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la dévision du travail au sein du gouvernement

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  • la dévision du travail au sein du gouvernement

    Si l’Algérie ne peut pas placer un policier derrière chaque citoyen pour le surveiller ou le protéger, il lui faut apparemment placer le président de la République derrière chaque événement pour que justement cela soit un événement. Le seul moyen, en effet, qu’a trouvé Bouteflika de relancer le pays c’est d’être partout, tout le temps. Le sous-développement n’étant pas en effet un problème d’argent et de crédits mais une affaire de suivi et de sanction: cela se passe ainsi dans les pays marqués par la psychologie du colon et de son indigène. A la fin cela donne quoi ? Cela donne un Bouteflika au front de la lutte contre la désertification au moment même ou un autre Bouteflika parle de la nécessité d’avoir une meilleure architecture et à l’instant même où un troisième Bouteflika harangue les walis à faire au moins leur devoir et le jour même où un quatrième Bouteflika reçoit le nouvel ambassadeur de l’UE, le représentant de la FAO, etc.

    Cela laisse penser que Bouteflika a finalement conclu qu’il n’y a pas d’autres moyens de faire quelque chose pour ce pays et que le meilleur moyen de le faire c’est de le faire soi-même. L’effet bénéfice d’un tel déploiement présidentiel et de pousser l’indigénat supérieur et celui de la base à travailler et à changer de mentalité. Cela laisse conclure que entre Bouteflika et son peuple - ou le contraire - on n’a pas besoin, en vérité, de la chaîne de transmission qui va du ministre au secrétaire général de la mairie et que l’on est jamais bien servi que par soi-même et rarement par les siens ou son peuple. L’effet pervers d’un tel activisme c’est justement de hiérarchiser abusivement les priorités nationales, qui deviennent celles dont parle Bouteflika où dont il inaugure les travaux par son discours et non pas celles que collectionne le pays et ses détresses.

    Ainsi, pour cette fin d’année, tout le monde va se mettre à parler de la désertification et de la nécessité d’une meilleure architecture pour les villes algériennes justement parce que le président de la République en a parlé. Tout le monde va se mettre à réfléchir sur l’éclairage public d’Alger parce que le Président a fait une remarque. Le problème de fond étant justement que, selon une architecture politique patriarcale, le pays a les yeux tournés vers le haut et non pas vers le pays. Une administration algérienne est incapable de voir un cratère au beau milieu d’une route principale jusqu’à ce que le Président y passe ou en parle dans un discours. Du coup, ce que dit un président et le choix qu’il fait de ses sorties publiques à l’occasion de quelques séminaires, font de l’objet de ces séminaires une priorité nationale qui passe avant la nation elle-même. Ce qu’il faut retenir de ce spectacle ?

    Si l’on est Bouteflikiste, on y verra la grande solitude du bonhomme face à la grande solitude de son peuple et qui est obligé de faire ce que son équipe ne veut pas faire ou ne sait pas faire. Si on est opposant ou sceptique, il y a là la preuve qu’il y a échec retentissant de la raison nationale pure, de la bonne gouvernance qui n’arrive même pas à concevoir la division du travail entre un président et ses ministres et de l’échec de l’état actuel de l’Etat finissant, tout juste apte à distinguer un ordre de service dans un discours présidentiel et de répondre à la Pavlov à ce qu’il croit être une ordonnance. Père d’une civilisation qui ne veut pas naître et d’un pays qui a désappris à marcher sur ses pieds, Bouteflika se verra peut-être un jour inaugurer une conférence sur la manière de traverser les routes pour les piétons de ce pays et personne n’y verra le désastre.
    Kamel Daoud
    ta3adadat el assbabo wal karhato wahidatton faman lam yakrah bi la routine kariha bi ssiwaha
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