Des visas, des visas !", criaient les jeunes présents sur le parcours des présidents algérien et français, Abdelaziz Bouteflika et Nicolas Sarkozy, mercredi 5 décembre, à Constantine. La question des visas français nourrit la rancoeur de la population algérienne au moins autant que celle du passé colonial.
Quand on est algérien, jeune, célibataire, étudiant ou sans emploi, pas la peine de rêver : un visa de tourisme pour passer huit ou quinze jours en France relève de l'impossible. L'administration française ne voit dans ce profil qu'un clandestin potentiel. Or 70 % des Algériens ont moins de 30 ans. Leur rêve à tous est d'aller rendre visite à un proche en France, ou simplement de changer d'air. Pas nécessairement pour s'établir dans l'Hexagone - même si beaucoup y pensent.
Les responsables algériens ne se sont pas privés de dire à M. Sarkozy ce qu'ils pensaient : "Selon Bernard Kouchner (ministre des affaires étrangères), le peuple algérien et le peuple français sont frères. Moi, je sais que quand mon frère vient dans ma maison, il ne frappe pas à ma porte. Il vient avec ses enfants et entre sans frapper", a ainsi déclaré sèchement, mardi, Yazid Zerhouni, le ministre de l'intérieur, à quelques journalistes.
Pour Alger, la France souffrirait moins du problème de l'immigration clandestine si elle ne se barricadait pas de façon si hermétique. L'obtention d'un visa est si difficile que beaucoup d'Algériens renoncent même à tenter la démarche. En 2002, le consulat de France à Alger a reçu 800 000 demandes. En 2006, 220 000 seulement. Et seuls 120 000 Algériens ont obtenu un visa cette année-là.
DYSFONCTIONNEMENTS
Cette chute brutale du nombre de demandeurs a une explication : les frais de dossiers imposés par les pays de l'espace Schengen depuis janvier 2003. Que le visa soit accordé ou non ne change rien : le demandeur doit débourser 60 euros. Une fortune dans un pays où le salaire minimum est de 12 000 dinars (environ 120 euros).
Ces dernières années, le consulat de France a déployé de sérieux efforts pour faciliter les conditions de délivrance. Il n'y a plus de files d'attente interminables, comme c'était le cas auparavant. Les réponses sont plus rapides : entre quatre jours et trois semaines. Le nombre de visas de circulation (qui permettent de faire plusieurs allers et retours) est en augmentation.
Reste que les Algériens se plaignent toujours de dysfonctionnement : absence de réponse, délais parfois si longs que certaines pièces s'en retrouvent périmées, centre d'appels téléphoniques du consulat saturé, etc. De quoi conforter les Algériens dans l'idée qu'ils sont victimes d'une politique de quotas inavouée. "Personne, à Paris, ne décide du nombre de visas que nous pouvons accorder, affirme un responsable du consulat. Seules comptent les garanties de retour du demandeur. Mais elles sont rarement suffisantes."
Le Monde
Quand on est algérien, jeune, célibataire, étudiant ou sans emploi, pas la peine de rêver : un visa de tourisme pour passer huit ou quinze jours en France relève de l'impossible. L'administration française ne voit dans ce profil qu'un clandestin potentiel. Or 70 % des Algériens ont moins de 30 ans. Leur rêve à tous est d'aller rendre visite à un proche en France, ou simplement de changer d'air. Pas nécessairement pour s'établir dans l'Hexagone - même si beaucoup y pensent.
Les responsables algériens ne se sont pas privés de dire à M. Sarkozy ce qu'ils pensaient : "Selon Bernard Kouchner (ministre des affaires étrangères), le peuple algérien et le peuple français sont frères. Moi, je sais que quand mon frère vient dans ma maison, il ne frappe pas à ma porte. Il vient avec ses enfants et entre sans frapper", a ainsi déclaré sèchement, mardi, Yazid Zerhouni, le ministre de l'intérieur, à quelques journalistes.
Pour Alger, la France souffrirait moins du problème de l'immigration clandestine si elle ne se barricadait pas de façon si hermétique. L'obtention d'un visa est si difficile que beaucoup d'Algériens renoncent même à tenter la démarche. En 2002, le consulat de France à Alger a reçu 800 000 demandes. En 2006, 220 000 seulement. Et seuls 120 000 Algériens ont obtenu un visa cette année-là.
DYSFONCTIONNEMENTS
Cette chute brutale du nombre de demandeurs a une explication : les frais de dossiers imposés par les pays de l'espace Schengen depuis janvier 2003. Que le visa soit accordé ou non ne change rien : le demandeur doit débourser 60 euros. Une fortune dans un pays où le salaire minimum est de 12 000 dinars (environ 120 euros).
Ces dernières années, le consulat de France a déployé de sérieux efforts pour faciliter les conditions de délivrance. Il n'y a plus de files d'attente interminables, comme c'était le cas auparavant. Les réponses sont plus rapides : entre quatre jours et trois semaines. Le nombre de visas de circulation (qui permettent de faire plusieurs allers et retours) est en augmentation.
Reste que les Algériens se plaignent toujours de dysfonctionnement : absence de réponse, délais parfois si longs que certaines pièces s'en retrouvent périmées, centre d'appels téléphoniques du consulat saturé, etc. De quoi conforter les Algériens dans l'idée qu'ils sont victimes d'une politique de quotas inavouée. "Personne, à Paris, ne décide du nombre de visas que nous pouvons accorder, affirme un responsable du consulat. Seules comptent les garanties de retour du demandeur. Mais elles sont rarement suffisantes."
Le Monde