Un peu de lecture!
Voici la réponse de Nacer Boudiaf à Anissa Boumedienne, lorsque cette dernière s'offusquait que l'on puisse comparer Boudiaf à Boumedienne! Alors histoire d'en savoir un peu plus sur ce "héros"!
NACER BOUDIAF
"Laissez donc le peuple vous poser certaines questions !"
1)- Vous entamez votre plaidoirie par cette phrase : "Me voici confrontée depuis quelques semaines aux cabales d’un groupuscule de personnes ivres de jalousie et de rancœur, qui tentent par tous les moyens, de jeter le discrédit sur ma personne et sur celle de mon époux..." Votre technique - de l’agresseur qui devient l’agressé - a commencé à Skikda, lors du colloque sur votre époux, en provoquant les sentiments du peuple, en discréditant des hommes comme Boudiaf, Aït Ahmed et Khider, et rappelle curieusement la technique des Juifs qui assassinent et se plaignent ensuite devant la communauté internationale. Loin de moi était l’idée de me voir un jour polémiquer avec l’épouse d’un ancien chef d’État au sujet d’un homme de l’envergure historique de Mohamed Boudiaf. Mais puisque vous avez repris en interprétant à votre compte comme bon vous a semblé et déformé certains passages de mon entretien avec Echourouk, je me vois dans l’obligation, pour des raisons de dignité et d’honnêteté, de rompre le silence et de vous faire part de certaines vérités. Dans la deuxième partie de votre contribution, parue dans Le Soir d’Algérie du 22 février 2001, vous écrivez : "Faut-il rappeler aussi que le nom de Boudiaf était inconnu de la jeunesse algérienne qui constitue la grande majorité de ce peuple que l’on n’a pas consulté pour lui demander s’il souhaitait le retour de Boudiaf." Déjugez-vous ceux qui l’ont appelé en 1992 ? Passons, là n’est pas la question ! A ce niveau déjà, une série de questions devrait vous venir à l’esprit, si l’esprit était honnête-te. En effet, qui est le premier responsable du fait que la grande majorité de ce peuple n’a connu Boudiaf qu’en 1992 ? Boumediène a une grande responsabilité dans cette lamentable situation. Quel est le pays au monde qui ne connaît pas les grandes figures de son histoire ? C’est bien l’Algérie dont Boumediène a présidé la destinée pendant treize années, en occultant des pans entiers de notre histoire contemporaine et de notre histoire tout court. A ce sujet, lors de l’inauguration du Centre national des études historiques, en mars 1975, Boumediène avait déclaré sans ambages que "le but de cette structure n’était pas d’écrire une histoire "officielle", mais de composer une histoire de l’Algérie sur des bases scientifiques".
2)- Par base scientifique, Boumediène entendait "mettre l’histoire sous surveillance", comme l’a dit Ahmed Rouadjia dans son livre Grandeur et décadence de l’État algérien (Karthala, 1994, p. 41). Écoutons Ferhat Abbès, une autre grande figure de I’histoire de l’Algérie et qui a subi les affres du régime de Boumediène . Dans son livre L’Indépendance confisquée (FIammarion 1984, p.114 ), le regretté Ferhat. Abbès nous confirme : "Pour l’instant, et après vingt ans d’indépendance, nous sommes encore dans le tunnel. On comprend que Boumediène, qui n’a pas fait la guerre, voulait effacer le sou-venir des terribles années de guerre et nos propres souffrances." Dans une autre partie de ce même ouvrage (p.45 ), F. Abbès nous informe que Boumediène a dépêché un émissaire en secret au château d’Aulnoy, "pour trouver parmi les cinq prisonniers (1) un éventuel allié. Il s’adressa d’abord à Boudiaf. Celui-ci déclina l’offre. Il condamna l’indiscipline de l’état-major et se refusa à toute action fractionnelle". Interrogez-vous, Madame, pour savoir pourquoi dans ce contexte historique précis, le choix de Boumediène s’était porté d’abord sur Boudiaf ? Désavouez-vous le choix de votre mari ? Le peuple appréciera ! Par ailleurs, juriste que vous êtes, vous n’êtes pas sans savoir que dans les pays où le Droit est respecté, il y a un principe universel qui veut qu’une femme ne peut pas témoigner contre son mari. Cette situation est doublée de celle de votre qualité d’avocat. On comprend aisément que l’avocat, dans sa plaidoirie, ne reprend que les aspects positifs du dossier de son client. Laissez donc le peuple vous poser certaines questions et vous rappeler certaines réalités qui vous feront, si vous êtes honnête, reconnaître toutes les souffrances que le peuple algérien a endurées sous Boumediène. Vous accusez Boudiaf d’avoir pris une partie des fonds du F.L.N., sans preuve aucune, mais vous ne pourrez jamais l’accuser d’avoir été derrière l’assassinat de qui que ce soit. En revanche, la liste des victimes d’assassinat sous la présidence de Boumediène est malheureusement longue pour ne citer que Khider, Krim, Chabou, Medeghri, Saïd Abid, etc. Ne serait-il pas légitime de s’opposer, par tous les moyens, à quelqu’un dont le régime fait de l’assassinat une expression politique ?
3)- A ce propos, dans l’Extrémiste, Pierre Péan, que vous citez vous-même (Fayard, 1996, pp.304/305),rapporte ceci : Au cours d’une conférence de presse, réunie à Londres le 2 février 1967, Aït Ahmed a raconté les circonstances de l’assassinat de son beau-frère (Mobamed Khider) et désigné le vrai coupable, le colonel Boumediène. "J’accuse le régime de Boumediène d’avoir conçu, organisé et perpétré l’assassinat. Cette honteuse pratique de gangsters politiques porte le sceau de ce clan d’aventuriers sans scrupules qui ont usurpé le pouvoir et détruit dans notre pays les principes de liberté, de démocratie et de justice pour lesquels des mil-lions d’Algériens, parmi les-quels Khider, ont donné le meilleur d’eux-mêmes." Évoquant Krim Belkacem, Alistaire Home dans Histoire de la guerre d’Algérie (Albin Michel, 1987, P 573 ) nous rapporte ceci: "Le sort de Khider devait être partagé par le plus chevronné de tous les maquisards, Belkacem Krim, ancien ministre des Affaires étrangères du GPRA, l’homme qui avait conduit pour l’Algérie les négociations d’Evian. Dégoûté de la poli-tique et de la révolution, Krim s’était mis, pour gagner sa vie, dans le commerce. Lorsque Boumediène, ennemi de Krim depuis les premiers jours, arriva au pouvoir en exil et forma un groupe d’opposition. Après qu’il eut déclaré publiquement, en 1969, que "sept ans d’indépendance avaient été pires que sept ans de guerre" , Krim fut condamné à mort par contumace pour trahison et connivence avec des puissances étrangères. La fin de Krim est connue, un crime de plus sous la présidence de Boumediène." Interpellé un jour sur la torture (cf. L’affaire Mecili de Hocine Aït Ahmed p. 133) Boumediène, "froid, calculateur" (c’est comme cela que vous le décrivez vous-même dans Le Soir d’Algérie du 21 février 2001), répond : "Alors, comment voulez-vous avoir des informations ?" Les juristes, les vrais juristes, apprécierons ! Vous vous posez égale-ment la question de savoir si le peuple a été consulté pour le retour de Boudiaf en 1992. Croyez-vous sincèrement que ce même peuple avait été consulté le 19 juin 1965 ? Et après le 19 juin, Boumediène avait eu treize ans pour apprendre à son peuple et à son système d’éduquer le peuple dans le sens de la consultation. Il ne l’a pas fait.
4)- Si le peuple n’a pas été consulté en 1992, c’est parce que l’héritage du pouvoir personnel de Boumediène n’a jamais permis la moindre lueur de la consultation. Le peuple appréciera. Ce même peuple qui n’a pas été consulté pour la révolution agraire, qui a vu ses terres s’exproprier sans défense aucune, pour lesquelles terres il venait de sacrifier un million et demi de chouhada. Pour quels résultats ? Le peuple a-t- il été consulté quand d’imaginaires bénéfices étaient distribués aux domaines autogérés et aux entreprises déficitaires ? A qui appartenaient ces fonds dilapidés pour le seul prestige d’un homme ? Étaient-ils des fonds privés de Boumediène ? Le peuple avait-il eu la moindre chance de donner son avis quand Boumediène avait, d’autorité, décidé que la personnalité de l’Algérien se définissait seulement comme arabo-musulmane, et occulté, en conséquence, tout un tiers de la composante de l’Algérien, à savoir sa berbérité dont il est fier. Qui a été le premier, et du fauteuil de chef de l’Etat, après seulement cinq mois, à remettre les pendules à l’heure, en réconciliant l’Algérien avec sa propre personnalité. C’est, bien sûr, Boudiaf qui a défini, dès ses premiers jours au pouvoir, la triple dimension : islamité, arabité et amazighité. Y a-t-il pire crime que d’occulter l’identité de tout un peuple ? Savez-vous aussi, Madame, que Boumediène faisait de l’Algérie une terre d’accueil pour des terroristes notoire-ment reconnus et mondiale-ment poursuivis. L’Occident, qui guettait nos premières faiblesses et égarements pour se venger de la politique de Boumediène dans ce contexte, n’attendait que l’occasion de la crise en Algérie pour ouvrir les portes de ses capitales aux égor-geurs de bébés algériens et aux commanditaires des assassinats en Algérie. Le peuple appréciera. Je ne souhaitais pas entrer dans cette polémique, mais l’ai fait ayant constaté une haine que je ne m’explique pas contre mon père, disparu dans des circonstances reprises par toutes les télévisions du monde. J’espérais de l’avocate que vous êtes un soutien pour revendiquer vérité. Mais, en fait, vous me semblez avoir choisi votre camp, celui de ne laisser l’Algérie aucune figure propre, aucun espoir, le camp de vouloir solder les comptes avec les morts, alors que beaucoup de vivants mériteraient que les juristes se penchent sur leurs méfaits, le camp de salir tout un peuple et son histoire.
5)- A moins que vous ne participiez, sans le savoir, une campagne de diversion tendant à occulter les vrais problèmes de l’Algérie, sur lesquels une contribution de votre talentueux style serait bienvenue pour éclairer la jeunesse algérienne qui souffre de ces vrais problèmes, une jeunesse qui n’a cependant pas encore oublié l’autorisation de sortie du territoire national imposée par Boumediène en témoignage de la confiance qu’il avait dans cette même jeunesse algérienne. Devant cette situation, je ne pouvais me taire. Moralité : quand on habite dans une maison de verre, fragile de surcroît, il n’est pas sage de lancer des pierres sur les maisons des autres.
Alger, le 22 février 2001
Nacer Boudiaf
Voici la réponse de Nacer Boudiaf à Anissa Boumedienne, lorsque cette dernière s'offusquait que l'on puisse comparer Boudiaf à Boumedienne! Alors histoire d'en savoir un peu plus sur ce "héros"!
NACER BOUDIAF
"Laissez donc le peuple vous poser certaines questions !"
1)- Vous entamez votre plaidoirie par cette phrase : "Me voici confrontée depuis quelques semaines aux cabales d’un groupuscule de personnes ivres de jalousie et de rancœur, qui tentent par tous les moyens, de jeter le discrédit sur ma personne et sur celle de mon époux..." Votre technique - de l’agresseur qui devient l’agressé - a commencé à Skikda, lors du colloque sur votre époux, en provoquant les sentiments du peuple, en discréditant des hommes comme Boudiaf, Aït Ahmed et Khider, et rappelle curieusement la technique des Juifs qui assassinent et se plaignent ensuite devant la communauté internationale. Loin de moi était l’idée de me voir un jour polémiquer avec l’épouse d’un ancien chef d’État au sujet d’un homme de l’envergure historique de Mohamed Boudiaf. Mais puisque vous avez repris en interprétant à votre compte comme bon vous a semblé et déformé certains passages de mon entretien avec Echourouk, je me vois dans l’obligation, pour des raisons de dignité et d’honnêteté, de rompre le silence et de vous faire part de certaines vérités. Dans la deuxième partie de votre contribution, parue dans Le Soir d’Algérie du 22 février 2001, vous écrivez : "Faut-il rappeler aussi que le nom de Boudiaf était inconnu de la jeunesse algérienne qui constitue la grande majorité de ce peuple que l’on n’a pas consulté pour lui demander s’il souhaitait le retour de Boudiaf." Déjugez-vous ceux qui l’ont appelé en 1992 ? Passons, là n’est pas la question ! A ce niveau déjà, une série de questions devrait vous venir à l’esprit, si l’esprit était honnête-te. En effet, qui est le premier responsable du fait que la grande majorité de ce peuple n’a connu Boudiaf qu’en 1992 ? Boumediène a une grande responsabilité dans cette lamentable situation. Quel est le pays au monde qui ne connaît pas les grandes figures de son histoire ? C’est bien l’Algérie dont Boumediène a présidé la destinée pendant treize années, en occultant des pans entiers de notre histoire contemporaine et de notre histoire tout court. A ce sujet, lors de l’inauguration du Centre national des études historiques, en mars 1975, Boumediène avait déclaré sans ambages que "le but de cette structure n’était pas d’écrire une histoire "officielle", mais de composer une histoire de l’Algérie sur des bases scientifiques".
2)- Par base scientifique, Boumediène entendait "mettre l’histoire sous surveillance", comme l’a dit Ahmed Rouadjia dans son livre Grandeur et décadence de l’État algérien (Karthala, 1994, p. 41). Écoutons Ferhat Abbès, une autre grande figure de I’histoire de l’Algérie et qui a subi les affres du régime de Boumediène . Dans son livre L’Indépendance confisquée (FIammarion 1984, p.114 ), le regretté Ferhat. Abbès nous confirme : "Pour l’instant, et après vingt ans d’indépendance, nous sommes encore dans le tunnel. On comprend que Boumediène, qui n’a pas fait la guerre, voulait effacer le sou-venir des terribles années de guerre et nos propres souffrances." Dans une autre partie de ce même ouvrage (p.45 ), F. Abbès nous informe que Boumediène a dépêché un émissaire en secret au château d’Aulnoy, "pour trouver parmi les cinq prisonniers (1) un éventuel allié. Il s’adressa d’abord à Boudiaf. Celui-ci déclina l’offre. Il condamna l’indiscipline de l’état-major et se refusa à toute action fractionnelle". Interrogez-vous, Madame, pour savoir pourquoi dans ce contexte historique précis, le choix de Boumediène s’était porté d’abord sur Boudiaf ? Désavouez-vous le choix de votre mari ? Le peuple appréciera ! Par ailleurs, juriste que vous êtes, vous n’êtes pas sans savoir que dans les pays où le Droit est respecté, il y a un principe universel qui veut qu’une femme ne peut pas témoigner contre son mari. Cette situation est doublée de celle de votre qualité d’avocat. On comprend aisément que l’avocat, dans sa plaidoirie, ne reprend que les aspects positifs du dossier de son client. Laissez donc le peuple vous poser certaines questions et vous rappeler certaines réalités qui vous feront, si vous êtes honnête, reconnaître toutes les souffrances que le peuple algérien a endurées sous Boumediène. Vous accusez Boudiaf d’avoir pris une partie des fonds du F.L.N., sans preuve aucune, mais vous ne pourrez jamais l’accuser d’avoir été derrière l’assassinat de qui que ce soit. En revanche, la liste des victimes d’assassinat sous la présidence de Boumediène est malheureusement longue pour ne citer que Khider, Krim, Chabou, Medeghri, Saïd Abid, etc. Ne serait-il pas légitime de s’opposer, par tous les moyens, à quelqu’un dont le régime fait de l’assassinat une expression politique ?
3)- A ce propos, dans l’Extrémiste, Pierre Péan, que vous citez vous-même (Fayard, 1996, pp.304/305),rapporte ceci : Au cours d’une conférence de presse, réunie à Londres le 2 février 1967, Aït Ahmed a raconté les circonstances de l’assassinat de son beau-frère (Mobamed Khider) et désigné le vrai coupable, le colonel Boumediène. "J’accuse le régime de Boumediène d’avoir conçu, organisé et perpétré l’assassinat. Cette honteuse pratique de gangsters politiques porte le sceau de ce clan d’aventuriers sans scrupules qui ont usurpé le pouvoir et détruit dans notre pays les principes de liberté, de démocratie et de justice pour lesquels des mil-lions d’Algériens, parmi les-quels Khider, ont donné le meilleur d’eux-mêmes." Évoquant Krim Belkacem, Alistaire Home dans Histoire de la guerre d’Algérie (Albin Michel, 1987, P 573 ) nous rapporte ceci: "Le sort de Khider devait être partagé par le plus chevronné de tous les maquisards, Belkacem Krim, ancien ministre des Affaires étrangères du GPRA, l’homme qui avait conduit pour l’Algérie les négociations d’Evian. Dégoûté de la poli-tique et de la révolution, Krim s’était mis, pour gagner sa vie, dans le commerce. Lorsque Boumediène, ennemi de Krim depuis les premiers jours, arriva au pouvoir en exil et forma un groupe d’opposition. Après qu’il eut déclaré publiquement, en 1969, que "sept ans d’indépendance avaient été pires que sept ans de guerre" , Krim fut condamné à mort par contumace pour trahison et connivence avec des puissances étrangères. La fin de Krim est connue, un crime de plus sous la présidence de Boumediène." Interpellé un jour sur la torture (cf. L’affaire Mecili de Hocine Aït Ahmed p. 133) Boumediène, "froid, calculateur" (c’est comme cela que vous le décrivez vous-même dans Le Soir d’Algérie du 21 février 2001), répond : "Alors, comment voulez-vous avoir des informations ?" Les juristes, les vrais juristes, apprécierons ! Vous vous posez égale-ment la question de savoir si le peuple a été consulté pour le retour de Boudiaf en 1992. Croyez-vous sincèrement que ce même peuple avait été consulté le 19 juin 1965 ? Et après le 19 juin, Boumediène avait eu treize ans pour apprendre à son peuple et à son système d’éduquer le peuple dans le sens de la consultation. Il ne l’a pas fait.
4)- Si le peuple n’a pas été consulté en 1992, c’est parce que l’héritage du pouvoir personnel de Boumediène n’a jamais permis la moindre lueur de la consultation. Le peuple appréciera. Ce même peuple qui n’a pas été consulté pour la révolution agraire, qui a vu ses terres s’exproprier sans défense aucune, pour lesquelles terres il venait de sacrifier un million et demi de chouhada. Pour quels résultats ? Le peuple a-t- il été consulté quand d’imaginaires bénéfices étaient distribués aux domaines autogérés et aux entreprises déficitaires ? A qui appartenaient ces fonds dilapidés pour le seul prestige d’un homme ? Étaient-ils des fonds privés de Boumediène ? Le peuple avait-il eu la moindre chance de donner son avis quand Boumediène avait, d’autorité, décidé que la personnalité de l’Algérien se définissait seulement comme arabo-musulmane, et occulté, en conséquence, tout un tiers de la composante de l’Algérien, à savoir sa berbérité dont il est fier. Qui a été le premier, et du fauteuil de chef de l’Etat, après seulement cinq mois, à remettre les pendules à l’heure, en réconciliant l’Algérien avec sa propre personnalité. C’est, bien sûr, Boudiaf qui a défini, dès ses premiers jours au pouvoir, la triple dimension : islamité, arabité et amazighité. Y a-t-il pire crime que d’occulter l’identité de tout un peuple ? Savez-vous aussi, Madame, que Boumediène faisait de l’Algérie une terre d’accueil pour des terroristes notoire-ment reconnus et mondiale-ment poursuivis. L’Occident, qui guettait nos premières faiblesses et égarements pour se venger de la politique de Boumediène dans ce contexte, n’attendait que l’occasion de la crise en Algérie pour ouvrir les portes de ses capitales aux égor-geurs de bébés algériens et aux commanditaires des assassinats en Algérie. Le peuple appréciera. Je ne souhaitais pas entrer dans cette polémique, mais l’ai fait ayant constaté une haine que je ne m’explique pas contre mon père, disparu dans des circonstances reprises par toutes les télévisions du monde. J’espérais de l’avocate que vous êtes un soutien pour revendiquer vérité. Mais, en fait, vous me semblez avoir choisi votre camp, celui de ne laisser l’Algérie aucune figure propre, aucun espoir, le camp de vouloir solder les comptes avec les morts, alors que beaucoup de vivants mériteraient que les juristes se penchent sur leurs méfaits, le camp de salir tout un peuple et son histoire.
5)- A moins que vous ne participiez, sans le savoir, une campagne de diversion tendant à occulter les vrais problèmes de l’Algérie, sur lesquels une contribution de votre talentueux style serait bienvenue pour éclairer la jeunesse algérienne qui souffre de ces vrais problèmes, une jeunesse qui n’a cependant pas encore oublié l’autorisation de sortie du territoire national imposée par Boumediène en témoignage de la confiance qu’il avait dans cette même jeunesse algérienne. Devant cette situation, je ne pouvais me taire. Moralité : quand on habite dans une maison de verre, fragile de surcroît, il n’est pas sage de lancer des pierres sur les maisons des autres.
Alger, le 22 février 2001
Nacer Boudiaf
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