Extrait d’article (Les coulisses de la réélection de Bouteflika)
Le Figaro
Arezki Aït-Larbi
(…) Pour conforter la légitimité d'une victoire annoncée dès le premier tour, l'intox des «officiers traitants» continue de brouiller les cartes. Dans les salons branchés de la capitale, le mythe des «généraux républicains qui vont sauver le pays des griffes du président, vendu aux islamistes du FIS» revient à la mode. Une manipulation au second degré qui encourage chroniqueurs sans talent et politiques sans troupes à voler dans les plumes du «tyran».
«Cette fois, le scrutin sera régulier et transparent. Je jure par Dieu que Bouteflika ne passera pas !», claironne le laïque Saïd Sadi, durant la campagne électorale. Même lorsque le président avoue, lors d'un meeting électoral : «Je suis candidat au nom de l'armée», il est traité de «menteur, qui a usurpé le soutien de décideurs»
A quelques semaines du scrutin, des missionnaires assiègent les ambassades occidentales. Se revendiquant des confidences de «personnalités militaires très haut placées», ils vont inlassablement répéter le même scénario : «Acculé par les urnes à un second tour, Bouteflika finira par jeter l'éponge. S'il résiste, il sera contraint, par la rue, à abandonner la partie.» Un mélange de légalité et de conspiration d'autant plus crédible qu'il rappelle les élections avortées de décembre 1991.
«La veille du scrutin, Ali Benflis était reçu par le général Lamari, chef d'état-major, qui l'avait rassuré quant à sa victoire. Finalement, nous avons été dupés !», révèle, amer, un proche du candidat malheureux. Le soir du 8 avril, alors que la victoire d'Abdelaziz Bouteflika ne faisait plus de doute, Ali Benflis, Saïd Sadi et Abdellah Djaballah préparent la riposte. Mais il est déjà trop tard. «Un émissaire de l'état-major est venu pour les dissuader fermement de tout recours à la rue», révèle un responsable du RCD. Ce sentiment «d'avoir été dupés par les «gardiens de la République» est partagé par tous ceux qui avaient parié sur l'armée pour battre Abdelaziz Bouteflika. Mohamed Benchicou, le directeur du quotidien Le Matin qui a traqué durant cinq ans les frasques du clan présidentiel, conclut avec lucidité : «Nous venons, en réalité, de briser une double innocence, tenace, perfide même : celle de croire que l'armée, comme l'Occident, est l'exécutante de nos caprices démocratiques.»
Le Figaro
Arezki Aït-Larbi
(…) Pour conforter la légitimité d'une victoire annoncée dès le premier tour, l'intox des «officiers traitants» continue de brouiller les cartes. Dans les salons branchés de la capitale, le mythe des «généraux républicains qui vont sauver le pays des griffes du président, vendu aux islamistes du FIS» revient à la mode. Une manipulation au second degré qui encourage chroniqueurs sans talent et politiques sans troupes à voler dans les plumes du «tyran».
«Cette fois, le scrutin sera régulier et transparent. Je jure par Dieu que Bouteflika ne passera pas !», claironne le laïque Saïd Sadi, durant la campagne électorale. Même lorsque le président avoue, lors d'un meeting électoral : «Je suis candidat au nom de l'armée», il est traité de «menteur, qui a usurpé le soutien de décideurs»
A quelques semaines du scrutin, des missionnaires assiègent les ambassades occidentales. Se revendiquant des confidences de «personnalités militaires très haut placées», ils vont inlassablement répéter le même scénario : «Acculé par les urnes à un second tour, Bouteflika finira par jeter l'éponge. S'il résiste, il sera contraint, par la rue, à abandonner la partie.» Un mélange de légalité et de conspiration d'autant plus crédible qu'il rappelle les élections avortées de décembre 1991.
«La veille du scrutin, Ali Benflis était reçu par le général Lamari, chef d'état-major, qui l'avait rassuré quant à sa victoire. Finalement, nous avons été dupés !», révèle, amer, un proche du candidat malheureux. Le soir du 8 avril, alors que la victoire d'Abdelaziz Bouteflika ne faisait plus de doute, Ali Benflis, Saïd Sadi et Abdellah Djaballah préparent la riposte. Mais il est déjà trop tard. «Un émissaire de l'état-major est venu pour les dissuader fermement de tout recours à la rue», révèle un responsable du RCD. Ce sentiment «d'avoir été dupés par les «gardiens de la République» est partagé par tous ceux qui avaient parié sur l'armée pour battre Abdelaziz Bouteflika. Mohamed Benchicou, le directeur du quotidien Le Matin qui a traqué durant cinq ans les frasques du clan présidentiel, conclut avec lucidité : «Nous venons, en réalité, de briser une double innocence, tenace, perfide même : celle de croire que l'armée, comme l'Occident, est l'exécutante de nos caprices démocratiques.»
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