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Saïd Sadi à la salle Harcha- Hacène

dimanche 4 avril 2004, par Hassiba

Après son passage triomphal, ce week-end en Kabylie, le candidat à l’élection présidentielle du 8 avril prochain, Saïd Sadi, a donné rendez-vous, hier, à la population algéroise à la salle Harcha-Hacène. Très attendue et capitale, cette sortie du président du RCD dans la capitale - sans jeu de mots - n’a pas failli à la tradition.

Comme au bon vieux temps, la salle mythique a réuni, l’espace d’un après-midi, des jeunes, des femmes, des personnalités historiques à l’image du commandant Azzedine, des directeurs de journaux, des cinéastes célèbres comme Mohamed-Lakhdar Hamina et Ahmed Rachedi, mais aussi des familles de disparus, venus écouter l’homme qui s’est engagé devant l’Histoire à porter le projet démocratique dans les institutions.
Pendant près d’une heure, la salle a vibré, comme de coutume, aux cris de “Djazaïr houra démocratia”, “Sadi président” ou encore “Y en a marre de ce régime”. Aux cris d’un auditoire acquis et hétéroclite qui rappelle par certains aspects ces années fastes de l’explosion démocratique au lendemain des évènements d’octobre 1988, Sadi répond par le célèbre slogan “Avec vous”. Mais consacrer la démocratie dans les institutions, rappelle le candidat, passe inéluctablement par un vote massif. “Nous avons joué notre rôle, il vous appartient de jouer le vôtre le 8 avril prochain.” “Si on se mobilise, le changement est possible et le message de la Soummam sera dans les institutions”, dit-il. “On a raté l’occasion de Boudiaf, on ne doit pas rater celle du 8 avril”, rappelle-t-il encore sous un tonnerre d’applaudissements.

Sadi indique le choix pour lequel les électeurs sont appelés à opter : “Ou vous voter pour celui qui est passé devant la cour de sûreté de l’État ou pour celui qui était poursuivi par la Cour des comptes.” Sadi convoque là l’Histoire où il rappelle son propre itinéraire lorsque, au début des années 1980, il fut traduit devant la cour de sûreté de l’Etat, de triste mémoire, accusé “d’atteinte à la sûreté de l’État” pour avoir initié le mouvement démocratique d’avril 1980. Il rappelle, du même coup, le passé de l’actuel candidat à sa propre succession lorsqu’il était accusé de détournement de deniers publics. Il faut rappeler dans ce contexte, qu’Abdelaziz Bouteflika avait bénéficié d’une grâce de la part de l’ex-président Chadli Ben Djedid. “La clé de l’avenir est entre vos mains”, insiste-t-il. Et pour réussir le changement, poursuit-il, “il faut que l’opposition démocratique rentre en force dans les institutions”. Sadi qui explique les enjeux du prochain rendez-vous appelle l’auditoire à faire un choix judicieux, celui de l’Algérie de demain. “Ne rentrez pas dans le complot du vote utile. Le vote utile, c’est le vote infantile”, dit-il. En guise d’arguments et comme il l’avait promis, Sadi a ramené dans sa serviette des arguments imparables sur le bilan de la gestion de l’actuel président de la République. “Il a dit qu’il y a 3,8% de croissance et que le chômage a été ramené de 29 à 23%.”
Des chiffres que Saïd Sadi conteste. “Tous les économistes disent qu’il faut une croissance de 6% pour renverser la courbe du chômage”, explique-t-il. “L’Office des statistiques manipule l’information économique comme la télévision manipule l’information politique”, ironise-t-il. Il s’interroge aussi sur l’existence d’un trou financier dans le budget de l’État (voir encadré). “L’Algérie de Bouteflika, ce sont des millions qui chôment et des milliards de dollars qui dorment”, fait-il observer. La sécurité, l’école, la justice, la réforme de l’État, le tourisme, l’agriculture, autant de dossiers sur lesquels l’actuel locataire d’El-Mouradia a failli, rappelle-t-il encore. Bref, il la résume dans une formule : “On ne respecte pas dans le quartier celui dont la maison brûle”, en allusion au Président sortant qui se targue d’avoir redoré le blason de l’Algérie à l’étranger. “À chaque fois qu’il touche à quelque chose, c’est l’explosion”, dit-il encore par rapport aux complots fomentés contre les partis et les syndicats.

À une femme qui l’interpellait sur le sort des disparus, Sadi explique qu’“il ne faut pas jouer avec la douleur des familles”. “Il faut qu’on s’entraide pour la vérité. Moi, je n’ai aucun problème avec aucun dossier”, déclare-t-il. Et dans ce contexte, il rappelle le double langage du Président-candidat qui affirme qu’il “est avec l’armée et qui déclare à propos des moines de Tibhirine que toute vérité n’est pas bonne à dire”. Quelle est donc l’alternative ? “Si vous votez pour le régime, ne venez pas vous plaindre le 9 avril.” “Le vote, c’est l’acte de naissance de votre avenir”, conclut-il.

Karim Kébir

Saïd Sadi visite les quartiers populaires d’Alger
Éloge de la proximité

Saïd Sadi, a entamé, la journée d’hier, par un enregistrement à l’ENTV, par des visites de proximité dans les quartiers populaires d’Alger.
À la mythique place des Trois-horloges (Bab El-Oued), il est allé au-devant des citoyens, qui étaient surpris de le voir.
Un sexagénaire, quelque peu ému, lui affirme qu’il est le seul prétendant à la magistrature suprême à avoir pris la peine de venir à la rencontre de la population. Sadi est entré dans un café maure, suivi de citoyens, mais aussi de quelques citoyennes. Il a cassé ainsi un tabou, celui de donner aux femmes l’occasion de fouler du pied des lieux jusqu’alors jalousement réservé à l’autre sexe. Devant la stèle, dédiée à la mémoire des victimes des inondations du 10 novembre 2001, (plus d’un millier), le président du RCD et ses accompagnateurs, entourés d’une foule compacte, ont observé une minute de silence. La délégation a mis le cap ensuite sur la place Émir-Abdelkader. Un groupe de militants du Rassemblement l’ont accueilli avec le slogan phare de la campagne de Sadi : “L’heure du changement a sonné. Sadi, président”. C’était certainement ce qu’il fallait faire pour attirer l’attention des passants. Quelques-uns se sont approchés pour serrer la main au candidat à la présidentielle, d’autres ont préféré observer de loin le cortège passer. Au fur et à mesure de sa progression pédestre de la place Émir-Abdelkader à celle de la Grande-Poste, Saïd Sadi a appelé à voter “pour le changement”, donc pour lui qui incarne l’opposition démocratique, tantôt dans les cafés ou des magasins, tantôt dans la rue. Il a fait pareil à la place du 1er-mai puis à Hydra.

S. H.

Communiqué de comité de campagne de Saïd Sadi

Lors du journal télévisé du 2 avril 2004, à 20h, nous avons été surpris d’entendre, à l’occasion du commentaire fait par la présentatrice du journal, concernant les recours introduits par les candidats à l’élection présidentielle du 8 avril 2004 que les représentants du candidat Saïd Sadi n’ont présenté aucun recours au sujet des conditions du scrutin. Ceci est totalement infondé. Nos représentants, dans certaines commissions de communes et de wilayas, ont eu à protester vivement et officiellement auprès de la Cpnsep et de certaines commissions de wilayas au sujet de la composition de certains bureaux de vote et de certaines graves anomalies constatées. Quelle que soit la source de cette information, cette opération d’intox vient s’ajouter aux dérives diverses dans lesquelles le président-candidat veut à tout prix entraîner l’administration pour passer en force le 8 avril 2004.
Alger, le 03 avril 2004 directeur de campagne, Djamel Ferdjellah

Ce que l’ENTV a censuré
“Où sont passés les 20 milliards ?”

Chiffres à l’appui, le candidat Saïd Sadi a révélé, hier, qu’un trou de 20 milliards de dollars a été enregistré dans le budget de l’État. En effet, selon le candidat démocrate, l’Algérie a engrangé près de 103 milliards de dollars dont 100 milliards grâce aux recettes des hydrocarbures durant la période allant de 1999 à 2003. Pourtant, les officiels n’ont annoncé qu’une dépense de 50 milliards de dollars (importation d’équipements, de produits alimentaires...) alors que les réserves ont été estimées à 33 milliards de dollars. Arithmétiquement, cela fait 83 milliards de dollars. “Où sont donc passés les 20 milliards de dollars restants ?”, s’interroge Sadi. Ces déclarations retenues par son staff électoral pour passer, hier soir, au JT de “l’Unique”, ont été carrément censurées. Le présentateur de l’ENTV a justifié cette censure par le fait que Saïd Sadi “s’est exprimé en langue française”.
Un argument que détruisent pourtant les faits : tous les candidats ont eu à utiliser cette langue et à maintes reprises, les téléspectateurs ont suivi des extraits de discours électoraux en français. C’est dire que ce qui gênait visiblement l’Unique, c’était sans doute les révélations de Sadi, comme l’a expliqué le Dr Khendek, membre du staff du candidat.

Plainte contre Algerian TV

Le Dr Saïd Sadi a annoncé, hier, qu’une plainte a été déposée contre la chaîne de télévision nationale qui émet en langue étrangère. Selon le candidat, la chaîne a diffusé, hier, des extraits du chanteur cheb Mami qui appelle les électeurs à voter en faveur du candidat-Président alors qu’“on est en campagne”. Tout comme il a révélé à propos de l’élection dans l’émigration qui a débuté hier que “les consulats sont mobilisés comme l’administration ici”. Mais pour Sadi, toutes ces pratiques traduisent un affolement du clan présidentiel. “Je crois qu’on est dans une situation d’affolement qui confine à la vulgarité”, a-t-il dit, lors d’un point de presse animé à l’issue du meeting à la salle Harcha. “Je ne suis pas sûr que c’est électoralement productif”, a-t-il ajouté. “Il y a une tendance à précipiter la provocation”, a-t-il encore ajouté à propos du gala que le cercle présidentiel prévoit organiser au stade du 5-Juillet. Une manifestation, du reste, contraire la loi, puisque les lieux réservés à la campagne sont listés. Interrogé par ailleurs s’il est disposé à appeler l’armée à intervenir en cas de fraude, le Dr Saïd Sadi a indiqué que si tel était le cas, il serait “d’accord à ce que la classe politique joue son rôle”. “Je ne demande pas à quelque institution d’intervenir”, a-t-il précisé. Mais si une institution s’implique dans la fraude, on serait dans un autre cas de figure, a-t-il expliqué.

K. K., Liberté