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RSF épingle l’Algérie

samedi 3 février 2007, par Rédaction

La situation de la presse en Algérie reste difficile selon l’ONG Reporters Sans Frontières (RSF) dans son rapport 2007 sur la liberté de la presse dans le monde.

La liberté de la presse n’est pas protégée en Algérie.

La décision du président Abdelaziz Bouteflika, le 5 juillet 2006, de gracier les professionnels de l’information condamnés pour "diffamation" et "outrage à institution et corps constitués" a certes libéré de nombreux journalistes du carcan judicaire auquel ils étaient soumis. Mais cette mesure n’a pas mis fin à la répression de la presse algérienne. Les médias n’ont pas échappé, en 2006, à des poursuites judiciaires et la peur de voir un nouveau quotidien fermé, comme ce fut le cas deux années auparavant pour le quotidien Le Matin, est présente chez de nombreux directeurs de publication. Au moins cinq journalistes ont été interpellés pendant l’année 2006 en Algérie.

Alors que le code de la presse prévoit toujours des peines de prison - notamment pour toute "mise en cause du président de la République dans des termes injurieux, insultants ou diffamatoires" - , une nouvelle ordonnance, votée en février 2006, portant sur la mise en œuvre de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, se révèle tout aussi dangereuse pour les professionnels des médias. Ce texte, qui peut donner lieu à de multiples interprétations, prévoit des peines de cinq ans de prison et des amendes pour tout individu qui "par ses déclarations, écrits ou tout autre acte, utilise ou instrumentalise les blessures de la tragédie nationale, pour porter atteinte aux institutions de la République algérienne démocratique et populaire, nuire à l’honorabilité de ses agents qui l’ont dignement servie, ou ternir l’image de l’Algérie sur le plan international".

Les procès qui se sont ouverts cette année sont particulièrement représentatifs de l’instrumentalisation de la justice par les autorités algériennes. Les sanctions qui sont déjà tombées en première instance marquent le début d’un nouveau feuilleton politico-judiciaire dont l’issue semble jouée d’avance. Plusieurs journalistes ont confié à Reporters sans frontières ne pas avoir reçu de convocation à leur propre procès. C’est ainsi que le tribunal d’Hussein-Dey dans la banlieue est d’Alger a condamné, le 31 octobre, le directeur du quotidien Ech-Chourouk Ali Fadil et la journaliste Naïla Berrahal à six mois de prison ferme et 20 000 dinars (soit l’équivalent de 220 euros) d’amende suite à une plainte en diffamation déposée par le président libyen Mouammar Kadhafi.

Le tribunal a également prononcé la suspension du journal pendant deux mois et l’a condamné à verser au chef d’Etat 500 000 dinars (5 500 euros) de dommages et intérêts. Dans une autre affaire, le tribunal de Jijel, à 360 km à l’est de la capitale, a condamné par défaut, le 25 décembre, Omar Belhouchet, directeur de publication du quotidien El Watan, et le chroniqueur Chawki Amari à trois mois de prison ferme pour "diffamation" après la publication d’un article, au mois de juin, dénonçant les malversations d’un haut fonctionnaire. Enfin, l’Algérie n’a pas échappé à la fièvre déclenchée dans le monde arabe par la publication des caricatures danoises du prophète Mahomet. En février, Kamal Bousaâd et Berkane Bouderbala, directeurs des hebdomadaires arabophones Errissala et Essafir, ont été incarcérés pendant un mois pour avoir reproduit les dessins controversés.

Synthèse de Mourad
D’après Rapport RSF 2007