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Proche Orient - Afrique du Nord

L’eau affiche des niveaux critiques

jeudi 11 mars 2004, par Hassiba

L’Algérie figure parmi les pays dont les disponibilités en eau douce ont atteint des niveaux critiques. Le constat est fait par les experts du Fonds international de développement agricole (FIDA) dans un document intitulé « Gestion de la rareté de l’eau dans la région Proche-Orient et Afrique du Nord » (POAN).

Recensée parmi les pays de cette région, l’Algérie accusera au fil des ans - autant que toute la région d’ailleurs - un déficit en eau douce qui confirmera la situation critique qu’elle vit déjà. « La région POAN est la région la plus aride du monde avec un accroissement en fréquence et en sévérité de la sécheresse », affirme le FIDA. Au titre des principaux indicateurs en la matière, l’institution onusienne note que « bien que 5% de la population mondiale y vive, la région ne possède que 1% des réserves d’eau douce accessibles de la planète ». Pour préciser davantage ces affirmations, il est souligné que « les quantités d’eau superficielles disponibles sont limitées et menacées par une érosion des sols croissante ».

Le FIDA reproche aux pays concernés de maintenir un rythme de pompage des eaux souterraines supérieur au taux naturel de réalimentation. Il est prévu pour la région POAN des disponibilités en eau « plus faibles que dans d’autres régions souffrant d’un manque d’eau ». Schématisées par un graphe, les prévisions en la matière montrent que si en 1980, la région POAN a pu garantir 2.000 m3 à chaque habitant, en 1995, elle a été obligée de revoir la portion au-dessous de ce seuil. Et d’ici à 2010, les 2.000 m3 par habitant seront réduits carrément de moitié. Le FIDA estime que les prévisions de la rareté de l’eau en 2025 sont « au rouge » que ce soit au Proche-Orient, en Extrême-Orient, en Afrique du Nord et en Afrique du Sud. En 2025, le POAN attribuera seulement 500 m3 par habitant.

Un diagnostic a été établi sur la base de « la sévérité du stress lié à la qualité et la quantité de l’eau ». On y relève que l’Algérie est classée parmi les pays dont le degré de sévérité de la qualité de l’eau est jugé élevé. Elle partage ainsi le même problème que le Maroc, l’Egypte, la Syrie, le Liban, la Tunisie et l’Irak. Quant au degré de sévérité lié à la qualité de l’eau, il est aussi élevé en Algérie qu’en Cisjordanie et Gaza, en Jordanie, au Yémen, à Bahreïn, au Qatar, aux Emirats Arabes Unis, au Koweït, à Oman et en Arabie Saoudite

L’agriculture accapare la plus grande quantité des eaux disponibles dans ces régions à raison de 78% d’utilisation, suivie de l’industrie (4%). L’évaporation des eaux dans les surfaces libres est de l’ordre de 2% tandis que l’alimentation en eau des villes atteint 5%. Dans la région POAN, 22,6 millions d’habitants n’ont pas accès à l’eau potable. Le taux de recouvrement des coûts est jugé faible dans le secteur de l’irrigation. Pour remédier à cette situation critique en matière de ressources en eau, le FIDA estime qu’il est impératif « d’adopter une approche intégrée dans leur gestion par les prestataires de services ». Il s’agit, pour cela, de « considérer l’eau comme une ressource holistique faisant l’objet de demandes compétitives, de promouvoir la prestation de services en fonction des demandes des usagers et de leurs capacités de remboursement et d’aider les prestataires de services publics et privés créant des incitations économiques en faveur d’une utilisation durable de l’eau ».

« Relever les tarifs de l’eau sans exclure les subventions ciblant les plus pauvres » est une proposition que le FIDA qualifie de « mesure indispensable ». Mesure qui obligera les pays concernés à promouvoir les économies d’eau par un relèvement des tarifs, à fixer des redevances à un niveau permettant de couvrir la totalité des coûts d’entretien des ouvrages hydrauliques, à assurer la viabilité financière des prestations de services (eau d’irrigation et eau potable) et, enfin, à économiser l’eau pour tenir compte des besoins environnementaux et écologiques. Le FIDA propose la décentralisation de la gestion de l’eau en confiant, entre autres, la responsabilité aux agriculteurs.

Le FIDA conseille, par ailleurs, à la région d’encourager les agriculteurs à adopter des cultures irriguées assurant une productivité élevée par unité d’eau. « Avec la mondialisation, la notion d’eau virtuelle devient un important élément du commerce des produits agricoles », est-il souligné. Il est en outre affirmé que « la promotion des cultures d’exportation doit être déterminée non pas par les besoins en devises mais par l’incidence de ces cultures sur la durabilité des ressources en eau ». L’utilisation des eaux usée traitées, de nouveaux systèmes d’irrigation de précision et autres techniques de collecte de l’eau de pluie à faible coût sont les technologies que le FIDA propose pour économiser l’eau dans l’agriculture irriguée. L’utilisation durable des eaux souterraines exige, selon les experts, l’adoption d’une réglementation précisant que les eaux souterraines appartiennent à l’Etat et ne sont pas incluses, par conséquent, dans la propriété de la terre.

Un permis devra ainsi être délivré aux propriétaires fonciers pour l’extraction et l’utilisation de ces eaux.

Les ressources en eau transfrontières doivent elles aussi bénéficier de « plans d’actions concertés » pour leur utilisation durable.

A titre d’exemple, le FIDA parraine actuellement l’expérience de l’Algérie, la Libye et la Tunisie.

Ghania Oukazi, Le Quotidien d’Oran