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Saïd Sadi : “Nous empêcherons la fraude par tous les moyens”

mardi 6 avril 2004, par Hassiba

Avant même que n’arrive “l’heure de vérité”, la fraude, redoutée par de nombreux candidats, est déjà signalée en Hexagone où nos ressortissants ont déjà commencé à voter et où, à en croire les représentants des trois postulants (Djaballah, Sadi, Benflis), les représentations diplomatiques financent l’acheminement des électeurs du président-candidat, pour lesquels “un pécule, prélevé sur la trésorerie des affaires étrangères, est versé”.

Une situation qui n’a pas laissé indifférents les candidats qui s’apprêtent à organiser une rencontre pour trouver les meilleurs moyens afin d’empêcher que “le vote à la sicilienne de Marseille” ne se reproduise le 8 avril prochain. “Je souhaite pour ma part, que les trois candidats opposés à la stratégie (de Bouteflika, ndlr) de viol de consciences, de détournements des institutions et de corruption se réunissent vite pour arrêter les mesures à même d’empêcher que ce qui s’est passé dans l’émigration se reproduise le 8 avril”, a annoncé, hier, le candidat Saïd Sadi lors d’une conférence de presse animée au siège du parti, à Alger.

Même s’il concède que, s’agissant de faits ayant eu pour théâtre un territoire étranger, “ils ne peuvent que dénoncer les dépassements”, il n’en demeure pas moins qu’il estime que sur le territoire national, la protection du vote est plus aisée. “La fraude dans les bureaux sera impossible”, a-t-il indiqué. Selon lui, elle ne peut être opérée qu’en “amont et en aval”.

En amont par la “pression sur les électeurs et en aval par l’annonce d’autres résultats que ceux donnés par les urnes”. Une éventualité qui appellera une double réponse de la part des candidats : d’abord par “les moyens juridiques” et ensuite par l’usage de “tous les moyens”. “Si Zerhouni annonce d’autres résultats que ceux des urnes, tous les moyens seront bons pour rejeter la fraude, y compris les moyens illégaux”, avertit Sadi. “Je refuse de me soumettre à une fraude de plus dans le pays”, dit-il.
Le candidat Sadi qui venait de clore sa campagne a qualifié celle-ci de “positive”. “Ayant vécu la campagne de 1995, j’ai pu mieux voir, pendant ces périples, les profondes mutations survenues dans le pays”, explique-t-il. Aussi, a-t-il relevé que “la violence qui marquait les propos et les comportements de la jeunesse a disparu”, que la “mobilisation était forte” et, enfin, que “partout, les algériennes et les algériens attendent le changement”. Sadi qui a sillonné 35 wilayas représentant l’ensemble sociologique de la nation soutient, quant à la Kabylie, “enlisée dans des provocations maffieuses”, qu’elle a “retrouvé confiance et renoué avec ses longues traditions de lutte”.

Une campagne du reste qualifiée de “franchement opposée” à celle du président-candidat. “D’un autre côté, j’ai pu observer l’effarante irresponsabilité du président-candidat qui s’est livré à une campagne de viol des consciences et de terreur administrative dignes de l’époque coloniale”, dit-il dans la déclaration liminaire. “Le président-candidat a mené une campagne chère, grossière et irrégulière”, note-t-il. “Agressions, chantage, corruption et pollution de l’environnement par un affichage débridé, auront été les constantes d’un homme sans vision ni cohérence, hormis celle de vouloir s’imposer par l’argent et l’administration”, ajoute-t-il encore.
C’est pourquoi il estime qu’un candidat qui recourt à ce genre de pratique est passible de prison. “Légalement on est tenu de donner la comptabilité des dépenses lors de la campagne. Un homme qui tapisse tous les murs hormis ceux des ambassades et abuse de l’argent public doit aller en prison”, dit-il. Sadi qui ironise sur les affiches du candidat représenté par huit images différentes - c’est vrai qu’il a plusieurs visages, dit-il - estime que le “président-candidat a été piégé par ses conseillers”. “C’est une campagne vulgaire et cette dictature par l’affiche est un indice du despotisme de demain”, fait-il observer. Mais pour Sadi, “ou le président a paniqué ou il a disjoncté, ou c’est les deux à la fois”. “Franchement, il a à gagner de rentrer chez lui”, lui conseille-t-il.

Comment le candidat Sadi voit l’issue des élections ? “Le deuxième tour est absolument inévitable”, estime-t-il. En tout cas, il est convaincu que le président-candidat ne passera pas au premier tour. “Il y aura un deuxième tour, et ce sera aux citoyens de trancher”, comme pour répondre aux questions qui se posent quant aux divers scénarios qui risquent de se présenter. Interrogé sur le soutien des islamistes à Bouteflika, Sadi a estimé “qu’il est logique”.
Enfin, il a indiqué qu’un deuxième mandat de Bouteflika “précipiterait le chaos”.

Pour parer à la fraude

Sadi, Djaballah et Benflis se rencontrent aujourd’hui
Sauf empêchement majeur, les trois candidats à l’élection présidentielle, le Dr Saïd Sadi, Abdallah Djaballah et Ali Benflis devraient se rencontrer aujourd’hui, pour arrêter “les meilleurs moyens pour parer à une éventuelle fraude massive”. C’est ce que nous avons appris, hier, de source généralement bien informée. Cette rencontre au sommet permettra, également, de mener à terme “l’annulation du scrutin à Marseille”, a-t-on ajouté de même source.

K. K., Liberté