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L'Algérie accélère les réformes pour attirer les investisseurs

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    L'Algérie accélère les réformes pour attirer les investisseurs
    LE MONDE | 12.02.05 | 13h29
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    Le pays s'est converti au libéralisme économique et multiplie les privatisations. En raison du manque de main-d'œuvre qualifiée, le gouvernement veut favoriser les partenariats. Danone et Accor y ont répondu favorablement. D'autres groupes français étudient une éventuelle implantation.
    Alger de notre envoyé spécial

    Après trente ans de socialisme et dix ans de guerre civile, l'image de l'économie algérienne est pour le moins brouillée. Devant une délégation d'environ 120 patrons français emmenés par le Medef, le gouvernement algérien a tenté, mardi 8 et mercredi 9 février, de la clarifier. Le message était on ne peut plus clair : l'Algérie mise désormais sur le libéralisme pour se développer.

    "Les partisans du statu quo sont nombreux. Certains ont des inquiétudes légitimes. D'autres défendent des intérêts qui le sont moins. Mais on n'a plus le choix. Le développement de l'économie étatique a été insupportable pour la nation", explique, sans fard, Abdelatif Benachenhou, ministre des finances, hier idéologue du FLN et aujourd'hui chef de file des réformateurs.

    Fort de recettes générées par les exportations de pétrole et de gaz et grâce à une croissance de plus de 5 % l'an (5,8 % en 2004), le gouvernement n'a pas besoin d'argent. Il peut se permettre de réduire considérablement sa dette tout en lançant un ambitieux programme d'investissement : 50 milliards de dollars (40 milliards d'euros) de 2004 à 2009.

    Signes les plus manifestes de cette conversion à l'économie de marché, l'Algérie s'apprête à ratifier un accord de libre-échange avec l'Union européenne ; et, surtout, son adhésion à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) pourrait, selon les autorités, être effective en 2005 ou 2006.

    Dans ce pays réputé pour l'opacité de ses mécanismes de décision, le gouvernement affiche sa transparence en matière économique. Tout est privatisable, à l'exception du secteur des hydrocarbures (28 % de la richesse nationale) et des transports ferroviaires, dont personne ne veut. Pour en savoir plus, il suffit de se reporter à la liste des 1 280 entreprises que le gouvernement veut céder et auxquelles il a consacré un site Internet. Situation, modalités de cession..., tout y est. "Depuis novembre 2004, nous avons enregistré plus de 12 000 connexions, dont les trois quarts viennent de l'étranger", se félicite Yahia Hamlaoui, ministre délégué chargé de la participation et de la promotion des investissements.

    UNE BOURSE SYMBOLIQUE

    Selon les experts, entre 400 et 500 entreprises, très endettées ou technologiquement dépassées, auront du mal à trouver preneur. Pour les autres, la vente se fait de gré à gré. La Bourse d'Alger est trop modeste - seules trois entreprises y sont cotées ! - pour que le gouvernement fasse appel à l'épargne publique. Les capitaux étrangers sont, au contraire, les bienvenus. "Il y a un principe de non-discrimination entre les investisseurs nationaux et les étrangers", confirme M. Hamlaoui.

    Alors que Jacques Chirac et le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, s'apprêtent à signer un traité d'amitié entre les deux pays, les entreprises françaises sont attendues avec impatience : "Si on veut meubler la maison construite par les deux présidents, il faut infiniment plus d'engagement des entreprises françaises", constate M. Benachenhou. Les échanges entre les deux pays se développent, pour atteindre 4 milliards de dollars (3 milliards d'euros). Mais la part des investissements français en Algérie reste très faible : 21 millions d'euros en 2003.

    Certes, en Algérie, la France arrive au 3e rang, dans ce domaine - après les Etats-Unis et l'Egypte - mais l'Algérie n'est qu'au 50e rang des destinataires des investissements français. Parmi les groupes les plus présents, Total, Michelin, Renault et PSA (qui vendent, mais ne produisent pas sur place), et trois banques, Natexis, Société générale et BNP-Paribas.

    Les Algériens sont surtout demandeurs de partenariat. Car si le pays a de l'argent, il manque cruellement d'architectes, de techniciens, de cadres commerciaux, de maçons, de comptables, bref de compétences techniques indispensables à son développement. Les autorités mettent en avant l'initiative d'Accor, qui va ouvrir 36 hôtels Ibis avec une société locale, et celle de Danone, qui s'impose depuis 2002 sur le marché du yaourt, avec un partenaire.

    "Nous avons besoin de votre expertise, a lancé M. Benachenhou aux patrons français. Nous manquons de main-d'œuvre qualifiée. Alors que le président Bouteflika veut construire 1 million de logements dans les prochaines années, nous n'avons pas une seule entreprise capable de réaliser 5 000 logements dans les délais impartis avec la qualité requise. Je ne mesure pas la relation franco-algérienne au volume des investissements français ici, mais à la qualité de l'expertise que les Français nous apportent."

    Si Yves-Thibault de Silguy, président du comité Algérie au sein du Medef, plaide pour ce "partenariat", les entreprises semblent plus réticentes. Dans plusieurs secteurs, comme la banque et le ciment, les Algériens, malgré leur discours libéral, souhaitent conserver la majorité du capital des entreprises qu'ils mettent partiellement en vente. De plus, si l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), le principal syndicat, est désormais favorable aux privatisations - à condition que l'Etat participe au reclassement des salariés -, les négociations restent complexes entre les pouvoirs publics, les syndicats, la direction algérienne de l'entreprise et le partenaire (ou repreneur) français.

    VIRAGE IRRÉVERSIBLE

    Du coup, les Français préfèrent souvent investir seuls. D'où la frustration du gouvernement, qui entend bien faire profiter les entreprises algériennes du savoir-faire occidental. Dans un pays où le chômage dépasse toujours les 20 %, et où l'université reste un des principaux foyers de révolte, le pouvoir veut redonner des perspectives d'avenir à sa jeunesse.

    Officiellement, le virage libéral est irréversible. Pourtant, M. Benachenhou ne se fait guère d'illusions : "Aidez les réformateurs car, ici, on ne va pas nous faire de cadeaux." Si les Français hésitent, d'autres pourraient se substituer à eux. Rien qu'en ce mois de février, des délégations de patrons allemands et britanniques étaient attendues à Alger.

    Frédéric Lemaître

    • ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 13.02.05
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