« 24 ans d’enseignement de Tamazight, bilan est perspective », est l’intitulé d’un colloque national qui s’est ouvert lundi à Bejaia, abrité par la maison de la maison de la culture Taos Amrouche.
Cette rencontre scientifique qui se déroule sur deux jours est organisée par l’APC de Bejaia en collaboration avec le Haut Commissariat à l’Amazighité (HCA). L’événement qui s’est ouvert en présence du président du HCA, Si El Hachemi Assad, s’est voulu une façon de célébrer autant la Journée nationale du savoir que la commémoration du printemps berbère, sans verser dans le folklorique, à travers des contributions de praticiens (enseignants et inspecteurs, linguistes et didacticiens) venus de tous les coins du pays et, surtout, empreints de l’expérience du terrain et capables de lancer sainement un débat sur la situation de la langue amazighe dans l’école algérienne, un quart de siècle après son introduction.
Si les acquis engrangés par la revendication identitaire n’ont pas été niés, notamment le statut de langue nationale et officielle attribué désormais à Tamazight et son introduction dans l’enseignement officiel, les différents communicants qui se sont succédés n’ont pas manqué de décortiquer toutes les insuffisances qui entachent le processus d’enseignement de cette langue maternelle.
Cherifa Bilek, directrice de l’enseignement au HCA, s’est ainsi attaché à montrer son évolution chaotique entre 1995 et 2018, à travers différentes statistiques (effectifs enseignants et apprenants, extension et reflux géographique de l’enseignement) qu’elle attribuera autant à l’hostilité dressée contre ce processus d’introduction de tamazight à l’école, qu’à un défaut de planification, outre l’entrave législative constituée par la loi d’orientation.
Salim Guettouchi, enseignant de Batna, fera d’ailleurs part de son expérience pratique faite de beaucoup d’embûches, en rappelant que les acquis actuels n’ont pas été accordés mais arrachés de haute lutte.
Il estime que l’enseignement de Tamazight doit être adapté aux contextes sociogéographiques, en concluant que « s’il est difficile de changer les mentalités, il est toujours possible de faire évoluer les représentations » par la valorisation de la langue tamazight auprès des populations.
Dans cette continuité, Mustapha Tidjet, maitre de conférence à l’université de Bejaia, qui s’interrogeait quelle langue amazighe enseigner au primaire, considère qu’il faut s’éloigner des néologismes et autres jargons qui n’ont pas de prise sur le réel et favoriser les vocabulaires maternels qui, en faisant ressurgir le fonds commun berbère, aboutiront à l’unification à terme de la langue, sans omettre de rappeler que les langues dominantes, pour accéder à ce statut, ont toujours été soutenues, à la base, par la coercition exercée par les pouvoirs en place.
Inspecteur du Moyen à Bejaia, Djamel Ikhloufi a mis l’accent dans son intervention sur l’ambition entravée de tamazight par la législation en vigueur, qui confine son enseignement aux aspects folkloriques, dans un statut facultatif et qui ne vise nullement sa généralisation, rappelant à cet effet, qu’après une expérience d’un quart de siècle, les enseignants de tamazight ne représentent que 0,5% du corps des enseignants.
Il a souligné l’urgence d’un amendement de la loi d’orientation.
D’autres conférences mettront en exergue les difficultés rencontrées sur le terrain et la critique des contenus des manuels scolaires, ainsi qu’une réflexion sur tamzight langue maternelle-langue seconde ou l’enseignement de tamazight aux non- amazighophones.
Ce colloque se poursuit aujourd’hui avec plusieurs autres conférences au programme qui s’intéresseront, entre autres, à la traduction et aux TIC dans l’enseignement de tamazight. A noter que, était présent à l’ouverture des travaux de cette manifestation.
Ouali M.
© Sud-Horizons
Cette rencontre scientifique qui se déroule sur deux jours est organisée par l’APC de Bejaia en collaboration avec le Haut Commissariat à l’Amazighité (HCA). L’événement qui s’est ouvert en présence du président du HCA, Si El Hachemi Assad, s’est voulu une façon de célébrer autant la Journée nationale du savoir que la commémoration du printemps berbère, sans verser dans le folklorique, à travers des contributions de praticiens (enseignants et inspecteurs, linguistes et didacticiens) venus de tous les coins du pays et, surtout, empreints de l’expérience du terrain et capables de lancer sainement un débat sur la situation de la langue amazighe dans l’école algérienne, un quart de siècle après son introduction.
Si les acquis engrangés par la revendication identitaire n’ont pas été niés, notamment le statut de langue nationale et officielle attribué désormais à Tamazight et son introduction dans l’enseignement officiel, les différents communicants qui se sont succédés n’ont pas manqué de décortiquer toutes les insuffisances qui entachent le processus d’enseignement de cette langue maternelle.
Cherifa Bilek, directrice de l’enseignement au HCA, s’est ainsi attaché à montrer son évolution chaotique entre 1995 et 2018, à travers différentes statistiques (effectifs enseignants et apprenants, extension et reflux géographique de l’enseignement) qu’elle attribuera autant à l’hostilité dressée contre ce processus d’introduction de tamazight à l’école, qu’à un défaut de planification, outre l’entrave législative constituée par la loi d’orientation.
Salim Guettouchi, enseignant de Batna, fera d’ailleurs part de son expérience pratique faite de beaucoup d’embûches, en rappelant que les acquis actuels n’ont pas été accordés mais arrachés de haute lutte.
Il estime que l’enseignement de Tamazight doit être adapté aux contextes sociogéographiques, en concluant que « s’il est difficile de changer les mentalités, il est toujours possible de faire évoluer les représentations » par la valorisation de la langue tamazight auprès des populations.
Dans cette continuité, Mustapha Tidjet, maitre de conférence à l’université de Bejaia, qui s’interrogeait quelle langue amazighe enseigner au primaire, considère qu’il faut s’éloigner des néologismes et autres jargons qui n’ont pas de prise sur le réel et favoriser les vocabulaires maternels qui, en faisant ressurgir le fonds commun berbère, aboutiront à l’unification à terme de la langue, sans omettre de rappeler que les langues dominantes, pour accéder à ce statut, ont toujours été soutenues, à la base, par la coercition exercée par les pouvoirs en place.
Inspecteur du Moyen à Bejaia, Djamel Ikhloufi a mis l’accent dans son intervention sur l’ambition entravée de tamazight par la législation en vigueur, qui confine son enseignement aux aspects folkloriques, dans un statut facultatif et qui ne vise nullement sa généralisation, rappelant à cet effet, qu’après une expérience d’un quart de siècle, les enseignants de tamazight ne représentent que 0,5% du corps des enseignants.
Il a souligné l’urgence d’un amendement de la loi d’orientation.
D’autres conférences mettront en exergue les difficultés rencontrées sur le terrain et la critique des contenus des manuels scolaires, ainsi qu’une réflexion sur tamzight langue maternelle-langue seconde ou l’enseignement de tamazight aux non- amazighophones.
Ce colloque se poursuit aujourd’hui avec plusieurs autres conférences au programme qui s’intéresseront, entre autres, à la traduction et aux TIC dans l’enseignement de tamazight. A noter que, était présent à l’ouverture des travaux de cette manifestation.
Ouali M.
© Sud-Horizons
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