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Deux dates marquantes dans l’histoire de notre pays, ce sont sans doute le 20 Août 1955 et le 20 Août 1956. Deux hommes clés dont la dimension militaire et politique va peser sur le devenir d’une Révolution en marche : Zighout Youcef et Abane Ramdane. Ce sera le point de non-retour d’une révolution populaire qui va être l’expression d’une stratégie et d’une théorisation doctrinale devant affermir le processus de libération d’une Algérie combattante.
Algérie combattante. Au moment où nous fêtons le 53e anniversaire de la Soummam, est-il besoin de situer dans le contexte historique le grand mouvement révolutionnaire déclenché par Zighout Youcef le 20 Août 1955 ?
Zighout Youcef : le stratège, le juste , le rassembleur
Dès son jeune âge, alors natif de Smendou près de Constantine, un 8 février 1921, fils de Saïd et de Amina Bent Mohamed Fayrane, Zighout Youcef, depuis la forge du colon Paul Bernel, à l’école coranique en passant par l’école coloniale française où il subit avec succès l’examen du CEP, sera à 17 ans, responsable des scouts au groupe Anasr de son village.
Il prit conscience de la réalité politique et sociale de son peuple et s’engage dès 1938 dans les rangs du PPA puis du MTLD en réussissant les municipales de 1947 en tant que vice-maire. Zighout Youcef s’embarque définitivement dans la Révolution en s’affiliant clandestinement dans l’Organisation spéciale en 1948 et sera bientôt fait prisonnier en 1950, lorsque l’Organisation spéciale (l’OS) sera démantelée par les forces coloniales. Il s’évadera alors de la prison de Annaba en fabriquant des clés qui ouvrent les portes de la prison, accompagné de plusieurs détenus. Il prit contact avec le maquis des Aurès dès le 21 juin 1951, et le 23 mars 1954 il est membre du CRUA (Comité révolutionnaire pour l’unité et l’action). Il assistera à El Madania à Alger en 1954, à la réunion du groupe des 22 qui déclencheront la révolution.
Présent le 1er Novembre 1954 à Smendou en tant qu’adjoint de Didouche Mourad, commandant de la mintaqa Constantinoise, ils seront pris dans un accrochage le 18 janvier 1955 à Oued Boukarkar, Didouche Mourad, décéda avec sept de ses djounoud et Zighout Youcef sera à la tête de la mintaqa nord constantinoise.
Tête pensante des opérations du 20 Août 1955, il y conduira la délégation de la mintaqa au Congrès de la Soummam, composée de Ali Kafi, Lakhdar Ben-Tobal, Brahim Mezhoudi, Hocine Rouibah et Mostefa Benaouda.
Il sera élu membre du CNRA et revint le 20 septembre 1956 à El Milia, puis partira immédiatement dans les Aurès en vue de vulgariser les textes de la Soummam. Il tomba au champ d’honneur le 23 septembre 1956, avec trois de ses djounoud dans un accrochage près de Sidi Mezghich, au lieu dit El-Kherba.
Zighout Youcef sera à la fois le stratège militaire et le théoricien de la guérilla. Homme très humble, pieux, d’une bonté inégalée, il restera un chef respecté jusqu’à sa mort. Le 20 Août 1955, dont il est l’artisan, est un deuxième Novembre qui mettra la locomotive de la Révolution sur de bons rails.
Les différentes offensives du 20 Août 1955
Les Aurès étant quadrillés par les troupes coloniales, Chihani Bachir prit contact avec Zighout Youcef pour desserrer l’étau dans la région d’El-Kahina.
Il fallait faire diversion sur l’ennemi et impliquer le peuple dans cette guerre de libération. La cause algérienne a connu un vif succès lors de la Conférence de Bandoeng, l’opinion internationale est sensibilisée du bien-fondé de notre lutte. Zighout Youcef voulait faire coïncider les offensives contre le colonialisme en usant de ce courant de sympathie au plan international, notamment à l’occasion du premier anniversaire de la déportation du roi Mohamed V exilé à Madagascar, et y impliquer les peuples du Maghreb arabe. Le 20 Août 1955 est également le nouvel an hégirien 1375 et jour de permission pour les soldats français, puisque c’est le jour de samedi.
Après d’ultimes préparaifs dans le lieu appelé Boussatour près de Sidi Mezghich, au sud-ouest de Skikda, puis au lieu-dit Zaman, actuel village de Bouchata, les groupes formés pour les opérations se sont dispersés le 19 juillet 1955. Un accrochage eut lieu où tombèrent deux chouhada, il s’agit de Nafir Mahmoud et Hadj Kasentini, alias El Almani.
Zighout Youcef s’installa alors dans la maison de Rabah Younès dit Ramdane dans une casemate de 16 m2 où il mit les armes et les documents dans ce lieu sûr.
C’est au Koudiat Daoud où se tient la réunion de préparation du 20 août 1955 que chacun des responsables du groupe a reçu les dernières recommandations et instructions. Dans le secret le plus total, participent à cette réunion Lakhdar Ben-Tobal, dit Si Abdellah, Amar Benaouda, Ali Kafi, Messaoud Boudjeriou dit Si Messaoud El-Kasentini, Salah Boubnider dit Saout El-Arab, Bachir Boukadoum, Amar Chetaïbi, Mohamed Raouaï et d’autres. Pendant une semaine, du 23 juillet jusqu’à la fin du mois, la réunion a porté sur la situation générale de la Révolution tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Tout était prêt pour engager l’offensive contre des cibles militaires et économiques du colonialisme.
Mettez la Révolution entre les mains du peuple, il s’en chargera
Après avoir revu les objectifs politiques, militaires et psychologiques, les capacités de la Révolution de s’organiser et de planifier l’offensive le 20 août 1955 à 12 h est possible. Ce fut à Skikda, plus de 3.800 djounoud sous la direction de Smaïn Ziguet, de Amor Bourkaïb et Mohamed Mehri dit le Colonel, qui engagèrent l’offensive sur un certain nombre de positions dans la ville de Skikda.
A Collo, c’est Amar Chetaïbi avec 234 djounoud qui dirigera les opérations.
A El Milia, c’est Lakhdar Bentobal et Messaoud Boualia. A Smendou, c’est Bachir Boukadoum et Abdelmadjid Kahleras qui prendront la direction des opérations avec plus de 350 djounoud.
A Constantine, c’est Zighout Youcef en personne qui s’installera dès le 17 août 1955 et dirigera à la tête des 500 djounoud les opérations dans la ville de Constantine. D’autres opérations auront lieu à Ouled Hebara, à Guelma, à Oued Zenati, à Sidi Mezghich, à Taher, à Annaba, à Azzaba où plus de 1.000 djounoud participeront aux opérations en plein jour.
A Aïn Abid, des opérations ont touché la gendarmerie, la mairie et les PTT.
La réaction de la part des hordes coloniales vint immédiatement par un génocide de plus d’un millier et demi de chouhada tués collectivement d’une manière sauvage et enterrés dans des fosses communes.
Dans la revue El Djeïch Nº 80, on parle de 16.000 morts du côté des moudjahidine pour toutes les opérations d’offensive, alors que Si Ali Kafi déclare le chiffre de 13.000 personnes tuées, si on évalue le rapport des nahiyate. Du côté de l’ennemi, les pertes sont énormes au plan matériel et humain.
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Deux dates marquantes dans l’histoire de notre pays, ce sont sans doute le 20 Août 1955 et le 20 Août 1956. Deux hommes clés dont la dimension militaire et politique va peser sur le devenir d’une Révolution en marche : Zighout Youcef et Abane Ramdane. Ce sera le point de non-retour d’une révolution populaire qui va être l’expression d’une stratégie et d’une théorisation doctrinale devant affermir le processus de libération d’une Algérie combattante.
Algérie combattante. Au moment où nous fêtons le 53e anniversaire de la Soummam, est-il besoin de situer dans le contexte historique le grand mouvement révolutionnaire déclenché par Zighout Youcef le 20 Août 1955 ?
Zighout Youcef : le stratège, le juste , le rassembleur
Dès son jeune âge, alors natif de Smendou près de Constantine, un 8 février 1921, fils de Saïd et de Amina Bent Mohamed Fayrane, Zighout Youcef, depuis la forge du colon Paul Bernel, à l’école coranique en passant par l’école coloniale française où il subit avec succès l’examen du CEP, sera à 17 ans, responsable des scouts au groupe Anasr de son village.
Il prit conscience de la réalité politique et sociale de son peuple et s’engage dès 1938 dans les rangs du PPA puis du MTLD en réussissant les municipales de 1947 en tant que vice-maire. Zighout Youcef s’embarque définitivement dans la Révolution en s’affiliant clandestinement dans l’Organisation spéciale en 1948 et sera bientôt fait prisonnier en 1950, lorsque l’Organisation spéciale (l’OS) sera démantelée par les forces coloniales. Il s’évadera alors de la prison de Annaba en fabriquant des clés qui ouvrent les portes de la prison, accompagné de plusieurs détenus. Il prit contact avec le maquis des Aurès dès le 21 juin 1951, et le 23 mars 1954 il est membre du CRUA (Comité révolutionnaire pour l’unité et l’action). Il assistera à El Madania à Alger en 1954, à la réunion du groupe des 22 qui déclencheront la révolution.
Présent le 1er Novembre 1954 à Smendou en tant qu’adjoint de Didouche Mourad, commandant de la mintaqa Constantinoise, ils seront pris dans un accrochage le 18 janvier 1955 à Oued Boukarkar, Didouche Mourad, décéda avec sept de ses djounoud et Zighout Youcef sera à la tête de la mintaqa nord constantinoise.
Tête pensante des opérations du 20 Août 1955, il y conduira la délégation de la mintaqa au Congrès de la Soummam, composée de Ali Kafi, Lakhdar Ben-Tobal, Brahim Mezhoudi, Hocine Rouibah et Mostefa Benaouda.
Il sera élu membre du CNRA et revint le 20 septembre 1956 à El Milia, puis partira immédiatement dans les Aurès en vue de vulgariser les textes de la Soummam. Il tomba au champ d’honneur le 23 septembre 1956, avec trois de ses djounoud dans un accrochage près de Sidi Mezghich, au lieu dit El-Kherba.
Zighout Youcef sera à la fois le stratège militaire et le théoricien de la guérilla. Homme très humble, pieux, d’une bonté inégalée, il restera un chef respecté jusqu’à sa mort. Le 20 Août 1955, dont il est l’artisan, est un deuxième Novembre qui mettra la locomotive de la Révolution sur de bons rails.
Les différentes offensives du 20 Août 1955
Les Aurès étant quadrillés par les troupes coloniales, Chihani Bachir prit contact avec Zighout Youcef pour desserrer l’étau dans la région d’El-Kahina.
Il fallait faire diversion sur l’ennemi et impliquer le peuple dans cette guerre de libération. La cause algérienne a connu un vif succès lors de la Conférence de Bandoeng, l’opinion internationale est sensibilisée du bien-fondé de notre lutte. Zighout Youcef voulait faire coïncider les offensives contre le colonialisme en usant de ce courant de sympathie au plan international, notamment à l’occasion du premier anniversaire de la déportation du roi Mohamed V exilé à Madagascar, et y impliquer les peuples du Maghreb arabe. Le 20 Août 1955 est également le nouvel an hégirien 1375 et jour de permission pour les soldats français, puisque c’est le jour de samedi.
Après d’ultimes préparaifs dans le lieu appelé Boussatour près de Sidi Mezghich, au sud-ouest de Skikda, puis au lieu-dit Zaman, actuel village de Bouchata, les groupes formés pour les opérations se sont dispersés le 19 juillet 1955. Un accrochage eut lieu où tombèrent deux chouhada, il s’agit de Nafir Mahmoud et Hadj Kasentini, alias El Almani.
Zighout Youcef s’installa alors dans la maison de Rabah Younès dit Ramdane dans une casemate de 16 m2 où il mit les armes et les documents dans ce lieu sûr.
C’est au Koudiat Daoud où se tient la réunion de préparation du 20 août 1955 que chacun des responsables du groupe a reçu les dernières recommandations et instructions. Dans le secret le plus total, participent à cette réunion Lakhdar Ben-Tobal, dit Si Abdellah, Amar Benaouda, Ali Kafi, Messaoud Boudjeriou dit Si Messaoud El-Kasentini, Salah Boubnider dit Saout El-Arab, Bachir Boukadoum, Amar Chetaïbi, Mohamed Raouaï et d’autres. Pendant une semaine, du 23 juillet jusqu’à la fin du mois, la réunion a porté sur la situation générale de la Révolution tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Tout était prêt pour engager l’offensive contre des cibles militaires et économiques du colonialisme.
Mettez la Révolution entre les mains du peuple, il s’en chargera
Après avoir revu les objectifs politiques, militaires et psychologiques, les capacités de la Révolution de s’organiser et de planifier l’offensive le 20 août 1955 à 12 h est possible. Ce fut à Skikda, plus de 3.800 djounoud sous la direction de Smaïn Ziguet, de Amor Bourkaïb et Mohamed Mehri dit le Colonel, qui engagèrent l’offensive sur un certain nombre de positions dans la ville de Skikda.
A Collo, c’est Amar Chetaïbi avec 234 djounoud qui dirigera les opérations.
A El Milia, c’est Lakhdar Bentobal et Messaoud Boualia. A Smendou, c’est Bachir Boukadoum et Abdelmadjid Kahleras qui prendront la direction des opérations avec plus de 350 djounoud.
A Constantine, c’est Zighout Youcef en personne qui s’installera dès le 17 août 1955 et dirigera à la tête des 500 djounoud les opérations dans la ville de Constantine. D’autres opérations auront lieu à Ouled Hebara, à Guelma, à Oued Zenati, à Sidi Mezghich, à Taher, à Annaba, à Azzaba où plus de 1.000 djounoud participeront aux opérations en plein jour.
A Aïn Abid, des opérations ont touché la gendarmerie, la mairie et les PTT.
La réaction de la part des hordes coloniales vint immédiatement par un génocide de plus d’un millier et demi de chouhada tués collectivement d’une manière sauvage et enterrés dans des fosses communes.
Dans la revue El Djeïch Nº 80, on parle de 16.000 morts du côté des moudjahidine pour toutes les opérations d’offensive, alors que Si Ali Kafi déclare le chiffre de 13.000 personnes tuées, si on évalue le rapport des nahiyate. Du côté de l’ennemi, les pertes sont énormes au plan matériel et humain.
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