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Tamazight : La solution de Sadi

Il rejette la voie référendaire pour l’officialisation de la langue

mercredi 24 mars 2004, par Hassiba

Le candidat à la présidentielle a parlé, à El-Oued, de sa proposition de co-officialité de la langue tamazight selon le principe de territorialité.

Au marché populaire d’El-Oued, où il faisait campagne de proximité pour sa candidature à la magistrature suprême, Saïd Sadi est interpellé par un citoyen sur la question de l’officialisation de la langue tamazight.

Le président du RCD use d’un langage simple pour expliquer sa conception de satisfaction de cette revendication, chère au mouvement culturel berbère. Il affirme qu’il est important de ne pas chercher à imposer cette langue à ceux qui ne la parlent pas. À l’aéroport de Biskra, où la délégation a dû se déplacer à cause du retard accusé par le vol sur Alger à partir d’El-Oued, Saïd Sadi prend le temps d’exposer plus en détail, aux journalistes qui couvrent sa campagne électorale, son idée basée sur la co-officialité de la langue tamazight avec l’arabe, selon le principe de territorialité.

Plus clairement, il plaide pour la co-officialité de la langue mère avec la langue vivante (utilisée communément) dans une région donnée. “Dire qu’il n’y a aucun pays qui possède plus d’une langue officielle est une aberration (le président Bouteflika l’a affirmé lors d’un de ses meetings, ndlr). Je peux vous citer des pays comme l’Espagne, la Belgique, l’Afrique du Sud... qui ont plusieurs langues officielles”, soutient le prétendant à la présidentielle. Il suggère ainsi une solution médiane entre l’option extrémiste de l’aile dialoguiste du mouvement citoyen qui veut conférer à tamazight un statut égal à celui de l’arabe et le nihilisme d’Abdelaziz Bouteflika qui entend soumettre cette revendication à l’approbation du peuple par voie référendaire. “Il n’est pas réaliste d’imposer la langue tamazight à toute la nation. Il n’est pas concevable, non plus, de priver quelque huit millions de locuteurs berbérophones - ils sont au moins trois millions rien qu’en Kabylie - d’utiliser officiellement leur langue maternelle”, estime le Dr Sadi. La proposition du candidat démocrate pourrait régler, en substance, le problème de la pluralité linguistique du berbère dans les différentes régions où il est parlé (Kabylie, Aurès, la Vallée du M’zab...).

Le président du RCD promet de développer davantage sa “proposition”, lors des prochaines escales de sa campagne électorale, qui le mèneront directement en Kabylie (Boumerdès, Béjaïa, puis Bouira). À El-Oued, il a retenu surtout la tendance de la population à exprimer, avec une certaine violence - du moins avec agressivité, pour l’heure - sa misère sociale et les abus, sous diverses formes, des autorités locales. “J’ai constaté une expression de la communauté, qui se socialise et se politise.
ça risque de devenir dangereux” , prévient-il. La ville des mille coupoles semble effectivement souffrir des problèmes génériques des localités de l’Algérie profonde, c’est-à-dire le chômage et ses corollaires : pauvreté et oisiveté négative.

Pourtant, elle recèle de grandes potentialités d’investissement. L’exploitation agricole Menagguer, visitée par le candidat, est un exemple. “Quand j’ai décidé d’exploiter quelques hectares couverts de dunes, dans les années 1980, les habitants du quartiers ont conseillé à mes enfants de m’interner à l’hôpital psychiatrique de Blida. Pourtant, j’ai réussi mon affaire”, nous raconte le promoteur du groupe. Il a réussi notamment, selon ses dires, à produire 600 quintaux de pommes de terres à l’hectare, du blé,... Il emploie 70 personnes. Il subit, néanmoins, la contrainte des coupures répétitives de l’électricité et la lourdeur des charges d’exploitation.

Saïd Sadi et ses accompagnateurs ont été gracieusement invités, avant-hier soir, à un dîner offert à la somptueuse résidence Edhaouia de l’ex-député et surtout homme d’affaires prospère Djillali Mehri. Des notables de la ville, conviés à la soirée, ont parlé inévitablement politique avec le candidat à la présidentielle.

Souhila H, Liberté