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Entre patriotisme économique et politique libérale Impasse du libéralisme algérien !

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  • Entre patriotisme économique et politique libérale Impasse du libéralisme algérien !

    C’est une rentrée sociale « patriotique », du moins dans son volet économique que nous livre le chef de l’Etat et son équipe gouvernementale. Le même gouvernement qui, rappelons-le, ne jurait que par la religion libérale et même ultra libérale depuis le règne de son chef suprême Bouteflika. C’est d’abord ce dernier qui annonce l’amorce d’un changement dans son discours prononcé lors de sa rencontre d’été avec les maires en reconnaissant « s’être trompé » en matière de stratégie économique. Il a estimé entre autres que « les investissements étrangers n’ont pas toujours été dans l’intérêt de l’Etat algérien », que les entreprises étrangères ont réalisé de très bonnes performances sans pour autant apporter une quelconque valeur ajoutée à l’Algérie. C’est ensuite par un certain nombre de décisions auxquelles on assiste qu’une réorientation de la politique économique semble se concrétiser. On souligne ainsi un changement de cap dans l’instauration de l’incessibilité du foncier industriel appartenant à l’Etat ainsi que dans la décision relative aux projets d’investissement impliquant des capitaux étrangers dans lesquels l’Algérie entend, à l’avenir, détenir la majorité du capital. Cette dernière mesure est elle liée à la vente d’Orascom Cement, propriété du milliardaire Nassef Sawiris, frère de Naguib Sawiris, au groupe français Lafarge pour un montant de 8,8 milliards d’euros sans que l’Etat algérien n’ait été informé au préalable ? En tout cas, il a fallu un scandale patent, scandale toutefois normal compte tenu de la légalité libérale, pendant que d’autres restent latents pour que nos dirigeants se rendent compte que la souveraineté de l’Etat algérien est malmenée.
    On constate par ailleurs un revirement sur plusieurs dossiers sensibles. Il y a par exemple la volonté d'introduire de nouvelles règles du jeu pour l'activité des banques étrangères que Bouteflika a confirmé lors de sa réunion consacrée au secteur des finances. Elles seront désormais tenues, au terme d’un cahier de charges qui doit être élaboré, de réserver une partie de leur capital au financement des investissements productifs au lieu « de se contenter d’accompagner le commerce et de financer les crédits à la consommation » dira-t-il. Il y a aussi la décision de taxer des véhicules neufs et de 15 % les bénéfices des entreprises étrangères transférés hors du pays. Nous pouvons souligner aussi le niet prononcé par le président de la république sur la création des « fonds souverains » en faisant valoir à juste titre que les besoins d'investissements nationaux sont suffisamment importants pour ne pas y avoir recours.
    Toutes ces annonces confirment que la tendance est à un serrage de vis après des années de libre marché, c’est-à-dire de laisser faire et de quasi préférence aux investissements directs étrangers. Une sorte de préférence nationale économique se met donc en place. S’agit-ils de simples mesures conjoncturelles avec comme arrière-fond des échéances électorales ? Il est vrai qu’un «nationalisme économique» est redevenu mieux «vendable» à l'opinion qu'un discours libéral comptant démesurément sur les I.D.E pour relancer la machine économique. Mais si c’est le cas, cette découverte tardive de l'échec des politiques économiques suivies marque la fin des illusions libérales et comporte ne serait-ce au niveau du discours une attitude qui relève du bon sens.
    En réalité, la conjoncture algérienne marquée par l’échéance électorale de l’année 2009 coïncide avec une situation mondiale marquée par un marasme qui affecte l’économie mondiale et en premier lieu l’économie américaine. Economie qui, faut-il le rappeler, est présentée souvent comme l’exemple parfait de la bonne santé de la concurrence libérale. La crise, dite des «subprimes», partie des Etats-Unis, a été le phénomène déclencheur de celle qui affecte les plus importantes économies mondiales. Elle a mis à nu les effets corrosifs que la spéculation sans retenue ni garde-fous peut avoir sur ces économies. Même les théoriciens les plus acharnés de l'ultra libéralisme, qui font la part belle aux spéculations financières, reconnaissent ce fait. Mais ils préfèrent minimiser la gravité de la situation en tablant sur la conjoncture difficile et en pariant sur les capacités du système à faire redémarrer la machine économique, américaine d'abord et mondiale ensuite, en faisant appel à….l’Etat dit providence, c’est-à-dire concrètement aux finances publics après avoir essayé en vain le dumping par des « fonds souverains ».
    Seulement, les indicateurs de ces économies stagnent au rouge, provoquant l'affolement des responsables politiques, et, plus grave encore, la paupérisation rampante de leurs sociétés. Au point que l'administration américaine, pourtant fervente adepte de l'ultra libéralisme, n'hésite plus à transgresser ses dogmes en prenant des mesures au contenu en totale antinomie avec ces derniers.
    Mais la crise n’est pas seulement mondiale. Elle est aussi nationale. Avec un taux de chômage qui frôle les 15%, une inflation galopante et un coût de la vie qui a augmenté de prés de 5% au cours du 1er semestre 2008, le marasme social ne fait qu’enfler. Et on s’étonne encore que les émeutes marquent le quotidien algérien. Il est, dès lors, plus qu’urgent pour le gouvernement de M. Ouyahia de calmer le front social, et d'obtenir un répit politique au moins jusqu'aux prochaines élections présidentielles, qui doivent être organisées dans un climat social apaisé, sinon maîtrisé.
    En elle-même, la mesure annoncée dans l'article 59 de la loi de finances 2009 qui « vise à accorder au gouvernement, à travers le Trésor public, une autorisation permanente en matière d’assainissement financier des entreprises publiques déstructurées » est bonne à prendre. Les entreprises publiques industrielles algériennes, du moins ce qui reste, auront de ce fait des possibilités d‘engager le processus nécessaire de développement et de croissance qui devrait leur permettre de s'adapter aux nouvelles exigences du marché. Elle aura sauvé bien des emplois et elle aura le mérite de rappeler aux esprits incrédules que le recours à l’investissement public n’a rien d’idéologique. Il est le seul et dernier rempart avant l’écroulement.
    Bouteflika surfe donc sur une situation d’instabilitéet du déclin du libéralisme qui a fait des ravages dans certaines sociétés et provoqué des crises d’instabilité chronique dans d’autres et qui risque de l’emporter et avec lui le pays tout entier. C’est dans ce contexte qu’il fait son mea culpa et fait appel à sa seule béquille assez solide pour l’instant, la souveraineté de ses fonds, à défaut de faire appel à son peuple comme c’est le cas en Amérique latine. Ce correctif de la voie ultra libérale empruntée par le capitalisme algérien jusqu'à maintenant, qu’engage aujourd’hui le régime Bouteflika trouve son explication dans cette crise mondiale qui pointe le nez. Par peur d’enlisement dans cette spirale, peut-il s’engager pour autant dans une dynamique de sauvegarde de ce qui reste de l’économie nationale ? Il y a de quoi rester sceptique et même critique sur certains aspects de la démarche quand on voit la manière antidémocratique et le mépris avec lesquels le chef de l’Etat avec le même personnel nargue la population.
    La démarche s’inscrit nécessairement dans la durée avec des projections programmatiques au-delà de 2009 puisqu’elle défini les grandes lignes d’un programme qui couvre la période allant de 2009 à 2014 avec toutefois un fort clin d’œil à la campagne électorale qui s’annonce. Notons au passage que ce comportement est à l’antithèse des deux précédentes campagnes présidentielles. Signe des temps, les temps des crises capitalistes. C’est au moins ça de gagné.
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