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Le Hirak est aussi une révolution des Algériennes

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    Samira Houari-Laplatte — 12 février 2021 à 11h00
    Elles réclament l'égalité et dénoncent le Code de la famille, qui les relègue au statut de mineures.




    Des femmes manifestent lors du Hirak, le vendredi 14 février 2020. | Ryad Kramdi via AFP








    Temps de lecture: 5 min
    Le Hirak, mouvement populaire de protestation en Algérie, a porté sur le devant de la scène des féministes d'un genre nouveau. Leur ambition est d'aller au-delà du travail mené par leurs aînées pour dénoncer, via ce mouvement pacifiste, les iniquités du Code de la famille appelé aussi le Code de l'infamie, que l'histoire algérienne a sédimentées.
    Comme tous les vendredis depuis le 22 février 2019, elles se rassemblent en famille, entre amies, prêtes à braver l'armée et le pouvoir. Ces femmes algériennes, qui se comptent par milliers à travers le pays, défilent dans les rues d'Alger, d'Oran, de Tlemcen… Cheveux au vent ou voilées, se tenant parmi la foule, dans un brassage de générations et de cultures, elles rivalisent d'ingéniosité pour rejeter alors le cinquième mandat du président sortant Abdelaziz Bouteflika, lourdement affaibli à la suite d'un accident vasculaire cérébral (AVC). «Il n'y a que Chanel pour faire le 5», fait partie de leurs slogans.
    Leurs revendications et mots d'ordre se radicalisent lorsque, quelques mois plus tard, Abdelmadjid Tebboune, un ancien fidèle du président sortant Bouteflika, est élu président malgré une abstention record de 60,1%.
    «Système dégage!» scande la foule qui exprime son rejet de la classe gouvernante issue du Front de libération nationale (FLN), mouvement anticolonial créé en 1954, alors que l'Algérie était sous domination française. La population réclame une véritable démocratie et une amélioration des conditions de vie.
    «Comme le mineur et l'incapable»

    Devant l'entrée de la faculté centrale d'Alger, un carré féministe porté par des militantes de la première heure s'organise au sein du Hirak. Certaines ont résisté au colonialisme français et gardent des stigmates de cette époque violente. Elles réclament leur émancipation et l'égalité que la nouvelle Algérie leur a spoliées. En ligne de mire: le Code de la famille et ses textes anticonstitutionnels vivement critiqués par ses détracteurs qui le renomment «le Code de l'infamie».
    «J'ai 20 ans et j'ai le sentiment d'être trahie par ce qu'on appelait à l'époque, les grands frères...», raconte Wassyla Tamzali, féministe et écrivaine qui découvre sur son bureau, alors qu'elle est avocate stagiaire à la Cour d'Alger, en 1964, un projet du Code de la famille «offensant pour les femmes et la révolution algérienne». L'article 1er stipulait: «Les femmes, même majeures, comme le mineur et l'incapable, ont besoin d'un tuteur pour se marier.»
    C'est un camouflet pour ces idéalistes algériennes qui placent leurs espoirs en ce jeune État, devenu un lieu de bouillonnement intellectuel et d'expérimentations pour les militant·es d'Afrique et d'Amérique latine qui rêvent d'un nouveau socialisme. Contre toute attente, cette nouvelle république démocratique, forte d'une constitution qui stipule l'égalité entre les hommes et les femmes, fait de l'islam la religion de l'État. Et «il est demandé à des religieux d'aider à l'élaboration du texte sur la question de la famille et, par conséquent, de la femme», explique l'ancienne avocate.
    slate






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