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Le régime algérien et les occasions ratées

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  • Le régime algérien et les occasions ratées

    Depuis l'indépendance, le régime algérien rate à chaque fois l'occasion historique d'évoluer pacifiquement vers la démocratisation par la mise en oeuvre de réformes qui permettent aux élites choisies par la population à travers le scrutin libre de diriger l'Etat.

    La première occasion a été le décès de Houari Boumédiène, dont la succession a été décidée par une dizaine de colonels réunis en secret dans une école militaire dans la banlieue d'Alger. Le parti unique, comme Tartarin de Tarascon du célèbre roman, s'est mobilisé sur ordre des colonels pour affirmer que son candidat est le colonel Chadli Bendjeidi. Ce dernier était à l'époque chef de la 2èm Région Militaire, officiellement choisi à l'unanimité par les militants du FLN.

    A l'époque, le brave Chadli Bendjedid, sachant qu'il n'avait pas l'envergure de diriger l'Etat, a été réticent à accepter la fonction. Les Oranais qui le connaissent disent que c'est un homme affable, patriote, mais ni politique ni machiavélique. Il a été incapable de réformer le système qui l'avait choisi et qu'il ne dominait pas comme son prédécesseur. Il a été surpris par le soulèvement à l'échelle nationale d'Octobre 1988 auquel il avait mis fin par un discours dans lequel il avait promis d'introduire des réformes importantes. S'appuyant sur une équipe de réformateurs qui n'avait pas de relais dans l'armée, il a mis fin au système du parti unique sans avoir épuré la hiérarchie militaire de ses éléments hostiles à la démocratie. L'expérience a duré trois ans et a mené vers un conflit sanglant qui marquera à jamais l'histoire de l'Algérie indépendante. Avec Chadli, le régime a raté une occasion de pacifier le champ politique et institutionnaliser l'autorité en l'ancrant dans la légitimité électorale.

    L'autre occasion ratée a été celle de Zéroual qui était favorable au contrat de Rome et qui, sous la menace de ceux qui l'avaient désigné chef d'Etat, a dû le désavouer. Il a été obligé de démissionner en 1998 parce que les généraux n'acceptaient pas ses discussions avec les leaders islamistes qu'il avait sortis de prison pour les mettre en résidence surveillée. Il espérait trouver un accord avec eux pour mettre fin aux atrocités qui endeuillaient quotidiennement le pays. Il a été remplacé par Bouteflika qui n'a à aucun moment exprimé la volonté de rompre avec le système hérité de l'indépendance. Il était comme ses deux prédécesseurs limité intellectuellement, même s'il maîtrisait mieux qu'eux l'arabe classique et le français, mais il n'avait pas leurs qualités. Il n'a pas en effet leur sincérité; il n'a ni le bon sens de Chadli ni le nif (l'orgueil) de Zéroual. Pour réformer un Etat, il faut aimer son pays et et être attaché à son peuple. Bouteflika n'a ni l'une ni l'autre qualité. Chadli et Zéroual n'ont pas été de grands dirigeants, mais au moins ils avaient la fibre patriotique. S'ils avaient eu le machiavélisme de Boumédiène, nécessaire pour s'imposer à la hiérarchie militaire, le pays aurait été dans une moins mauvaise situation.

    L'autre occasion que rate le régime est le hirak qui est un mouvement historique de refondation de l'Etat. Des élites jeunes, compétentes, à la fibre patriotique, se sont révélées depuis le 22 février 2019. Au lieu de les reconnaître et de discuter avec eux la perspective de la transition démocratique, le régime les harcèle et les emprisonne. Leur place n'est pas dans les prisons, elle est à l'Assemblée Nationale et au Sénat. Pire encore, à la faveur de la pandémie du Covid-19, le régime persiste à ignorer le hirak, faisant adopter des lois scélérates par une assemblée nationale dominée par le FLN et le RND dont les dirigeants sont en prison ! C'est ubuesque.

    La pandémie, qui doit mobiliser tout le monde pour la faire reculer, est la dernière des occasions ratées par le régime pour se réconcilier avec la population. Il utilise la pandémie pour arrêter et harceler de jeunes animateurs du hirak, croyant ainsi le décapiter. Il est pourtant illusoire de croire que le hirak s'arrêtera après l'arrestation de quelques centaines de jeunes.

    Le hirak reprendra en été ou en septembre parce qu'il ne réunit pas une centaine ou même un millier de jeunes. Il est l'expression du désir de la société de faire légitimer l'autorité de l'Etat par les élections et non par la cooptation des militaires. Au lieu de dissuader le hirak de reprendre en prenant des mesures comme la libération de tous les détenus d'opinion et la mise à la retraite des généraux âgés de plus de 65 ans et ceux impliqués dans des affaires de corruption, le régime fait du bricolage, rappelle les anciennes figures écartées il y a quelques années et s'enferme dans une logique qui enfoncera le pays dans la crise structurelle qu'il connaît depuis des années. Mabrad ma houk mabrad dit un proverbe populaire. A l'obstination du régime répondra la détermination du hirak.

    Par Lahouari Addi
    Dernière modification par icosium, 01 mai 2020, 22h22.
    "Les vérités qu'on aime le moins à apprendre sont celles que l'on a le plus d'intérêt à savoir" (Proverbe Chinois)

  • #2
    La pandémie, qui doit mobiliser tout le monde pour la faire reculer, est la dernière des occasions ratées par le régime pour se réconcilier avec la population. Il utilise la pandémie pour arrêter et harceler de jeunes animateurs du hirak, croyant ainsi le décapiter. Il est pourtant illusoire de croire que le hirak s'arrêtera après l'arrestation de quelques centaines de jeunes.

    Le hirak reprendra en été ou en septembre parce qu'il ne réunit pas une centaine ou même un millier de jeunes. Il est l'expression du désir de la société de faire légitimer l'autorité de l'Etat par les élections et non par la cooptation des militaires.
    Au lieu de dissuader le hirak de reprendre en prenant des mesures comme la libération de tous les détenus d'opinion et la mise à la retraite des généraux âgés de plus de 65 ans et ceux impliqués dans des affaires de corruption, le régime fait du bricolage, rappelle les anciennes figures écartées il y a quelques années et s'enferme dans une logique qui enfoncera le pays dans la crise structurelle qu'il connaît depuis des années. Mabrad ma houk mabrad dit un proverbe populaire. A l'obstination du régime répondra la détermination du hirak.
    mème Lahouari Addi parle indirectement de théorie du choc économique et opportunisme mafieux dans cette période de crise sanitaire .
    la question c'est
    comment le Hirak va vainque on passent cette crise de pandémie sans tombé dans les piège tendu par cette mafia ?.
    dz(0000/1111)dz

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    • #3
      Le hirak reprendra en été ou en septembre parce qu'il ne réunit pas une centaine ou même un millier de jeunes. Il est l'expression du désir de la société de faire légitimer l'autorité de l'Etat par les élections et non par la cooptation des militaires. Au lieu de dissuader le hirak de reprendre en prenant des mesures comme la libération de tous les détenus d'opinion et la mise à la retraite des généraux âgés de plus de 65 ans et ceux impliqués dans des affaires de corruption, le régime fait du bricolage, rappelle les anciennes figures écartées il y a quelques années et s'enferme dans une logique qui enfoncera le pays dans la crise structurelle qu'il connaît depuis des années. Mabrad ma houk mabrad dit un proverbe populaire. A l'obstination du régime répondra la détermination du hirak.
      Le regime algerien a raté une enieme occasion pour engendrer de vraies réformes, il est toujours borné, têtu, ne veut pas lacher du lest, il vit au gré des conjectures qui sont malhereusement clémantes pour lui en ce moment. Mais ne dit-on pas que toute bonne chose a une fin? a t-il un plan de sortie honorable?
      البعره تدل على البعير

      Quand l’injustice devient la loi, la Résistance est un Devoir !✊🏼DZ

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      • #4
        Le régime ne changera jamais de l'intérieur. Un régime s'appuyant sur les militaires ne le font jamais ou que très rarement.
        Le Hirak pourra toujours mettre de la pression pour qu'il y ait moins de corruption ou moins d'arbitraire mais il ne pourra jamais rien faire de plus sauf s'il se structure comme mouvement politique, adopte un programme politique et s'élit des leaders. Et encore, ca sera très violent et très dur.
        ce qui se conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément

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        • #5
          Je pense que addi lâché en france, cherche un atterrissage en douceur du côté de el mouradia.
          Il endosse le rôle de conseil en réforme politique.

          Après tout la lessiveuse a déjà commencé la récup des gens comme lui

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          • #6
            Lahouari Addi est sociologue et politologue, docteur d’Etat à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS) de Paris en 1987. Il a été professeur de sociologie à l’Université d’Oran (Algérie) puis à Sciences Po Lyon, Université de Lyon, dont il est professeur émérite. Depuis quelques années, il vit aux USA, où il est chercheur associé à Georgetown University.
            Théoricien reconnu de la « régression féconde » appuyée sur le modèle tunisien où les islamistes au pouvoir sont obligés de tenir compte des réalités de la société et de l’Etat, il a commis de nombreux ouvrages et articles sur l’islamisme et la transition vers la démocratie. Son dernier livre est Radical Arab Nationalism and Political Islam (Georgetown University Press, 2017).
            Professeur et/ou chercheur invité dans de nombreuses universités, il a été notamment résident de l’Institut d’Etudes Avancées de Princeton en 2002-2003.
            dz(0000/1111)dz

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            • #7
              Je pense que addi lâché en france, cherche un atterrissage en douceur du côté de el mouradia.
              N'importe quoi !
              Le bon sens est la chose la mieux partagée du monde... La connerie aussi - Proverbe shadokien

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              • #8
                Théoricien reconnu de la « régression féconde » appuyée sur le modèle tunisien où les islamistes au pouvoir sont obligés de tenir compte des réalités de la société et de l’Etat,
                katiaret,

                Il n'a rien théorisé du tout. Ce concept est sorti bien avant. Ce sont des gauchistes qui soutenaient que le voile était un progrès.. Après, certains comme lui et boudjedra l'ont recyclé plus de 15 ans avant la chute de benali

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