L’imam salafiste, Abdelfatah Hamadache, chef d’un parti non autorisé dénommé Front de la sahwa islamique, a prononcé une fetwa d’appel au meurtre contre le chroniqueur et écrivain Kamel Daoud. Il a « posté » sa fetwa contre lui sur le réseau Facebook et demandé à ce que soit appliqué contre lui les « houdoud », la sentence suprême comprend-on, après l’avoir qualifié d’écrivain sionisé, ennemi de l’Islam et de la langue arabe, qui insulte Allah et leCoran. Le Front de la Sahwa, ajoute l’imam Abdelfatah Hamadache, « considère que si la charia islamique était appliquée en Algérie, le châtiment contre lui aurait été la mort pour apostasie et hérésie ».
D’Oran Naouel Merouane
Faut-il en rire ? Absolument pas ! Et la question n’est posée ici que pour rappeler que parmi les politiques et les associatifs qui ont été interrogés, hier, par nos journalistes sur cette affaire, certains, notamment des islamistes visiblement gênés aux entournures (mais publiquement seulement ?), se sont attardés sur le caractère tartarinesque et truculent du personnage, du religieux qui officie dans plusieurs mosquées, notamment dans l’une d’elles à Belouizdad (ex-Belcourt). D’autres sont allés jusqu’à lui prêter des accointances douteuses avec des cercles qui ne seraient pas moins obscurs. L’essentiel est que, dans ce groupe, la tendance était à la minimisation non surprenante, mais significative d’un geste dont l’auteur appelle pourtant à l’homicide, par charia interposée, de l’auteur Meursault Contre-enquête, le roman qui a failli le faire consacrer par le Goncourt en France, et dont la dernière chronique sur le fanatisme islamiste, hier dans son journal, Le Quotidien d’Oran, s’intitulait de manière mortellement polissonne et par ricochet « 50 nuances de haine ». On passera sur ce détail que l’imam Hamadache n’a pas les moyens de saisir, ni les codes d’ailleurs, pour insister sur le fait que sa réaction d’appel à condamner à mort un intempestif, mais paisible homme de presse et de lettres n’est ni une dérive incontrôlée ni un geste épidermique qui aurait été commis sous le sceau de la colère ou de l’incompréhension. Elle procède systématiquement d’une pensée ou d’une idéologie d’essence takfiriste, appelons-la comme on veut, très enracinée dans les milieux fondamentalistes algériens, et pas seulement, et qui consiste à apostasier de mort tous ceux qui ne pensent pas ou ne bougent pas dans le sens qu’ils veulent. Chez eux, l’esprit de Daech n’est pas loin. Il est seulement tapi pour surgir à tout moment si celui-ci s’avère propice comme on l’a vu avec l’assassinat d’Hervé Gourdel, et comme on le voit tous les jours dans ce pauvre Levant où le seul langage que ses tenants parlent est celui du couteau… S’il ne paraît pas assez visible, ici, pour certains, c’est qu’il est porté par des religieux sous-cultivés et crétins à la limite, l’imam Hamadache en est la caricature, pour ne pas être pris au sérieux, ou pour servir d’argument de dédouanement aux plus rusés d’entre les intégristes. « Ce n’est pas nous », disent-ils, balayant d’un revers de kamis ce qui s’est passé dans ce pays, l’Algérie, durant la décennie rouge.
Où en est-on aujourd’hui ? Kamel Daoud nous a confié, hier matin, alors qu’il se trouvait pas loin d’un commissariat d’Oran : « Je vais déposer plainte contre cet imam pour appel à la mort et propos diffamatoires. Et je remercie les personnes qui m’ont exprimé leur solidarité via Facebook ou par SMS ». Son éditeur Barzakh a déclaré, hier matin, que l’écrivain et chroniqueur allait porter plainte dans la matinée contre l’appel au meurtre lancé contre lui. Sa déclaration a ceci d’important qu’elle avertit de l’existence chez nous de l’esprit Daech (ou de ses nuances…) en rappelant que « la violence – morale, bientôt physique – est devenue la norme ». Et qu’au-delà de Kamel Daoud, et après l’affaire du film de Lyès Salem L’Oranais et du livre d’anthropologie de Meriem Bouzid, retiré des circuits de diffusion, « c’est le champ de la pensée libre, de la recherche et de la création artistique qui est visé là ». Pas seulement.
Auteur: Reporters.DZ
D’Oran Naouel Merouane
Faut-il en rire ? Absolument pas ! Et la question n’est posée ici que pour rappeler que parmi les politiques et les associatifs qui ont été interrogés, hier, par nos journalistes sur cette affaire, certains, notamment des islamistes visiblement gênés aux entournures (mais publiquement seulement ?), se sont attardés sur le caractère tartarinesque et truculent du personnage, du religieux qui officie dans plusieurs mosquées, notamment dans l’une d’elles à Belouizdad (ex-Belcourt). D’autres sont allés jusqu’à lui prêter des accointances douteuses avec des cercles qui ne seraient pas moins obscurs. L’essentiel est que, dans ce groupe, la tendance était à la minimisation non surprenante, mais significative d’un geste dont l’auteur appelle pourtant à l’homicide, par charia interposée, de l’auteur Meursault Contre-enquête, le roman qui a failli le faire consacrer par le Goncourt en France, et dont la dernière chronique sur le fanatisme islamiste, hier dans son journal, Le Quotidien d’Oran, s’intitulait de manière mortellement polissonne et par ricochet « 50 nuances de haine ». On passera sur ce détail que l’imam Hamadache n’a pas les moyens de saisir, ni les codes d’ailleurs, pour insister sur le fait que sa réaction d’appel à condamner à mort un intempestif, mais paisible homme de presse et de lettres n’est ni une dérive incontrôlée ni un geste épidermique qui aurait été commis sous le sceau de la colère ou de l’incompréhension. Elle procède systématiquement d’une pensée ou d’une idéologie d’essence takfiriste, appelons-la comme on veut, très enracinée dans les milieux fondamentalistes algériens, et pas seulement, et qui consiste à apostasier de mort tous ceux qui ne pensent pas ou ne bougent pas dans le sens qu’ils veulent. Chez eux, l’esprit de Daech n’est pas loin. Il est seulement tapi pour surgir à tout moment si celui-ci s’avère propice comme on l’a vu avec l’assassinat d’Hervé Gourdel, et comme on le voit tous les jours dans ce pauvre Levant où le seul langage que ses tenants parlent est celui du couteau… S’il ne paraît pas assez visible, ici, pour certains, c’est qu’il est porté par des religieux sous-cultivés et crétins à la limite, l’imam Hamadache en est la caricature, pour ne pas être pris au sérieux, ou pour servir d’argument de dédouanement aux plus rusés d’entre les intégristes. « Ce n’est pas nous », disent-ils, balayant d’un revers de kamis ce qui s’est passé dans ce pays, l’Algérie, durant la décennie rouge.
Où en est-on aujourd’hui ? Kamel Daoud nous a confié, hier matin, alors qu’il se trouvait pas loin d’un commissariat d’Oran : « Je vais déposer plainte contre cet imam pour appel à la mort et propos diffamatoires. Et je remercie les personnes qui m’ont exprimé leur solidarité via Facebook ou par SMS ». Son éditeur Barzakh a déclaré, hier matin, que l’écrivain et chroniqueur allait porter plainte dans la matinée contre l’appel au meurtre lancé contre lui. Sa déclaration a ceci d’important qu’elle avertit de l’existence chez nous de l’esprit Daech (ou de ses nuances…) en rappelant que « la violence – morale, bientôt physique – est devenue la norme ». Et qu’au-delà de Kamel Daoud, et après l’affaire du film de Lyès Salem L’Oranais et du livre d’anthropologie de Meriem Bouzid, retiré des circuits de diffusion, « c’est le champ de la pensée libre, de la recherche et de la création artistique qui est visé là ». Pas seulement.
Auteur: Reporters.DZ