département de la défense prévoient que ce chiffre atteigne les 850 000 dollars pour l’année 2005. « L’assistance US a permis d’établir des liens institutionnels avec les militaires. Le gouvernement algérien a démontré qu’il était un partenaire important dans la lutte globale contre le terrorisme ; il reste dans l’intérêt des USA d’aider l’armée algérienne dans le renforcement de son professionnalisme, de son efficacité et accroître son interopérabilité avec les Etats-Unis et les forces alliées »,est-il relevé dans un document de l’IMET à destination du Congress. Mieux encore, selon ce document, l’augmentation de cette aide permettra de développer des relations avec les membres clés du pouvoir militaire algérien, avec lesquels les Etats-Unis ont traditionnellement une relation limitée.

A titre de comparaison, l’Algérie percevra en 2005 une aide à la formation à peu près équivalente que celle qu’octroie l’armée US au Liban, alors qu’elle finance à hauteur de 1 875 000 dollars les militaires marocains et tunisiens. En 1999, l’Algérie avait été classée au 27e rang des pays importateurs d’armes (550 000 000 dollars), le Maroc est à la 48e place (130 000 000 dollars) et la Tunisie à la 104e (10 000 000 dollars). La levée des restrictions américaines sur l’achat d’armement sera logiquement suivie par la Grande-Bretagne. L’amélioration des capacités nocturnes des véhicules et appareils de l’ANP aura probablement un impact décisif dans la lutte antiterroriste. Surtout qu’en la matière, le département d’Etat américain vient, à travers un récent rapport, de saluer l’action « agressive » de l’Algérie.

Par A.K., El Watan