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Les mille tracas de la fête de Aïd El Adha

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  • Les mille tracas de la fête de Aïd El Adha

    La grande fête de l’Aïd El Adha approche à grands pas. Les préparatifs s’annoncent timidement en cette période en jachère, générée perfidement par une hausse des prix qui ne cesse de ronger et d’éroder jusqu’à l’os les maigres salaires de la famille algérienne moyenne. La maman se démène pour imaginer un confort nouveau pour cette journée particulière. Qui confectionne la «rechta» ou la «meketfa» qui prépare de façon traditionnelle le fameux «ras el hanouth» fait de mille épice, qui va parfumer les mets de grandmère auxquels on ne goûte qu’en de pareilles occasions...toutes les mamans sont affairées à passer une fête réussie, chacune à son niveau. Le chef de famille, quant à lui, ne sait plus où se «tapir» pour éviter les remontrances des enfants sur le mouton qu’il a acheté pour la circonstance. Un mouton malingre, parfois sans cornes, un simple quadrupède ruminant comme le recommande la religion, et non un bélier comme le désirent ces chers chérubins qui n’ont que faire des explications du père «martyr».
    Tout concours à son «exécution», sa préparation et sa conservation concerne le chef de famille.

    Coutelas et couteaux à aiguiser
    En effet, couteaux, brochettes, barbecues, réfrigérateurs, congélateurs sont proposés à des prix promotionnels et même avec des facilités de paiement en cette période de consommation effrénée qui n’obéit d’ailleurs à aucune logique économique du pouvoir d’achat...Les routes sont encombrées de camionnettes, camions, voitures, même des vélomoteurs, transportant des moutons entravés prêts à être immolés en ce jour de l’Aïd. Dans la rue, les rémouleurs sillonnent les villes, quartiers et villages pour proposer leurs services. Coutelas, couteaux, ciseaux, haches...à aiguiser, soigneusement rangés par le chef de famille depuis la fête de l’an dernier, s’accumulent entassés près de M. le rémouleur, très sollicité pour la circonstance. Pour ces professionnels d’un autre temps, la saison des «moutons gras» est sans conteste l’approche de l’Aïd el Kebir. A la veille de ce grand jour, lui sont apportés toute la coutellerie à affûter servant à sacrifier, dépecer et débiter en parts égales pour offrir aux plus pauvres ce traditionnel mouton sacrifié pour fêter cet événement religieux et dont seul le tiers doit être consommé, le reste étant destiné à l’offrande.

    Les Aïd et autres fêtes se succèdent. Trop rapidement pour certaines bourses. C’est presque avec «effroi» que le simple citoyen s’apprête à affronter ces dates qui font la joie des seuls enfants auxquels rien ne devrait être refusé. Les habits neufs pour tous les gamins lors du premier rendez-vous et l’inaccessible mouton au second appel, et pardon...avec des «cornes» qui rivalisent avec la bête du voisin. Les prix de l’animal à immoler lors de la fête du sacrifice, ce pléonasme admis pour la circonstance, nous renseigne royalement sur celui qui va être sacrifié, l’homme ou la bête?

    Un pays inondé de pétrodollars
    Ainsi, ballotté d’une fête à une autre, trop nombreuses du reste, le citoyen, père de famille souffre en silence car ne pouvant plus affronter ces échéances trop rapprochées, pense-t-il, qui s’allient avec acharnement contre lui. A ce bouquet de dates «fleuries», sont venues, il y a à peine deux mois s’ajouter, et sans vergogne aucune, les vacances d’été. Celles-ci, quand il peut se les offrir, c’est généralement au bled qu’il se rend lui et toute sa «smala», croyant qu’il va dépenser moins alors que les mariages, les circoncisions, les hadjis qui reviennent de la Mecque le guettent. Une rentrée scolaire, un Ramadhan «assassin» qui va souvent au-delà des fonds de poche à celui de l’estomac....Il ne faut pas, en effet, oublier les garde-robes toujours en manque, la maigre literie des enfants, la dernière facture d’électricité qu’on a «sautée» ou encore la note «oubliée» de l’épicier du coin qui peut toutefois attendre encore. Et cet employeur chiche, Eurl ou Sarl, qui l’ignore superbement en ne mettant presque jamais la main à la poche pour, un tant soit peu, l’encourager à croire en des jours meilleurs. La crise alimentaire mondiale et l’inflation, lui il s’en fout. Il est citoyen d’un pays riche asphyxié par le gaz, inondé de pétrodollars, et comble d’ironie, qui s’offre le luxe «éclairé» du délestage...

    Selon lui, une part de cette richesse divine lui revient de droit. Les plus avertis savent et se contentent des explications quant à la destination de ces formidables recettes. Ils énoncent, sans bouger un cil, ni en vous regardant droit dans les yeux non plus, les réalisations dans le pays. Des barrages multiples et des coupures d’eau, des moyens de transport supersophistiqués toujours en retard d’une station, des structures scolaires multiples pour fabriquer des «hittistes» en force dont beaucoup s’invitent dans les innombrables mosquées qui poussent comme des champignons. L’économie de marché et le libéralisme économique ont-ils apporté un plus au simple citoyen? Il n’en est guère convaincu. Certes, la macroéconomie s’en porte bien, mais ses répercussions sur l’individu tardent à venir. Combien de générations faut-il encore pour en apprécier les effets? Le citoyen devra-t-il encore patienter longtemps après tant de sacrifices consentis depuis des lustres?

    source : l'Expression
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