Un feuilleton égyptien caricature les souverains berbères
La Nouvelle Republique
La première chaîne satellitaire égyptienne (publique) diffuse actuellement, et ce, chaque jour à 18 heures, un grand feuilleton historique intitulé « Al Tariq » retraçant l’épopée du général musulman d’origine berbère Tariq Ibn Ziyad. Il s’agit peut-être de la première production de télévision de cette taille consacrée à ce personnage clé de l’histoire de la conquête musulmane au Maghreb et en Europe au VIIIe siècle.
Tourné avec de grands moyens techniques et humains, ce feuilleton a réuni une pléiade de vedettes du cinéma et du théâtre arabes, dont quelque figures familières du film culte de Moustapha Al Aqqad, Ar-Rissala (1981), comme la célèbre actrice syrienne Mouna Wassif (admirable dans le rôle de la farouche Hind) qui campe ici le rôle de la reine berbère Kahina. Un rôle qui, dirait-on, lui va comme un gant.
Seulement, tous ces choix d’acteurs n’auront servi qu’à mieux illustrer ce vieux cliché sur l’héroïne berbère et, partant, sur toute la résistance que le peuple berbère a dressée contre les conquérants arabes. Ainsi, est elle décrite comme une sorcière, hystérique, haineuse et récalcitrante.
L’autre héros de la résistance berbère, Kosseïla, adulé de son peuple, lui, est décrit comme un sanguinaire, un barbare jusqu’à la caricature... Ce rôle qui échoit à un acteur égyptien rendu célèbre par sa performance dans son rôle de guerrier qoreïchite dans le même film Le Messager. Nous avons donc toute la Jahiliya !
De toute la légende de Tariq Ibn Ziyad, le scénariste n’aura retenu que sa farouche hostilité aux résistants de son propre peuple. Plusieurs parties sont consacrées aux premières expéditions arabes, conduites successivement par les Moussa Ibn Nosseïr, Oqba Ibn Nafi’ et Abu Mouhajir Dinar, magnifiés et leurs batailles exaltées.
Les concepteurs de ce feuilleton, qui ont dû s’inspirer d’une historiographie et d’une littérature officielles largement antiberbères, n’ont peut-être pas ici une volonté délibérée d’attenter à la mémoire d’une reine, d’un roi ou d’un peuple, et ne savent peut-être pas qu’il existe encore des Berbères qui se définissent comme tels, qui sont encore fiers de leurs origines et de leurs ancêtres, qu’il ne faut pas blesser dans leur sentiment d’appartenance en ridiculisant si perfidement leurs symboles, qu’ils soient souverains ou simples guerriers, arabisés ou paganisés.
Mais à qui la faute ? Il faut dire que l’histoire des Berbères souffre d’un désintérêt chronique dans les pays berbérophones mêmes, c’est-à-dire les pays du Maghreb. L’histoire officielle y est à peine remodelée, malgré toutes les revendications identitaires. Même topo dans les représentations artistiques. Ainsi, pour une fois que l’Etat algérien s’engage à consacrer un feuilleton de télévision à l’épopée de Fadhma N’soumeur, le travail a été confié à une équipe syrienne. Comme si l’idée de cet Orient fonctionnant comme le miroir de nos réalités était toujours de mise.
La Nouvelle Republique
La première chaîne satellitaire égyptienne (publique) diffuse actuellement, et ce, chaque jour à 18 heures, un grand feuilleton historique intitulé « Al Tariq » retraçant l’épopée du général musulman d’origine berbère Tariq Ibn Ziyad. Il s’agit peut-être de la première production de télévision de cette taille consacrée à ce personnage clé de l’histoire de la conquête musulmane au Maghreb et en Europe au VIIIe siècle.
Tourné avec de grands moyens techniques et humains, ce feuilleton a réuni une pléiade de vedettes du cinéma et du théâtre arabes, dont quelque figures familières du film culte de Moustapha Al Aqqad, Ar-Rissala (1981), comme la célèbre actrice syrienne Mouna Wassif (admirable dans le rôle de la farouche Hind) qui campe ici le rôle de la reine berbère Kahina. Un rôle qui, dirait-on, lui va comme un gant.
Seulement, tous ces choix d’acteurs n’auront servi qu’à mieux illustrer ce vieux cliché sur l’héroïne berbère et, partant, sur toute la résistance que le peuple berbère a dressée contre les conquérants arabes. Ainsi, est elle décrite comme une sorcière, hystérique, haineuse et récalcitrante.
L’autre héros de la résistance berbère, Kosseïla, adulé de son peuple, lui, est décrit comme un sanguinaire, un barbare jusqu’à la caricature... Ce rôle qui échoit à un acteur égyptien rendu célèbre par sa performance dans son rôle de guerrier qoreïchite dans le même film Le Messager. Nous avons donc toute la Jahiliya !
De toute la légende de Tariq Ibn Ziyad, le scénariste n’aura retenu que sa farouche hostilité aux résistants de son propre peuple. Plusieurs parties sont consacrées aux premières expéditions arabes, conduites successivement par les Moussa Ibn Nosseïr, Oqba Ibn Nafi’ et Abu Mouhajir Dinar, magnifiés et leurs batailles exaltées.
Les concepteurs de ce feuilleton, qui ont dû s’inspirer d’une historiographie et d’une littérature officielles largement antiberbères, n’ont peut-être pas ici une volonté délibérée d’attenter à la mémoire d’une reine, d’un roi ou d’un peuple, et ne savent peut-être pas qu’il existe encore des Berbères qui se définissent comme tels, qui sont encore fiers de leurs origines et de leurs ancêtres, qu’il ne faut pas blesser dans leur sentiment d’appartenance en ridiculisant si perfidement leurs symboles, qu’ils soient souverains ou simples guerriers, arabisés ou paganisés.
Mais à qui la faute ? Il faut dire que l’histoire des Berbères souffre d’un désintérêt chronique dans les pays berbérophones mêmes, c’est-à-dire les pays du Maghreb. L’histoire officielle y est à peine remodelée, malgré toutes les revendications identitaires. Même topo dans les représentations artistiques. Ainsi, pour une fois que l’Etat algérien s’engage à consacrer un feuilleton de télévision à l’épopée de Fadhma N’soumeur, le travail a été confié à une équipe syrienne. Comme si l’idée de cet Orient fonctionnant comme le miroir de nos réalités était toujours de mise.
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