Il se trouve que parmi les 1550 djihadistes arrêtés l’année dernière, à la frontière syro-irakienne, et qui étaient en route vers Baghdad, figurait plus de 200 islamistes algériens.
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L’exécution de Saddam Hussein n’a pas uniquement exacerbé les sentiments des musulmans dans le monde entier, mais elle a aussi fait craindre le pire aux services de sécurité, ceux d’Algérie comme ceux des autres pays arabes confrontés au flux de ralliements de jeunes tentés par le djihad en Irak.
Si la guerre en Irak est devenue, depuis 2003, la terre d’entraînement par excellence du djihad islamiste, la mise à mort de Saddam, devenue subitement un autre symbole de la résistance contre l’hyperhégémonisme américain, a donné tous les motifs qui manquaient pour recruter plus aisément et rallier à la cause djihadiste les jeunes par milliers.
Et l’on sait, d’expérience, que les grands événements politiques ou bouleversements du genre de la guerre d’Irak, sont les meilleurs «pourvoyeurs de fonds» pour le djihad islamiste. Selon des sources policières, au moins douze jeunes Algériens ont rallié ou ont tenté de rallier l’Irak.
Dans la seule région d’El Oued, huit jeunes Algériens ont rejoint le djihad depuis l’exécution de Saddam Hussein, le 30 décembre. En début décembre 2006, cinq membres d’un réseau de recrutement de djihadistes pour l’Irak, avaient été arrêtés et écroués à El Oued pour «appartenance à une organisation armée agissant pour l’étranger». Ce réseau, affilié au Groupe salafiste pour la prédication et le combat, avait déjà recruté sept Algériens âgés de 20 à 35 ans, qui ont pu rejoindre des activistes d’Al Qaîda en Irak.
Dans l’anonymat total, des jeunes islamistes algériens, qui ont pris ou ont essayé de prendre part au djihad en Irak, ont été relâchés de la prison de Serkadji, dans le cadre de la réconciliation nationale, en mars dernier. Le premier à être relâché est un natif de Bordj Bou Arréridj. «J’ai passé plusieurs mois à la frontière jordanienne avant d’être refoulé de force en Algérie, mais beaucoup d’Algériens ont eu plus de chance que moi et sont en ce moment en train de combattre avec leurs frères arabes enrôlés dans la résistance irakienne», nous avait-il dit à sa sortie de prison, le 4 mars 2006, lors de la libération des premiers islamistes de la prison algéroise.
D’autres sont partis, et ne sont plus revenus: morts au combat. Cela crée un nouveau volet de «disparus» auxquels les autorités doivent faire face. D’autres sont revenus, déçus de s’être trouvés, non pas face aux Américains, mais dans une espèce de guerre civile et confessionnelle, où il fallait s’en prendre non pas aux marines, mais aux milices de Moqtada Sadr et aux éléments chiites de Faïlaq Badr. C’est le cas de certains élargis de Serkadji habitant Baraki et qui ont ravalé leur ardeur après un passage calamiteux en Mésopotamie, ou après avoir été reconduits par les gardes-frontières des pays limitrophes.
Recrutement sur le Net
Cette volonté des autorités de libérer des jeunes desperados impliqués dans des réseaux de la guérilla irakienne est contredite aujourd’hui par le vaste coup de filet qui a concerné une cinquantaine de jeunes «qui s’apprêtaient à rejoindre l’Irak via la Syrie ou la Jordanie», selon une source policière contactée à Alger.
En effet, et depuis plusieurs mois déjà, les brigades Recherches et Intervention de la police, sur des indications fournies par les services spéciaux, opèrent subrepticement des descentes ciblant des jeunes, dont la moyenne d’âge ne dépasse pas les 25 ans, avant que ceux-ci ne passent à l’action. Les chefs d’inculpation retenus contre ces jeunes, sont leur seule «intention de s’enrôler dans la résistance irakienne», se lamentent les avocats des mis en cause.
Ces mêmes avocats estiment que leurs mandants ne se sont jamais rendus en Irak et que l’inculpation est fondée sur des intentions non sur des actes ou des faits concrets, et aussi par le fait que tout s’est effectué par Internet, les gestionnaires du site en question abusant de la foi et de l’ardeur de jeunes, versets coraniques à l’appui, pour les pousser à intégrer des cellules djihadistes actives.
Ils mettent en exergue aussi «le fait, disent-ils, que, à aucun moment, ces jeunes n’ont pensé devenir membres de l’organisation Al Qaîda».
Des sources policières affirment que c’est en contrôlant sur des sites Internet djihadistes, des discussions avancées sur les forums et les blogs que les «services» ont pu intercepter les jeunes, tentés par l’aventure irakienne ou le djihad «prêt- à-porter». Cependant, la plupart des inculpés ont été «donnés» par leurs compagnons, qui sont passés aux aveux devant le juge d’instruction.
Mais on ne part pas uniquement d’Algérie. Certains sont bel et bien partis à partir de la France, de l’Espagne, de la Syrie, de l’Arabie Saoudite ou de la Jordanie, et d’autres pays encore, soit autant de rampes de lancement pour atterrir à Baghdad, à Bassora ou à Irbil. La cellule démantelée récemment en Espagne a bien mis en évidence le parcours irakien depuis le sol ibérique.
L’exemple d’Idriss Bazi présente un cas encore plus édifiant. Etabli à Londres depuis plusieurs années, il se rend à Baghdad après la fin de l’invasion. Après avoir fait partie d’une cellule opérationnelle de Zarqaoui, on lui confie de préparer un attentat suicide au centre de la capitale irakienne, dans lequel il devait d’ailleurs périr.
Beaucoup de pays hostiles à Damas, les Etats-Unis en tête, affirmaient que c’est depuis la terre syrienne que les djihadistes s’insinuent en Irak. Il a fallu cette forte pression pour que la Syrie tente de se démarquer des assertions de collusion avec la résistance irakienne et publie épisodiquement des listes de noms de militants arabes arrêtés à la frontière et qui étaient en route vers l’Irak, démontrant ainsi sa collaboration dans la lutte antiterroriste.
Dans un premier rapport, publié au début de l’année 2006, les militaires et les gardes-frontières syriens affirment avoir intercepté 163 islamistes algériens qui tentaient de s’infiltrer clandestinement en Irak entre la chute de Baghdad en avril 2003 et le début du mois de décembre 2005. Les combattants étrangers arrêtés auraient été remis à leurs pays d’origine, soit par le biais de leurs ambassades, soit par celui de «canaux de sécurité». Ce chiffre avancé par les services diplomatiques de Damas et rendu public par l’hebdomadaire Jeune Afrique l’Intelligent daté du 8 au 14 janvier 2006, classe l’organisation islamiste algérienne, le Gspc, en troisième position de celles qui alimentent la nébuleuse Al Qaîda et la résistance irakienne.
En effet, parmi les 1315 extrémistes arrêtés à la frontière syro-irakienne, figurent, en première position, les islamistes jordaniens avec 299 éléments, suivis de 263 Saoudiens et en troisième position, les Algériens avec 163 islamistes. Viennent ensuite, 155 Tunisiens, 119 Yéménites, 86 Libyens, 71 Soudanais, 60 Libanais, 35 Marocains et 22 Egyptiens.
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L’exécution de Saddam Hussein n’a pas uniquement exacerbé les sentiments des musulmans dans le monde entier, mais elle a aussi fait craindre le pire aux services de sécurité, ceux d’Algérie comme ceux des autres pays arabes confrontés au flux de ralliements de jeunes tentés par le djihad en Irak.
Si la guerre en Irak est devenue, depuis 2003, la terre d’entraînement par excellence du djihad islamiste, la mise à mort de Saddam, devenue subitement un autre symbole de la résistance contre l’hyperhégémonisme américain, a donné tous les motifs qui manquaient pour recruter plus aisément et rallier à la cause djihadiste les jeunes par milliers.
Et l’on sait, d’expérience, que les grands événements politiques ou bouleversements du genre de la guerre d’Irak, sont les meilleurs «pourvoyeurs de fonds» pour le djihad islamiste. Selon des sources policières, au moins douze jeunes Algériens ont rallié ou ont tenté de rallier l’Irak.
Dans la seule région d’El Oued, huit jeunes Algériens ont rejoint le djihad depuis l’exécution de Saddam Hussein, le 30 décembre. En début décembre 2006, cinq membres d’un réseau de recrutement de djihadistes pour l’Irak, avaient été arrêtés et écroués à El Oued pour «appartenance à une organisation armée agissant pour l’étranger». Ce réseau, affilié au Groupe salafiste pour la prédication et le combat, avait déjà recruté sept Algériens âgés de 20 à 35 ans, qui ont pu rejoindre des activistes d’Al Qaîda en Irak.
Dans l’anonymat total, des jeunes islamistes algériens, qui ont pris ou ont essayé de prendre part au djihad en Irak, ont été relâchés de la prison de Serkadji, dans le cadre de la réconciliation nationale, en mars dernier. Le premier à être relâché est un natif de Bordj Bou Arréridj. «J’ai passé plusieurs mois à la frontière jordanienne avant d’être refoulé de force en Algérie, mais beaucoup d’Algériens ont eu plus de chance que moi et sont en ce moment en train de combattre avec leurs frères arabes enrôlés dans la résistance irakienne», nous avait-il dit à sa sortie de prison, le 4 mars 2006, lors de la libération des premiers islamistes de la prison algéroise.
D’autres sont partis, et ne sont plus revenus: morts au combat. Cela crée un nouveau volet de «disparus» auxquels les autorités doivent faire face. D’autres sont revenus, déçus de s’être trouvés, non pas face aux Américains, mais dans une espèce de guerre civile et confessionnelle, où il fallait s’en prendre non pas aux marines, mais aux milices de Moqtada Sadr et aux éléments chiites de Faïlaq Badr. C’est le cas de certains élargis de Serkadji habitant Baraki et qui ont ravalé leur ardeur après un passage calamiteux en Mésopotamie, ou après avoir été reconduits par les gardes-frontières des pays limitrophes.
Recrutement sur le Net
Cette volonté des autorités de libérer des jeunes desperados impliqués dans des réseaux de la guérilla irakienne est contredite aujourd’hui par le vaste coup de filet qui a concerné une cinquantaine de jeunes «qui s’apprêtaient à rejoindre l’Irak via la Syrie ou la Jordanie», selon une source policière contactée à Alger.
En effet, et depuis plusieurs mois déjà, les brigades Recherches et Intervention de la police, sur des indications fournies par les services spéciaux, opèrent subrepticement des descentes ciblant des jeunes, dont la moyenne d’âge ne dépasse pas les 25 ans, avant que ceux-ci ne passent à l’action. Les chefs d’inculpation retenus contre ces jeunes, sont leur seule «intention de s’enrôler dans la résistance irakienne», se lamentent les avocats des mis en cause.
Ces mêmes avocats estiment que leurs mandants ne se sont jamais rendus en Irak et que l’inculpation est fondée sur des intentions non sur des actes ou des faits concrets, et aussi par le fait que tout s’est effectué par Internet, les gestionnaires du site en question abusant de la foi et de l’ardeur de jeunes, versets coraniques à l’appui, pour les pousser à intégrer des cellules djihadistes actives.
Ils mettent en exergue aussi «le fait, disent-ils, que, à aucun moment, ces jeunes n’ont pensé devenir membres de l’organisation Al Qaîda».
Des sources policières affirment que c’est en contrôlant sur des sites Internet djihadistes, des discussions avancées sur les forums et les blogs que les «services» ont pu intercepter les jeunes, tentés par l’aventure irakienne ou le djihad «prêt- à-porter». Cependant, la plupart des inculpés ont été «donnés» par leurs compagnons, qui sont passés aux aveux devant le juge d’instruction.
Mais on ne part pas uniquement d’Algérie. Certains sont bel et bien partis à partir de la France, de l’Espagne, de la Syrie, de l’Arabie Saoudite ou de la Jordanie, et d’autres pays encore, soit autant de rampes de lancement pour atterrir à Baghdad, à Bassora ou à Irbil. La cellule démantelée récemment en Espagne a bien mis en évidence le parcours irakien depuis le sol ibérique.
L’exemple d’Idriss Bazi présente un cas encore plus édifiant. Etabli à Londres depuis plusieurs années, il se rend à Baghdad après la fin de l’invasion. Après avoir fait partie d’une cellule opérationnelle de Zarqaoui, on lui confie de préparer un attentat suicide au centre de la capitale irakienne, dans lequel il devait d’ailleurs périr.
Beaucoup de pays hostiles à Damas, les Etats-Unis en tête, affirmaient que c’est depuis la terre syrienne que les djihadistes s’insinuent en Irak. Il a fallu cette forte pression pour que la Syrie tente de se démarquer des assertions de collusion avec la résistance irakienne et publie épisodiquement des listes de noms de militants arabes arrêtés à la frontière et qui étaient en route vers l’Irak, démontrant ainsi sa collaboration dans la lutte antiterroriste.
Dans un premier rapport, publié au début de l’année 2006, les militaires et les gardes-frontières syriens affirment avoir intercepté 163 islamistes algériens qui tentaient de s’infiltrer clandestinement en Irak entre la chute de Baghdad en avril 2003 et le début du mois de décembre 2005. Les combattants étrangers arrêtés auraient été remis à leurs pays d’origine, soit par le biais de leurs ambassades, soit par celui de «canaux de sécurité». Ce chiffre avancé par les services diplomatiques de Damas et rendu public par l’hebdomadaire Jeune Afrique l’Intelligent daté du 8 au 14 janvier 2006, classe l’organisation islamiste algérienne, le Gspc, en troisième position de celles qui alimentent la nébuleuse Al Qaîda et la résistance irakienne.
En effet, parmi les 1315 extrémistes arrêtés à la frontière syro-irakienne, figurent, en première position, les islamistes jordaniens avec 299 éléments, suivis de 263 Saoudiens et en troisième position, les Algériens avec 163 islamistes. Viennent ensuite, 155 Tunisiens, 119 Yéménites, 86 Libyens, 71 Soudanais, 60 Libanais, 35 Marocains et 22 Egyptiens.
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