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Le metier de maçon en Algérie

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  • Le metier de maçon en Algérie

    Un plan, dites-vous !

    Ailleurs, un maçon évolue sans cesse, il peut mettre à profit ses périodes d’inactivité pour apprendre de nouvelles techniques.

    En Algérie, rares sont les maçons qui savent lire un plan. «J’ai le niveau de 9e année moyenne, j’étais nul en mathématiques et en physique. Pour moi, un plan, c’est du chinois, je ne peux le déchiffrer», explique un jeune maçon. Le fait que les plans sont généralement conçus en français complique davantage la tâche des jeunes maçons qui trouvent des difficultés à en mettre un en application.
    «Souvent le propriétaire d’une maison met à notre disposition un plan, mais ce sont, seulement, les lignes générales qu’on applique, c’est-à-dire la plateforme et les dimensions de la bâtisse», ajoute notre jeune maçon.
    Le métier de maçon, qui exige outre les qualités physiques et manuelles, des qualités intellectuelles et humaines, n’a pas encore sa place en Algérie. «Il faut avoir un esprit d’équipe, avoir un bon contact avec les gens, être dynamique et avoir l’esprit d’initiative, autrement dit, savoir s’organiser et anticiper en fonction du temps et des autres contraintes du chantier, souligne un maçon de 55 ans. Les demeures coloniales qui existent à Alger sont des merveilles. Et vous devez bien savoir qu’elles ont été construites par des maçons algériens.»
    En Algérie, le maçon est polyvalent. «C’est lui qui bâtit, coffre, prépare la ferraille et restaure», ajoute-t-il. Alors qu’en réalité, il existe plusieurs diplômes qui encadrent la profession d’un maçon. Tout d’abord, il faut qu’il ait un CAP de construction et de maçonnerie de base pour exercer le métier. Le maçon peut ensuite se spécialiser ou se perfectionner en suivant d’autres formations. Mais ce n’est pas du tout le cas sur le terrain. «De jeunes maçons falsifient des attestations de travail et des diplômes chez des entrepreneurs pour justifier leur expérience, alors qu’ils n’ont jamais fréquenté un centre de formation», affirme un conducteur de travaux.
    Une scène vécue illustre bien cette réalité : un particulier entre dans un café à Aïn Benïan et demande un maçon. Surprise ! Toutes les personnes attablées, pour la majorité des jeunes, se présentent à lui ! L'homme, certainement étonné par le fait que tout ce monde est maçon, quitte les lieux.
    «Je n’arrive pas à le croire. Jadis les vrais maçons se comptaient sur les doigts d’une seule main, aujourd’hui, ils sont tous maçons», s’étonne-t-il.
    A Ouled Fayet, des dizaines de jeunes maçons se regroupent chaque matin devant les chantiers de l'Aadl dans l’espoir d’être recrutés par les Chinois. «Les entrepreneurs chinois exigent souvent un CAP, mais comme ils ne savent lire ni le français ni l’arabe, il suffit de leur présenter un document cacheté pour être recruté, de plus ils ont besoin de main-d’œuvre algérienne. De plus ils manquent souvent de maçons», explique un jeune maçon qui a déjà travaillé sur ces chantiers.





    De l’école au chantier


    Le métier de maçon ou d’ouvrier sont les deux seules options qui se présentent aux jeunes qui quittent l’école.

    La plupart des maçons rencontrés sur les chantiers sont des jeunes. «Ils viennent directement de l’intérieur du pays et le seul métier qu’ils peuvent facilement exercer est la maçonnerie. N’ayant suivi aucun stage, ni aucune formation, le chantier reste donc leur seule chance pour gagner leur vie», explique un maçon originaire de Blida qui a plus de 40 ans dans la profession. Cette situation s’explique par le fait que le marché de l’emploi est plutôt favorable, à l’heure actuelle, à ce métier.
    Un entrepreneur spécialisé dans le bâtiment estime que les besoins en recrutements dans le secteur des BTP sont très importants avec une pénurie pour les métiers qualifiés (dont celui de maçon évidemment). C’est ce qui explique aussi que les entreprises recrutent beaucoup par intérim et que les salaires augmentent. «C’est ce qui fait que les chantiers n’exigent pas un CAP. Cela a facilité l’initiation de ces jeunes à ce métier qu’ils croient facile, alors qu’il exige beaucoup de qualités», ajoute-t-il. Les maçons qui souffrent d’allergie, notamment au ciment, tel l’eczéma, ne peuvent pas exercer ce métier. Ceux qui ont le vertige courent aussi de graves dangers sur les hauts bâtiments. Sur une trentaine de maçons rencontrés, aucun n'est titulaire d’un CAP, pis, ils ne disposent même pas d’un certificat médical pour prouver leur aptitude physique. «Ici, beaucoup de jeunes se droguent, ce qui favorise le vertige et la lassitude physique. Ils savent qu’ils risquent un danger réel, mais ils se risquent à travailler à haute altitude», souligne un chef d’équipe.
    Ce métier demande aussi une grande habileté. «La plupart des jeunes maçons sont des apprentis, ils ont appris le métier sur le tas : soit en l’exerçant sur des chantiers ou chez des particuliers. C’est ce qui explique la mauvaise qualité des travaux et les innombrables anomalies détectées sur les maisons et les bâtiments», souligne un conducteur de travaux.






    La différence !


    8h, aux chantiers de l'Aadl d’Ouled Fayet. Des maçons chinois sont à l’œuvre. Ici tout le monde porte un casque, du simple ouvrier au conducteur de travaux.

    Ces images de civisme et de précaution suscitent la curiosité et l'étonnement chez nos compatriotes : «Je me demande comment ces Chinois peuvent supporter à longueur de journée ces casques en plastique en cette période de chaleur ! Je leur tire chapeau ! Moi je ne l’ai jamais porté ! et je ne le porterai jamais !», confie un jeune maçon recruté dans ce chantier depuis 6 mois.
    En effet pour ces petits «robots» chinois, le port du casque est obligatoire. Une plaque à l’entrée du chantier le mentionne clairement : «Il est interdit d’entrer dans le chantier sans casque», lit-on. Les maçons chinois sont également tous en combinaisons de travail.
    «Qu’il fasse chaud ou froid, ils les mettent, c’est le règlement chez eux», reconnaît un ouvrier algérien. Mieux, souvent on rencontre des travailleurs chinois dans la rue un casque sur la tête. Pour leurs collègues algériens cela ne veut rien dire. «Je ne supporterai jamais ces trucs ni le casque ni la combinaison. ça fait 20 ans que je suis maçon et je ne l’ai jamais mis», souligne Mohamed, maçon sur ce chantier.
    Les Chinois sont à l’œuvre du petit matin au soir, ils ne quittent jamais leur lieu de travail. «Ils m’étonnent, ils sont comme des robots. Certains restent même plus de 4 heures en poste sans le quitter un seul instant», témoigne un commerçant dont le local fait face à un grand chantier de construction d’un supermarché à Chéraga.
    Le matin, souvent avant 8 heures, les ouvriers chinois attendent déjà devant le chantier. «C’est souvent comme ça, ils arrivent avant l’heure. En les voyant ainsi, on croirait qu’ils observent un sit-in. Contrairement à eux, nos maçons arrivent souvent en retard, quittent fréquemment leurs postes et même le chantier quand ça leur plaît, ils vont prendre un café dans le kiosque à côté toutes les 20 minutes», explique un garçon dans un café à Chéraga.
    Pour les méthodes de travail, c’est aussi le contraste. «Les Chinois utilisent des sauvetages, pratiquement à tous les niveaux du bâtiment qu’ils équipent d’un filet de protection. Ce n’est pas le cas des maçons algériens qui travaillent sur les mêmes chantiers et qui préfèrent exercer sans la moindre mesure de sécurité. Bien que le règlement l’exige aussi ici, ils préfèrent ne pas le respecter et comme nous avons un manque d’effectif, on laisse faire», souligne un conducteur de travaux dans un chantier à Ouled Fayet



    Dur, dur le métier


    Le maçon travaille principalement à l'extérieur. Il est exposé aux intempéries (pluie chaleur, humidité…). En outre, il travaille debout dans un contexte plutôt bruyant, il peut être aussi en hauteur sur des échafaudages aussi bien que dans des tranchées. Le maçon a de grosses responsabilités, il ne doit pas prendre de retard pour les délais fixés. Le plus difficile dans le métier est sans doute l’aspect physique : le maçon travaille courbé, il doit soulever de lourdes charges comme des parpaings, des sacs de ciment ou de la ferraille. Bien que les conditions de travail s’améliorent sous la pression des évolutions techniques et de la réglementation plus rigoureuse dans le domaine de la sécurité (ainsi le maçon doit porter un casque, des chaussures de sécurité, des lunettes de protection et des gants), aucune de ces mesures de sécurité n’est respectée par un grand nombre de nos maçons. Les machines qui sont de plus en plus variées et perfectionnées n’existent que dans les grands chantiers tenus par des grandes entreprises


    Une hostilité éternelle !


    l De tout temps, la relation entre le maçon et le propriétaire de la maison est conflictuelle. Les raisons ? D’abord le propriétaire ne fait jamais confiance au maçon, il juge toujours que le prix demandé par ce dernier pour la réalisation des travaux est exorbitant.
    «Souvent le maçon exige des sommes colossales du propriétaire pour effectuer un travail. Il profite du fait que ce dernier est profane en la matière. C’est souvent le cas pour les riches propriétaires et les personnes aisées», dit un maçon professionnel. D’un autre côté, le maçon essaye toujours de terminer les travaux dans un bref délai.
    Conséquence, il triche ! et il effectue mal les travaux. «Le dosage des matériaux est intentionnellement mal calculé, les travaux ne sont pas bien faits, surtout pour ce qui est de l’esthétique», avoue-t-il.
    Les propriétaires rencontrés ne sont jamais satisfaits du travail de maçons. Ils trouvent toujours des malfaçons.
    «Je crois que le mur n’est pas droit, le carrelage est mal placé, il m’a trop demandé pour ce simple travail…» sont quelques remarques faites à l’endroit des maçons.


    Source : InfoSoir 10-11-2005.

    Excellente enquête
    “If you think education is expensive, try ignorance”
    Derek Bok

  • #2
    la malfacon dans les travaux touche une bonne partie des maisons en algerie contruites par des apprentis sorcier ou tout individu se prend, tanto pour macon, electricien, carreleur. en fonction des opportinités. Et généralement, il demande le prix fort devant un proprio qui connai pa grand chose en la matière!
    Ainsi, j ai vu des installation electrique récentes sans terre de protection, sans disjoncteur. Istallation d eau sans robinet d arret, sanitaire sans siphon!!!!!
    Le risque est grand et jes accidents sont nombreux (je présume) faute de statistique!
    J ai vu dans une cité à Beni messous, mm les cables haute tension touchent les facades des batisses et passe juste devant les balcons (a mmoins de 50 cm)! et tou le monde ignore la gravité de ces situation!
    Moi Akel, je veux juste ma part de revenus de petrole !

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