Un simple Décalage
par K. Selim
par K. Selim

Or, au vu de la piètre performance de notre administration et de sa manie proverbiale de nous signifier que rien ne presse, ce sont bien les habitudes qui doivent changer. Quand une administration fonctionne mal, quelle importance cela peut-il faire que cela se passe un lundi, un jeudi ou un vendredi ? Dans la « bataille » vaguement politique pour ou contre le week-end universel, on a un peu oublié le réel pour l'idéologie. D'ailleurs, l'idéologie n'est pas absente dans le choix du vendredi-samedi, celle d'un pouvoir qui nous signifie qu'il est au « milieu » face à des extrêmes.
On fera les calculs plus tard sur les gains éventuels, mais pour l'heure on se pose quelques questions. Ceux qui travaillaient le jeudi matin vont-ils travailler le vendredi matin ? Les banques travailleront-elles le vendredi pour compenser le jeudi ? Voilà de bonnes questions. A condition de ne pas oublier que changer de jour de repos n'est pas un changement d'habitude. C'est juste un décalage, avec le temps de la prière du vendredi préservé.
La vraie bonne question, celle qui n'est pas effleurée par les positionnements idéologiques, est très prosaïque. Que l'on se repose le vendredi-samedi ou le jeudi-vendredi ne signifie pas que nous allons mieux travailler. Le changement va peut-être apporter un léger progrès pour les secteurs financiers et commerciaux en rapport avec l'étranger. Mais que l'on ne feigne surtout pas de croire que les problèmes de l'économie sont réductibles à notre week-end spécifique.
Le gouvernement a choisi de changer le week-end à la veille du Ramadhan, période où la productivité du travail est au plus bas. On dira que le mois de carême ne peut servir de référence. C'est juste. Sauf qu'après la grande sieste du Ramadhan, on découvrira que le changement de week-end n'a pas d'incidence sur la mauvaise organisation du travail et la faible productivité générale. On découvrira que l'on a bien officiellement 40 heures de travail hebdomadaire qui ne sont pas réellement effectuées.
On a beaucoup pensé aux banques pour défendre le week-end universel. Dans ces banques publiques, l'heure de fermeture est officiellement à 15h30 et l'on n'est pourtant pas certain d'être servi si l'on y arrive à 15h15. On peut multiplier les exemples où tout un chacun se livre au sport de travailler «lentement», d'arriver un peu tard et de partir un peu tôt. On peut aussi se rappeler le temps fou que l'on perd pour établir un dossier administratif simple. Quant au temps qu'il faut pour lancer une entreprise, la comparaison avec nos voisins est plus qu'édifiante. L'aménagement du temps de travail et l'organisation du repos hebdomadaire ont très peu à voir avec l'idéologie.
Le Quotidien d'Oran