Une conclusion bête et vraie: si le complexe de Skikda a fini, lui aussi, par exploser, c’est parce que dans ce pays il y a trop de redresseurs, trop de leurs adversaires, trop d’associations, trop de déclarations, trop de partis, trop de réformes, trop de ministres, trop de candidats, trop de promesses, trop-plein de campagne, trop de dissidents et trop de congrès. Plus bêtement, l’on peut surtout dire que lorsqu’il y a trop de vacarme, personne ne peut distinguer le bruit malveillant d’une fuite de gaz dans la maison. Après les morts, l’on peut toujours enquêter, mais les solutions ne sont jamais rétroactives dans cet univers. C’est aussi parce que lorsqu’on fait trop de politique, l’on ne fait pas grand-chose en parallèle. On laisse faire le vieux bâti de l’industrie stratégique du pays, héritée de l’URSS. Tout le monde aura compris que la chamaillerie autour du projet de loi sur les hydrocarbures est largement plus préoccupante que la rouille d’une conduite de gaz. Mais écrire tout cela est aussi une maladresse de facilité: l’on a tous des avis après un drame. L’on a tous une explication et une remontrance toute prête. Du coup, l’on a tous quelque-chose à dire, puis tous un parti pour le faire, des associations pour suivre, des syndicats pour remonter à la surface de la scène et, en fin de compte, l’on se met tous à refaire de la politique autour du cratère.
L’explosion a arraché des vies, Bouteflika promet d’arracher la peau pour les clients de l’Algérie mais personne ne va espérer arracher, du coup, la bonne mauvaise herbe des alentours. Le procès est skikdaien. Il sera celui, très public, d’un seul tuyau ou d’un joint anonyme. Il a été celui d’un pilier de béton à Boumerdès. Celui des égouts à Bab El-Oued. Celui d’une poubelle manquante lors de la peste de Kehaïlia. Celui des constructions illicites lors du crash du cargo militaire, il y a quelque temps. Il a même été celui de personne de vivant ou de créée par Dieu dans l’affaire Khalifa. Alors il ne faut pas trop espérer. Juste payer encore une fois.
Kamel Daoud - Le Quotidien d'Oran - 22/01/2004
L’explosion a arraché des vies, Bouteflika promet d’arracher la peau pour les clients de l’Algérie mais personne ne va espérer arracher, du coup, la bonne mauvaise herbe des alentours. Le procès est skikdaien. Il sera celui, très public, d’un seul tuyau ou d’un joint anonyme. Il a été celui d’un pilier de béton à Boumerdès. Celui des égouts à Bab El-Oued. Celui d’une poubelle manquante lors de la peste de Kehaïlia. Celui des constructions illicites lors du crash du cargo militaire, il y a quelque temps. Il a même été celui de personne de vivant ou de créée par Dieu dans l’affaire Khalifa. Alors il ne faut pas trop espérer. Juste payer encore une fois.
Kamel Daoud - Le Quotidien d'Oran - 22/01/2004
Commentaire