le 09.12.15 | 10h00 Réagissez
elwatan
Imprimer Envoyer à un ami Flux RSS Partager
Des députés malmenés, un syndicat empêché de tenir une réunion et une association interdite de célébrer une Journée mondiale de lutte contre la corruption.
A force d’être acculé par la crise économique et la situation chaotique que vit le pays à tous les niveaux, le pouvoir devient agressif. Face aux revendications de la société civile qui réclame plus d’espaces d’expression, il brandit le sabre. Alors que l’enceinte parlementaire est jusque-là épargnée par la répression, elle a connu, en une semaine, deux événements majeurs. Le premier a eu lieu lorsque des parlementaires de la «majorité» et des membres du gouvernement ont usé d’un langage presque menaçant envers les députés de l’opposition qui ont tenté de perturber l’adoption de la loi de finances 2016. Le second, plus grave, s’est produit hier.
Les responsables de l’Assemblée populaire nationale (APN) ont tenté d’empêcher une conférence de presse animée par des députés de l’opposition. Après avoir fait pression sur les parlementaires à travers des restrictions faites aux journalistes venus couvrir l’événement, le secrétaire général de l’APN a fait irruption dans la salle afin de perturber les travaux. Le fait est inédit. C’est une pratique qui ne s’est pas produite «même sous le régime du parti unique», rappelle la sénatrice et moudjahida Zohra Drif.
La dame évoque un autre coup de force du pouvoir : le président du groupe parlementaire FLN, Mohamed Djemaï, a fait irruption, en pleine nuit, dans la salle où étaient réunis les membres de la commission des finances de l’APN. Le député de Tébessa, qui n’est pas membre de la commission, impose la réintroduction dans le projet de loi de finances d’un article controversé. Les griffes du pouvoir ne s’acharnent pas que sur les députés de l’opposition. La semaine dernière, les syndicalistes affiliés au Conseil national des enseignants du supérieur (CNES) ont été tout simplement empêchés de tenir une réunion de leur conseil national.
Pourtant, l’organisation syndicale n’a rien de «subversif» ; ses membres ne cherchent qu’à se concerter pour défendre leurs «intérêts socioprofessionnels». Et à cause notamment de cette interdiction, un mouvement de grève va être entamé la semaine prochaine. Toujours à l’université, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a annoncé, à travers une circulaire, l’interdiction de toute activité «partisane» dans les campus et résidences qui dépendent de lui. Une manière de signifier aux partis politiques de l’opposition de ne plus s’adresser directement aux étudiants.
Le mouvement associatif n’échappe pas à la main lourde des autorités, a fortiori lorsqu’il s’agit d’aborder des sujets qui fâchent. C’est le cas de l’Association algérienne de lutte contre la corruption. Cette dernière est tout bonnement empêchée de célébrer la Journée mondiale de lutte contre la corruption, qui coïncide avec le 9 décembre de chaque année.
Ces actes de répression s’ajoutent à ceux qui sont devenus désormais une pratique courante : l’interdiction des manifestations publiques, le refus d’attribuer des autorisations pour des conférences partisanes et les pressions multiples qui sont exercées sur les médias pour restreindre la liberté d’expression. Et ce n’est pas fini. Puisque chaque jour, le pouvoir perd davantage son sang-froid.
Ali Boukhlef
elwatan
Imprimer Envoyer à un ami Flux RSS Partager
Des députés malmenés, un syndicat empêché de tenir une réunion et une association interdite de célébrer une Journée mondiale de lutte contre la corruption.
A force d’être acculé par la crise économique et la situation chaotique que vit le pays à tous les niveaux, le pouvoir devient agressif. Face aux revendications de la société civile qui réclame plus d’espaces d’expression, il brandit le sabre. Alors que l’enceinte parlementaire est jusque-là épargnée par la répression, elle a connu, en une semaine, deux événements majeurs. Le premier a eu lieu lorsque des parlementaires de la «majorité» et des membres du gouvernement ont usé d’un langage presque menaçant envers les députés de l’opposition qui ont tenté de perturber l’adoption de la loi de finances 2016. Le second, plus grave, s’est produit hier.
Les responsables de l’Assemblée populaire nationale (APN) ont tenté d’empêcher une conférence de presse animée par des députés de l’opposition. Après avoir fait pression sur les parlementaires à travers des restrictions faites aux journalistes venus couvrir l’événement, le secrétaire général de l’APN a fait irruption dans la salle afin de perturber les travaux. Le fait est inédit. C’est une pratique qui ne s’est pas produite «même sous le régime du parti unique», rappelle la sénatrice et moudjahida Zohra Drif.
La dame évoque un autre coup de force du pouvoir : le président du groupe parlementaire FLN, Mohamed Djemaï, a fait irruption, en pleine nuit, dans la salle où étaient réunis les membres de la commission des finances de l’APN. Le député de Tébessa, qui n’est pas membre de la commission, impose la réintroduction dans le projet de loi de finances d’un article controversé. Les griffes du pouvoir ne s’acharnent pas que sur les députés de l’opposition. La semaine dernière, les syndicalistes affiliés au Conseil national des enseignants du supérieur (CNES) ont été tout simplement empêchés de tenir une réunion de leur conseil national.
Pourtant, l’organisation syndicale n’a rien de «subversif» ; ses membres ne cherchent qu’à se concerter pour défendre leurs «intérêts socioprofessionnels». Et à cause notamment de cette interdiction, un mouvement de grève va être entamé la semaine prochaine. Toujours à l’université, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a annoncé, à travers une circulaire, l’interdiction de toute activité «partisane» dans les campus et résidences qui dépendent de lui. Une manière de signifier aux partis politiques de l’opposition de ne plus s’adresser directement aux étudiants.
Le mouvement associatif n’échappe pas à la main lourde des autorités, a fortiori lorsqu’il s’agit d’aborder des sujets qui fâchent. C’est le cas de l’Association algérienne de lutte contre la corruption. Cette dernière est tout bonnement empêchée de célébrer la Journée mondiale de lutte contre la corruption, qui coïncide avec le 9 décembre de chaque année.
Ces actes de répression s’ajoutent à ceux qui sont devenus désormais une pratique courante : l’interdiction des manifestations publiques, le refus d’attribuer des autorisations pour des conférences partisanes et les pressions multiples qui sont exercées sur les médias pour restreindre la liberté d’expression. Et ce n’est pas fini. Puisque chaque jour, le pouvoir perd davantage son sang-froid.
Ali Boukhlef