Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Imperturbable alliance présidentielle

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Imperturbable alliance présidentielle

    A la lecture de cet article, il ne me reste qu'un sombre constat, comment avancer dans ces conditions? Une telle alliance RND, MSP FLN au parfum de mésalliance continuel permet de stagner jusqu'à s'enfoncer.

    ==

    Oublié, le projet de révision de la Constitution. L’Alliance présidentielle a d’autres soucis : comment maintenir un montage hétéroclite dans un pays qui s’enfonce.

    Elle est belle, l’alliance présidentielle. Pendant que Boudjerra Soltani, le chef du MSP, continue de plaider pour le retour des anciens du FIS à la vie politique, Ahmed Ouyahia et Abdelaziz Belkhadem affichent un point de vue aussi opposé que tranché sur la question. Tous deux se prononcent pour un niet clair. Pour les dirigeants du RND et du FLN, il est exclu que Rabah Kebir et Madani Mezrag puissent constituer un parti, ou lancer une OPA sur une formation déjà existante.

    Il y a, bien sûr, des relents électoralistes dans ces positions. Soltani espère bien recueillir quelques voix des anciens militants du FIS lors des élections législatives et locales de l’année prochaine, à l’opposé de Ahmed Ouyahia qui ne semble guère en mesure de puiser dans ce réservoir électoral. Il y a aussi, probablement, l’incohérence et les non dits de la démarche adoptée envers les anciens des groupes armés, dont on ne sait que faire aujourd’hui, après avoir obtenu d’eux qu’ils mettent fin à la violence.

    Mais il y a aussi, à l’évidence, l’absence d’une vision claire sur le contenu de ce que doit être la réconciliation, y compris de la part de ses promoteurs et de ceux qui ont mené campagne en sa faveur. A commencer par Boudjerra Soltani qui a mené campagne lors du référendum sur la réconciliation, en faveur d’un texte interdisant aux responsables de la «tragédie nationale» de mener une activité politique. Savait-il, alors, qu’il se retrouverait dans l’impasse dès le lendemain de l’adoption de la charte, un texte qui prive, de leurs droits politiques, des gens avec qui on est supposés s’être réconciliés ? Ou bien, pour lui, l’objectif était-il alors de passer un cap, adopter un texte considéré comme « équilibré », en attendant que les conditions soient favorables pour aller plus loin, et demander un retour au point de départ ? Il n’y aurait, alors, aucune leçon à tirer de cette tragédie et son coût humain exorbitant.

    Cette cacophonie, au sein de l’alliance présidentielle, s’étend à d’autres domaines, comme le projet de révision de la Constitution. Un projet qui a largement dominé l’actualité politique durant l’année 2006, avant de connaître une fin en queue de poisson. Comme si personne ne savait ce qu’il faut faire, s’il faut amender la Constitution ou non, quel type d’amendement il faudrait introduire.

    Mais, au-delà de cette confusion, il y a une autre réalité qui apparaît, celle d’une scène politique virtuelle servant de simple pôle d’animation pour les pouvoirs réels. Comme si les membres de l’alliance recevaient un mandat pour aller, devant les médias, lancer des polémiques et étaler publiquement leurs supposées divergences avant de revenir prendre les véritables instructions sur les vrais choix décidés ailleurs.

    Du reste, les chefs des trois partis de l’alliance l’ont publiquement reconnu. Ouyahia a déclaré qu’il soutiendrait tout projet venant du chef de l’Etat. Belkhadem a déclaré que son rôle est de simple coordinateur de l’action gouvernementale, qui s’attelle à appliquer le programme du président de la République. Quant à Soltani, il se contente d’un jeu qui frise le ridicule. N’a-t-il pas dit, à Aïn Témouchent, que la corruption s’est étendue face à un gouvernement incapable d’y faire face, et qu’il y a des ministres qui feraient mieux d’aller se reposer, lui qui fait partie du gouvernement depuis une décennie ?

    Malgré le caractère rudimentaire de ses propos, Soltani a fait la « une » de plusieurs journaux. C’est une manière bien particulière pour alimenter ce qui est supposé être un débat politique. De là, on peut aisément anticiper ce que sera l’année 2007. Les partis de l’alliance présidentielle vont se battre pendant deux campagnes électorales, échanger les accusations et multiplier les promesses.

    A défaut de grands projets d’avenir qui mobilisent un peuple, ou de petites propositions concrètes qui pourraient avoir l’adhésion des citoyens, la participation des anciens du FIS à la campagne électorale, et leur présence éventuelle sur les listes des candidats, constituent autant d’éléments pour, à la fois, créer l’agitation nécessaire et occulter le fond, l’absence de débat politique et de véritable compétition entre courants d’opinion réellement représentatifs des intérêts qui agitent la société. Il ne reste plus qu’à attendre l’intrusion des arouchs, dans la mêlée, pour avoir une agitation suffisante en vue de donner un label démocratique et pluraliste aux deux scrutins prévus pour 2007.

    Dans ces conditions, aucune mesure sérieuse de lutte contre la corruption n’émergera de ces compétitions électorales. Aucune amélioration ne peut être attendue pour mettre fin à la gabegie et à la destruction de l’économie du pays. La courbe actuelle, qui indique une dégradation systématique de la vie institutionnelle et sociale, ne peut que s’aggraver. Et, pendant que le pays gardera les yeux braqués sur les réserves de change et la manière d’y accéder, Boudjerra Soltani sera toujours là. L’alliance présidentielle aussi. Une belle alliance, décidément, que tout sépare, à l’exception de ces fils, si visibles, qui la lient au pouvoir. Mais une alliance qui reste imperturbable, et qui a la force de se maintenir même si le navire s’enfonce.

    Par Abed Charef, le QO
Chargement...
X