Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Les Ath Yanni, comme une réminiscence reconquise

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Les Ath Yanni, comme une réminiscence reconquise

    Taourirt Mimoun dans les Ath Yanni résonne, en cette mi-journée à l’encens printanier de ce jeudi 6 avril, des incantations religieuses offertes à cheikh Larbi depuis la mosquée centenaire du village. Larbi Kemmar, natif des Ath Lahcène, un des sept autres villages de la région qui culmine à près de 900 mètres d’altitude dans le giron du Djurdjura, à quelque 45 kilomètres de Tizi Ouzou, est ainsi honoré par la population, en signe de reconnaissance à sa mission d’imam qu’il a assumée, depuis toujours avec l’exemplarité d’un grand homme de foi, modèle de tolérance et de justice. A la disponibilité sans pareille. Et pas meilleure occasion donc que les 102 ans bien accomplis de ce doyen des cheikhs à Ath Yanni que les fidèles des villages réunis ont tenu à célébrer par une journée, tonnante de la voix inégalable des imravdhen (les talebs qui récitent le Coran) depuis l’ancienne mosquée turque, un modèle d’architecture, jalousement conservée depuis son édification en 1625 ! Un bel exemple de sauvegarde et de préservation. La même prise en charge est accordée aux manuscrits anciens qui accompagnent ce joyau patrimonial.

    La solidarité pour mémoire

    Les souvenirs se conjuguent au pluriel à Ath Yanni en cette page spéciale, la première, pour témoigner de la gratitude des foyers alentour dans lesquels cheikh Larbi a fait une ou plusieurs incursions religieuses, en scellant des centaines d’unions entre jeunes gens et jeunes filles des villages. On ne peut ne pas se rappeler la fatiha récitée par le cheikh en ces occasions ou d’autres moins gaies, comme les décès.

    Ce jeudi, la région a baigné dans cette ambiance proprement spirituelle. Et un petit orgueil mal dissimulé transparaît dans le ton des conversations qui alimentent allègrement, «Agarage», la désignation de la placette publique du village qui réunit les habitants plus que de coutume, puisque c’est jour de repos des travailleurs qui désertent Ath Yanni le reste de la semaine et pratiquement les trois quarts de l’année, pour ne lui redonner vraiment vie que l’été venu. C’est que c’est l’emploi qui manque le plus et, dans la foulée, l’absence de perspectives. D’autant que même la bijouterie qui fait la fierté des Ath Yanni n’est plus ce qu’elle était. Et ce n’est pas tant la qualité de l’ouvrage qui fait défaut, toujours à la même réputation d’un travail d’orfèvre immuable. Faute de beaucoup de facteurs qui soient engendrés par la politique d’encouragement et d’investissement dans cette profession, la cherté de la matière première et les longues années de violence terroriste l’ont rendu plus vulnérable.

    Des projets socio-économiques


    Mais cette tendance a quelque peu été revue à une amélioration de l’activité quotidienne dans la région, puisque la municipalité tend à profiter d’abord de n’importe quel événement, qu’il soit économique, politique ou culturel, susceptible de redynamiser le quotidien des villageois.
    En plus des initiatives prises par les responsables locaux ou le mouvement associatif afin de donner un certain écho à défaut d’en faire l’événement de l’événement. Comme ces multiples actions qui sont entreprises en faveur du citoyen et de l’entretien de son cadre de vie.

    A travers ces tentatives de résorption du problème du logement, par le biais de formules mises à la disposition du postulant comme le LSP (logement social participatif), l’habitat rural, le logement social, le logement promotionnel, etc. Même si, en matière de besoins, la région n’est en exigence que de 250 logements, le déficit actuel.

    Dans ce cadre particulier, il est enregistré bien entendu des demandes aux projets initiés ou en chantier. Il est même enregistré avec un réel contentement l’octroi de 20 logements réalisés à T’latha sur 520 demandes sans que cela provoque une quelconque remise en cause des autres postulants.

    «Nous n’avons eu ni émeutes, ni sit-in, ni occupation de rue de la part de ces habitants en attente d’un toit. La distribution s’est déroulée dans le calme absolu», note avec satisfaction le maire de Ath Yanni, M. Rabah Tabeche, rencontré sur les lieux de son travail, en fin de journée, jeudi dernier. Cette opération compte encore rendre réelle la réalisation d’un autre quota de logements, plus d’une soixantaine livrables d’ici à septembre prochain. Et d’ajouter que, sur ce plan-là, celui de l’habitat, la daïra de Ath Yanni est vraiment mal lotie. Puisque, par exemple pour arriver à ériger des habitations rurales, il faut d’abord régulariser la situation des assiette de terrains, ce qui ne manque pas dans la région. Mais il se trouve que précisément, tout le lot qui existe n’est pas assez important pour pouvoir constituer une agence foncière.

    Du logement pour commencer

    Ath Yanni ne possède pas «malgré les démarches entreprises auprès de la wilaya de Tizi Ouzou qui nous a orientés vers la commune de Boghni laquelle, seule, a la latitude de répondre à notre doléance de constituer enfin cette agence, mais avec la coopération des autres communes limitrophes comme les Oudhias et les Ouacifs. Nous les avons sensibilisées et pour le moment, ce projet reste en suspens. Quant à l’habitat rural, il demeure des difficultés toujours en ce qui concerne les terres préjudiciablement en rapport avec la justice qui doit trancher sur des cas particuliers, puisqu’il est demandé au candidat à la construction d’une habitation toute une paperasse, un véritable arsenal de documents juridiques et administratifs, comme la présentation d’un plan de possession de terrain. De plus, il est demandé au bénéficiaire de participer à hauteur de 10 millions même s’il lui est octroyé 50 millions en guise d’aide de l’Etat. Il s’agit d’un projet de 200 habitations qui n’est encore qu’au stade de projet puisque la population s’en trouve réticente d’abord à cause de l’arsenal documentaire pour le dossier à fournir, ensuite l’apport personnel des 10 millions qui est jugé difficile à honorer, vu la pauvreté de ces familles.»
    D’autre part, la commune a engagé un autre chantier attendant l’entreprise qui doit le faire démarrer pour la construction d’une soixantaine de logements, d’une valeur de 117 millions l’unité, avec un apport de la banque, de la CNL (Caisse nationale du logement) pour le postulant. Et celui ciblé dans cette opération est ce natif de Ath Yanni, sans pied-à-terre dans la région et qui s’en est trouvé éloigné en raison de son travail. Une belle initiative qui n’attend que l’entreprise pour la concrétiser. D’autant que le terrain est d’ores et déjà octroyé, prêt à être exploité.

    A l’écoute des administrés

    Tout un programme donc qui nécessite un appui des autorités concernées par l’habitat et dont l’intervention est sollicitée afin de venir en aide à une commune qui n’a pas, en fait, un grand déficit à résorber en la matière. Et ce ne sont pas les démarches des responsables de l’APC qui manquent ces jours-ci pour tenter de trouver une solution à même de venir à bout des difficultés inhérentes aux dossiers du foncier.
    Et dans ce sens, pour tenir informée la population, la commune édite un bulletin officiel mensuel dont le numéro 2 est paru le mois dernier, avec une foule d’informations inhérentes à son cadre de vie. L’habitant est tenu au courant des projets engagés par l’assemblée qui rend compte de l’avancement des travaux et de l’état des opérations achevées ou à entreprendre au profit de l’administré.
    D’ailleurs, une écoute régulière et fidèle est accordée au citoyen qui entretient une communicabilité permanente avec l’administration locale.

    La reprise par la grande porte


    C’est toute l’atmosphère de gestion des affaires de la commune qui prévaut dans la région.

    Une région qui garde encore intactes les traces des événements culturels qui ont jalonné les années précédentes, entre commémoration de la disparition de Mouloud Mammeri dont le buste trône à l’entrée du village, en signe d’hommage éternel à cet écrivain et anthropologue de renommée internationale. Et qui donne son nom au centre culturel de Ath Yanni ayant abrité plusieurs manifestations, dont des festivals du théâtre animés par une association du village de Agouni Ahmed, le Festival de la poésie pris en charge par les jeunes de Taourirt El Hadjajad ou thakahvith, ou encore la Fête du bijou qui marque chaque fin du mois de juillet de chaque année, à côté d’autres rencontres culturelles justifiées par un événement donné et dont l’importance revêt une intervention particulière.
    Ce jeudi 6 avril, le ton est donné à la reprise sous de meilleurs auspices, à la conquête de la place que les Ath Yanni ont toujours occupée, jaloux du patrimoine qu’ils couvent dans leur giron.

    Par La Tribune
Chargement...
X