Le «dégages» remplacé par le «va te soigner!»
par Kamel Daoud

Pour d'autres, il s'agit d'un échec : entre Octobre 88 et l'article 88, c'est à peine si nous avons bougé d'un centimètre en direction de l'idée de la souveraineté du peuple. C'est presque une défaite de l'esprit : on accepte que l'armée vote et élit, mais on lui demande de le faire avec plus de professionnalisme. On lui propose une solution et on lui explique que c'est un bon moyen. L'article 88 est donc une loi partagée : le texte explique qu'un Président malade ne peut pas être un président, mais recourir à l'article 88 prouve aussi que nous sommes tous malades, que nous ne sommes pas sains et pas guéris et que l'Algérie est encore à soigner. Autant que l'idée qu'elle se fait de la démocratie. Il y a un aveu de faiblesse et un désespoir stratégique ou un excès de politesse quand, dans le cadre de l'esprit révolutionnaire, on remplace le «dégages» du peuple par le «va te reposer» de l'armée et de ses médecins.
Le Quotidien d'Oran
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