Où sont les forces dont les désirs pourraient se réaliser ?
Quotidien d'Oran - par Arezki Derguini
Au moment où le système va engager des élections présidentielles, il est légitime de s'interroger sur les programmes qui pourraient et devraient s'imposer. La question pourrait être posée de la façon suivante : pour sortir de la dépendance aux hydrocarbures, pour construire une société civile en mesure de prendre en charge les besoins de la société, que peuvent faire les militaires ? Car il faut le rappeler, c'est notre dépendance aux hydrocarbures qui donne le pouvoir aux militaires. Tant que la ressource principale sera minière et propriété d'Etat, c'est de la politique de ce monopole, de ses dispositions, que dépendront les transformations de l'organisation sociale et économique. Si leurs intérêts de court terme l'emportent, le conflit se transportera en leur sein avec la raréfaction de la ressource minière. Pour le contenir, il faudra user d'un autoritarisme plus rigoureux et socialement plus coûteux. Ce qui semble être la pente la plus prévisible aujourd'hui. Si les intérêts de long terme l'emportent, avec l'accroissement du poids des jeunes générations par exemple, les intérêts pris en compte pourraient être plus larges sur lesquels pourrait s'appuyer l'émergence d'une économie diversifiée et d'une société civile compétente et responsable.
Mais on ne responsabilise pas une société du jour au lendemain. Le seul vrai programme qui puisse exister consiste à commencer à responsabiliser une société qui a désappris à l'être depuis longtemps. Il faut que la société, avec ses deux composantes civile et militaire, puisse assumer des comptes clairs. La société ne pourra plus faire endosser longtemps les charges de la sécurité, de la santé et de l'éducation au secteur des hydrocarbures. Elle aura du mal à cacher derrière de vagues comptes généraux et généreux des comptes particuliers occultes. Un programme de libéralisation qui ne responsabiliserait que la propriété qui a émergé de la dissipation de la rente ne pourrait qu'accroitre les inégalités et étendre la crise.
Et on ne peut pas responsabiliser tout le monde à la fois. Le précédent gouvernement a « responsabilisé » la partie de la société civile qui lui faisait allégeance. Au lieu de l'aider à sortir de la dépendance aux hydrocarbures, ce qu'il aurait pu faire en prêtant la rente au lieu de l'investir à fonds perdu, il l'a gardée sous leur tutelle pour former des fortunes privées exportables plutôt que de vrais capitaux.
Il faut responsabiliser la société civile en mesure de responsabiliser l'ensemble de la société, de la mettre en marche en bon ordre et dans la bonne direction. Et non pas responsabiliser les propriétaires dont la propriété souffre d'un manque de légitimité, ayant été acquise non pas sur la base de leur savoir-faire et de leur efficacité, mais sur la spoliation de la propriété collective des générations futures.
Mais les deux sociétés civile et militaire ne semblent pas être sur le point de coopérer. Pourtant, la société militaire ne peut plus rester au-dessus de la société civile sur laquelle elle doit désormais reposer. N'ayant pu compter sur elle-même, elle ne pourra se passer de sa contribution. La société civile ne peut pas non plus continuer de vivre du parasitage de la société militaire, elle doit revoir ses comptes, les équilibrer. Les transformations et les coopérations des deux sociétés, autrement que sur le mode de la dissipation des ressources collectives, sont maintenant nécessaires pour éviter que leur condition d'existence ne prenne la mauvaise pente.
Une propriété privée limitée, des responsabilités régionales et des pôles informels pour organiser la coopétition
Il faudra donc pour responsabiliser, recadrer, préciser les comptes. Comment cela se peut-il ? Autour de quels comptes pourraient s'organiser, être intégrés, les comptes de tous ? Autour d'une stratégie industrielle et des grandes entreprises, à l'image des sociétés de classes industrielles comme peut le suggérer une politique libérale ? Peuvent-elles organiser, intégrer, de haut en bas, les comptes de l'ensemble de la société ? Cela signifierait que sous l'égide des entreprises globales mondiales, les entreprises locales pourraient remonter les filières. Un peu comme la Corée du Sud au temps de la guerre froide. C'est là un scénario invraisemblable pour l'Algérie et le monde d'aujourd'hui. Du double point de vue de la justice et de l'efficacité, cela ne semble pas la bonne méthode.
Du point de vue de l'efficacité, pour que tous les comptes se tiennent, il faudrait une solidarité des acteurs réels qui puissent former des entreprises comme des collectifs efficaces et solidaires, recouvrant l'ensemble de la société. Ce qui ferait de la région, un élément central du dispositif national d'intégration et de solidarité. Ce dispositif doit être tenu par ses deux bouts locaux et nationaux. Des comptes régionaux sont nécessaires pour l'intégration de l'ensemble des comptes. Des dynamiques régionales explicitant le lien entre justice et efficacité sont nécessaires pour conserver la cohésion sociale. Celle nationale ne le pouvant plus. Il restera à tenir l'autre bout national qui procèdera de haut en bas. Retenons ici que la solidarité doit procéder de bas en haut. Elle doit gagner la nation, mais elle ne peut en partir. La solidarité nationale ne peut se construire que sur la base des solidarités réelles.
Du point de vue de la justice, ce n'est pas aux grandes entreprises qu'il revient de commander à la production et à la consommation. Les « grandes entreprises » seront des entreprises leaders qui émergeront d'une coopétition (coopération et compétition) mobilisant et valorisant l'ensemble des comptes de la société. Le haut n'est pas défini par les grandes entreprises ordonnatrices, mais par les objectifs communs supérieurs que s'est fixés la société. L'entreprise leader est celle qui peut mener à la réalisation de ces objectifs d'intégration et d'efficacité. Il n'y a pas de grandes entreprises, mais une « entreprise » sociale globale (des objectifs communs) dont le pilotage pourrait être confié par le gouvernement à des agences non gouvernementales (ex. de la Suède) et à laquelle participerait une multitude d'entreprises qui s'inscrivent dans la réalisation des fins de cette entreprise globale. Ces entreprises leaders ne devront pas faire de grands propriétaires qui pourraient monopoliser la décision économique, la soustraire à la décision politique, à la délibération démocratique. Pour que les comptes de tous puissent être compris dans un compte global il faut poser une limite à la propriété privée, à la concentration des ressources. La décision économique ne doit pas être séparée de la décision politique pour être monopolisée par la grande propriété. Il faut que l'ensemble de la société puisse être actionnaire de cette entreprise globale. Il faut que la société recouvre sa propriété collective et que la propriété privée soit mieux étayée et faiblement concentrée. Il faut en quelque sorte que la propriété privée ne soit qu'un mode de réalisation de la propriété collective dans des conditions particulières, autrement dit qu'elle ne s'en désolidarise pas et que sa fonction sociale soit de réaliser des finalités sociales.
Pour ce faire autour de quels principes devrait s'organiser une telle coopétition ? Je soutiens ici l'hypothèse suivante : autour des solidarités réelles et de la compétition internationale. La solidarité nationale républicaine de tradition monarchique a défait les solidarités antérieures les considérant comme des survivances, des archaïsmes. Notre solidarité nationale en a fait autant, ne bénéficiant plus du support des hydrocarbures, elle se délite. Elle a été construite sur du sable à défaut d'avoir été construite sur de réelles solidarités. Elle ne pouvait compter sur celles de classes comme ailleurs. Les archaïsmes ne consistent pas dans les solidarités vivantes, mais dans ses réalités sans prises sur la vie sociale. Il faut retrouver des solidarités réelles pour fabriquer une solidarité nationale. Puisque nous ne sommes pas une société de classes, elle ne peut se construire sur des classes. La solidarité nationale ne peut pas non plus se construire autour de la société militaire sans les hydrocarbures ou sans la guerre. La guerre, qui était alors le rapport au monde colonialiste, a établi une solidarité nationale. Mais la guerre étant finie, la discipline qu'auraient exigée nos coopétitions n'a pas irradié de cette institution centrale vers la société dans la fondation de la solidarité nationale. Son usage des ressources naturelles ne le lui a pas permis. Elle n'a pas établi de discipline sociale et économique, elle n'a pas servi la rationalisation de l'activité sociale et matérielle. Notre esprit combattant n'a pas migré vers les champs de bataille maintenant pacifiés. Nos samouraïs ne se sont pas transformés en capitaines d'industrie. Notre armée ne pouvait pas être de tradition monarchique, elle est une incarnation de notre esprit combattant qui n'a jamais appartenu à une classe de seigneurs. Et les temps de guerre qui s'annoncent interpellent cet esprit assoupi dans le lucre et la prédation. La société doit retrouver l'esprit combattant et sa discipline pour triompher du néocolonialisme. La société doit se défaire de la discipline féodale qui a inspiré ses institutions et que l'on a voulu greffer à ses comportements. Sans prise sur nos solidarités et nos compétitions, cette discipline les combat et se dilue. Nous devons prendre les ressources de coopétitions que nous avons, en les transformant par leur valorisation. On ne peut prétendre savoir au départ ce qu'elles seront, un nouveau monde est en train de s'inventer. Nous savons seulement que nos compétitions doivent s'appuyer sur nos solidarités réelles pour les renforcer et non pas les détruire. Nous devons bien faire continuellement avec ce que nous avons en propre pour être en mesure d'incorporer ce que le monde peut nous offrir. Nous devons ensuite être capables d'en mesurer les réalisations et de les faire progresser.
Il faut pour cela que tous les comptes solidaires se tiennent dans la coopétition internationale. C'est une telle coopétition qui légitime toujours le niveau national, hier lors de la guerre de libération tout comme aujourd'hui dans la lutte pour une relative autonomie économique. Si le niveau national faillit à une telle obligation, il se défait. La coopétition internationale que mène ce niveau doit élever le niveau général des différents comptes sans rompre leur solidarité et cela en entrant franchement dans la coopétition mondiale pour produire un combat, des objectifs collectifs, un ordre de combat, une cohérence de la démarche, clairs. Nous ne pouvons pas définir nos objectifs en ignorant ceux du monde, c'est la qualité de notre insertion internationale, politique et économique, qui définit la pertinence du niveau national. Nous ne pourrons plus éviter cette coopétition et c'est en elle que s'inscriront nos conquêtes et nos défaites. La coopétition intérieure des régions doit s'inscrire dans la coopétition internationale et y gagner une meilleure insertion. On ne peut envisager notre autonomie autrement que relativement. Nos champions doivent s'attacher à ces deux coopétitions sans se détacher de celle intérieure et en devenant ses leaders dans la coopétition internationale. Voilà le nationalisme qui sait parler aux masses : des champions, plus collectifs qu'individuels, leaders d'un mouvement d'ensemble en faveur d'une meilleure insertion internationale. Vivant moins de l'argent de riches sponsors que de leur contribution à la société.
Les hydrocarbures nous ont donné une part de la production mondiale, c'est par la mobilisation de nouvelles ressources, leur meilleur usage, qu'il faudra désormais l'obtenir, à un moment où les économies se resserrent, si nous ne voulons pas voir cette part de la production mondiale se réduire au profit des plus riches.
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Quotidien d'Oran - par Arezki Derguini
Au moment où le système va engager des élections présidentielles, il est légitime de s'interroger sur les programmes qui pourraient et devraient s'imposer. La question pourrait être posée de la façon suivante : pour sortir de la dépendance aux hydrocarbures, pour construire une société civile en mesure de prendre en charge les besoins de la société, que peuvent faire les militaires ? Car il faut le rappeler, c'est notre dépendance aux hydrocarbures qui donne le pouvoir aux militaires. Tant que la ressource principale sera minière et propriété d'Etat, c'est de la politique de ce monopole, de ses dispositions, que dépendront les transformations de l'organisation sociale et économique. Si leurs intérêts de court terme l'emportent, le conflit se transportera en leur sein avec la raréfaction de la ressource minière. Pour le contenir, il faudra user d'un autoritarisme plus rigoureux et socialement plus coûteux. Ce qui semble être la pente la plus prévisible aujourd'hui. Si les intérêts de long terme l'emportent, avec l'accroissement du poids des jeunes générations par exemple, les intérêts pris en compte pourraient être plus larges sur lesquels pourrait s'appuyer l'émergence d'une économie diversifiée et d'une société civile compétente et responsable.
Mais on ne responsabilise pas une société du jour au lendemain. Le seul vrai programme qui puisse exister consiste à commencer à responsabiliser une société qui a désappris à l'être depuis longtemps. Il faut que la société, avec ses deux composantes civile et militaire, puisse assumer des comptes clairs. La société ne pourra plus faire endosser longtemps les charges de la sécurité, de la santé et de l'éducation au secteur des hydrocarbures. Elle aura du mal à cacher derrière de vagues comptes généraux et généreux des comptes particuliers occultes. Un programme de libéralisation qui ne responsabiliserait que la propriété qui a émergé de la dissipation de la rente ne pourrait qu'accroitre les inégalités et étendre la crise.
Et on ne peut pas responsabiliser tout le monde à la fois. Le précédent gouvernement a « responsabilisé » la partie de la société civile qui lui faisait allégeance. Au lieu de l'aider à sortir de la dépendance aux hydrocarbures, ce qu'il aurait pu faire en prêtant la rente au lieu de l'investir à fonds perdu, il l'a gardée sous leur tutelle pour former des fortunes privées exportables plutôt que de vrais capitaux.
Il faut responsabiliser la société civile en mesure de responsabiliser l'ensemble de la société, de la mettre en marche en bon ordre et dans la bonne direction. Et non pas responsabiliser les propriétaires dont la propriété souffre d'un manque de légitimité, ayant été acquise non pas sur la base de leur savoir-faire et de leur efficacité, mais sur la spoliation de la propriété collective des générations futures.
Mais les deux sociétés civile et militaire ne semblent pas être sur le point de coopérer. Pourtant, la société militaire ne peut plus rester au-dessus de la société civile sur laquelle elle doit désormais reposer. N'ayant pu compter sur elle-même, elle ne pourra se passer de sa contribution. La société civile ne peut pas non plus continuer de vivre du parasitage de la société militaire, elle doit revoir ses comptes, les équilibrer. Les transformations et les coopérations des deux sociétés, autrement que sur le mode de la dissipation des ressources collectives, sont maintenant nécessaires pour éviter que leur condition d'existence ne prenne la mauvaise pente.
Une propriété privée limitée, des responsabilités régionales et des pôles informels pour organiser la coopétition
Il faudra donc pour responsabiliser, recadrer, préciser les comptes. Comment cela se peut-il ? Autour de quels comptes pourraient s'organiser, être intégrés, les comptes de tous ? Autour d'une stratégie industrielle et des grandes entreprises, à l'image des sociétés de classes industrielles comme peut le suggérer une politique libérale ? Peuvent-elles organiser, intégrer, de haut en bas, les comptes de l'ensemble de la société ? Cela signifierait que sous l'égide des entreprises globales mondiales, les entreprises locales pourraient remonter les filières. Un peu comme la Corée du Sud au temps de la guerre froide. C'est là un scénario invraisemblable pour l'Algérie et le monde d'aujourd'hui. Du double point de vue de la justice et de l'efficacité, cela ne semble pas la bonne méthode.
Du point de vue de l'efficacité, pour que tous les comptes se tiennent, il faudrait une solidarité des acteurs réels qui puissent former des entreprises comme des collectifs efficaces et solidaires, recouvrant l'ensemble de la société. Ce qui ferait de la région, un élément central du dispositif national d'intégration et de solidarité. Ce dispositif doit être tenu par ses deux bouts locaux et nationaux. Des comptes régionaux sont nécessaires pour l'intégration de l'ensemble des comptes. Des dynamiques régionales explicitant le lien entre justice et efficacité sont nécessaires pour conserver la cohésion sociale. Celle nationale ne le pouvant plus. Il restera à tenir l'autre bout national qui procèdera de haut en bas. Retenons ici que la solidarité doit procéder de bas en haut. Elle doit gagner la nation, mais elle ne peut en partir. La solidarité nationale ne peut se construire que sur la base des solidarités réelles.
Du point de vue de la justice, ce n'est pas aux grandes entreprises qu'il revient de commander à la production et à la consommation. Les « grandes entreprises » seront des entreprises leaders qui émergeront d'une coopétition (coopération et compétition) mobilisant et valorisant l'ensemble des comptes de la société. Le haut n'est pas défini par les grandes entreprises ordonnatrices, mais par les objectifs communs supérieurs que s'est fixés la société. L'entreprise leader est celle qui peut mener à la réalisation de ces objectifs d'intégration et d'efficacité. Il n'y a pas de grandes entreprises, mais une « entreprise » sociale globale (des objectifs communs) dont le pilotage pourrait être confié par le gouvernement à des agences non gouvernementales (ex. de la Suède) et à laquelle participerait une multitude d'entreprises qui s'inscrivent dans la réalisation des fins de cette entreprise globale. Ces entreprises leaders ne devront pas faire de grands propriétaires qui pourraient monopoliser la décision économique, la soustraire à la décision politique, à la délibération démocratique. Pour que les comptes de tous puissent être compris dans un compte global il faut poser une limite à la propriété privée, à la concentration des ressources. La décision économique ne doit pas être séparée de la décision politique pour être monopolisée par la grande propriété. Il faut que l'ensemble de la société puisse être actionnaire de cette entreprise globale. Il faut que la société recouvre sa propriété collective et que la propriété privée soit mieux étayée et faiblement concentrée. Il faut en quelque sorte que la propriété privée ne soit qu'un mode de réalisation de la propriété collective dans des conditions particulières, autrement dit qu'elle ne s'en désolidarise pas et que sa fonction sociale soit de réaliser des finalités sociales.
Pour ce faire autour de quels principes devrait s'organiser une telle coopétition ? Je soutiens ici l'hypothèse suivante : autour des solidarités réelles et de la compétition internationale. La solidarité nationale républicaine de tradition monarchique a défait les solidarités antérieures les considérant comme des survivances, des archaïsmes. Notre solidarité nationale en a fait autant, ne bénéficiant plus du support des hydrocarbures, elle se délite. Elle a été construite sur du sable à défaut d'avoir été construite sur de réelles solidarités. Elle ne pouvait compter sur celles de classes comme ailleurs. Les archaïsmes ne consistent pas dans les solidarités vivantes, mais dans ses réalités sans prises sur la vie sociale. Il faut retrouver des solidarités réelles pour fabriquer une solidarité nationale. Puisque nous ne sommes pas une société de classes, elle ne peut se construire sur des classes. La solidarité nationale ne peut pas non plus se construire autour de la société militaire sans les hydrocarbures ou sans la guerre. La guerre, qui était alors le rapport au monde colonialiste, a établi une solidarité nationale. Mais la guerre étant finie, la discipline qu'auraient exigée nos coopétitions n'a pas irradié de cette institution centrale vers la société dans la fondation de la solidarité nationale. Son usage des ressources naturelles ne le lui a pas permis. Elle n'a pas établi de discipline sociale et économique, elle n'a pas servi la rationalisation de l'activité sociale et matérielle. Notre esprit combattant n'a pas migré vers les champs de bataille maintenant pacifiés. Nos samouraïs ne se sont pas transformés en capitaines d'industrie. Notre armée ne pouvait pas être de tradition monarchique, elle est une incarnation de notre esprit combattant qui n'a jamais appartenu à une classe de seigneurs. Et les temps de guerre qui s'annoncent interpellent cet esprit assoupi dans le lucre et la prédation. La société doit retrouver l'esprit combattant et sa discipline pour triompher du néocolonialisme. La société doit se défaire de la discipline féodale qui a inspiré ses institutions et que l'on a voulu greffer à ses comportements. Sans prise sur nos solidarités et nos compétitions, cette discipline les combat et se dilue. Nous devons prendre les ressources de coopétitions que nous avons, en les transformant par leur valorisation. On ne peut prétendre savoir au départ ce qu'elles seront, un nouveau monde est en train de s'inventer. Nous savons seulement que nos compétitions doivent s'appuyer sur nos solidarités réelles pour les renforcer et non pas les détruire. Nous devons bien faire continuellement avec ce que nous avons en propre pour être en mesure d'incorporer ce que le monde peut nous offrir. Nous devons ensuite être capables d'en mesurer les réalisations et de les faire progresser.
Il faut pour cela que tous les comptes solidaires se tiennent dans la coopétition internationale. C'est une telle coopétition qui légitime toujours le niveau national, hier lors de la guerre de libération tout comme aujourd'hui dans la lutte pour une relative autonomie économique. Si le niveau national faillit à une telle obligation, il se défait. La coopétition internationale que mène ce niveau doit élever le niveau général des différents comptes sans rompre leur solidarité et cela en entrant franchement dans la coopétition mondiale pour produire un combat, des objectifs collectifs, un ordre de combat, une cohérence de la démarche, clairs. Nous ne pouvons pas définir nos objectifs en ignorant ceux du monde, c'est la qualité de notre insertion internationale, politique et économique, qui définit la pertinence du niveau national. Nous ne pourrons plus éviter cette coopétition et c'est en elle que s'inscriront nos conquêtes et nos défaites. La coopétition intérieure des régions doit s'inscrire dans la coopétition internationale et y gagner une meilleure insertion. On ne peut envisager notre autonomie autrement que relativement. Nos champions doivent s'attacher à ces deux coopétitions sans se détacher de celle intérieure et en devenant ses leaders dans la coopétition internationale. Voilà le nationalisme qui sait parler aux masses : des champions, plus collectifs qu'individuels, leaders d'un mouvement d'ensemble en faveur d'une meilleure insertion internationale. Vivant moins de l'argent de riches sponsors que de leur contribution à la société.
Les hydrocarbures nous ont donné une part de la production mondiale, c'est par la mobilisation de nouvelles ressources, leur meilleur usage, qu'il faudra désormais l'obtenir, à un moment où les économies se resserrent, si nous ne voulons pas voir cette part de la production mondiale se réduire au profit des plus riches.
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