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Programme social des APC en Algérie

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  • Programme social des APC en Algérie

    Alger sort à peine de sa torpeur nocturne en ce dimanche matin que déjà des citoyens se préparent à aller arracher ce qu’ils considèrent être leurs dus aux élus.

    Il est 8h, et à l’entrée de l’Assemblée populaire communale (APC) de Sidi M’hamed, des femmes, plus d’une dizaine, attendent, se parlent et s’agitent en dirigeant leurs gestes vers les agents de sécurité. En s’approchant d’elles, leurs voix s’éclaircissent, les paroles empressées qu’elles profèrent deviennent intelligibles et leur colère devient tout autant palpable. «Avant le vote, ils nous courraient presque après, et là, ils refusent de nous recevoir !»
    s’exclame l’une d’entre elles, avant de confier qu’elle habite avec cinq autres personnes dans un local.

    Une autre, qui, elle, habite sur la terrasse d’un immeuble, continuera : «Nos problèmes sont leur dernier souci…ils sont trop occupés pour nous écouter.» Les critiques fusent et s’entremêlent. Et c’est une jeune fille quelque peu tempérée qui expliquera : «C’est pour les dossiers de logement, la majorité attend depuis plus de 10 ans et la liste des 460 logements disponibles a été faite, on veut être reçu pour défendre nos dossiers, on ne veut pas que d’autres en bénéficient, encore une fois, à notre place.

    On a pris rendez-vous avec le maire la semaine dernière, ils ont pris nos noms, mais là, ils disent qu’on n’est pas sur la liste des rendez-vous.» Cette situation n’est pas exceptionnelle, ni surprenante. Entre les élus et les citoyens, ce n’est pas une grande histoire d’entente, de dialogue et de confiance, et ce n’est un secret pour personne.

    Concernant la prise en charge de leurs préoccupations, les citoyens se disent souvent insatisfaits, pourtant, les élus établissent chaque année un programme social ou ce qui peut ressembler à un programme devrait-on dire, du fait que dans certaines APC leur exposé reste vague. Pour en savoir un peu plus, nous sommes allés à la découverte des plans d’action des trois APC pouvant être représentatives du contenu des programmes sociaux de nos élus en général : Bachdajarah, Sidi M’hamed et Kouba.

    Les priorités des APC et les budgets consacrés au social

    A l’APC de Bachdajarah, où vivent plus de 110 000 habitants et dont le budget global est de 30 milliards de centimes, le programme social est soutenu seulement par les subventions de la wilaya et du ministère de la Solidarité, c’est ce que nous a expliqué Bouzid Sahraoui, président de ladite APC. La prise en charge des handicapés et des familles nécessiteuses en dépend. Il nous confiera, par ailleurs, que l’équité est, pour lui, une valeur importante. Saïda Bounab, présidente de l’APC de Kouba, où se concentrent près de 140 000 habitants, nous dira d’emblée que ses priorités en la matière sont «l’assistance aux plus démunis, la prise en charge des handicapés et l’hygiène pour rendre plus agréable le quotidien des citoyens [le dernier point ne figure pas dans le programme social, mais il est traité à part]».

    Pour ce faire, le budget du social représente 10% du budget global, qui est de 50 milliards de centimes. Pour elle, le plus important est «de faire bénéficier des aides les personnes qui en ont véritablement besoin».
    A l’APC de Sidi M’hamed qui compte 90 000 habitants, Ratiba Dahmane, directrice du social, précisera que «le budget social représente 10% du budget global, soit 6 milliards de centimes sur 60 milliards», utilisés pour des actions d’aide englobant les primes de secours, la prise en charge des handicapés et les aides aux démunis.

    Le logement, au centre de toutes les convoitises

    Le logement, qui figure en tête de liste des innombrables attentes des citoyens, est le problème le plus épineux, dans presque toutes les communes. Les élus en sont conscients mais sans pour autant pouvoir agir. Leurs prérogatives se limitent au tri des personnes qui doivent bénéficier de la petite quantité de logements disponibles. «Pour les logements sociaux participatifs [LSP], 200 unités sont en cours de construction et 600 autres en attente. Le tout a été lancé en 2001 et devrait être livré en 2009», nous précisera Bouzid Sahraoui. Ainsi, dans la commune de Bachdajarah, 600 heureux élus bénéficieront de ces appartements, alors que 2 400 autres verront leurs attentes soldées par un triste échec.

    Concernant les critères de sélection, il nous dira que «des enquêtes très sérieuses ont été menées» pour établir les listes, mais sans autres précisions.
    «Pour ce qui est du logement, rien n’est encore tracé, tout dépendra du quota auquel on aura droit», précisera-t-elle, avant d’ajouter que «8 800 demandes ont été réceptionnées depuis le précédent mandat à Kouba».
    A l’APC de Sidi M’hamed, Ratiba Dahmane confirmera que la liste des 400 bénéficiaires des LSP est établie, et que la construction de ces logements devrait débuter en mars. Il s’agit-là d’un projet qui a été lancé l’an dernier, et elle nous annoncera d’un air attriste que 6 000 demandes pour le LSP ont été reçues alors que 4 000 autres concernent le logement social. Par ailleurs, elle nous révèlera que la construction de 170 autres LSP prévue depuis des années à Zéralda n’a toujours pas abouti.

    Améliorer la vie des citoyens…


    La prise en charge des personnes handicapées et des familles nécessiteuses figure également dans le programme social établit par les élus. A cet effet, ils prévoient tous approximativement la même chose : des primes conjoncturelles, tels le couffin de Ramadhan ou 5 000 dinars octroyés en cas d’extrême besoin. Les élus rencontrés nous parlent d’efforts consentis pour la création d’emplois en encourageant les jeunes à adhérer au projet de Blanche Algérie ou aux propositions de l’ANGEM. Ils évoquent également le filet social et le pré-emploi.

    La commune de Kouba se distinguera, par contre, par des actions qui tranchent avec la timidité ambiante des standards évoqués précédemment. Saida Bounab nous parlera avec beaucoup d’entrain de projets pour les handicapés, les jeunes et les enfants. «Pour les handicapés, la première action a été lancée la semaine dernière, elle concerne quatre toilettes publiques faciles à entretenir installées et seront gérées par des personnes handicapées, leur permettant de gagner un peu d’argent tout en s’occupant.» Elle annoncera, par ailleurs, la création d’un centre de formation pour cette frange de la société, sachant que la commune de Kouba en compte plus de 700. La présidente expliquera, en outre, que plusieurs projets ont été conçus en faveur des enfants et des jeunes, comme des excursions éducatives pour les petits et des actions culturelles et sportives pour épargner les jeunes «vulnérables» de la délinquance. La construction d’un «centre d’art» est aussi au programme, tout comme la réhabilitation des espaces verts et des aires de jeux mal exploités. «Pour rendre la vie des citoyens agréable, on n’a pas besoin de sommes faramineuses mais plutôt de volonté et d’initiatives», dira–t-elle pour finir. Il reste à espérer qu’aucune entrave n’empêchera la cristallisation de ces projets.

    Intolérables façons de recevoir les citoyens

    Décrocher un rendez-vous pour rencontrer «monsieur le maire» relève, parfois, du parcours du combattant. Et quand on réussit à l’avoir, c’est l’hospitalité et la délicatesse qui font défaut, certaines communes où le premier élu est accessible font exception. C’est connu : durant les journées de réception, les gens se bousculent souvent et les employés leur accordent peu de considération, pour ne pas dire parfois aucune.

    C’était le cas, il y a à peine deux jours, à l’APC de Sidi M’hamed, où plusieurs personnes, venues rencontrer le maire, ont attendu des heures, et se faisaient envoyer d’un bureau à l’autre. Las d’attendre, plusieurs d’entre eux se sont d’ailleurs insurgés en dénonçant le manque de considération flagrant. N’ayant pas de réponse à leur donner, les employés se sont «mus» dans l’indifférence totale. Il a fallu attendre que l’un des citoyens se mettent à crier pour qu’un employé sorte pour le prier de s’en aller. Interrogé à cet effet, le président de l’APC, Mokhtar Bourouina, répondra de façon quelque peu expéditive : «Ce sont des gens qui ne sont pas programmés, on ne peut pas recevoir tout le monde […] vous savez, on a une organisation.»

    C’était un jour de réception. Un jour durant lequel s’est exprimée tout haut la tension qui lie les élus aux citoyens visiblement insatisfaits.

    Par La Tribune
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