L’ex-GSPC algérien remet au goût du jour les faux-barrages policiers qui étaient la marque de fabrique des GIA dans les années 90. Et diffuse ses crimes sur internet.
En Algérie, même les terroristes n’échappent pas à la tentation du recyclage : changer, c’est faire du neuf avec du vieux. Quand, à six mois de l’élection présidentielle d’avril 2009, le régime dote le pays d’une Constitution révisée, c’est pour mieux perpétuer le statu quo politique. De même, quand l’ex-GSPC (Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat) se transforme en AQMI (Al-Qaïda dans les pays du Maghreb Islamique), pour marquer la « rupture » comme il l’a décrété depuis 2007, il ressort du placard les bonnes vieilles méthodes combattantes du passé qui ont fait leurs « preuves ». C’est le cas des « faux barrages » policiers ou militaires.
Cette terrible pratique en vogue dans les années 90 chez les GIA (Groupe Islamique Armé) où des civils étaient décimés hante encore la mémoire collective des Algériens. Et c’est justement cette pratique que l’ex-GSPC exhume et remet au goût du jour en 2008. Avec une variante qu’AQMI a filmé avant de diffuser la vidéo sur internet : seuls les représentants des forces de sécurité, cibles privilégiées du groupe, y sont exécutés.
Mis en ligne le 12 novembre dernier, ce document de 13 minutes montre l’organisation d’un barrage de sécurité par des membres du groupe sur une route de Kabylie. Fraîchement rasés et ayant au préalable troqué la djellabah contre l’uniforme de policier et de soldat, les hommes armés, ainsi déguisés et flanqués d’un cameraman, se positionnent au petit matin et commencent à bloquer tous les véhicules empruntant la route. Contrôle d’identité, auquel se plient sans broncher les malheureux conducteurs et passagers. Objectif caché : « débusquer un renégat », comme l’annonce un insert sur les images. Autrement dit, un – vrai – membre des forces de sécurité.
Les heures passent, une longue queue de bus, voitures, tracteur s’est constituée, quand la fébrilité gagne le groupe. Un policier en civil vient d’être identifié et extrait de son véhicule. Lequel s’empresse de confirmer son identité à ceux qu’il croit être des « collègues » traquant le terroriste…. ! Comprenant son erreur, l’homme tente de s’échapper et est froidement exécuté sur le champ. Devant des automobilistes médusés, qui se voient distribuer des mains des faux représentants de l’ordre les communiqués et autres CD estampillés AQMI… Message : AQMI ne tue que les ennemis du peuple – les forces de sécurité - mais pas le peuple.
Adapter sa stratégie de communication à celle de l’Etat algérien
Depuis les attentats meurtriers d’avril et de décembre 2007 qui ont frappé le cœur d’Alger et fait une centaine de victimes parmi la population, le groupe dirigé par l’Emir Abou Moussab Al-Wadoud travaille à réviser sa stratégie et son image. Hors de question de prêter le flanc aux accusations proférées par les autorités, qualifiant le groupe de criminels et assassins d’innocents, et de sombrer dans une dérive « à l’irakienne » et son lot de victimes civiles. D’où son recentrage revendiqué sur des cibles essentiellement sécuritaires, comme veut l’attester la vague d’attentats de cet été pour redonner une « légitimité » politique et une « cause » au groupe.
Ce film est à inscrire dans cette campagne de « réhabilitation » : non, AQMI n’est pas le GIA, assènent-ils. Et la meilleure façon pour eux de montrer la différence qui les en séparent, c’est de reprendre pour se les ré-approprier les références du modèle rejeté, dont les faux-barrages. L’Algérie n’a décidément pas fini de se faire rattraper par ses vieux démons.
En Algérie, même les terroristes n’échappent pas à la tentation du recyclage : changer, c’est faire du neuf avec du vieux. Quand, à six mois de l’élection présidentielle d’avril 2009, le régime dote le pays d’une Constitution révisée, c’est pour mieux perpétuer le statu quo politique. De même, quand l’ex-GSPC (Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat) se transforme en AQMI (Al-Qaïda dans les pays du Maghreb Islamique), pour marquer la « rupture » comme il l’a décrété depuis 2007, il ressort du placard les bonnes vieilles méthodes combattantes du passé qui ont fait leurs « preuves ». C’est le cas des « faux barrages » policiers ou militaires.
Cette terrible pratique en vogue dans les années 90 chez les GIA (Groupe Islamique Armé) où des civils étaient décimés hante encore la mémoire collective des Algériens. Et c’est justement cette pratique que l’ex-GSPC exhume et remet au goût du jour en 2008. Avec une variante qu’AQMI a filmé avant de diffuser la vidéo sur internet : seuls les représentants des forces de sécurité, cibles privilégiées du groupe, y sont exécutés.
Mis en ligne le 12 novembre dernier, ce document de 13 minutes montre l’organisation d’un barrage de sécurité par des membres du groupe sur une route de Kabylie. Fraîchement rasés et ayant au préalable troqué la djellabah contre l’uniforme de policier et de soldat, les hommes armés, ainsi déguisés et flanqués d’un cameraman, se positionnent au petit matin et commencent à bloquer tous les véhicules empruntant la route. Contrôle d’identité, auquel se plient sans broncher les malheureux conducteurs et passagers. Objectif caché : « débusquer un renégat », comme l’annonce un insert sur les images. Autrement dit, un – vrai – membre des forces de sécurité.
Les heures passent, une longue queue de bus, voitures, tracteur s’est constituée, quand la fébrilité gagne le groupe. Un policier en civil vient d’être identifié et extrait de son véhicule. Lequel s’empresse de confirmer son identité à ceux qu’il croit être des « collègues » traquant le terroriste…. ! Comprenant son erreur, l’homme tente de s’échapper et est froidement exécuté sur le champ. Devant des automobilistes médusés, qui se voient distribuer des mains des faux représentants de l’ordre les communiqués et autres CD estampillés AQMI… Message : AQMI ne tue que les ennemis du peuple – les forces de sécurité - mais pas le peuple.
Adapter sa stratégie de communication à celle de l’Etat algérien
Depuis les attentats meurtriers d’avril et de décembre 2007 qui ont frappé le cœur d’Alger et fait une centaine de victimes parmi la population, le groupe dirigé par l’Emir Abou Moussab Al-Wadoud travaille à réviser sa stratégie et son image. Hors de question de prêter le flanc aux accusations proférées par les autorités, qualifiant le groupe de criminels et assassins d’innocents, et de sombrer dans une dérive « à l’irakienne » et son lot de victimes civiles. D’où son recentrage revendiqué sur des cibles essentiellement sécuritaires, comme veut l’attester la vague d’attentats de cet été pour redonner une « légitimité » politique et une « cause » au groupe.
Ce film est à inscrire dans cette campagne de « réhabilitation » : non, AQMI n’est pas le GIA, assènent-ils. Et la meilleure façon pour eux de montrer la différence qui les en séparent, c’est de reprendre pour se les ré-approprier les références du modèle rejeté, dont les faux-barrages. L’Algérie n’a décidément pas fini de se faire rattraper par ses vieux démons.
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