Bonsoir
LIBERTE
L’escale technique que devait effectuer, hier, à Alger, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad, a été finalement annulée. Un responsable de la Présidence a précisé à l'AFP qu'Alger avait été informé, tard dans la nuit de lundi à mardi, que M. Ahmadinejad ne ferait pas cette escale.
M. Ahmadinejad devait à l'occasion de cette escale de retour d'Équateur rencontrer le président Abdelaziz Bouteflika et discuter du nucléaire en Iran. Le président iranien venait d’achever une tournée en Amérique latine qui l’a conduit en Équateur et au Venezuela d’Hugo Chavez, principal soutien étranger du programme nucléaire de l’Iran. Quelles sont les raisons exactes de l’annulation d’une simple “escale technique” qui devait durer tout au plus quelques heures ? Par qui et comment cette décision a été prise ? Même si aucune indication n'a été fournie, de source officielle, sur les raisons de l’annulation de l’escale algérienne du président iranien, des sources proches du dossier affirment que cette décision aurait un lien direct avec le dossier du nucléaire iranien.
L’Algérie pouvait difficilement se dédire après avoir accueilli quelques jours auparavant une conférence africaine sur les utilisations pacifiques de l’énergie nucléaire civile en partenariat avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AEIA). Le patron de cette agence, l'Égyptien Mohammed El-Baradeï, ennemi juré des Iraniens, avait même été décoré, en marge de cette rencontre, par le président Bouteflika de la médaille El-Athir (l'Élu), la plus haute distinction de l'ordre du Mérite algérien. Dans un discours à l’ouverture de cette conférence, M. Bouteflika avait du reste rappelé la position de principe de l’Algérie concernant l’utilisation du nucléaire. Le chef de l’État a demandé l'entrée en vigueur urgente du traité d'interdiction des essais nucléaires, mis en garde contre les risques de terrorisme nucléaire et appelé pour la dénucléarisation du Moyen-Orient. La ratification de ce traité de non-prolifération, “contribuera à un meilleur respect des principes fondamentaux qui déterminent l'avenir de la sécurité mondiale”, avait également souligné M. Bouteflika.
Selon les mêmes sources, Alger souhaite préserver son statut et rester “un canal de médiation et discussions sérieux” dans une crise née de la volonté de Mahmoud Ahmadinejad d’enrichir l’uranium à des fins militaires et qui fait tout pour entraîner d’autres pays avec lui. Au moment où Alger tente de construire une relation privilégiée avec Washington, une éventuelle visite à Alger de l’ultraconservateur Ahmadinejad, en guerre avec George W. Bush, risque de freiner le processus de rapprochement avec les Américains.
Ahmadinejad serait-il devenu un hôte encombrant pour l’Algérie surtout que sa venue devait intervenir au lendemain de son séjour chez Hugo Chavez, autre ennemi juré du président américain ? D’ailleurs même dans son propre pays et dans son propre camp, le président iranien a été critiqué pour sa visite en Amérique latine et pour sa politique de confrontation dans le dossier du nucléaire, alors que la tension monte dans la région. “Alors que Condoleezza Rice (secrétaire d’État américaine, ndlr), le dossier nucléaire iranien en main, mène des consultations avec les pays arabes et musulmans voisins de l'Iran, le président iranien chante la victoire du socialisme en Amérique latine, aux côtés des enfants spirituels de Simon Bolivar et des amis de Fidel Castro”, s’est insurgé le quotidien réformateur Etemad Melli. “Les États-Unis nous encerclent. La plus grande force aéronavale des États-Unis se trouve dans le Golfe Persique. La situation en Irak et en Afghanistan est claire. Nos relations avec les pays arabes de la région, notamment l'Arabie Saoudite, les Émirats arabes unis ou encore la Jordanie, se relâchent”, a ajouté ce quotidien. “Croyez-vous vraiment que des gens comme (Hugo) Chavez, (Rafael) Correa et (Daniel) Ortega peuvent être des alliés stratégiques de l'Iran ?” a demandé encore le quotidien à M. Ahmadinejad.
Plusieurs députés, y compris dans le camp conservateur, ont également critiqué la visite (en Amérique latine) de M. Ahmadinejad alors que le gouvernement a pris du retard dans la préparation du budget. Est-ce à dire que le président iranien est désormais indésirable en Algérie ?
L'Algérie, qui dispose de deux réacteurs nucléaires expérimentaux en activité depuis 1995 à Draria, à Alger, et Aïn Ousséra, dans le sud du pays, inspectés régulièrement par l’AIEA, veut sans doute éviter tout amalgame entre son rôle de médiateur et son soutien à l’utilisation du nucléaire à des fins civiles et surtout de ne pas tomber dans le piège iranien. Selon nos sources, l’Algérie aurait été également embarrassée par la récente réaction d’Ahmadinejad qui a lancé un défi au Conseil de sécurité de l’ONU après le vote par les Nations unies, fin décembre, d’une résolution prévoyant des sanctions contre le programme nucléaire et balistique iranien.
Le président du Conseil de la nation (Sénat) l’aurait du reste clairement fait savoir à l’ambassadeur iranien à Alger.
Abdelkader Bensalah aurait affirmé au responsable iranien, lors d’une audience qu’il lui a accordée récemment, que l’Algérie ne pouvait plus assumer son rôle de médiateur tel que demandé par Téhéran tout en continuant à militer pour l’utilisation de l’énergie à des fins civiles. Ce n’est pas la première fois qu’une rencontre annoncée entre le président Bouteflika et un chef d’État étranger est annulée.
En septembre 2006, Abdelaziz Bouteflika devrait s'entretenir avec Hugo Chavez, autre trublion de Washington, en marge de l'Assemblée générale des Nations unies, mais cette entrevue, prévue au lendemain d’un sommet des pays non-alignés à la Havane à Cuba n’a finalement pas eu lieu.
LIBERTE
L’escale technique que devait effectuer, hier, à Alger, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad, a été finalement annulée. Un responsable de la Présidence a précisé à l'AFP qu'Alger avait été informé, tard dans la nuit de lundi à mardi, que M. Ahmadinejad ne ferait pas cette escale.
M. Ahmadinejad devait à l'occasion de cette escale de retour d'Équateur rencontrer le président Abdelaziz Bouteflika et discuter du nucléaire en Iran. Le président iranien venait d’achever une tournée en Amérique latine qui l’a conduit en Équateur et au Venezuela d’Hugo Chavez, principal soutien étranger du programme nucléaire de l’Iran. Quelles sont les raisons exactes de l’annulation d’une simple “escale technique” qui devait durer tout au plus quelques heures ? Par qui et comment cette décision a été prise ? Même si aucune indication n'a été fournie, de source officielle, sur les raisons de l’annulation de l’escale algérienne du président iranien, des sources proches du dossier affirment que cette décision aurait un lien direct avec le dossier du nucléaire iranien.
L’Algérie pouvait difficilement se dédire après avoir accueilli quelques jours auparavant une conférence africaine sur les utilisations pacifiques de l’énergie nucléaire civile en partenariat avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AEIA). Le patron de cette agence, l'Égyptien Mohammed El-Baradeï, ennemi juré des Iraniens, avait même été décoré, en marge de cette rencontre, par le président Bouteflika de la médaille El-Athir (l'Élu), la plus haute distinction de l'ordre du Mérite algérien. Dans un discours à l’ouverture de cette conférence, M. Bouteflika avait du reste rappelé la position de principe de l’Algérie concernant l’utilisation du nucléaire. Le chef de l’État a demandé l'entrée en vigueur urgente du traité d'interdiction des essais nucléaires, mis en garde contre les risques de terrorisme nucléaire et appelé pour la dénucléarisation du Moyen-Orient. La ratification de ce traité de non-prolifération, “contribuera à un meilleur respect des principes fondamentaux qui déterminent l'avenir de la sécurité mondiale”, avait également souligné M. Bouteflika.
Selon les mêmes sources, Alger souhaite préserver son statut et rester “un canal de médiation et discussions sérieux” dans une crise née de la volonté de Mahmoud Ahmadinejad d’enrichir l’uranium à des fins militaires et qui fait tout pour entraîner d’autres pays avec lui. Au moment où Alger tente de construire une relation privilégiée avec Washington, une éventuelle visite à Alger de l’ultraconservateur Ahmadinejad, en guerre avec George W. Bush, risque de freiner le processus de rapprochement avec les Américains.
Ahmadinejad serait-il devenu un hôte encombrant pour l’Algérie surtout que sa venue devait intervenir au lendemain de son séjour chez Hugo Chavez, autre ennemi juré du président américain ? D’ailleurs même dans son propre pays et dans son propre camp, le président iranien a été critiqué pour sa visite en Amérique latine et pour sa politique de confrontation dans le dossier du nucléaire, alors que la tension monte dans la région. “Alors que Condoleezza Rice (secrétaire d’État américaine, ndlr), le dossier nucléaire iranien en main, mène des consultations avec les pays arabes et musulmans voisins de l'Iran, le président iranien chante la victoire du socialisme en Amérique latine, aux côtés des enfants spirituels de Simon Bolivar et des amis de Fidel Castro”, s’est insurgé le quotidien réformateur Etemad Melli. “Les États-Unis nous encerclent. La plus grande force aéronavale des États-Unis se trouve dans le Golfe Persique. La situation en Irak et en Afghanistan est claire. Nos relations avec les pays arabes de la région, notamment l'Arabie Saoudite, les Émirats arabes unis ou encore la Jordanie, se relâchent”, a ajouté ce quotidien. “Croyez-vous vraiment que des gens comme (Hugo) Chavez, (Rafael) Correa et (Daniel) Ortega peuvent être des alliés stratégiques de l'Iran ?” a demandé encore le quotidien à M. Ahmadinejad.
Plusieurs députés, y compris dans le camp conservateur, ont également critiqué la visite (en Amérique latine) de M. Ahmadinejad alors que le gouvernement a pris du retard dans la préparation du budget. Est-ce à dire que le président iranien est désormais indésirable en Algérie ?
L'Algérie, qui dispose de deux réacteurs nucléaires expérimentaux en activité depuis 1995 à Draria, à Alger, et Aïn Ousséra, dans le sud du pays, inspectés régulièrement par l’AIEA, veut sans doute éviter tout amalgame entre son rôle de médiateur et son soutien à l’utilisation du nucléaire à des fins civiles et surtout de ne pas tomber dans le piège iranien. Selon nos sources, l’Algérie aurait été également embarrassée par la récente réaction d’Ahmadinejad qui a lancé un défi au Conseil de sécurité de l’ONU après le vote par les Nations unies, fin décembre, d’une résolution prévoyant des sanctions contre le programme nucléaire et balistique iranien.
Le président du Conseil de la nation (Sénat) l’aurait du reste clairement fait savoir à l’ambassadeur iranien à Alger.
Abdelkader Bensalah aurait affirmé au responsable iranien, lors d’une audience qu’il lui a accordée récemment, que l’Algérie ne pouvait plus assumer son rôle de médiateur tel que demandé par Téhéran tout en continuant à militer pour l’utilisation de l’énergie à des fins civiles. Ce n’est pas la première fois qu’une rencontre annoncée entre le président Bouteflika et un chef d’État étranger est annulée.
En septembre 2006, Abdelaziz Bouteflika devrait s'entretenir avec Hugo Chavez, autre trublion de Washington, en marge de l'Assemblée générale des Nations unies, mais cette entrevue, prévue au lendemain d’un sommet des pays non-alignés à la Havane à Cuba n’a finalement pas eu lieu.
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