Vingt-huit ans après la disparition du président Boumediene, sa tombe n’a trouvé pour la fleurir que… l’ambassadeur russe. M. Vladimir Titorenko, le représentant de la Fédération de Russie en Algérie, était la seule personnalité venue au carré des martyrs d’El-Alia, commémorer la mort de l’homme qui fut décoré de la médaille de la paix par l’ONU.
Aucun des diplomates arabes, monde qu’il défendait pourtant farouchement, n’était là. Aucune des gerbes de fleurs déposées en ce jour n’émanait d’officiels algériens non plus. Les officiels algériens et arabes étaient aussi absents que leur homologues français, sauf que si l’absence française était naturelle à nos yeux, la leur était répréhensible.
Pourtant, la veille, un hommage bien qu’implicite lui était rendu au palais des nations, dans cette même enceinte où il présida le sommet des non-alignés. En admettant publiquement son erreur initiale sur la loi des hydrocarbures, le président Bouteflika ne rendait-il pas un hommage au défunt pour la politique menée alors ? «Nous ne sommes pas venus pour brader les secteurs stratégiques», insistait Bouteflika dans le discours qu’il tenait aux cadres de la nation.
Des propos qui auraient bien pu être dits par feu Boumediene, et qui servent en quelque sorte à entretenir ce lien qui empêche la «rupture», sujet controversé mais également évoqué dans le discours. Bouteflika disait sa fidélité aux régimes qui se sont succédé depuis 1962 et affirmait les assumer tous.
Des déclarations qui n’ont pu empêcher la «rupture» des visites commémoratives à la tombe d’un homme illustre qui a porté haut les couleurs algériennes et dont le rayonnement a fini par dépasser les frontières du pays qu’il dirigeait.
Boumediene, cet homme qui fut l’avocat acharné des couches déshéritées d’ici et d’ailleurs, subit aujourd’hui, de plein fouet, la rupture. Mis à part sa famille directe, les organisations de la jeunesse et le monde estudiantin, les régimes qui se sont succédé depuis 1962 et leurs hommes n’ont apparemment plus souvenance de lui, ou ne veulent plus en avoir.
Sacralisées hier, ses idées sont aujourd’hui trahies mais font toujours peur et on les évite ainsi que sa tombe. Elles donnent certainement mauvaise conscience à beaucoup d’hommes des régimes d’antan qui, avant la course au trésor, nous chantaient à tue-tête que le socialisme était un choix irréversible.
Ailleurs, dans les autres nations, les gens qui se distinguent sont honorés et glorifiés même lorsque les parcours sont douteux, voire entachés. Il n’y a que chez nous où cette règle n’est pas respectée. Et l’on a souvent le déplaisir de constater que c’est le contraire qui se produit et qu’on porte allégrement atteinte à nos «géants».
que peut-on ressentir sinon la honte de voir une personnalité étrangère, même si le geste émane du représentant d’une nation qui nous est chère, venir honorer en notre place l’un des illustres dirigeants enfantés par l’Algérie, et qui a dignement contribué à sa libération politique et économique ? S’il y a une rupture à éviter, c’est bien la rupture avec l’esprit de novembre 54.
Quant aux régimes qui ne font que passer, ils adoptent souvent des politiques qui poussent à réclamer justement la rupture.
- La Nouvelle Republique
Aucun des diplomates arabes, monde qu’il défendait pourtant farouchement, n’était là. Aucune des gerbes de fleurs déposées en ce jour n’émanait d’officiels algériens non plus. Les officiels algériens et arabes étaient aussi absents que leur homologues français, sauf que si l’absence française était naturelle à nos yeux, la leur était répréhensible.
Pourtant, la veille, un hommage bien qu’implicite lui était rendu au palais des nations, dans cette même enceinte où il présida le sommet des non-alignés. En admettant publiquement son erreur initiale sur la loi des hydrocarbures, le président Bouteflika ne rendait-il pas un hommage au défunt pour la politique menée alors ? «Nous ne sommes pas venus pour brader les secteurs stratégiques», insistait Bouteflika dans le discours qu’il tenait aux cadres de la nation.
Des propos qui auraient bien pu être dits par feu Boumediene, et qui servent en quelque sorte à entretenir ce lien qui empêche la «rupture», sujet controversé mais également évoqué dans le discours. Bouteflika disait sa fidélité aux régimes qui se sont succédé depuis 1962 et affirmait les assumer tous.
Des déclarations qui n’ont pu empêcher la «rupture» des visites commémoratives à la tombe d’un homme illustre qui a porté haut les couleurs algériennes et dont le rayonnement a fini par dépasser les frontières du pays qu’il dirigeait.
Boumediene, cet homme qui fut l’avocat acharné des couches déshéritées d’ici et d’ailleurs, subit aujourd’hui, de plein fouet, la rupture. Mis à part sa famille directe, les organisations de la jeunesse et le monde estudiantin, les régimes qui se sont succédé depuis 1962 et leurs hommes n’ont apparemment plus souvenance de lui, ou ne veulent plus en avoir.
Sacralisées hier, ses idées sont aujourd’hui trahies mais font toujours peur et on les évite ainsi que sa tombe. Elles donnent certainement mauvaise conscience à beaucoup d’hommes des régimes d’antan qui, avant la course au trésor, nous chantaient à tue-tête que le socialisme était un choix irréversible.
Ailleurs, dans les autres nations, les gens qui se distinguent sont honorés et glorifiés même lorsque les parcours sont douteux, voire entachés. Il n’y a que chez nous où cette règle n’est pas respectée. Et l’on a souvent le déplaisir de constater que c’est le contraire qui se produit et qu’on porte allégrement atteinte à nos «géants».
que peut-on ressentir sinon la honte de voir une personnalité étrangère, même si le geste émane du représentant d’une nation qui nous est chère, venir honorer en notre place l’un des illustres dirigeants enfantés par l’Algérie, et qui a dignement contribué à sa libération politique et économique ? S’il y a une rupture à éviter, c’est bien la rupture avec l’esprit de novembre 54.
Quant aux régimes qui ne font que passer, ils adoptent souvent des politiques qui poussent à réclamer justement la rupture.
- La Nouvelle Republique
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