> 1958 d’Oujda à l’école des jésuites
Né à Oujda, l’épicentre du pouvoir. La ville de l’oriental marocain qui donna son nom à l’indécrottable «clan d’Oujda» – au pouvoir depuis un demi-siècle –, a accueilli les bras ouverts la révolution algérienne et son armée des frontières.
Saïd est le cadet de la fratrie Bouteflika (Abdelaziz, Abdelghani, Mustapha, Abderahim, Latifa ainsi que trois demi-sœurs : Fatima, Yamina et Aïcha) dont le père, Ahmed Bouteflika, commerçant de son état, est originaire des Beni Mrir (est de Ghazaouet), à Tlemcen. Fuyant la répression coloniale, Ahmed Bouteflika s’établira, vers 1930, à Oujda. Saïd est né l’année du décès de son père, qu’il ne connaîtra jamais. Naturellement, le regard de l’enfant se tourne vers l’aîné, Abdelaziz, de 20 ans plus âgé que lui et dont la carrière lovée au pouvoir et à la trajectoire incroyable vient d’être lancée.
En 1958, le colonel Boumediene, chef de la Wilaya V (Oranie) décide de faire de cet ambitieux officier de l’ALN, tout juste contrôleur de la Wilaya V, son secrétaire particulier à l’état-major. «L’écart d’âge, témoigne un des plus proches amis de Saïd, la disparition précoce du père, le prestige et le pouvoir du ‘‘grand frère’’ font que Saïd Bouteflika a toujours cultivé une sorte de respect vénérable, de déférence quasi mystique.» «Une sorte d’écrasement, soumission totale devant la figure du grand frère, devant lequel on n’ose élever ni la voix ni les yeux.» A l’indépendance, Saïd Bouteflika a 5 ans. Celui qui sera son modèle est déjà ministre (de la Jeunesse) dans le premier gouvernement de l’Etat algérien restauré, un rouage important du pouvoir naissant.
Un pouvoir qu’il ne quittera qu’une fois, en 1978, pour mieux y revenir, en force, en 1999. Si le «grand frère» est un pur produit des zaouïas, la Qadiriya, – bac français en sus –, Saïd Bouteflika fréquentera l’école des jésuites d’El Biar, le pensionnat Saint-Joseph en l’occurrence, fondé par la congrégation des Frères des écoles chrétiennes.
Fait insolite : Saïd Boukharouba, le jeune frère du président Boumediene, fréquentera, à la même période, les bancs de Saint-Joseph. L’établissement, qui dispensait un enseignement religieux et un autre pour les autochtones, a été nationalisé en 1978.
L’arabisation forcenée du système d’enseignement (déjà à deux vitesses) avait déjà quelques années d’exercice.
> 1978 les «déchus» du pouvoir
Saïd Bouteflika avait tout juste 20 ans quand le grand frère, Abdelaziz, a été débarqué sans ménagement du pouvoir, disqualifié de la course à la succession au président Houari Boumediène. Nommé d’abord ministre d’Etat sans portefeuille en 1979, Bouteflika est progressivement écarté de la scène. Exclu du comité central du FLN, poursuivi par la Cour des comptes pour avoir puisé dans les caisses du ministère des Affaires étrangères, ses biens, dont sa villa de Sidi Fredj, ont failli être saisis. «Depuis, c’est le syndrome du persécuté chez les Bouteflika, témoigne un ami de la famille. Les Bouteflika, ajoute-t-il, savent très bien ce qu’ils les attend après 2014, ils ne voudront surtout pas revivre 1978, l’après-Boumediène, lorsque ils ont été débarqués du pouvoir, malmenés, dessaisis de leurs biens, poussés à l’exil, et à quémander presque des prises en charge aux amis et connaissances.» Des temps difficiles qui ont marqué au fer rouge Saïd Bouteflika, dont la promesse d’une jeunesse dorée, à l’ombre du capitalisme d’Etat et du socialisme spécifique, s’est révélée éphémère.
> 1996 syndicaliste CNES, le «militant de la gauche»
«L’esclave devient tyran dès qu’il le peut». Phrase célèbre de l’abolitionniste américaine, Elizabeth Harriet Beecher, convoquée par un haut cadre du ministère de l’Enseignement supérieur en guise «d’explication possible» à la transfiguration de Saïd Bouteflika. Affable, courtois, sans histoire, effacé presque, le personnage, tel que le décrivent certains de ses anciens collègues à l’université de Bab Ezzouar, tranche avec l’ogre peint par les fabulistes de l’appareil sécuritaire. «Une telle mutation est toutefois possible», observe un enseignant en mathématiques. «Mais ce Saïd-là n’est qu’une image. Celle justement que l’on voudrait qu’elle reste gravée dans le conscient collectif.»
«Saïd Bouteflika est devenu aujourd’hui une sorte de ‘‘bourourou’’, renchérit un de ses anciens camarades du CNES : une créature fabriquée par les pouvoirs opaques pour mieux fausser toute lecture objective des rapports de pouvoir.»
«La vision cinéma du pouvoir, ajoute le syndicaliste, les fantasmes autour d’une supposée centralité du pouvoir de Saïd est une chose, la réalité centralisée du pouvoir, en est une autre. Celle-ci a beaucoup bougé. Il y a certainement des lieux de pouvoirs différents d’intérêt et d’influence, mais qui fonctionnent dans une sorte d’équilibre fragile qui n’oublie pas l’essentiel : domestiquer la société et ses élites pour empêcher l’expression organisée d’un contre-pouvoir social, qui est la principale subversion nuisible à ce complexe d’intérêts.»
De la gêne, de l’embarras et de la méfiance. Les anciens «collègues» de Saïd Bouteflika à l’USTHB, ses «camarades» du syndicat autonome du Conseil national des enseignants du supérieur (CNES), syndicat scindé en ailes, dont une est acquise à Saïd Bouteflika – ravalent leur salive, renâclent à convoquer le «parcours universitaire», de «militant de la gauche» ou témoigner du «moment syndical» du frère et conseiller du Président.
Université de Bab Ezzouar. Ilot de lucidité au beau milieu d’un océan de rumeurs toxiques
Porte-parole de la coordination des sections CNES, Kaddour Chouicha dit n’avoir connu le conseiller du Président qu’à travers sa «participation» en tant que syndicaliste du CNES, délégué de Bab Ezzouar (USTHB) à la grève de 1996 et au premier congrès du CNES en 1997. Membre du Conseil national du syndicat, Saïd Bouteflika n’était pas «parmi les plus en vue de l’USTHB, même s’il est vrai que le nom qu’il porte avait contribué à faire parler de lui».
Par «correction» ou par «crainte des représailles» de l’homme au bras long, surtout en cette université dirigée depuis une décade par le très proche ministre Harraoubia, nombre de «camarades» syndicalistes sollicités pour un témoignage avaient poliment décliné. Saïd, ingénieur polytechnicien, titulaire d’un doctorat de 3e cycle, intégrera, après un passage par une grande école à Lyon, l’Institut d’électronique de Bab Ezzouar comme enseignant avant de diriger le service scolarité. Un universitaire pur produit de l’université algérienne au palais El Mouradia, une «chance» ?
Hormis la «clique des douze apôtres», cette douzaine d’enseignants chercheurs de la faculté d’informatique qui a rejoint la présidence de la République, notamment, pour y concevoir son nouveau système informatique, la contribution de Saïd Bouteflika au monde universitaire est négligeable.
Saïd Bouteflika, de la macro ou de la microbiologie ? Généticien, syndicaliste ?
Farid Cherbal, enseignant chercheur en microbiologie à l’USTHB, fait honneur à son titre et à la plus grande université africaine de Bab Ezzouar. Ses travaux de recherche sur le cancer héréditaire du sein et de l’ovaire ont été présentés dans les plus grandes universités et laboratoires de recherche de part le monde. «C’est tout bonnement impossible. Impossible qu’un homme seul puisse être tenu pour responsable de tant de choses, réagit-il. Et si Saïd Bouteflika a pu faire tout ce dont on l’accable, c’est donc que le pays n’est ni un Etat ni ne dispose d’institutions à proprement parler.» Pour Cherbal, «la personne de Saïd Bouteflika ne devient importante que vu sous le prisme des blocs de pouvoirs, des blocs sociaux qu’il a pu potentiellement s’agréger».
> 1999 un Bouteflika en cache… d’autres !
Saïd Bouteflika serait-il un de ces «princes modernes» de Machiavel qui, «nés dans la tradition des hommes qui gouvernent, ont acquis presque automatiquement les caractères du politique réaliste, par tout l’ensemble de l’éducation qu’ils absorbent dans leur milieu familial, dans lequel prédominent les intérêts patrimoniaux et dynastiques ?». Trop d’honneur ? Saïd Bouteflika a 41 ans lorsque la «famille» a réinvesti le pouvoir. Une revanche sur le sort pour ces déclassés de la nomenklatura, jetés en pâture après la mort de Boumediène, en décembre 1978. Kaddour Chouicha, porte-parole de la coordination des sections CNES, se dit particulièrement marqué par cette «lueur de vengeance» qui lui dévorait les yeux. «Je me disais souvent, si le frère du Président est animé d’un pareil esprit de revanche, alors qu’en est-il du Président lui-même ?» Enseignant à l’université d’Oran, membre de la Ligue des droits de l’homme (LADDH) se rappelle d’un homme investi «à fond» dans l’entreprise de son frère parti à l’assaut du pouvoir. «Il avait essayé de vendre l’image de son frère (avant les élections de 1999) en jouant sur plusieurs registres, du genre : ‘‘Mon frère était avec Boumediène, mais il n’était pas d’accord avec lui, car il voulait plus de démocratie’’». Il jouait parfois sur le régionalisme : «‘‘Nous les gens de l’Ouest, on a longtemps été écartés du pouvoir, il est temps que (…)’’.» Comme il lui arrivait d’utiliser l’appartenance à l’élite universitaire pour dire qu’«il ‘‘est temps que les élites prennent leur place’’». «Depuis le début et bien avant que son frère ne soit déclaré candidat, Saïd a pris part à la mise en place d’une stratégie d’implantation et de grignotage du pouvoir. Je me souviens de l’avoir entendu me dire que juste après l’intronisation de son frère, cinq nouveaux journaux seront créés et qui leur seront liés.» Chez les Bouteflika, le pouvoir est une «affaire de famille».
Né à Oujda, l’épicentre du pouvoir. La ville de l’oriental marocain qui donna son nom à l’indécrottable «clan d’Oujda» – au pouvoir depuis un demi-siècle –, a accueilli les bras ouverts la révolution algérienne et son armée des frontières.
Saïd est le cadet de la fratrie Bouteflika (Abdelaziz, Abdelghani, Mustapha, Abderahim, Latifa ainsi que trois demi-sœurs : Fatima, Yamina et Aïcha) dont le père, Ahmed Bouteflika, commerçant de son état, est originaire des Beni Mrir (est de Ghazaouet), à Tlemcen. Fuyant la répression coloniale, Ahmed Bouteflika s’établira, vers 1930, à Oujda. Saïd est né l’année du décès de son père, qu’il ne connaîtra jamais. Naturellement, le regard de l’enfant se tourne vers l’aîné, Abdelaziz, de 20 ans plus âgé que lui et dont la carrière lovée au pouvoir et à la trajectoire incroyable vient d’être lancée.
En 1958, le colonel Boumediene, chef de la Wilaya V (Oranie) décide de faire de cet ambitieux officier de l’ALN, tout juste contrôleur de la Wilaya V, son secrétaire particulier à l’état-major. «L’écart d’âge, témoigne un des plus proches amis de Saïd, la disparition précoce du père, le prestige et le pouvoir du ‘‘grand frère’’ font que Saïd Bouteflika a toujours cultivé une sorte de respect vénérable, de déférence quasi mystique.» «Une sorte d’écrasement, soumission totale devant la figure du grand frère, devant lequel on n’ose élever ni la voix ni les yeux.» A l’indépendance, Saïd Bouteflika a 5 ans. Celui qui sera son modèle est déjà ministre (de la Jeunesse) dans le premier gouvernement de l’Etat algérien restauré, un rouage important du pouvoir naissant.
Un pouvoir qu’il ne quittera qu’une fois, en 1978, pour mieux y revenir, en force, en 1999. Si le «grand frère» est un pur produit des zaouïas, la Qadiriya, – bac français en sus –, Saïd Bouteflika fréquentera l’école des jésuites d’El Biar, le pensionnat Saint-Joseph en l’occurrence, fondé par la congrégation des Frères des écoles chrétiennes.
Fait insolite : Saïd Boukharouba, le jeune frère du président Boumediene, fréquentera, à la même période, les bancs de Saint-Joseph. L’établissement, qui dispensait un enseignement religieux et un autre pour les autochtones, a été nationalisé en 1978.
L’arabisation forcenée du système d’enseignement (déjà à deux vitesses) avait déjà quelques années d’exercice.
> 1978 les «déchus» du pouvoir
Saïd Bouteflika avait tout juste 20 ans quand le grand frère, Abdelaziz, a été débarqué sans ménagement du pouvoir, disqualifié de la course à la succession au président Houari Boumediène. Nommé d’abord ministre d’Etat sans portefeuille en 1979, Bouteflika est progressivement écarté de la scène. Exclu du comité central du FLN, poursuivi par la Cour des comptes pour avoir puisé dans les caisses du ministère des Affaires étrangères, ses biens, dont sa villa de Sidi Fredj, ont failli être saisis. «Depuis, c’est le syndrome du persécuté chez les Bouteflika, témoigne un ami de la famille. Les Bouteflika, ajoute-t-il, savent très bien ce qu’ils les attend après 2014, ils ne voudront surtout pas revivre 1978, l’après-Boumediène, lorsque ils ont été débarqués du pouvoir, malmenés, dessaisis de leurs biens, poussés à l’exil, et à quémander presque des prises en charge aux amis et connaissances.» Des temps difficiles qui ont marqué au fer rouge Saïd Bouteflika, dont la promesse d’une jeunesse dorée, à l’ombre du capitalisme d’Etat et du socialisme spécifique, s’est révélée éphémère.
> 1996 syndicaliste CNES, le «militant de la gauche»
«L’esclave devient tyran dès qu’il le peut». Phrase célèbre de l’abolitionniste américaine, Elizabeth Harriet Beecher, convoquée par un haut cadre du ministère de l’Enseignement supérieur en guise «d’explication possible» à la transfiguration de Saïd Bouteflika. Affable, courtois, sans histoire, effacé presque, le personnage, tel que le décrivent certains de ses anciens collègues à l’université de Bab Ezzouar, tranche avec l’ogre peint par les fabulistes de l’appareil sécuritaire. «Une telle mutation est toutefois possible», observe un enseignant en mathématiques. «Mais ce Saïd-là n’est qu’une image. Celle justement que l’on voudrait qu’elle reste gravée dans le conscient collectif.»
«Saïd Bouteflika est devenu aujourd’hui une sorte de ‘‘bourourou’’, renchérit un de ses anciens camarades du CNES : une créature fabriquée par les pouvoirs opaques pour mieux fausser toute lecture objective des rapports de pouvoir.»
«La vision cinéma du pouvoir, ajoute le syndicaliste, les fantasmes autour d’une supposée centralité du pouvoir de Saïd est une chose, la réalité centralisée du pouvoir, en est une autre. Celle-ci a beaucoup bougé. Il y a certainement des lieux de pouvoirs différents d’intérêt et d’influence, mais qui fonctionnent dans une sorte d’équilibre fragile qui n’oublie pas l’essentiel : domestiquer la société et ses élites pour empêcher l’expression organisée d’un contre-pouvoir social, qui est la principale subversion nuisible à ce complexe d’intérêts.»
De la gêne, de l’embarras et de la méfiance. Les anciens «collègues» de Saïd Bouteflika à l’USTHB, ses «camarades» du syndicat autonome du Conseil national des enseignants du supérieur (CNES), syndicat scindé en ailes, dont une est acquise à Saïd Bouteflika – ravalent leur salive, renâclent à convoquer le «parcours universitaire», de «militant de la gauche» ou témoigner du «moment syndical» du frère et conseiller du Président.
Université de Bab Ezzouar. Ilot de lucidité au beau milieu d’un océan de rumeurs toxiques
Porte-parole de la coordination des sections CNES, Kaddour Chouicha dit n’avoir connu le conseiller du Président qu’à travers sa «participation» en tant que syndicaliste du CNES, délégué de Bab Ezzouar (USTHB) à la grève de 1996 et au premier congrès du CNES en 1997. Membre du Conseil national du syndicat, Saïd Bouteflika n’était pas «parmi les plus en vue de l’USTHB, même s’il est vrai que le nom qu’il porte avait contribué à faire parler de lui».
Par «correction» ou par «crainte des représailles» de l’homme au bras long, surtout en cette université dirigée depuis une décade par le très proche ministre Harraoubia, nombre de «camarades» syndicalistes sollicités pour un témoignage avaient poliment décliné. Saïd, ingénieur polytechnicien, titulaire d’un doctorat de 3e cycle, intégrera, après un passage par une grande école à Lyon, l’Institut d’électronique de Bab Ezzouar comme enseignant avant de diriger le service scolarité. Un universitaire pur produit de l’université algérienne au palais El Mouradia, une «chance» ?
Hormis la «clique des douze apôtres», cette douzaine d’enseignants chercheurs de la faculté d’informatique qui a rejoint la présidence de la République, notamment, pour y concevoir son nouveau système informatique, la contribution de Saïd Bouteflika au monde universitaire est négligeable.
Saïd Bouteflika, de la macro ou de la microbiologie ? Généticien, syndicaliste ?
Farid Cherbal, enseignant chercheur en microbiologie à l’USTHB, fait honneur à son titre et à la plus grande université africaine de Bab Ezzouar. Ses travaux de recherche sur le cancer héréditaire du sein et de l’ovaire ont été présentés dans les plus grandes universités et laboratoires de recherche de part le monde. «C’est tout bonnement impossible. Impossible qu’un homme seul puisse être tenu pour responsable de tant de choses, réagit-il. Et si Saïd Bouteflika a pu faire tout ce dont on l’accable, c’est donc que le pays n’est ni un Etat ni ne dispose d’institutions à proprement parler.» Pour Cherbal, «la personne de Saïd Bouteflika ne devient importante que vu sous le prisme des blocs de pouvoirs, des blocs sociaux qu’il a pu potentiellement s’agréger».
> 1999 un Bouteflika en cache… d’autres !
Saïd Bouteflika serait-il un de ces «princes modernes» de Machiavel qui, «nés dans la tradition des hommes qui gouvernent, ont acquis presque automatiquement les caractères du politique réaliste, par tout l’ensemble de l’éducation qu’ils absorbent dans leur milieu familial, dans lequel prédominent les intérêts patrimoniaux et dynastiques ?». Trop d’honneur ? Saïd Bouteflika a 41 ans lorsque la «famille» a réinvesti le pouvoir. Une revanche sur le sort pour ces déclassés de la nomenklatura, jetés en pâture après la mort de Boumediène, en décembre 1978. Kaddour Chouicha, porte-parole de la coordination des sections CNES, se dit particulièrement marqué par cette «lueur de vengeance» qui lui dévorait les yeux. «Je me disais souvent, si le frère du Président est animé d’un pareil esprit de revanche, alors qu’en est-il du Président lui-même ?» Enseignant à l’université d’Oran, membre de la Ligue des droits de l’homme (LADDH) se rappelle d’un homme investi «à fond» dans l’entreprise de son frère parti à l’assaut du pouvoir. «Il avait essayé de vendre l’image de son frère (avant les élections de 1999) en jouant sur plusieurs registres, du genre : ‘‘Mon frère était avec Boumediène, mais il n’était pas d’accord avec lui, car il voulait plus de démocratie’’». Il jouait parfois sur le régionalisme : «‘‘Nous les gens de l’Ouest, on a longtemps été écartés du pouvoir, il est temps que (…)’’.» Comme il lui arrivait d’utiliser l’appartenance à l’élite universitaire pour dire qu’«il ‘‘est temps que les élites prennent leur place’’». «Depuis le début et bien avant que son frère ne soit déclaré candidat, Saïd a pris part à la mise en place d’une stratégie d’implantation et de grignotage du pouvoir. Je me souviens de l’avoir entendu me dire que juste après l’intronisation de son frère, cinq nouveaux journaux seront créés et qui leur seront liés.» Chez les Bouteflika, le pouvoir est une «affaire de famille».
Commentaire