Ancien ministre de la Communication, Abdelaziz Rahabi est aussi un ancien diplomate. Il a occupé notamment le poste de porte-parole du ministère des Affaires étrangères et celui d’ambassadeur à Madrid en Espagne. Dans cet entretien, il explique pourquoi le Maroc s’emploie à provoquer l’Algérie.
Samedi, Rabat a accusé les gardes frontières algériens d’avoir blessé un civil marocain. Alger a nié en affirmant que des tirs de sommation ont été tirés en réponse à des jets de pierre. Ce genre d’incident est-il nouveau ? Sommes-nous dans une crise avec le Maroc ?
Ce type d’incidents n’est pas nouveau et il n’est pas exclu qu’il se répète. Il se pose dans les frontières dans tous les pays du monde. Il est très courant en Amérique latine puisqu’il n’y a pas de libre circulation entre tous les pays. Cet incident malheureux, s’il a existé, aurait dû être circonscrit via un règlement local comme cela se fait depuis 52 ans. Ce genre d’incidents est habituellement réglé par les autorités locales frontalières des deux pays (les présidents d’APC, chefs de daïras ou les walis) ».
Pourquoi la réaction marocaine est-elle disproportionnée ?
Les Marocains entretiennent avec l’Algérie la stratégie de la tension permanente. Celle-ci consiste à provoquer une escalade dans les relations bilatérales pour provoquer une tension et une crise politique régionale. Il s’agit ensuite de faire appel à des médiations, en général, des pays du Golf, de la France, de l’Espagne et des États-Unis. Donc, on crée un incident, on l’amplifie et ça devient une crise politique. Et puis, les Marocains savent que l’Algérie est confrontée à des tensions politiques internes sérieuses. Ils enfoncent un clou maintenant parce qu’ils savent qu’il y a une fragilité en Algérie sur le consensus interne, que le dialogue intermalien traîne et que le dialogue interlibyen est hypothéqué. Ils font toujours le même calcul.
Le Maroc n’est-il pas jaloux de la position de l’Algérie au plan régional ?
L’un des grands problèmes du Maroc est qu’il a la diplomatie d’un pays insulaire. Il n’a de frontières qu’avec l’Algérie et le Sahara occidental, avec la Méditerranée en face et l’Atlantique à l’ouest. Comment aura-t-il des problèmes ? En ce moment, il n’a pas d’agenda régional. Le pays qui a un agenda régional en raison de sa géographie est l’Algérie qui a des frontières avec sept pays. Chose qui lui donne un agenda et une responsabilité. L’Algérie a une responsabilité régionale dans le maintien de la paix et le règlement des conflits que le Maroc, naturellement, n’a pas. En revanche, le Maroc a des amis et des alliés dont la France, l’Espagne et les États-Unis qui veulent lui donner ce rôle. Aujourd’hui, le Maroc est disqualifié dans le dialogue intermalien et dans le dialogue interlibyen. Globalement et même avec des hauts et des bas, le premier se tient à Alger. Pour le deuxième, le Maroc n’est pas concerné. Il lui reste de provoquer une crise avec l’Algérie pour se remettre sur la scène.
Comment jugez-vous la réaction de la diplomatie algérienne ?
Les Algériens ont l’expérience dans ces crises avec le Maroc parce que le mode opératoire est toujours le même : provoquer une crise, lui donner une dimension régionale et faire intervenir les alliés. Boumédiène, Chadli, Zeroual et Bouteflika ont connu ça et le prochain le connaîtra aussi. Et je comprends la réaction du ministère algérien des Affaires étrangères. Elle est limitée et elle renseigne sur la volonté de l’Algérie à ne pas rentrer dans ce jeu de l’escalade et provoquer une crise artificielle. Je pense que les nôtres ont eu une attitude ferme, responsable et ne se sont pas pliés à cet exercice de tension permanente. Donc, leur réponse est appropriée et surtout vigilante parce qu’elle ne prête pas le flanc à une escalade. Il faut jouer l’apaisement.
Pensez-vous que cette crise va prendre de l’ampleur ?
Non, on n’est pas dans une crise. Quand vous suivez les déclarations des députés et officiels marocains, vous voyez qu’il y a une partie qui veut provoquer une crise et une autre qui a donné une réponse adaptée. Vraiment, je pense que nous avons d’autres préoccupations bien plus importantes : un agenda régional chargé et un agenda national sensible. Et puis, je ne pense pas que ça soit une préoccupation majeure de la diplomatie algérienne. Je pense que l’affaire n’est pas du tout inscrite dans l’agenda de la diplomatie algérienne. Quand ça devient récurrent, les mécanismes de réactions sont toujours les même et on passe à autre chose.
TSA
Samedi, Rabat a accusé les gardes frontières algériens d’avoir blessé un civil marocain. Alger a nié en affirmant que des tirs de sommation ont été tirés en réponse à des jets de pierre. Ce genre d’incident est-il nouveau ? Sommes-nous dans une crise avec le Maroc ?
Ce type d’incidents n’est pas nouveau et il n’est pas exclu qu’il se répète. Il se pose dans les frontières dans tous les pays du monde. Il est très courant en Amérique latine puisqu’il n’y a pas de libre circulation entre tous les pays. Cet incident malheureux, s’il a existé, aurait dû être circonscrit via un règlement local comme cela se fait depuis 52 ans. Ce genre d’incidents est habituellement réglé par les autorités locales frontalières des deux pays (les présidents d’APC, chefs de daïras ou les walis) ».
Pourquoi la réaction marocaine est-elle disproportionnée ?
Les Marocains entretiennent avec l’Algérie la stratégie de la tension permanente. Celle-ci consiste à provoquer une escalade dans les relations bilatérales pour provoquer une tension et une crise politique régionale. Il s’agit ensuite de faire appel à des médiations, en général, des pays du Golf, de la France, de l’Espagne et des États-Unis. Donc, on crée un incident, on l’amplifie et ça devient une crise politique. Et puis, les Marocains savent que l’Algérie est confrontée à des tensions politiques internes sérieuses. Ils enfoncent un clou maintenant parce qu’ils savent qu’il y a une fragilité en Algérie sur le consensus interne, que le dialogue intermalien traîne et que le dialogue interlibyen est hypothéqué. Ils font toujours le même calcul.
Le Maroc n’est-il pas jaloux de la position de l’Algérie au plan régional ?
L’un des grands problèmes du Maroc est qu’il a la diplomatie d’un pays insulaire. Il n’a de frontières qu’avec l’Algérie et le Sahara occidental, avec la Méditerranée en face et l’Atlantique à l’ouest. Comment aura-t-il des problèmes ? En ce moment, il n’a pas d’agenda régional. Le pays qui a un agenda régional en raison de sa géographie est l’Algérie qui a des frontières avec sept pays. Chose qui lui donne un agenda et une responsabilité. L’Algérie a une responsabilité régionale dans le maintien de la paix et le règlement des conflits que le Maroc, naturellement, n’a pas. En revanche, le Maroc a des amis et des alliés dont la France, l’Espagne et les États-Unis qui veulent lui donner ce rôle. Aujourd’hui, le Maroc est disqualifié dans le dialogue intermalien et dans le dialogue interlibyen. Globalement et même avec des hauts et des bas, le premier se tient à Alger. Pour le deuxième, le Maroc n’est pas concerné. Il lui reste de provoquer une crise avec l’Algérie pour se remettre sur la scène.
Comment jugez-vous la réaction de la diplomatie algérienne ?
Les Algériens ont l’expérience dans ces crises avec le Maroc parce que le mode opératoire est toujours le même : provoquer une crise, lui donner une dimension régionale et faire intervenir les alliés. Boumédiène, Chadli, Zeroual et Bouteflika ont connu ça et le prochain le connaîtra aussi. Et je comprends la réaction du ministère algérien des Affaires étrangères. Elle est limitée et elle renseigne sur la volonté de l’Algérie à ne pas rentrer dans ce jeu de l’escalade et provoquer une crise artificielle. Je pense que les nôtres ont eu une attitude ferme, responsable et ne se sont pas pliés à cet exercice de tension permanente. Donc, leur réponse est appropriée et surtout vigilante parce qu’elle ne prête pas le flanc à une escalade. Il faut jouer l’apaisement.
Pensez-vous que cette crise va prendre de l’ampleur ?
Non, on n’est pas dans une crise. Quand vous suivez les déclarations des députés et officiels marocains, vous voyez qu’il y a une partie qui veut provoquer une crise et une autre qui a donné une réponse adaptée. Vraiment, je pense que nous avons d’autres préoccupations bien plus importantes : un agenda régional chargé et un agenda national sensible. Et puis, je ne pense pas que ça soit une préoccupation majeure de la diplomatie algérienne. Je pense que l’affaire n’est pas du tout inscrite dans l’agenda de la diplomatie algérienne. Quand ça devient récurrent, les mécanismes de réactions sont toujours les même et on passe à autre chose.
TSA
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