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Wim Duisenberg n’est plus

lundi 1er août 2005, par Ahlem

Wim Duisenberg, l’ex-président de la Banque Centrale Européenne qui avait présidé et réussi le passage à l’euro, a été retrouvé mort dans sa piscine dans sa résidence de Faucon en France, victime d’un malaise cardiaque.

Wim Duisenberg

Selon les secours, M. Wim Duisenberg a été retrouvé inanimé dimanche matin dans sa piscine. Alertés, les pompiers ne sont pas parvenus à le réanimer. Il s’agit d’une « mort naturelle due à une noyade suite à un problème cardiaque », a déclaré le procureur de la République de Carpentras, Jean-François Sanpieri, joint dimanche soir au téléphone par l’Associated Press. Une autopsie a été pratiquée dans la journée de dimanche.

Le Néerlandais Wim Duisenberg a été le premier président de la BCE, qu’il a dirigée de 1998 à 2003. Il a réussi avec succès l’introduction des pièces et des billets d’euro le 1er janvier 2002, mais a souvent déçu les marchés financiers et les gouvernements par sa prudence concernant les taux d’intérêts. Pour prévenir l’inflation, les taux sont maintenus à un niveau élevé, ce qui contribue à la force de la monnaie unique mais handicape la croissance, selon les détracteurs de cette politique que poursuit son successeur.

Un accord verbal conclu à sa nomination prévoyait qu’il céderait sa place au Français Jean-Claude Trichet en 2002, à la moitié de son mandat de huit ans. Mais le gouverneur de la Banque de France était poursuivi dans l’affaire du Crédit lyonnais, et n’a accédé au poste qu’en 2003 après avoir été blanchi.

Le Premier ministre français Dominique de Villepin a fait part dimanche de sa « grande tristesse » après la mort de Wim Duisenberg. Il « aura joué un rôle primordial dans la mise en place de la monnaie unique et dans la stabilité de l’euro », rappelle-t-il dans un communiqué publié par Matignon.

« Avec ses manières calmes, il a établi la confiance des gens dans l’euro », a déclaré à l’Associated Press le ministre allemand des Finances Hans Echel. « Nous nous souviendrons de sa personnalité et de ce qu’il a accompli ». Jean-Claude Trichet a estimé que le décès de son prédécesseur était une « perte terrible ». « Le premier président de la Banque centrale européenne a joué un rôle considérable dans la construction de l’Europe », a-t-il noté dans un communiqué.

Né le 9 juillet 1935 à Heerenveen (Pays-Bas), Wim Duisenberg a obtenu un doctorat en économie à l’université de Groningue, puis travaillé au Fonds monétaire international (FMI) à Washington de 1966 à 1969. Il est rentré aux Pays-Bas pour un poste de consultant auprès de la Banque centrale néerlandaise qu’il finira par présider en 1982.

Silhouette familière en raison de sa haute taille et de sa masse de cheveux blancs, ce travailliste a auparavant été ministre des Finances dans le gouvernement de coalition formé par les chrétiens-démocrates et les travaillistes de 1973 à 1977. Après 16 ans à la direction de la Banque nationale néerlandaise -au cours desquels le florin est l’une des monnaies fortes de l’Europe et les prix aux Pays-Bas connaissent une période de stabilité-, Wim Duisenberg démissionne pour prendre la tête de l’Institut monétaire européen, un prototype de la BCE créée en 1998. A cette époque, il refuse que le mandat de huit ans à la présidence de la BCE soit coupé en deux. « Le travail dure huit ans. J’ai maintenant 62 ans et j’ai encore beaucoup de temps devant moi », avait-il argué.

Par AP