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Les menaces d’ Ouyahia

Les fraudeurs et les agitateurs seront sanctionnés

mercredi 17 mars 2004, par Hassiba

Ahmed Ouyahia, président de la Commission nationale préparatoire de l’élection présidentielle et “non moins chef du gouvernement” a appuyé, hier, les propos d’Abdelaziz Bouteflika, qui s’exprimait la veille lors de l’émission Baramidj (Programmes, ndlr) de l’ENTV.

Quiconque s’aventurera à se rendre coupable d’actes contraires aux lois de la République verra s’appliquer, avec la plus grande fermeté, ces mêmes lois de la République”, a menacé Ouyahia, au cours d’une conférence de presse au Centre international de la presse (CIP), à Alger.

“Nous avons, en tant que gouvernement, donné toutes les garanties nécessaires à un déroulement sain et équitable du scrutin ; les six candidats bénéficieront d’un régime loyal et correct, rien ne sert de proférer des menaces, de recourir à la surenchère ou de privilégier l’agitation et le désordre. La loi est au-dessus de tous.

Elle s’appliquera contre toute tentative de fraude et contre toute tentation par la voie de l’anarchie”, a-t-il précisé.

La veille, devant l’écran de télévision, Bouteflika, Président et candidat à sa propre succession, avait tapé sur la table : “Il n’y aura pas d’arrêt du processus électoral.” Ces déclarations, curieusement simultanées, répondent à un double souci, d’ordre politique évidemment.
D’un côté, démentir ces folles rumeurs, selon lesquelles le vote serait rendu impossible le 8 avril, de l’autre, montrer à quel point l’état, représenté, aujourd’hui, par les deux têtes de l’exécutif - un couple engagé ensemble dans la course présidentielle - s’évertuerait à réparer les erreurs du passé en clamant la tenue d’une échéance propre et démocratique.

Du reste, la réplique d’Ahmed Ouyahia est une mise au point officielle à M. Ali Benflis, lequel avait promis de gagner El-Mouradia “par les urnes ou par la rue”, - Benflis, lui-même, visant à mettre en garde l’administration contre la fraude au profit de Bouteflika. La mise au point en question ne s’est pas arrêtée là puisque le patron du RND, dans ses réponses concernant les “prétendues intentions d’intimidations et les velléités de fraude”, a adopté le sarcasme et la dérision : “Qui se sent morveux se mouche. L’Algérie, vous en conviendrez, ne se construit guère dans les salons de la capitale.” Puis le défi : “Je mets au défi quiconque pourrait citer le nom de ces trois walis qui auraient, selon un candidat (en l’occurrence M. Benflis, ndlr) avoué avoir subi des pressions des hautes autorités ; et je défie ces trois walis auxquels je promets la protection de l’état et ma protection propre en tant que chef du gouvernement- de se prononcer publiquement !” Son argumentaire touche également l’armée dont il a “salué les dernières déclarations” de son chef d’état-major Mohamed Lamari, “son interview à la revue El Djeïch ne fait que rappeler l’attachement de cette institution républicaine à une élection crédible et honnête”.

Le président de la Commission nationale préparatoire de l’élection présidentielle n’a pas caché son irritation à propos des “interprétations tendancieuses” des déclarations du général de corps d’armée “alors que l’ANP confirme sa volonté, voire sa décision, de se retirer du champ politique”.

Habile interprète des chiffres, allié des islamistes du MSP et des “redresseurs” du FLN dans son soutien au candidat Abdelaziz Bouteflika, Ouyahia a tenté de démolir les arguments et les appréhensions des candidats de l’opposition à travers une lecture académique d’un arsenal de textes adoptés récemment ou précédemment.

Il a ainsi présenté les 25 articles de la loi électorale “énonçant des sanctions pénales”, allant de trois mois à dix ans d’emprisonnement, selon le degré du délit, “contre toute atteinte à la régularité de l’élection”.

Lyès Bendaoud, Liberté