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Un rendez-vous crucial pour Abdelaziz Belkhadem à Tunis

samedi 22 mai 2004, par Hassiba

Le ministre algérien des Affaires étrangères, Abdelaziz Belkhadem, devait, à l’issue de la rencontre ministérielle qui a préparé au Caire la rencontre au sommet des 22 chefs d’État arabes à Tunis, souligner deux nécessités pour le monde arabe : faire évoluer les systèmes de sa gouvernance et réaménager les structures et la Charte de la ligue, qui datent de 1945.

La déclaration évoquerait la situation de la femme et les droits de l’Homme dans les pays arabes, selon des indiscrétions lâchées après la rencontre des chefs de la diplomatie arabe. Les cinq pays du Maghreb (Libye, Tunisie, Algérie, Maroc et Mauritanie) avaient soumis à la conférence un document commun souhaitant le renforcement du processus démocratique, la promotion des droits de l’Homme, l’amélioration de la situation de la femme et le renforcement des associations de la société civile. “Nous avons abordé toutes les questions sans détour et dit ce qu’il fallait dans les circonstances graves que traverse le monde arabe”, s’est contenté d’approuver Amer Moussa. Est-ce à dire que tout n’est encore pas réglé ou faut-il mettre ces généralités sur le compte de cette langue de bois dont excellent les responsables arabes ? Toujours est-il que les dirigeants arabes ne peuvent plus s’assoupir devant les changements qui ont bousculé le monde.

Les développements de l’occupation de l’Irak par les États-Unis ont mis à nu toutes les tares de leur pouvoir respectif. Monarchies ou plébiscités par voie référendaire, les pouvoirs arabes partagent en commun le totalitarisme et l’absence de démocratie quand bien même beaucoup d’entre eux se défendent de régner avec des institutions élues.
Les gouvernements arabes, au lieu d’accompagner les profonds bouleversements qui se produisent sur la planète, se sont complus dans des recettes obsolètes, tournant le dos aux réformes politiques et à l’ouverture culturelle et scientifique sur l’universalité.

Le résultat est connu : un état d’arriération qui a fait le lit de l’islamisme radical et des sociétés complètement désemparées. Il aura d’ailleurs fallu la menace de Bush de dépoussiérer l’ordre arabe pour que ses dirigeants bougent. Les régimes arabes avaient nourri l’espoir de voir le locataire de la Maison-Blanche, empêtré jusqu’au cou dans le bourbier irakien, surseoir à son projet de Grand Moyen-Orient.

Il n’en est rien. Les États-Unis estiment que la démocratie et le développement économique sont les seuls moyens pour contrer le développement des mouvements radicaux dans les pays arabes alors que pour ces derniers, les principales sources du terrorisme sont l’occupation par Israël de terres arabes et le soutien inconditionnel de Bush à Sharon ainsi que l’occupation de l’Irak. Mais, ce ne sont là que des passes diplomatiques. Même si la plupart des pays arabes ont publiquement rejeté le plan de réformes américain comme une ingérence dans leurs affaires internes, l’initiative américaine a néanmoins mis la pression sur eux. Le sommet arabe de Tunis doit ouvrir ce dossier qui fâche et dérange. Les régimes arabes ont atteint les limites de leur autocratie. Ils ont beau recourir à des constantes et spécificités civilisationnelles, la réalité est que les standards universels ne sont plus une simple vue de l’esprit chez leurs administrés et qu’eux-mêmes ne peuvent plus se permettre de tourner le dos ni même de récupérer à leur façon les exigences des temps modernes qui se propagent à grande vitesse dans le monde.

Source : Liberté