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Rapport annuel Amnesty International :« Torture et détention secrète en Algérie »

dimanche 30 mai 2004, par Hassiba

Amnesty International a rendu public, la semaine écoulée, son rapport annuel 2004 sur la situation des droits de l’homme dans le monde. Dans le chapitre consacré à l’Algérie, cette ONG de défense des droits de l’homme a dressé un tableau peu reluisant de la situation qui prévaut dans le pays, notamment dans le domaine de la liberté d’expression et des droits de l’homme.

Amnesty a rappelé que la situation politique était instable en Algérie, en raison des luttes de pouvoir et ce, à l’approche de l’élection présidentielle, qui s’est tenue en avril dernier. Selon Amnesty, le recours à la torture était favorisé par la pratique persistante de la détention secrète et non-reconnue. « Les personnes soupçonnées de crimes qualifiés "d’actes terroristes ou subversifs" étaient systématiquement torturées. Les responsables de l’application des lois ne respectaient pas les garanties légales contre la torture et la détention secrète. Aucune allégation de torture n’a fait l’objet d’une enquête approfondie, indépendante et impartiale », a-t-elle constaté.

Elle a cité le cas M. Mohamed Belkheir, un restaurateur, arrêté en mars dernier, qui aurait été torturé pendant les dix jours de garde à vue au centre de détention de l’ex-Sécurité militaire de Ben Aknoun, à Alger. « Cet homme de 42 ans s’est plaint d’avoir été attaché et forcé d’avaler une grande quantité d’eau sale. Il aurait également été battu et aurait reçu des décharges électriques », a rapporté l’ONG. Selon elle, M. Belkheir a été contraint de signer des « aveux » sans être autorisé à lire le procès-verbal. Celui-ci a été inculpé d’appartenance à un groupe « terroriste » et de rétention d’informations alors qu’il a toujours nié les faits qui lui étaient reprochés.

Le rapport relève qu’aucune enquête exhaustive n’a été menée sur les crimes contre l’humanité commis depuis 1992, notamment, les milliers d’exécutions extrajudiciaires, d’homicides délibérés et arbitraires de civils, d’actes de torture et de mauvais traitements ainsi que de « disparitions ». « Aucune initiative concrète n’avait, apparemment, été prise par les autorités pour traduire en justice les responsables présumés des atteintes aux droits humains perpétrées au cours de l’année ou des années précédentes et imputables aux forces de sécurité, aux milices armées par l’Etat ou aux groupes armés », a observé Amnesty. Le rapport indique que les défenseurs des droits de l’homme se sont vu imposer des restrictions à leurs activités. « Certains ont été arrêtés et ont fait l’objet de poursuites judiciaires et la liberté d’association et de réunions demeurait limitée », est-il souligné. Le rapport fait remarquer que la remise en liberté de Salaheddine Sidhoum, un médecin et défenseur des droits humains qui vivait dans la clandestinité depuis neuf ans, a constitué un événement positif.

Amnesty International a rapporté que les restrictions à la liberté d’expression ont été renforcées alors que s’exacerbaient les tensions politiques à l’approche du scrutin présidentiel de 2004. En août 2003, note cette organisation, six journaux privés ont été empêchés de paraître, officiellement parce qu’ils devaient de l’argent à l’imprimerie gérée par les autorités. « Toutes ces publications avaient dénoncé, au cours des mois précédents, la corruption de certains responsables gouvernementaux et leur implication dans des scandales financiers. Plusieurs journalistes et un directeur de publication à l’origine d’articles et de caricatures ont été condamnés à des peines d’emprisonnement avec sursis pour diffamation, notamment envers le chef de l’Etat », a rapporté Amnesty. Le cas de Hassan Bouras, un journaliste exerçant dans la wilaya d’El Bayadh, a été cité dans le rapport qui fait référence à son arrestation en novembre et sa détention pendant près d’un mois, et ce, parce qu’il avait évoqué dans ses articles des faits de corruption dans lesquels seraient impliqués des notables locaux.
Amnesty a rappelé que plusieurs journalistes étrangers ont été expulsés d’Algérie en juillet 2003. Cette mesure, qui a fait suite à la remise en liberté d’Abassi Madani et d’Ali Benhadj, avait pour but d’« empêcher les médias étrangers d’évoquer ces libérations ».

Par Nabila Amir , El Watan