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Un dispositif sécuritaire drastique a été déployé : La marche de Mouwatana empêchée

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  • Un dispositif sécuritaire drastique a été déployé : La marche de Mouwatana empêchée

    Le coup d’essai était finalement une réussite. Le mouvement Mouwatana a tenu sa promesse d’aller à la rencontre des citoyens constantinois. Certes, le lieu et la nature du rendez-vous ont été modifiés, mais le pari a été remporté.

    Sillonner les principales artères de la ville, comme il était prévu, a été impossible pour les membres de Mouwatana, dont Zoubida Assoul, Soufiane Djilali, Salah Debbouze ou encore Ali Benouari.

    Les forces de l’ordre les en ont empêchés et des moyens importants ont été mobilisés à cet effet. La ville a été quadrillée dès vendredi. Un dispositif sécuritaire drastique a été mis en place, particulièrement au niveau des entrées de la ville. Au point de convergence, soit le stade Ben Abdelmalek Ramdan, les forces de sécurité s’y sont installées, ne laissant pas le moindre espace à une éventuelle manifestation.

    Et pour que les espaces alentour soient occupés, une campagne de sensibilisation à la sécurité routière se tenait sur l’esplanade et des tentes contenant des équipements y ont été implantées. L’itinéraire que devait emprunter le mouvement a été balisé, lui aussi, par les fourgons de la police et plusieurs bennes tasseuses, pour rendre l’accès au centre-ville des plus périlleux.

    Le mouvement Mouwatana, qui veut faire barrage au 5e mandat du président de la République, est venu à Constantine pour lancer son programme d’action qui touchera l’ensemble du territoire national. La tâche ne semble pas de tout repos. Depuis la ville des Ponts, les membres du mouvement ont croisé le fer avec la force publique cantonnée devant l’hôtel Ibis.

    «Ils m’ont arrêté à 8h. En sortant de la maison où j’étais, une douzaine de policiers étaient là à m’attendre et m’ont demandé de les accompagner au 5e arrondissement de la sûreté», a révélé Zoubida Assoul, porte-parole du mouvement, lors d’un point de presse improvisé dans le hall de l’hôtel. «J’ai refusé de les suivre, mais j’ai finalement été embarquée et relâchée au bout de deux heures», selon ses dires. «On m’a demandé de renoncer à notre action citoyenne et de quitter la ville. Ils m’ont même proposé de m’escorter à la frontière de la wilaya, ce que j’ai fermement refusé», a-t-elle dévoilé.

    Et de poursuivre : «Je suis dans mon pays et je circule comme je veux. Je quitterai Constantine quand je le déciderai.» Elle n’est pas la seule à être interpellée. Cinq membres du mouvement, dont certains du parti Jil Jadid, a confirmé Soufiane Djilali, étaient encore dans les locaux de la police dans la matinée. «On a donné rendez-vous aux citoyens pour exprimer notre opposition à un 5e mandat du Président, car il n’est pas apte à diriger le pays, mais pas que.

    C’est aussi pour expliquer l’alternative politique, basée sur le débat contradictoire, et une sortie de crise pour aller vers un Etat constitutionnel, un Etat de droit et des libertés. C’est pour cela que je suis là aujourd’hui et personne n’a le droit de m’arrêter, j’ai subi une arrestation arbitraire et illégale.»

    UN RASSEMBLEMENT A EU LIEU

    Les membres de Mouwatana qui ont compris que les pouvoirs publics n’allaient pas leur faciliter la mission ont refusé de rester confinés dans l’hôtel.

    Dès leur sortie, des agents de sécurité en civil ont endossé des gilets pour se faire identifier et ont cerné le groupe. Personne ne pouvait faire un pas en avant, toute tentative de marcher vers le point de rendez-vous était visiblement scellée.

    Rien n’est perdu pour autant. C’est une autre tribune qui s’offre à eux. La situation a été retournée à leur avantage. Cette immobilité est saisie pour en faire un rassemblement et interpeller les citoyens, nombreux d’ailleurs à faire leurs emplettes dans le marché couvert, situé à proximité et qui s’avère être le plus populaire et le plus fréquenté des marchés de Constantine.

    La curiosité de beaucoup de passants a été attisée et ils sont venus à la pêche aux informations et par la même élargir les rangs de l’attroupement. Des dépliants sur la charte des valeurs du mouvement furent distribués, en dépit de l’étau policier. «L’article 49 de la Constitution nous garantit le droit de venir à la rencontre de nos concitoyens», n’ont eu de cesse de seriner Zoubida Assoul et Salah Debbouze en réponse à l’officier du SWRG qui leur rappelait le défaut d’autorisation.

    Au bout d’une heure d’un échange parfois musclé, Soufiane Djilali leur demandera, sur un ton ironique, de les laisser passer : «Nous allons faire une balade en ville, vous pouvez nous accompagner si vous voulez.» Mais il n’en fut rien. Vers 11h15, les membres du mouvement finiront par retourner à l’hôtel.

    Ils se mettront derrière les barreaux de l’enceinte de l’hôtel pour faire des déclarations à la presse. Un dernier geste pour dénoncer «un Etat liberticide qui a réquisitionné des moyens publics pour torpiller une action citoyenne». Ils ressortiront un peu plus tard. Et cette fois-ci, leur promenade en ville, ils auront le droit de la faire.

    Dépôt de plainte contre le P/APW
    A Constantine, depuis l’annonce en août dernier de l’action que comptait organiser le mouvement Mouwatana, les inconditionnels du 5e mandat ont affûté leurs armes et préparé leur riposte. C’est le cas des deux partis politiques, le RND et le FLN s’entend. Le premier a lancé une campagne de sensibilisation contre «ceux qui veulent porter atteinte à la stabilité et la sécurité du pays», le second a organisé un rassemblement, jeudi dernier, pour contrer toute velléité de démonstration anti-5e mandat.

    A ce propos, la porte-parole de Mouwatanaa a formulé l’intention de déposer une plainte à l’encontre du P/APW de Constantine, Nadir Amireche, d’obédience FLN, concernant des propos que le mouvement juge graves. «Le P/APW a déclaré : “Nous ne permettrons pas à ces gens-là d’y venir, Constantine est une ligne rouge, on ne vous laissera pas entrer à Constantine.” Ce sont des propos inadmissibles dans la bouche d’un responsable politique», a-t-elle dit. Et de s’interroger : «Sommes-nous dans un pays en état de guerre où la liberté de circuler est restreinte, ou bien Constantine ne fait pas partie du territoire du pays ?»

    Des citoyens interpellés
    Ce ne sont pas uniquement les leaders du mouvement Mouwatana qui ont été interpellés, hier, au centre-ville où aurait dû se tenir la manifestation. Cinq membres du mouvement et de partis politiques, dont Jil Jadid de Soufiane Djilali et de l’UCP de Zoubida Assoul, ont été arrêtés tôt le matin par la police. D’autres sympathisants ou tout simplement des citoyens qui sont venus soutenir le mouvement ont été embarqués. «Nous sommes une vingtaine de citoyens, hommes et femmes, à nous être retrouvés dans les locaux du central de police à El Coudiat, pour être relâchés quelques heures plus tard, après avoir été fichés», nous a affirmé un citoyen qui a été interpellé au niveau de la pyramide.
    El Watan
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