Il y a 48 ans, les manifestations du 11 Décembre 1960

[carlos]

D.R.

Il y a 48 ans, les manifestations du 11 Décembre 1960 : Mila abrite aujourd’hui les cérémonies officielles

10-12-2008 à 21:05 EL MOUDJAHID


La wilaya de Mila abrite aujourd’hui les cérémonies officielles commémorant les grandes manifestations populaires du 11 Décembre 1960 ayant conduit au soulèvement de toute la population d'Algérie, à l'appel du Front de Libération Nationale (FLN).
Des manifestations qui avaient fermement rejeté le credo des colons "Algérie française" et qui avaient soulevé la plupart des villes algériennes en réaction à la visite du général de Gaulle et à son discours du 9 décembre 1960.
Ces évènements devaient cristalliser la parfaite communion entre le peuple algérien et le FLN pour ensuite se radicaliser jusqu'à l'indépendance du pays, le 5 juillet 1962.
Les manifestations de "Ain Cadi", dans la région de Oued Athmania (wilaya de Mila), sont encore vivaces dans la mémoire collective.
"Des manifestations qui avaient regroupé les populations de Ouled Blad Youcef, Laabala, Lahouafedh, Bouchnak, Boumalek, Knioua, Ouled Salaha, Beïda Belmaati et d’autres localités, qui avaient convergé vers le centre de Oued Athmania pour proclamer d'une seule voix leur solidarité avec la Révolution", se souvient le moudjahid Mokhtar Saidi. Au lieudit Aïn Cadi, à trois kilomètres de Oued Athmania, les forces d'occupation coloniales s'étaient dressées devant les manifestants dont 10 sont tombés au champ d'honneur, parmi lesquels la chahida Khadra Djerouni, originaire de Lemghayar, dans le Sahara. Cette martyre était en première ligne de la manifestation et portait le drapeau national, criant "Vive l'Algérie avec son Sahara !" Un slogan qui signifiait clairement le rejet total du morcellement du territoire national. Les nombreux témoignages recueillis autour de cette période de la lutte de libération nationale confirment que les femmes ont joué un rôle de premier plan dans l'information et l'organisation, au cours de ces manifestations, notamment celles du 1er novembre 1961, à Oued Athmania et Théniet el Mokhtar, près de Oued N'ja.
Dans cette dernière localité, ce sont les femmes qui avaient déjoué héroïquement les man£uvres de l'ennemi visant à séparer les femmes des hommes et des enfants, pour ensuite utiliser contre les manifestants les grenades lacrymogènes.
Le 11 décembre 1960, la wilaya de Mila a vécu une "manifestation grandiose de la population qui exigeait d'une seule voix l'indépendance et les libertés", témoigne le Moudjahid Bachir Guettiche. L'ennemi devait ensuite être surpris par le déclenchement de trois manifestations simultanées, ordonnées par le FLN, la première était partie des hauteurs de la ville, depuis l'actuel El Kharba, où une femme portant le drapeau national a été tuée par les forces de répression coloniale, la seconde avait pris naissance à Bendali Hocine pour se diriger vers la route de Grarem, tandis que la troisième, partie de Mechta Boufouh, se dirigea en direction de Ferdjioua.
Les forces de répression coloniales avaient utilisé des moyens importants pour tenter de réduire à néant les manifestations, n'hésitant pas à blesser de nombreux citoyens et à emprisonner un certain nombre d'entre eux.
A la veille de cette date historique, toutes les femmes se sont évertuées à coudre les drapeaux qui seront portés en premières lignes des manifestations, le lendemain.
Le moudjahid Moussa Maghlaoui se souvient que les deux filles de Cheikh Moubarak el Mili s’étaient données "beaucoup de mal" pour broder des drapeaux de la plus belle façon qui soit, dans le souci d'éveiller les plus nobles sentiments patriotiques.
Selon une formule du moudjahid Mohamed Bendass, "les manifestations de décembre 1960 avaient constitué la forêt protectrice de la Révolution, jusqu'à l'indépendance du pays".