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Une chaîne nommée Knews

Télévision

dimanche 7 mars 2004, par Hassiba

Depuis le 21 février dernier, la chaîne Knews, appartenant au groupe d’Abdelmoumène Khalifa, actuellement recherché par Interpol, est diffusée sur canal numérique Hotbird, suscitant interrogations et suspicions chez certains observateurs du paysage médiatique en Algérie.

Disparue au même titre que sa consoeur francophone KTV, la chaîne d’information continue en arabe du groupe Khalifa revient en pleine campagne électorale pour les présidentielles 2004. Ceci au moment où toutes les activités de Khalifa (aviation, banque et communication) ainsi que la logistique du groupe ont définitivement disparu du marché économique national et international.

Et pourtant, depuis dix jours, cette chaîne n’a pas cessé d’alimenter la scène médiatique nationale de « scoops » et d’informations sensationnelles, se présentant comme la tribune médiatique de l’opposition.

Officiellement, c’est un certain Salim Salhi qui dirige la chaîne. Mais, selon des sources crédibles, la télé de Khalifa serait toujours dirigée par Fatima Benhouhou, l’ancienne directrice du bureau de Londres de Knews, ainsi que Salim Bouabdallah, l’un des quatre proches collaborateurs de Moumen Khalifa, qui serait derrière la relance de la chaîne Khalifa et qui est recherché au même titre que l’ex-milliardaire. Benhouhou, qui travaille officiellement sur ANN, est resté en contact permanent avec l’ex-milliardaire algérien, actuellement recherché par Interpol, toujours en sécurité à Londres en raison de l’inexistence entre Alger et le Royaume d’accords en matière d’extradition. Contrairement à KTV, Knews n’a pas été dissoute juridiquement.

C’est le patron du groupe Khalifa qui avait décidé, au mois d’avril 2003, de mettre fin à sa mission en attendant un meilleur retour. « The independant television commission », l’équivalent du CSA français, n’avait pas mis fin à l’autorisation accordée à la chaîne au début du mois de septembre 2003. Et les responsables de la chaîne avaient réglé tous les honoraires aux locataires des studios ainsi qu’aux prestataires, notamment ceux leur fournissant du matériel audiovisuel très performant loué à plus de 800.000 dollars chez certaines boîtes anglaises.

Mais l’ex-milliardaire algérien n’a toujours pas payé certains journalistes algériens, qui avaient laissé leur travail dans de grandes chaînes de télévision arabes de renom pour tenter l’aventure avec Khalifa Télévision. Même problème pour les journalistes de Knews et KTV à Alger, qui n’ont pas été payés pour le travail effectué durant quatre mois avant la fermeture de la chaîne.

Si les journalistes du bureau d’Alger n’ont pas réagi publiquement contre Khalifa Télévision, c’est en partie parce qu’ils espéraient être payés par le liquidateur. Ce dernier, qui avait réglé des agents de sécurité et des chauffeurs qui travaillent pour la compte de KTV à Alger, a indiqué que les journalistes de Khalifa Télévision ne sont pas concernés par les indemnités salariales. Devant cet état de fait, le collectif de Knews et aussi celui de KTV n’écartent pas l’idée d’attaquer en justice la chaîne Khalifa.

Si certains journalistes de Knews ont repris leur place à l’ENTV, comme c’est le cas de Soraya Bouamama (ex-rédactrice en chef de Knews à Alger) et qui occupe aujourd’hui le poste de responsable des grandes émissions sur l’Unique ou encore de Leila Bouzidi, ex-journaliste de Knews, aujourd’hui présentatrice vedette du JT de 13 heures, aucun journaliste, technicien de l’image ou même boîte de communication indépendante n’accorde aujourd’hui de crédit à Khalifa Télévision. Même Anis Rahmani, journaliste d’El Khabar et correspondant d’Al Hayat, celui qui s’est battu pour obtenir la direction de Knews, ne croit plus en l’avenir de cette chaîne.

Et pourtant, un journaliste croit encore en l’avenir de cette chaîne et se positionne aujourd’hui comme le seul correspondant de Knews à Alger. Il s’agit de Ali Oudjana, un des meilleurs éléments à l’époque du bureau de Knews à Alger, marginalisé par la direction de l’ENTV, qui n’a pas hésité à le mettre en permanence de nuit, alors qu’il présentait le JT de 13 heures. Il aurait quitté la télévision nationale pour se mettre à la disposition de Fatima Benhouhou, directrice de Knews.

Et pourtant, selon certaines sources à Londres, il ne reste à la chaîne de Moumen Khalifa que trois mois pour renouveler son dossier à l’autorité de régulation audiovisuelle anglaise. Autrement dit, Knews disparaîtra après avril 2004, soit tout juste après les présidentielles. Ceci après qu’une transaction avec des mécènes saoudiens et libanais pour relancer la chaîne eut échoué.

Khalifa News, qui n’avait pas dans son cahier de charges de départ la mission de couvrir l’actualité politique algérienne, se contentait de diffuser certains reportages culturels, basant son édition sur les informations sur la guerre du Golfe et surtout le conflit dans les territoires occupés.

A l’époque, la télévision, qui avait d’énormes moyens financiers, se payait des correspondants dans les grandes capitales du monde arabe. La nouvelle version de Knews, avec quatre heures de diffusion (19 h-23 h), un JT en voix off et des images news sans commentaires, se contente de survivre à l’écran en repassant des infos en boucle.

Pour certains ex-journalistes de la chaîne, Knews n’a été réactivée que pour servir les intérêts d’un seul candidat aux présidentielles, en l’occurrence Ali Benflis, et cela dans l’espoir qu’il soit « réélu et qu’il gracie Moumen Khalifa ».

Salim Bey, Le Quotidien d’Oran