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Algérie: Le procès en trompe-l’oeil de la banque khalifa

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  • Algérie: Le procès en trompe-l’oeil de la banque khalifa

    Le procès de la faillite de la banque Khalifa s’est ouvert en Algérie le 9 janvier. Une véritable farce judiciaire puisque les principaux accusés sont absents et leurs puissants protecteurs même pas cités.

    Retour sur une affaire qui a défrayé la chronique en Algérie et en France au début des années 2000.Après trois ans d’enquête et 4 000 personnes entendues par la justice algérienne, le procès de la faillite de la banque Khalifa a débuté le 9 janvier à Blida (50 km d’Alger). Hélas, force est de constater qu’en dépit des 104 personnes présentes, accusées d“association de malfaiteurs, vol qualifié, escroquerie, abus de confiance et falsification de documents officiels” il s’apparente à une mascarade. Les sept principaux accusés sont en effet en cavale à l’étranger, à commencer par l’ancien Pdg de la banque, Rafik Khalifa, sous mandat d’arrêt international depuis 2003.
    Dotée sur le papier d’un capital de 5 millions d’euros, la banque Khalifa a vu le jour en mars 1998 et a décroché son agrément quelques semaines plus tard. Un miracle pour qui connaît les lenteurs d’une administration tout droit descendue de l’ère soviétique… Très vite, on se bouscule pour y placer de l’argent. Les petits épargnants sont récompensés par des taux d’intérêt délirants frôlant les 20 % et les responsables des entreprises publiques et des institutions officielles qui y transfèrent des millions de dinars par des cartes de crédit sans plafond.
    Pendant de longs mois, Rafik Khalifa fera illusion. Il diversifie les activités de son groupe de façon anarchique : une compagnie aérienne, une chaîne de télévision, une entreprise de location de voitures… Les plaquettes commerciales parlent d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires, de 12 000 employés, d’une rentabilité de 20 %… Des deux côtés de la Méditerranée on se réjouit de la réussite de ce jeune entrepreneur, on loue cette nouvelle Algérie qui tourne le dos à la guerre civile et à l’économie socialiste. Des stars comme Catherine Deneuve, Gérard Depardieu, Sting ou Mélanie Griffith se pressent lors d’une soirée mémorable organisée dans la villa du milliardaire algérien à Cannes, moyennant finance pour certains. Une journaliste canadienne se fend même d’une hagiographie du jeune Pdg qui occulte bien des pans de son histoire familiale. Hormis une pharmacie, on ne sait pas bien ce que son père a légué au jeune play-boy. Une chose est sûre : Rafik Khalifa a hérité du droit d’appartenir à l’élite. Ancien ministre, ex-patron d’Air Algérie, son paternel est surtout l’un des fondateurs du MALG, l’ancêtre de la Sécurité militaire qui allait devenir la colonne vertébrale du pays…
    La mise à mort de l’empire Khalifa
    Au tout début des années 2000, la banque Khalifa et son président commencent à éveiller les soupçons. Le chiffre de 500 millions d’euros de pertes annuelles circule, des fournisseurs courent après leur argent, on raconte que la Banque centrale renfloue le groupe à coups de millions d’euros. Mais le mystère reste entier : aucun bilan de publié ni de rapport d’activité et, surtout, pas de fuites vérifiables. Même le nom des actionnaires est inconnu !
    Peu à peu, on commence à comprendre que Khalifa n’était qu’un mirage destiné à redorer le blason d’un régime à l’image entâchée par la guerre civile et qui veut s’ouvrir au secteur privé tout en le contrôlant. Accessoirement, un empire privé aux ordres peut se révéler bien pratique pour recycler un peu de la manne pétrolière et caser les enfants de la nomenklatura.
    Toujours est-il que ce sont les autorités algériennes qui mettront elles-mêmes fin aux aventures bancaires de Khalifa. En novembre 2002, la banque est mise sous tutelle administrative. L’arrestation de trois cadres du groupe à l’aéroport d’Alger, en février 2003, avec une mallette pleine d’euros, sonnera le glas de la maison Khalifa qui s’écroule comme un château de cartes. Son président, relégué au vulgaire statut de fusible, prend le large.
    Direction Londres

    Le procès en cours devrait se garder de désigner celui qui a ordonné de transférer l’argent des institutions algériennes vers la banque et encore moins ceux qui lui ont porté le coup de grâce. La justice préfère se pencher sur un “trou” de 320 millions d’euros dans la comptabilité inexistante de la banque. Un montant minimum qui ne tient pas compte de la débandade de la compagnie aérienne Khalifa et autres filiales. Sans parler des petits épargnants mis sur la paille et de tous les employés qui ont perdu leur emploi comme leurs rêves de prospérité.
    ...........
    Je fais plein de fautes d'ortoghraphes : soyez indulgeants

  • #2
    suite

    On sait peu de choses de l’auteur de L’Envol du faucon vert, un roman librement inspiré de l’affaire Khalifa à paraître en France le 25 janvier aux éditions Métailié.
    Juste qu’il emprunte le pseudo d’Amid Lartane mais aussi qu’il est un ancien haut fonctionnaire algérien ayant quitté le pays et travaillant dans une organisation internationale. Dès le début du roman, on devine que cet homme a évolué au cœur du système des années 90, qu’il a côtoyé les maîtres du pays, à savoir une poignée de généraux affairistes menés par le parrain : le général Larbi Belkheir, aujourd’hui ambassadeur d’Algérie au Maroc et qui ressemble à s’y méprendre au personnage de «Si Lamine» du livre. Aucun doute non plus que l’auteur connaît les dessous de la banque Khalifa, rebaptisée banque du Faucon vert, et de l’ascension de son président, le jeune Oulmène dans le roman.
    Passionnant, ce livre qui raconte la naissance de la banque et dont le Journal Hebdomadaire publie les bonnes feuilles permet de mieux comprendre les règles non écrites du business de l’Algérie des généraux. Il revient également sur l’histoire de ce pays ensanglanté par une guerre civile qui a fait 150 000 morts. Une guerre civile où des groupes islamistes, authentiques comme manipulés, ont massacré des dizaines de milliers de civils innocents. On regrette toutefois que l’auteur se focalise autant sur les généraux et notamment sur le plus puissant d’entre eux, qualifié de «Lion de la ménagerie SM (Sécurité militaire)». En effet, deux des frères du président Abdelaziz Bouteflika ont été cités à de nombreuses reprises comme étant étroitement liés à la banque Khalifa. Peut-être cela apparaîtra-t-il dans la suite de ce roman à laquelle Amid Lartane travaille.
    Un profil
    Kheloufi Oulmène, son père, membre fondateur de la secte sécuritaire qui s’était nichée au cœur de la révolution et l’avait asservie, ne s’était jamais soucié de son peu de réussite scolaire (du fils Oulmène, futur président de la banque du Faucon vert.) (…) Son vieux paternel (…) lui offrit également tous les ingrédients qui font la différence : un carnet d’adresses, un réseau et une appartenance héréditaire à la grande confrérie de la Qadoussiya en qualité de Vénérable Derviche. Et il était écrit (…) qu’en faisant des études vétérinaires supérieures à Grenoble, il (le fils Oulmène) retrouverait un vieux comparse de la cancrerie lycéenne d’Alger, Zerrouk Talagueni, éternel étudiant en pharmacie et surtout neveu bien-aimé du tout-puissant général Lamine Boutramine. Cousins confrériques, Zerrouk et Oulmène avaient été associés dans l’organisation de surprises-parties et d’opérations de drague d’étudiantes paumées de la cité universitaire de Ben-Aknoun.
    (…) Oulème le regarda, dubitatif, jaugeant le degré de sérieux de son compagnon de libations :
    - Tu es sérieux, ils seraient prêts, en haut, à laisser un privé s’installer dans la banque ?
    En haut, cela ne pouvait être que Lamine Boutramine, le grand chambellan du pouvoir, celui qui ne se mêlait de rien mais qui avait la main sur tout. (…) Zerrouk y alla sans détours :
    - Mon oncle se plaint, c’est peu dire, de la timidité des soi-disant banquiers locaux. Je l’ai entendu les traiter de froussards sans talent qui ne survivent que sous le parapluie des protecteurs.
    Oulmène entrevoyait une perspective somptueuse, une ouverture magnifique… Si le grand vizir derrière le rideau tapait sur ses serviteurs, c’est qu’il avait l’intention de moderniser l’ordre de la prébende qu’il contrôlait de bout en bout depuis plus d’une décennie.
    (…) A la fin des années 90, celui-ci (Lamine Boutramine, alias Si Lamine), soucieux d’effacer les traces mortifères d’une décennie de sang et de terreur, estimait urgent de changer la devanture. La façade avait besoin d’un vrai ravalement, le général-président ne correspondait pas aux exigences de ceux qui l’avaient nommé et le pays s’était peu ou prou coupé de ses protecteurs internationaux. L’image du système politique était dégradée et ses conseillers outre-Méditerranée pressaient Lamine Boutramine de rectifier le tir. Ce qui était vrai pour le théâtre d’ombres de la politique l’était peut-être encore plus pour le monde des affaires. Il fallait déclencher une nouvelle phase et les fellahs mal dégrossis qu’étaient les businessmen actuels n’étaient guère “vendables” aux Américains, Français et autres civilisés qui dominaient ce monde.
    - Tu sais ce qu’il a dit ? Je veux des hommes d’affaires sexy, je te jure, il a dit ça comme ça ! Des gens présentables, qui savent s’habiller, qui savent parler. Des businessmen diplomates, des séducteurs, voilà ce qu’il demande.
    Oulmène savait que son copain de beuveries ne lui confiait pas innocemment ces propos. Il sentait l’invitation pressante à être l’incarnation de la transformation du pays, le prophète tant attendu de la nouvelle religion entrepreneuriale de l’Algérie moderne. (…) Il se sentait prêt à jouer ce rôle que le grand majordome souhaitait, il était plus que disposé à figurer ce créateur moderne et dynamique qui transformerait l’économie malade d’un pays ensanglanté. (…)
    Certes, Oulmène ne cadrait pas tout à fait avec le profil souhaité. Il lui était difficile d’aligner deux phrases intelligibles dans une langue identifiable, mais il avait un côté ours en peluche indolent et sympathique, il savait s’habiller à la dernière mode et il se tenait correctement à table. Comparé aux hommes d’affaires mal embouchés, tripatouilleurs, baragouineurs, illettrés, ex-pistoleros prêts au massacre ou agents comptables indélicats, Oulmène pourrait passer pour une prodigieuse mutation qualitative… (…)
    Depuis des mois, Si Lamine (le général Lamine Boutramine) avait fait de la réforme bancaire son dada. (…) Il avait aussi, après avoir été briefé par ses conseillers suisses et sud-coréens, l’envie d’ouvrir le secteur bancaire au privé. Mais il devait s’entourer de précautions ; le seul secteur privé acceptable est celui que l’on connaît bien, que l’on contrôle, celui où les règles non écrites de l’allégeance priment sur toutes les autres.
    Jusque-là, des tentatives folkloriques avaient été lancées par des membres de clans déchus qui voyaient dans cette activité un moyen moderne de captage efficace et rapide des ressources disponibles. Ces financiers d’un type nouveau découvraient soudainement la profonde injustice subie par ceux qui ne disposaient pas de l’appui déterminant des “décideurs”. Ces banques furent de peu glorieuses péripéties. (…) Il faut dire aussi que certains de ces projets grandioses étaient victimes des rapports de force et des usages façonnés par le spoil system version SM (Sécurité Militaire). A chaque changement de gouvernement, le nouveau groupe dominant, pour asseoir son autorité et installer ses hommes liges, doit balayer ceux de ses prédécesseurs et casser leur éventuelle influence.
    L’ascenssion
    Nasredidine Tchabtchak, président de la Banque centrale nationale, eut des sueurs froides toute la journée. Zine Fertasse (ministre de l’Argent), paniqué, lui avait intimé l’ordre d’alléger les procédures d’agrément de la banque Oulmène. (…) Dans ses moments, rares, de sincérité, Tchabtchak reconnaissait que son diplôme de polytechnicien lui servait surtout à exercer les fonctions de maquilleur public. Il le faisait sans état d’âme mais, cette fois-ci, jouer au maquilleur pour que ce morveux d’Oulmène devienne banquier l’exaspérait. Le plus gênant, c’est que contrairement à l’usage, il opérait en pleine lumière et ça, il n’aimait pas du tout. (…) Lui, le grand maquilleur, ne trouvait plus les artifices nécessaires à sa propre protection. Il comprenait clairement qu’en l’occurrence le fard c’était lui, et qu’en cas de pépin il n’aurait aucun fusible, hormis le fragile engagement de Si Lamine. Cela faisait des semaines qu’il inventait des prétextes pour retarder la prise de décision. (…) Il savait, comme tout le monde dans la haute administration de l’Etat, que le burnous du terrorisme était large et que des fatalités de toutes sortes pourraient lui être attribuées… Oui, pensa-t-il résigné, en se replongeant dans le dossier Oulmène, je dois assumer, comme dit cet imbécile de Fertasse. Les conseillers juridiques de la Banque centrale nationale avaient relevé dans un document de synthèse les nombreuses failles du projet : les documents étaient incomplets, le capital minimal n’avait pas été déposé et le reste était à l’avenant… Bref, les garanties légales obligatoires n’étaient pas réunies.
    banquier à tout prix
    - ça y est, c’est officiel, je suis banquier ! Il (Oulmène) riait de plus en plus fort, il en perdait le souffle, des larmes roulaient sur ses grosses joues.
    - Je suis banquier, je suis banquier, moi banquier ! Quel pays de Mickey ! Bled Mickey ! (…)
    La réception (de lancement de la banque) fut un vrai succès. (…) Dans les chancelleries blanches, les honorables correspondants mirent en commun leurs informations pour connaître avec précision la liste des “deux cents du Faucon vert” et tentèrent d’y déceler les clans ascendants et les groupes déchus.
    Le “baromètre de la réception de l’hôtel de la Cantina de Los Moros”, comme le nomma joliment un agent d’une puissance anglo-saxonne, était déroutant. Dans la liste, ils retrouvèrent le personnel qui “compte”. Ils s’interrogèrent néanmoins sur d’illustres absents et furent très intrigués par la présence de gens dont ils ne trouvaient nulle trace dans leurs répertoires qu’ils croyaient pourtant à jour. La surprise ne fit que grandir lorsque, usant de l’incontournable fichier du visa, on découvrit qu’une vingtaine de jeunes trabendistes illettrés avaient été admis au gala du premier cercle. Quelques analystes s’étaient même risqués à y déceler l’émergence de “forces nouvelles” dans un pays qui sortait laborieusement d’un cataclysme sanglant…

    lejournal hebdo
    Je fais plein de fautes d'ortoghraphes : soyez indulgeants

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    • #3
      Venant de la part de ce journal, il y de quoi fabuler et d'affabuler. On sait maintenant comment a été crée la banque, il n'y avait même pas un caporal de l'Armée parmi les associés. Maintenant si les Généraux Algériens sont fous pour qu'ils donnent leur argent à Khalifa pour qu'il achéte des villas à son nom et distribue leur argent à Dépardieu, Deneuve et aux clubs de foot , c'est que se sont des grands naifs et cela m'éttonne beaucoup. Quant au Général Boutamine, il n'a aucune autorité et ne pése pas plus lourd qu'une feuille de platane dans le jeu des influences et des décisions stratégiques car il n'a jamais eu de poste important mis à part son grade de Général dû a son ancienneté et à un concours de circonstance. Donc tout ce qui se dit dans ce livre, et à prendre avec beaucoup de réserve.

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