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Terrorisme : Un imam abattu à Alger

Un imam et un repenti tués à El-Harrach

jeudi 11 mars 2004, par Hassiba

Cette recrudescence des attentats intervient au moment où des informations persistantes font état de la présence d’un important groupe armé dans la capitale. Ce que les autorités officielles nient.

Un attentat par balles a ciblé, hier, en début d’après-midi, à 13h45 exactement, Ibrahim Errahmani Nasser, dit Abou Hafs, imam de la mosquée El-Imam-El-Arbaoui, dans le quartier de Mohammadia à El-Harrach.

La victime, âgée d’une quarantaine d’années, venait de quitter la mosquée après la prière du dohr. Elle s’apprêtait à regagner son domicile situé tout près - dans une cité en face du lieu de culte - quand elle a été accostée par un individu qui l’a saluée. Selon des témoins, la personne en question a emboîté le pas à l’imam alors qu’il traversait la chaussée. Il l’a accompagné à l’autre bout de la grande rue, où il a poursuivi la conversation avec lui. Des informations recueillies par la police auprès d’une dame présente à ce moment-là devant un bureau de poste mitoyen, révèlent que l’inconnu portait à la main un sachet contenant des bananes d’où il aurait ensuite sorti une arme automatique pour tirer sur l’homme de foi. Deux balles traverseront son abdomen. Au même instant, sortis de nulle part, deux complices lui porteront un autre coup au niveau de la nuque avant de prendre la fuite à pied et s’évanouir dans la nature.

Les quelques usagers, qui attendaient l’ouverture de l’agence des P et T, ont assisté à la scène impuissants. Étouffées par le bruit du trafic automobile - très dense sur cette double voie -, les détonations n’ont pas été entendues dans le quartier. C’est en voyant le corps de l’imam gisant dans une marre de sang que les riverains se sont rendus compte du drame et se sont précipités vers la victime pour lui porter secours.

“Les gens ont l’habitude d’aller à la rencontre de l’imam et discuter avec lui de sujets et d’autres”, confie un jeune du quartier. Sous le choc, il était présent à la dernière prière qu’Abou Hafs a officiée. D’après lui, la victime, en poste depuis trois ans dans la mosquée, était appréciée des fidèles. “Ses prêches nous éclairaient. Ils n’avaient rien de politique”, a-t-il précisé.

D’autres soutiendront, en revanche, que l’imam, réputé être un ancien compagnon du numéro deux de l’ex-FIS, Ali Benhadj, se distinguait par des discours très virulents. à l’hôpital Zmirli, où il a été évacué, de nombreux sympathisants ont accouru pour s’enquérir de son état de santé, jugé très critique par l’équipe médicale. Dans la soirée l’imam a succombé à ses blessures.

Par ailleurs, le sort d’un repenti qui a fait l’objet d’un second attentat dans la même journée et presque au même endroit est autrement plus tragique.
Cet ancien terroriste se trouvait dans un restaurant à Beaulieu quand il a été attaqué par des individus. Il a rendu l’âme aussitôt et les assaillants n’ont trouvé aucune difficulté à s’échapper. Arrivés sur les lieux des deux attentats, les agents de la police judiciaire et scientifique se sont attelés à recueillir des informations sur les auteurs des crimes. Ceux qui les ont aperçus ont constaté qu’il s’agissait de jeunes ordinaires, sans profil particulier.

En somme, des individus insoupçonnables et qui se sont complètement dissous dans la foule. S’agit-il de nouvelles recrues ou de terroristes connus des services de sécurité ?

Au-delà, leur présence dans la capitale est symptomatique. Elle dénote d’un redéploiement manifeste que prouvent les récentes opérations menées contre les agents de l’ordre.

Cependant, en dépit de cette menace constante, les officiels continuent à se voiler la face en niant une quelconque infiltration à grande échelle. C’est, en tout cas, la réponse, hier, d’Ould Kablia, ministre délégué aux Collectivités locales (lire l’article de Mustapha Benfodil).
Comme lui, le ministre de l’intérieur, Yazid Zerhouni, ainsi que le directeur général de la sûreté nationale (DGSN), Ali Tounsi, avaient exclu, à diverses reprises, un retour des groupes armés dans Alger.

Les derniers évènements les contredisent.

Samia Lokmane, Liberté