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Persistance de la bureaucratie à Tizi Ouzou

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    Persistance de la bureaucratie à Tizi Ouzou, au prix de postes d'emploi, de projets d'investissement



    La Tribune (Algiers)

    10 Juin 2004
    Publié sur le web le 10 Juin 2004

    Malik Boumati


    Elle est là, omniprésente. Depuis l'indépendance. Elle dévore tout sur son passage ; argent, emplois, projets d'investissement et rien ni personne ne semble pouvoir l'arrêter.

    Elle est réduite à sa plus simple expression depuis quelque temps dans certains secteurs mais elle reste dévastatrice dans d'autres. Sa force de frappe diffère d'un milieu à l'autre. D'une wilaya à l'autre. Ses effets dévastateurs sont inouïs. Au plus fort moment de la crise économique subie par notre pays, elle a failli mettre l'Algérie à genoux. Elle est sur la langue de tous. Elle est (ou paraît) à portée de main mais personne n'a pu l'extirper des moeurs. Elle, c'est la bureaucratie, appelée également terrorisme bureaucratique par une population exaspérée. Un fléau national qui gangrène et les institutions de l'Etat et la société.Il n'y a pas une wilaya ou même une commune du pays qui a échappé à cette malédiction nationale. Tizi Ouzou n'est pas en reste. Combien de projets d'investissement ont été découragés et réorientés vers d'autres wilayas faute d'un simple document administratif ou à cause d'un simple excès de zèle d'un agent de l'administration. Personne n'est en mesure de donner des chiffres fiables à ce propos. Personne ne sera capable non plus de dire combien de postes d'emploi ont été définitivement perdus dans cette série macabre de pertes de projets.

    Des milliers certainement, si ce n'est des dizaines de milliers surtout que de nombreux opérateurs économiques originaires de la wilaya de Tizi Ouzou ont maintes fois exprimé le voeu (ou même tenté) de créer des activités dans leurs localités d'origine même, mais la peau dure de la bureaucratie a eu raison de leur volonté de participer au développement de leur région et à l'épanouissement des jeunes durement touchés par le chômage. Les localités de la wilaya de Boumerdès, limitrophes de Tizi Ouzou, sont les plus grandes bénéficiaires de projets dont les opérateurs de la capitale du Djurdjura ont été les initiateurs, telles que Si Mustapha, Issers, Bordj Menaïel et même Boumerdès.
    Si l'on prend le cas d'une entreprise privée qui attend l'acte de propriété du terrain sur lequel elle opère depuis des années pourtant, pour une extension et multiplication de ses activités, il y a de quoi se poser des questions sur l'identité et surtout les intentions de ceux qui bloquent ce «bout de papier» qui permettra à coup sûr de créer près de cent nouveaux postes d'emploi directs. C'est la multiplication des intervenants dans la délivrance de ce document qui est avancée comme explication à cette lenteur, notamment la commune concernée et certaines directions de wilaya.




    Des cas similaires existent en nombre dans la wilaya de Tizi Ouzou. Des cas qui montrent que même les entreprises qui sont sur place ne sont pas épargnées par la bureaucratie et risquent un jour de décider la délocalisation tant appréhendée par les citoyens de la région. Et dire que les autorités centrales ont pris des initiatives en vue de faciliter l'acte d'investir alors que des rencontres, séminaires, journées d'étude ont été organisés dans ce sens par les autorités de wilaya. La machine économique coince quelque part dans les rouages de l'administration et personne ne semble savoir où exactement. Le problème de terrain n'est plus un argument dans la mesure où depuis quelques années, l'Office pour la promotion de l'investissement dispose de centaines de mètres carrés de terrains destinés exclusivement à l'investissement. Il faut dire aussi que la bureaucratie, à force de sévir, a trouvé un complice de taille et de valeur, qui la renforce et l'encourage d'une façon on ne peut plus efficace : la corruption.

    Combien de cas de chantage au blocage de documents ou de projets ont été révélés à l'opinion publique par des victimes qui refusent de tomber dans le jeu des pots-de-vin pour se faire délivrer un crédit bancaire ou un document dont l'importance est vite décelée par les champions de la bureaucratie et de la corruption. Ils sont nombreux et les cas restés au secret sont encore plus nombreux et plus «abracadabrants». Le mal que la bureaucratie a fait à notre pays et sa population est incommensurable. Comme le nombre de projets et de postes d'emploi perdus, il reste impossible d'évaluer les pertes causées par ce fléau national en termes de coût financier. Une enquête sérieuse trouvera à coup sûr des chiffres qui donneront le tournis.Il est temps que les autorités s'occupent sérieusement de cette question qui risque de mener le pays vers la ruine économique particulièrement avec l'ouverture de l'Algérie sur l'économie de marché. Les opérateurs économiques étrangers ne sont pas près d'investir des millions de dollars pour trouver sur leur chemin des bureaucrates, corrompus ou pas, qui leur feront voir des vertes et des pas mûres pour quelques papiers sans importance. Il y va de l'avenir du pays, de sa population et même des institutions de l'Etat.
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