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Trois ans après les attentats du 11 septembre 2001, la guerre continue

samedi 11 septembre 2004, par nassim

Le monde et les Etats-Unis en particulier commémorent aujourd’hui le troisième anniversaire des attentats anti-américains du 11 septembre 2001.

Ce jour-là en effet, quatre avions de ligne étaient détournés, et lancés avec leurs passagers contre des institutions ou des symboles de la puissance américaine, comme les Twin Towers de New York. Ce sont les attentats les plus sanglants de l’histoire avec près de 3000 morts, et l’émergence enfin d’un consensus international autour de terrorisme, un phénomène où l’approche, quand il y en avait une, n’était pas toujours univoque ou dénuée d’interférences, voire même d’instrumentalisation. La plupart des groupes internationaux ont bénéficié de quelque manière que ce soit d’un soutien actif de nombre de pays.

Le danger terroriste
Des pays comme l’Algérie n’ont jamais été entendus, et quand ils étaient écoutés, ils se voyaient recommander d’aller dialoguer avec les groupes armés. Plus question depuis le 11 septembre, et que le président américain George W. Bush a décidé d’aller en guerre contre le terrorisme. Et au regard de ce qui vient de se passer durant ces quelques derniers jours, il y a tout lieu de penser que l’anniversaire d’aujourd’hui a été bien marqué. Prise d’otage en Russie avec près de 400 tués, offensive au Yémen, attentat en Indonésie, enlisement en Irak, absence de résultat en Afghanistan, et nouvelles menaces d’Al Qaîda. Quel est, en fin de compte, le bilan de trois années de guerre contre le terrorisme décrétée par les Etats-Unis avec autour d’eux ce fameux consensus international ? La traque se poursuit en Afghanistan et même à travers le monde, mais l’unilatéralisme américain ne fait pas consensus.

George Bush est en effet accusé d’avoir attaqué l’Irak, et négligé Al Qaîda comme s’il lui à tout prix trouver une cible pour ne plus courir contre un ennemi invisible. Et c’est là justement où l’argumentaire américain est terriblement défaillant comme ce fameux lien entre Al Qaîda et l’ancien président irakien Saddam Hussein. Il se trouve à ce niveau que même certains de leurs alliés refusent un suivisme aveugle ou sans condition. Et l’on se rend compte aussi que l’après-11 septembre, ce sont des déclarations d’intention qui visent davantage le monde arabe et musulman, et même l’aggravation d’un parti pris en faveur d’Israël comme cet accord donné en avril dernier par George Bush au plan du Premier ministre israélien, prévoyant l’annexion de nouveaux territoires palestiniens. Et depuis peu, c’est la Syrie menacée de sanctions, et même le Soudan accusé d’avoir perpétré un génocide au Darfour. Une thèse pourtant écartée en juin dernier par le secrétaire d’Etat américain. Cette conjoncture est marquée par le retour sur le devant de la scène de l’adjoint du chef d’Al Qaîda, Oussama Ben Laden. Toute la journée de jeudi, les télévisions américaines ont montré la vidéo du numéro deux d’Al Qaîda, Ayman Al Zawahiri, réapparu pour la première fois depuis un an afin de prédire une « défaite » américaine proche en Irak et en Afghanistan.

L’unilatéralisme américain
George W. Bush fait du drame le fondement de sa politique étrangère, comme lui et tous les ténors républicains l’ont redit lors de la convention de leur parti à New York. « Nous savons que depuis le 11 septembre, notre pays doit penser différemment, nous devons prendre les menaces au sérieux avant qu’elles ne se matérialisent », répète-t-il dans ses discours électoraux. Les démocrates, qui préfèrent cibler leurs attaques sur l’économie, l’assurance-maladie, les impôts, ne manquent pas, quant à eux, de critiquer la guerre menée par l’adversaire républicain. Jeudi encore, le candidat démocrate John Kerry a affirmé dans un rassemblement électoral qu’il s’engagerait dans une lutte « plus intelligente » contre le terrorisme, relevant que la Corée du Nord est « plus dangereuse qu’avant » et que le conflit en Irak a détourné d’ « Al-Qaîda, de la vraie guerre contre le terrorisme en Afghanistan et de la traque d’Oussama Ben Laden ». Mais c’est quoi au juste une lutte plus intelligente, si les causes de ce phénomène demeurent intactes ? Le désespoir est partout présent, et force est de croire que la guerre contre l’Irak ou le parti pris en faveur d’Israël n’aident pas à son éradication bien au contraire.

Il n’est donc pas contraire aux usages qu’Ariel Sharon estime que les relations entre Israël et les Etats-Unis avaient atteint un niveau sans précédent, sauf que les Palestiniens en particulier déclarent en être les victimes et que parmi, le sentiment de frustration est de plus en plus fort. « A mon avis, si John Kerry est élu, je suis convaincu que la politique (américaine) sera celle fixée par le président Bush », a fait valoir M. Sharon. Et si tel serait le cas, cela ne servira qu’à accentuer ce qu’on appelle par euphémisme, les contradictions ou encore les formes d’opposition qui peuvent générer plus de désespoir. Jusqu’à présent, l’après 11 septembre est loin de répondre aux attentes, il y aurait même contradiction, voire opposition entre la volonté déclarée d’éradiquer le phénomène du terrorisme, et les voies empruntées.

Par T. Hocine, El Watan