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Journal d’un président à vie
Journal d’un président à vie
TSA
Par Chawki Amari
05/03/2009
Oui je sais, je fonctionne comme un DAB, un distributeur automatique de billets, ces machines posées à l'entrée des banques, chargées de délivrer des billets en y introduisant une carte. Et alors? J'ai de l'argent, j'en profite, et personne ne pourra m'accuser d'être un état riche et laisser le peuple dans la pauvreté. En plus, j'ai bien réparti les tâches. Pendant que mon premier ministre Ouyahia se charge d'insulter les boycotteurs, je sors l'argent et j'en donne à tout le monde. Faudra que je pense à augmenter Ouyahia, il travaille bien, même si des fois il en fait un peu trop. Bon, faut que je réfléchisse. A qui je n'ai pas donné d'argent ? Les étudiants, agriculteurs, entrepreneurs, députés, retraités, c'est fait. Qui j'ai oublié ? Et si j'augmentais les opposants ? Non, je plaisante. Si si, même un président a le droit de plaisanter. Je suis riche et populaire, je peux même plaisanter avec l'argent public.
Oui je sais, Chakib m'a dit d'y aller doucement, le pétrole est en train de chuter et l'argent va commencer à manquer. Et alors, il n'a qu'à creuser d'autres puits, pourquoi je le paye si bien ? Il n'a qu'à aller dans le désert, prendre quelques Chinois et creuser, il va pas nous embêter pour quelques dollars en moins sur mon compte. Toutes façons, une fois que je serais élu, rien ne m'empêche de faire l'inverse. Pour les ponctions sur salaire, Ouyahia sait y faire. Tout le monde le déteste, ça ne posera pas de gros problèmes. Je ferais croire que c'est lui, en plus il aime bien endosser le rôle du méchant. Et même. Si je n'ai plus d'argent, on peut rien me reprocher. J'ai payé la dette du pays. Du coup, si j'ai des problèmes de liquidités, je peux encore emprunter. Et revenir à l'état où on était avant que j'arrive.
Par contre, à part donner de l'argent à tout le monde, ce qui est un peu facile, je le reconnais, faudrait que je fasse des gestes d'ouverture, comme font tous les autres présidents. Mais quoi ? Ouvrir les médias lourds ? Jamais. Ce n'est plus de l'ouverture, c'est du suicide. Alors? Et si je proposais des postes aux opposants ? Oui, Said Sadi ministre des affaires religieuses. Ou Djaballah ministre du tourisme. Ou encore Aït Ahmed ministre de l'intérieur. Non, ça, Yazid ne comprendrait pas. En plus il est en fin de carrière, où je le mettrais ? Il est bien gentil mais il ne sait rien faire d'autre que taper sur les émeutiers. Et si je le mettais à la culture ? Juste pour rire. Ça, le peuple apprécierait, lui qui s'ennuie tellement. Oui, mais Khalida ? Et bien ambassadrice, elle aime bien les réceptions et les petits fours. Faudrait lui trouver un pays d'accueil. L'Irlande ? Oui, très bien, elle est rousse, elle irait très bien dans le paysage. Bon, c'est pas tout mais il faut encore que je finisse ma campagne. J'y vais. Où est mon chéquier ?
TSA
Par Chawki Amari
05/03/2009
Oui je sais, je fonctionne comme un DAB, un distributeur automatique de billets, ces machines posées à l'entrée des banques, chargées de délivrer des billets en y introduisant une carte. Et alors? J'ai de l'argent, j'en profite, et personne ne pourra m'accuser d'être un état riche et laisser le peuple dans la pauvreté. En plus, j'ai bien réparti les tâches. Pendant que mon premier ministre Ouyahia se charge d'insulter les boycotteurs, je sors l'argent et j'en donne à tout le monde. Faudra que je pense à augmenter Ouyahia, il travaille bien, même si des fois il en fait un peu trop. Bon, faut que je réfléchisse. A qui je n'ai pas donné d'argent ? Les étudiants, agriculteurs, entrepreneurs, députés, retraités, c'est fait. Qui j'ai oublié ? Et si j'augmentais les opposants ? Non, je plaisante. Si si, même un président a le droit de plaisanter. Je suis riche et populaire, je peux même plaisanter avec l'argent public.
Oui je sais, Chakib m'a dit d'y aller doucement, le pétrole est en train de chuter et l'argent va commencer à manquer. Et alors, il n'a qu'à creuser d'autres puits, pourquoi je le paye si bien ? Il n'a qu'à aller dans le désert, prendre quelques Chinois et creuser, il va pas nous embêter pour quelques dollars en moins sur mon compte. Toutes façons, une fois que je serais élu, rien ne m'empêche de faire l'inverse. Pour les ponctions sur salaire, Ouyahia sait y faire. Tout le monde le déteste, ça ne posera pas de gros problèmes. Je ferais croire que c'est lui, en plus il aime bien endosser le rôle du méchant. Et même. Si je n'ai plus d'argent, on peut rien me reprocher. J'ai payé la dette du pays. Du coup, si j'ai des problèmes de liquidités, je peux encore emprunter. Et revenir à l'état où on était avant que j'arrive.
Par contre, à part donner de l'argent à tout le monde, ce qui est un peu facile, je le reconnais, faudrait que je fasse des gestes d'ouverture, comme font tous les autres présidents. Mais quoi ? Ouvrir les médias lourds ? Jamais. Ce n'est plus de l'ouverture, c'est du suicide. Alors? Et si je proposais des postes aux opposants ? Oui, Said Sadi ministre des affaires religieuses. Ou Djaballah ministre du tourisme. Ou encore Aït Ahmed ministre de l'intérieur. Non, ça, Yazid ne comprendrait pas. En plus il est en fin de carrière, où je le mettrais ? Il est bien gentil mais il ne sait rien faire d'autre que taper sur les émeutiers. Et si je le mettais à la culture ? Juste pour rire. Ça, le peuple apprécierait, lui qui s'ennuie tellement. Oui, mais Khalida ? Et bien ambassadrice, elle aime bien les réceptions et les petits fours. Faudrait lui trouver un pays d'accueil. L'Irlande ? Oui, très bien, elle est rousse, elle irait très bien dans le paysage. Bon, c'est pas tout mais il faut encore que je finisse ma campagne. J'y vais. Où est mon chéquier ?
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