Dictateurs avec le complexe du cadet éternel
par Kamel Daoud

Tristes fins donc aujourd'hui pour ces seconds couteaux des décolonisations : ils sont pris entre la gloire d'autrefois, et qui n'est pas la leur, et l'infamie que leur réservent les colères collectives d'aujourd'hui. C'est l'histoire des Rois Voyous. Impossibles à arracher que par le sang, vindicatives divinités, envieuses raisons d'Etat. Et là où les dictateurs d'autrefois avaient de l'ambition pour eux-mêmes en passant par leur pays, ceux d'aujourd'hui ne peuvent rêver à autre chose qu'à leurs fils et à leurs descendances et passent leurs mandats à se défendre au lieu de conquérir. A tuer, mais le désordre de la panique. Une psychologie de la frustration est possible pour ces cadets terribles de la décolonisation et qui sont venus au Pouvoir par accidents et qui y restent par nostalgie et par meurtres et autres délires de la stagnation. C'est le cas commun dans presque tout le monde arabe : quand le dictateur n'est pas le fils raté de son père, il est l'ancien ministre, son maître, le pilote de son employeur, le Roi-gamin des temps modernes.
Le Quotidien d''Oran