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Mohamed Boudiaf

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  • #16
    le feu peut n'engendrer que de la cendre!!
    mais parlons du feu!!!
    parlons de boudiaf mohamad
    « Puis-je rendre ma vie
    Semblable à une flûte de roseau
    Simple et droite
    Et toute remplie de musique »

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    • #17
      Tamerlan
      Merci mais tu ne m'apprends pas grand chose.
      Avoir été un héros de guerre ne faisait pas de lui nécessairement un homme d'état de grande envergure.
      En revanche, s'il est vrai et seulement si c'est vrai, qu'il ait refusé le pouvoir en 62 et qu'il ait réellement voulu le laisser à la société civile, cela est tout à son honneur et le fait grandir.
      ce qui se conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément

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      • #18
        Etait il favorable a la cause berbere?

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        • #19
          Salam,

          Je pense que l'histoire de l'Algérie est lié à l'assasinat de Mohamed Boudiaf allah yarhmou car il n'est pas mort pour rien, comme Stanislas l'a dit Bouteflika a bien tiré des leçons de cette assasinat

          Mais c'est regrettable de perdre un homme d'une si grande valeur et qui aime honnêtement son pays il aurait "néttoyé" toute l'Algérie.

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          • #20
            .@bachi
            il refusa le pouvoir a la veille de l'independance
            c'est un extrait du livre bouteflika une imposture algerienne de benchicou

            "...ahmed ben bella,rabah bitat,mohammad khider ,hocine ait ahmed et mohammad boudiaf avaient accumulés en cinq ans de detention un capital moral qui faisaient d'eux les recours privilegies du conflit ,qui parmis eux accepterait d'etre le premier president civil de l'algerie independanente allilé au militaires?
            pour le savoir boumedienne depecha milieu decembre 1961 aupres d'eux le capitaine bouteflika avec comme recommendation speciale de privilegier la candidature de boudiaf a qui selon Rheda malek un des nogociateurs d'evian et ancien premier ministre"il vouait une secrete estime pour avoir travaillé avec lui"
            la mission de bouteflika confirme ferha abbas premier president du
            GPRA"consistait a trouver parmi les cinq prisonnier un eventuel allié aux chefs militaires""bouteflika etait en verité chargé de vendre un coup d'etat aux cinq dirigeants"
            proposer la presidence a boudiaf la mission etait d'autant plus risquée que bouteflika n'ignorait rien des positions politiques de boudiaf,notoirement connu pour etre un esprit hostile aux accomodements en politique,acquis au multipartisme et a l'independance du pouvoir politique et dont en consequence fallait s'attendre a son refus de se laisser choisir comme paravent par les chefs militaires

            HERVE BOURGES ,hommes des medias français qui rendaient souvent visite au cinq detenus en sa qualité de representant du ministre de la justice français
            apporte un temoignage saisisant sur le detenu boudiaf:

            "je l'ai bien connu a turquant,ou il m'apparaissait comme le plus dur des cinq,le plus ancré dans ses convictions,decidé a ne pas en devier,mefiant a l'egard de ses compagnon et de leurs conceptions ideologiques,notamment concernant ben bella dont il se separa tres vite et qu'il soupçonnait deja de vouloir s'arroger un pouvoir personnel
            BOUDIAF sera d'emblée hostile a l'idée d'un parti unique ou il voit les germes d'une dictature meme s'il s'agit de ce prestigieux FLN qui sort vainqueur oreolé de la gfuerre de la liberation et auquel il apprtient des le debut!"

            ainsi le tres avisé bouteflika pris soins d'ecarter l'obstiné democrate boudiaf pour le"comprhensif " ben bella
            " l'entrevue qu'il a eu avec boudiaf s'est deroulée tres mal,rapportes le commandant azzedine,BOUDIAF a non seulement refusé energitiquement d'etre coopté par l'etat major;mais s'offisqua que l'emissaire de boumedienne lui fit pareille proposition fractionnelle au moment ou les algerien allaient etre appeles a aller unis aux negociations avec les français il le renvoya sechement..."
            le commanadant azzedine est rabah zerari,qui etait avec kaid ahmed et ali mendjelli l'un des trois adjoints de boumedienne a l'etat major a oujda

            voila bachi
            « Puis-je rendre ma vie
            Semblable à une flûte de roseau
            Simple et droite
            Et toute remplie de musique »

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            • #21
              Peu importe de savoir le pourquoi de l'assassinat de Si Mohamed Boudiaf. Retenons surtout que ce fut un grand homme, un homme d'une intégrité irréprochable. Et rares sont les hommes politiques maghrébins qui ont pris autant de distance que Boudiaf par rapport aux attraits du pouvoir et à celui de l'argent.
              Que sa mémoire ait été ainsi ignorée celà porte évidemment une signature ! Celle des ingrats, des penses petits et des vautours qui déchirent à plein bec l'idéal de justice et de démocratie que commençait à dessiner Boudiaf en Algérie !

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              • #22
                comme promis voila la suite du recit sur les dernieres heures de boudiaf:

                ....Il est 11h 13 minutes, le soleil presque au zénith tapait fort dehors. Quelques agents de la sécurité présidentielle cherchent à s'abriter du soleil sous le portique devant l'entrée principale de la grande salle de la Maison de la Culture. Certains des patrons de la sécurité présidentielle profitent de ce moment de répit (le discours) pour discuter et fumer paisiblement une cigarette devant l'entrée de la salle. L'équipe du sous-lieutenant Kacer du GIS s'est postée sur le toit du Palais de la culture et des immeubles avoisinants. La deuxième équipe, celle de l'adjudant-chef Badi surveille les points névralgiques, la rue principale et les carrefours à l'extérieur. La voix du Président tonnait et emplissait la salle : «Tout ce que je dis là ne sont que des notes sur lesquelles je voudrais insister.» Comme pour tranquilliser son chef de cabinet dans un message à peine perceptible : «Autre chose : telle année par exemple, on parle de construire 60, 70 ou
                80 000 logements… vient la fin de l’année, aucun bilan n'est dressé. Or, les bilans sont nécessaires, il faut évaluer ce qui a été réalisé et ce qui ne l'a pas été parce que telle ou telle matière manquait. Cette évaluation permet d'apporter des correctifs. Il y a un autre problème crucial, celui des cadres. Des pratiques destructrices sévissent en Algérie. J'ignore si elles ont cours ailleurs, peut-être ! Il s'agit du remerciement de cadres compétents et de travailleurs auquel procède systématiquement tout nouveau ministre.
                Il faut protéger ces forces vives de la nation. Dans ce but, nous allons promulguer une loi qui protège et rassure les cadres afin qu'ils travaillent pour l'intérêt général. De sorte que le ministre ou n'importe quel autre responsable ne pourra plus limoger tel cadre parce qu'il n'est pas de son bled, tel autre parce qu'il ne lui convient pas et tel autre parce qu'il marche pas avec lui…»
                Un grand rire emplit la salle suivi d'applaudissements. Le Président, sans laisser apparaître sa satisfaction, enchaîna : «Ces pratiques sont irresponsables. La question des cadres figure parmi nos priorités que sont le logement, la jeunesse et aussi la formation…»
                Il est 11h 17, un ordre sec résonna dans l'écouteur oreillette du talkie-walkie accroché à la ceinture US de l'homme en treillis bleu nuit. Par deux fois, une voix quelconque empreinte d'autorité somma le porteur du talkie-walkie: «Changez de fréquence. Mettez-vous sur la fréquence B position 3.0». L'homme actionna deux boutons. Ses gestes deviennent brusquement mécaniques. Son corps se raidit...
                La voix enchaîne : «Ici Condor ! Exécution immédiate du plan. Identifiez l’objectif... Vous avez la situation en main…
                Stoppez l’objectif !» La voix était saccadée, ferme et autoritaire. L'homme, d'un geste rabaisse sa cagoule, dégage de son épaule la bretelle de son arme, s'accroupit, pose son arme à même le sol, détache son poignard et entreprend de soulever une des planches du sol de la scène. Aucun des agents présents derrière la scène n'a fait cas de cet homme qui se dilue dans l'atmosphère. Retiré sur un coin de scène, accroupi, il laissait apparaître le dos d'un homme affairé à attacher ses lacets.
                Il posa délicatement la planche détachée du sol large de quinze centimètres, enfonça sa main dans le trou béant et en retira un sachet en plastique noir. Celui-ci contenait un pistolet-mitrailleur de type Beretta identique à celui posé sur le sol à proximité de son pied.
                Le président qui ne cesse d'enthousiasmer la salle à coups d'anecdotes et d'expressions simples mais chargées de sens et de messages, poursuit, incisif : «La stabilité des cadres constitue donc une priorité. Il faut donner un socle à ce pays. J'ai lu une étude sur le système français qui montrait que ce sont ces commis de l'Etat qui détiennent les dossiers. Le gouvernement peut procéder à des changements mais l'intérêt général n'est pas perdu de vue.
                Il faut donc protéger les cadres et les jeunes qui ont un rôle essentiel dans la société.
                Pour toutes ces raisons, il faut revenir au rassemblement patriotique. Il y a peut-être des gens qui n'ont pas compris ses objectifs et sa philosophie. L'idée force du Rassemblement patriotique est qu'il ne saurait y avoir de progrès sans coopération entre le peuple et sa direction. Cette coopération est indispensable, notre souhait est qu'ils retrouvent confiance en eux-mêmes et en leurs capacités de travailler. L'Etat leur donnera un cadre où travailler, l'Etat les aidera et les écoutera; j'ai tenu une réunion avec des étudiants et des jeunes, ils ont d'innombrables problèmes. Ils ont un rôle dans cette société. En vérité, tout le monde a un rôle propre. Notre souhait est d'insuffler à tous la fibre patriotique, que tout le monde sache qu'il a un rôle dans cette société. Cette coopération doit avoir lieu à la base, il faut amener celle-ci. Après la Révolution, depuis 62, il n'y a pas eu fusion entre la base et le sommet. Cette situation a généré des dysfonctionnements. Le citoyen ne croit pas au pouvoir, il n'a pas confiance en son Etat, il dit que tous les responsables sont des voleurs, qu'ils utilisent tous leurs postes pour des privilèges personnels, il faut bannir tout ça dans l'intérêt général. Nous souhaitons que le Rassemblement patriotique soit un cadre de rencontre pour tous les Algériens, un lieu où ils puissent échanger leurs idées quand bien même ils ne sont pas d'accord sur certaines démarches et certaines orientations. Le dénominateur commun sera l'intérêt général, celui de la société.
                Il faut s'entendre sur ce dénominateur commun, sur le slogan du Rassemblement patriotique qui est l'Algérie d'abord et avant tout.
                Il faut savoir, une bonne fois pour toutes, que l'Algérie ne se développera que grâce à nous. Quand je dis nous, j'entends la base et le sommet, tous deux. Autre chose, il y a des circonstances qui ont fait de tel citoyen un responsable. Mais il est responsable pour quoi ? Pour des privilèges? Pour se servir ? »
                La salle est soulevée par des applaudissements. Derrière le rideau, les deux agents de la sécurité présidentielle ne prêtent aucune attention à ce «collègue» militaire retiré dans le coin gauche,de l'arrière-scène. La voix du Président Boudiaf est légèrement atténuée... «Non, moi je crois qu'il existe en Algérie des capacités. On l'a déjà constaté pendant la guerre de Libération. Le peuple avait consenti des sacrifices énormes pour se libérer des jougs multiples de la colonisation que sont la pauvreté, l'ignorance, etc. Ce peuple n'avait pas alors la liberté pour porter et programmer soi-même son avenir. Aujourd'hui, Dieu merci, nous sommes souverains. Si la guerre de Libération a exigé des sacrifices si énormes, la construction nécessite des sacrifices encore plus énormes parce que, avec la formation de l'Etat, elle constitue le plus grand djihad.
                Cet Etat qu'il faut construire ne doit pas se confondre avec ses structures ou avec les personnalités qui le composent… Il n'y aura d'Etat que lorsque le peuple prendra conscience et que cet Etat émanera de lui. »
                A ce moment-là du discours présidentiel, la salle est plongée dans un silence total, le commandant Hami de la sécurité présidentielle, le lieutenant Triki du GIS et le capitaine Salem du protocole sont devant l'entrée de la salle.
                Ils discutent amicalement de choses banales se rapportant à la ville d’Annaba, à son développement...
                « Puis-je rendre ma vie
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                • #23
                  suite

                  Ils tentent de décompresser et d'évacuer le stress des préparatifs de la visite. La durée que prendra le discours constitue pour eux un petit moment de récupération. Le Président qui appréciait en son for intérieur l'attention que lui réserve cet auditoire, enchaîne : «... Revenons à l'idée de démocratie. Le citoyen a le droit de choisir ses responsables. Il est impératif de s'entraider avec notre peuple.
                  La conjoncture actuelle est provisoire et découle du danger auquel était exposée l'Algérie. Ce danger est le fait de groupes ou d'idées, religieux ou régionalistes, qui voulaient imposer leur volonté au peuple. Ecartons tout ça. Dans ce peuple, il y a des gens qui ont telle ou telle idée. Notre souhait est de coopérer avec eux, même si nos idées sont différentes dans certains domaines, et faire en sorte que l'intérêt national soit au-dessus de tous les intérêts. Que l'Algérie et l'avenir de l'Algérie restent toujours présents en notre esprit. Notre souhait est que chaque Algérien qui se sente algérien se calme et interroge sa conscience : que fait-il pour l'Algérie ? »
                  Il est 11h 21 minutes, l'homme en treillis bleu, cagoulé, accroupi dans un coin de l'arrière-scène se saisit du Beretta qu'il vient de dégager du sachet noir. Il remet le sachet en plastique dans le trou et replace la latte à sa place aussi délicatement que lorsqu'il l'avait retirée. Il attache son poignard des sangles de sa ceinture, retire de son premier Beretta le magasin de munitions. Il tint son nouveau Beretta serré contre le ventre et place le magasin de munitions en accompagnant le petit crochet à l'aide de son pouce afin d'atténuer le bruit de retour du ressort. Il retire ensuite un deuxième chargeur similaire de la poche intérieure de son blouson et répété la même opération avec les mêmes gestes et la même délicatesse.
                  Le président Boudiaf a pris un ton plus grave de l'autre côté du rideau ... Quoi qu'il en soit, tout le monde a une famille, un travail, mais il y a une cause supérieure, ce territoire est le nôtre, ce peuple est le nôtre, cette terre est la nôtre. Peut-être se trouvera-t-il des gens qui diront que c'est la main de l'étranger. Prenons conscience que notre bien et notre mal sont en nous. Cette conjoncture est provisoire. Le pays a été entraîné au bord d'une catastrophe, on voit l'œuvre de ces bandes d'extrémistes, quel est l'intérêt de celui qui brûle un bus, un local ou dépose une bombe ? Est-ce pour arriver au pouvoir ? En toute franchise, mon souhait est de mettre en garde ces gens-là. Le pouvoir est aujourd'hui résolu et déterminé à débarrasser le peuple algérien de ces éléments néfastes. Dans cette conjoncture, l'un des objectifs du Haut Comité d'Etat est de restaurer l'autorité de l'Etat. J'ai dit que l'Etat ne se construit pas seulement d'en haut, la prise de conscience des citoyens est nécessaire, si cet Etat est non valable, le peuple a la ressource de le changer par les umes. L'Etat qui ne se respecte pas ne sera pas respecté, c'est pour cela qu'il faut que les personnes qui sont dans les rouages de l'Etat à tous les niveaux honorent, par leurs démarches, leurs comportements, leurs relations avec les citoyens.
                  Cet Etat est basé sur des valeurs. Le peuple algérien est connu pour son esprit de résistance, sa dignité, sa noblesse. Beaucoup disent que les Algériens sont fiers. Où est notre
                  fierté ? Ce sont les valeurs qui constituent les nations, le prince des poètes Chawki a écrit: «Les vertus et les valeurs constituent les nations. Lorsque s'en vont ces vertus, les nations disparaissent.»
                  Rires dans la salle, suivis d'applaudissements. Derrière la scène, l'un des deux agents du service de la sécurité présidentielle dort, Boumaârafi le réveille. Le rideau qui les sépare de la scène est transpercé de haut en bas par une fente. Boumaârafi, en supervisant des yeux les lieux, papote avec l'officier qu'il vient de réveiller, Le Président continue sur sa lancée : «Les peuples dépourvus de valeurs ne sont pas des peuples. Certaines gens disent, et j'aimerais insister sur ça, que la hogra sévit, cela est vrai, mais il y a certainement des gens qui méritent la hogra. »
                  On éclata de rire dans la salle. Boudiaf, un léger sourire aux lèvres continue : «Donnons un exemple, dans la rue, un passant vole une femme devant dix témoins qui ne réagissent pas, ces gens-là qui ont été témoins de brimades et qui ne les ont pas combattues méritent les brimades...»
                  Les rires de l'assistance s'élèvent à nouveau. Derrière le rideau, l'homme en treillis sombre cagoulé tel un automate enfile à présent la sangle de la mitraillette, puis avant de se relever, ramasse la boule ovale verdâtre qu'il avait retirée auparavant de la poche de son blouson et posée par terre lorsqu'il était affairé à charger le Beretta. Le Président avançait dans son discours : «... Si vous voulez éviter les dérives, il nous faut être honorables, ou bien faut-il que l'Etat intervienne aussi dans la rue ? Cela est du ressort du citoyen, pas de l'Etat. Le citoyen a une famille, il est dans un environnement, il travaille, c'est par son comportement, ses valeurs, ses positions; qu'il honore l'Etat qui l'a honoré d'une responsabilité. Si par exemple un responsable arrive au bureau à 11 heures au lieu de 8 heures, comment voulez-vous que le simple travailleur n'arrive pas à 12 ou 13 heures ? Et ce simple travailleur aurait tout à fait raison de lui rétorquer le cas échéant : et toi, pourquoi tu n'arrives pas à l'heure ? »
                  La salle s'enflamme dans un tonnerre d'applaudissements. A l'arrière de la scène, les deux officiers des services de sécurité présidentielle Laâlaoui et Brahim qui se sont éloignés du rideau dérivent dans leurs pensées sur ces mots directs, simples mais vrais, prononcés par le Président...
                  Le Président enchaîne : « ... L'exemple doit provenir du sommet. Mais ces gens qui dirigent ce peuple ont des responsabilités mais n'ont pas les vertus et les valeurs qui les rendraient respectables... L'objectif premier du Haut Comité d'Etat est de rendre l'Etat respectable du sommet jusqu'à la base. Il y a des responsables qui restent cramponnés à leur poste une éternité. Les responsabilités sont limitées dans le temps. Il faut que le responsable soit à la hauteur, sinon qu'il cède la place à des gens plus valables. Qu'ils se mettent à l'esprit qu'il existe des gens capables de les remplacer… »
                  Applaudissements dans la salle. Le Président ne s'arrêta pas cette fois-ci, il en i chaîne en haussant un peu le ton... La vie de l'être humain est courte, demain nous irons tous vers la mort, la compétence et l'intégrité sont nécessaires pour assumer des responsabilités. La personne doit occuper son poste pour travailler, fournir des efforts. Le deuxième objectif du Haut Comité d'Etat est de rendre la tranquillité aux citoyens, le pouvoir actuel doit en finir avec les actes de violence ; le ministre de la Défense a fait une déclaration dernièrement où il a affirmé que nous sommes vigilants et que nous ferons tout pour extirper de l'Algérie ces éléments qui sèment l'anarchie et la destruction. Nous ne reviendrons pas en arrière.
                  (A suivre)
                  Salah Chekirou
                  1- Rapporté par Pierre Dévolny et Mireille Duteil dans La poudrière algérienne.
                  « Puis-je rendre ma vie
                  Semblable à une flûte de roseau
                  Simple et droite
                  Et toute remplie de musique »

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                  • #24
                    suite

                    Le troisième objectif du Haut Comité d'Etat est relatif au processus démocratique. Il faut revenir à la démocratie mais à une véritable démocratie, pas une démocratie source d'anarchie, d'allégations et de rumeurs, la démocratie est la tyrannie des compétences.
                    Les gens qui ont des compétences doivent être aux avant-postes. Dans l'avenir, si Dieu le veut, nous ferons en sorte d'accorder à la science une place primordiale. Le problème de l'Algérie n'est pas religieux.
                    L'Islam est la religion de tous... pas celle de quelques individus...»
                    La salle applaudit à nouveau. L'homme en treillis sombre regarda le bas du rideau : il y a un espace de quelques dix centimètres du sol. Boudiaf, comme s'il ne faisait pas cas des applaudissements continue, très détendu : «…Zeghloul Pacha a dit : La religion est à Dieu et la patrie est à tout le monde». Comment pouvons-nous connaître le fond intérieur des gens ? Laissons Dieu être juge. L'islam est ancré en Algérie.
                    Il ne faut pas se pencher sur ça, car nous sommes tous musulmans… »
                    Le Président accentua ses déclarations en fouettant l'air devant lui avec de grands gestes d'énervement et de revers de mains. Derrière le rideau, l'homme cagoulé, en treillis bleu nuit est tendu ; mince, l'arme battant son flanc droit, la main gauche serre la grenade. Il sent son rythme cardiaque s'accélérer. Il donne l'impression de quelqu'un qui est en pleine transe, ses gestes sont rythmés tel un automate.
                    Il attendait raide. De l'autre côté du rideau sur l'estrade, le Président poursuivait son discours : « ... Il y avait un homme qui faisait sa prière... Ali, que Dieu l'honore, rencontra un bédouin qui venait d'accomplir sa prière, Ali lui dit : «Ta prière n'est pas valable». «Pourquoi cela ?» rétorqua l'homme. «Pour telle et telle raison», répondit Ali, «Refais ta prière». Le bédouin s'exécuta puis s'inquiéta de la validité de sa prière. Ali lui dit alors : «C'est la première prière qui était valable. Elle était adressée à Dieu, la dernière était adressée à moi»...
                    Il était 11h 31, le Président parlait depuis 22 minutes, l'homme au treillis sombre n'avait rien écouté du discours du Président. Il était debout à quatre mètres du rideau, sa main serrait fermement la grenade. Il glissa l'index de la main droite dans l'anneau de la goupille...
                    Le Président continuait : «... Ce sont les intentions qui valident les actions. Celui que Dieu n'a pas placé dans le droit chemin ne le sera pas par l'homme. Je n'ai pas à demander des comptes à un homme, fait-il ou non la prière. Si Dieu le place dans le droit chemin, tant mieux. La prière éloigne des turpitudes. La religion est dans le cœur. La religion est dans les actions, les comportements, la conduite et la dignité. Tels sont les sujets sur lesquels on devrait se pencher en matière de spiritualité.»
                    Derrière le rideau, l'homme en treillis sombre, de son index, imprima un mouvement de torsion qui écarta les deux branches de la goupille, comme on ouvrait une épingle de nourrice. Son rythme cardiaque se stabilisa un court instant. Il fixa la fente séparant les deux panneaux du lourd tissu, large de trois centimètres. Le Président qui semblait saisir les signaux à peine perceptibles de son chef de cabinet assis en contrebas à côté de l'une des caméras, entama franchement la dernière ligne droite de son discours totalement improvisé : «...Le dernier objectif est qu'il faut revenir à la démocratie, mais à une démocratie qui doit être transparente, une démocratie où les Algériens voteront pour des citoyens qui ont un projet et un programme et qui seront engagés par ce programme... »
                    Il était 11h 33, l'homme au treillis bleu- nuit ferma les yeux un court instant, puis les rouvrit. De sa démarche de félin, il atteignit le rideau au bout de quelque pas... Le Président Boudiaf poursuivait son discours : «...Les citoyens ont le droit de connaître ces programmes. Aujourd'hui, l'économie est devenue vaste, le monde aussi... »
                    Il était 11h 34. L'homme en treillis bleu-nuit se tenait maintenant à un demi-mètre de la fente du rideau. Il tira vigoureusement sur l'anneau de la goupille dans lequel il avait emprisonné l'index de sa main droite...
                    Le Président poursuivait : «L'islam est compatible avec les changements. Les véritables musulmans doivent être convaincus du progrès. Le soldat, en tirant sur l'anneau, dégagea la goupille et libéra le levier d'armement, appelé communément cuillère, en s'écartant du corps de la grenade enclenchait le dispositif de mise à feu.
                    L'homme en treillis bleu-nuit garda sa main serrée sur la cuillère pour
                    « Puis-je rendre ma vie
                    Semblable à une flûte de roseau
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                    • #25
                      l'empêcher de s'écarter du corps de la grenade...
                      Le Président Boudiaf, le ton plus sévère, poursuivait: «La société qui mérite le meilleur n'accepte pas n'importe quoi. Avec quoi nous ont surpassé les autres
                      nations ?…»
                      L'homme cagoulé, la main gauche toujours serrée sur l'objet verdâtre, inspira profondément. Il était à quelques centimètres de la fente du rideau. Il tendit la main gauche... Le Président répondit à sa propre question : «...Elles nous ont surpassé par la science et la religion musulmane...» Au moment où le Président prononçait le vocable « religion musulmane », le soldat cagoulé lança la grenade à ras de terre comme en pétanque. La cuillère se souleva percuta l'amorce de mise à feu du retardateur. La grenade poursuivit sa course, percuta à son tour le pied de la table. Le bruit que dégagea le dispositif d'amorce de mise à feu ressemblait au bruit provoqué par l'ouverture d'une canette. Le Président intrigué s'arrêta net, détourna son visage vers la droite comme pour regarder quelque chose. La main droite ouverte près de la joue, il demanda à voix basse «Wach kaïn ? » en détournant son visage des micros. Personne dans la salle n'avait entendu sa question.
                      Le bruit sourd de la dégringolade de la grenade sous ses pieds l'amena à regarder devant lui. Il croisa les mains. L'homme en treillis sombre cagoulé écarta le rideau de son arme et surgit. Il fit face à la salle.
                      Il amena son pistolet-mitrailleur de sa main droite à la hanche, le soutenant de la main gauche. Il jeta un furtif regard à droite puis à gauche, fixa quelqu'un au dixième rang, puis visa la nuque du Président. Il tira deux rafales en direction du Président, puis une autre salve en direction d'un homme en tenue de ville, et après avoir tiré sur le buste du président, il vide le reste du chargeur de son PM en direction de l'assistance. Le Président Boudiaf s'affaissa sur la table, raide. La grenade explosa. Le corps du Président fut secoué une fois de plus par la déflagration. Les micros ouverts amplifièrent le vacarme.
                      Un autre homme en civil ouvrit le feu en direction de la première rangée et de la tribune. La fusillade se poursuivit durant de très longues secondes. Les balles de 9 millimètres traçaient une ligne en pointillé sur la région cervicale et sous la base du crâne.
                      La première balle pénétra dans le cou, sous l'oreille droite, la deuxième et la troisième sectionnèrent la deuxième vertèbre cervicale et se logèrent dans l'os molaire. Les quatrième, cinquième et sixième projectile, tous trois des balles à fragmentation Glaser percèrent l'occipital et délivrèrent leur énergie dans la masse cervicale, firent éclater l'os temporal et les sphéroïdes gauches.
                      La septième balle traversa l'occipital et défonça l'os frontal. La grenade déchiqueta la chaussure et le pied droit et cribla d'éclats les mollets du Président; un fragment triangulaire du bouchon allumeur partit vers le haut, lacéra la jambe du pantalon à hauteur de la cuisse, ne toucha pas la table et pénétra dans le poumon à dix centimètres à gauche du cœur... » (1) . Les balles des autres rafales atteignirent encore Boudiaf sur le côté droit.
                      D'autres pulvérisèrent les deux micros et se dispersèrent dans les fauteuils des quatrième et cinquième rangées. Une autre rafale rasa le dessus de la table et arrosa les rangées des fauteuils du balcon. Le lieutenant Triki qui était devant la porte d'entrée en contact visuel avec le Président, accourut dès les premiers coups de feu ; il fut atteint par un fragment de la grenade, tituba et tomba à la renverse. Sa tête cogna la rampe du petit escalier.
                      Il s'évanouit. Lorsqu'il revint à lui, la fusillade continuait. Profitant de la panique et de la stupeur générale, l'homme en treillis bleu-nuit fit un pas en arrière, jeta le pistolet-mitrailleur par terre, dégrafa son ceinturon, franchit à reculons l'ouverture du rideau.
                      Il se débarrassa de son gilet pare-balles, son ceinturon, son talkie-walkie, son poignard et courut vers la sortie. Il bouscula deux des éléments du GIS qui accoururent en sens inverse. Les éléments de la sécurité présidentielle présents dans la salle et les policiers tirèrent dans le rideau et le plafond vers les cintres. Les projecteurs éclatèrent en mille morceaux.
                      Quelques policiers sautèrent sur l'estrade, parmi eux, l'inspecteur Nacer H. de la sûreté de la wilaya de Annaba. L'inspecteur repéra la porte de sortie de la salle derrière la scène, brandit son arme et se lança à la poursuite du commando en fuite. Il tira à trois reprises tout en courant en direction du fugitif Ali D. du GIS, le voyant courir et tirer sur l'homme en fuite portant le même habit que le sien le faucha d'une rafale dans les jambes. Il fut atteint au tibia et au haut de la cuisse. Il s'effondra. Derrière lui, la fusillade persistait.
                      Le lieutenant Triki, chef de mission du GIS, revint à lui, il se rendit compte qu'il était à l'infirmerie, blessé. Il se sauva de l'infirmerie, toujours choqué, pour rejoindre la salle. Ses hommes étaient paniqués, en face d'eux des armes crachaient le feu dans leur direction. Il intervint in extremis pour demander à ses hommes de se regrouper et de ne pas riposter aux tirs provenant de la salle. Il évita ainsi un carnage certain au vu de l'armement de ses hommes. Sur l'estrade, un élément de la sécurité présidentielle ramassa le pistolet-mitrailleur Beretta abandonné. Il le brandit, cherchant son propriétaire.
                      La salle était un vrai champ de bataille. La fusillade continuait et obligeait tout le monde à, se protéger la tête, le nez à terre. Les onze secondes écoulées entre le jet de la grenade et la dernière détonation semblaient interminables. A côté d'un fauteuil criblé de balles, Oussedik H. rampa sur le dos, ses mains ensanglantées crispées sur l'estomac. Brahim Z. ne pouvait se relever.
                      Il découvrit qu'il avait les os des jambes fracassés, les jambes de son pantalon lacérées étaient ensanglantées. Au premier rang en contrebas, le ministre de l'Industrie, Abdenour K. grimaçait de douleur.
                      Les agents de la sécurité, pistolet au poing, couraient, enjambant les corps qui gisaient par terre et criaient. On distinguait difficilement les vocables criés. La salle était plongée dans une fumée bleue et une odeur de soufre. Une atmosphère de chambre à gaz y régnait. Mustapha, rédacteur en chef du quotidien que dirige Ali à Alger était complètement sonné. Les bourdonnements dans ses oreilles composaient une barrière sonore cotonneuse.
                      Un filet de sang coulait de son front. Accroupi sous une table, il fut réveillé par l'éclair provoqué par l'éclatement d'un des projecteurs et le court-circuit que déclencha une balle dans le corps du projecteur. Il se tint le front des deux mains. En retirant sa main, il sentit le liquide gluant entre ses doigts. Nadia K., journaliste reporter dans un autre quotidien l'aperçut, voulut le secourir, l'amener à l'infirmerie. Une autre fusillade éclata, obligeant tout le monde à se protéger face contre le sol. Les détonations résonnèrent dans un terrible vacarme dans la salle. Cette fois, les coups de feu provenaient de l'extérieur...
                      …Lorsque le sous-lieutenant Boumaârafi se retrouva dans la cour arrière du Palais de la Culture, il inspira profondément.
                      Le car de retransmission de la télévision stationné non loin de la porte l'obligea à prendre à gauche. Il se dirigea d'un pas décidé vers la Jetta noire en position de départ au niveau de la cour. Lorsqu'il se trouva à quinze mètres de la voiture, il s'arrêta net. Son cœur s'emballa, son corps fut envahi d'une sueur froide, ses cheveux s'électrisèrent. «Qu'est-ce qu'ils ont ? Qu'est-ce qu'ils font ? Qui c'est le troisième homme ? D'où il sort ? Je ne le connais pas!» se demande-t-il.
                      (A suivre)
                      « Puis-je rendre ma vie
                      Semblable à une flûte de roseau
                      Simple et droite
                      Et toute remplie de musique »

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                      • #26
                        allh yarhame boudiafe et tous mes respets pour lui brave homme

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                        • #27
                          que dieu ait ce grand homme en sa sainte mesericorde
                          ce grand monsieur a paye sa vie parce k il a voulu chasser les mercenaires du polisario de l algerie et virer la mafia des generaux
                          on ne t oubliera jamais monsieur boudiaf
                          ke ton ame repose en paix

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                          • #28
                            Un garnd merci Tamerlan pour le document !

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                            • #29
                              @davinci et casablancais

                              Boudiaf est un grand homme pour vous !! c'est normal puisque vous sentez en lui l'algerien qui a opter pour une vie paisible au maroc . Je crois que vous vous faites des illusions quant a son opinion sur l'affaire du sahara . remarquez une chose , Feu Boudiaf est tellement algerien qu'il n'a pas oser retourner son dos a son pays quand le devoir l'appellais . Il est vrai qu'il est un tres grand homme, mais détrompez vous , il est grand pour l'algerie pas pour vous faire plaisir mes chers freres .

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                              • #30
                                suite

                                Les dernières heures du président Mohamed Boudiaf (VII)


                                En une fraction de seconde, tout s'emballa dans sa tête. Il eut tout à coup peur pour sa vie. L'instinct de conservation le poussa irrémissiblement à fuir. Deux des hommes de la Jetta noire l'attendaient de pied ferme, dégainèrent leurs armes de poing, les braquèrent sur lui.
                                Boumaârafi se retourna instinctivement vers le mur d'enceinte où il aperçut un petit monticule de sable et un petit arbuste tout près du mur.
                                Il se lança comme une flèche vers le mur. Les balles sifflèrent au-dessus de sa tête et sur ses flancs, ricochèrent sur le mur. Boumaârafi courut en zigzaguant, mettant à profit le petit monticule de sable et l'arbuste pour escalader le mur avec une aisance inouïe. Il se retrouva dans la rue où il courut à l'aveuglette. Dans sa tête, les images se bousculaient. Le flou se précisait de plus en plus. Les ombres avaient prévu pour lui une élimination pure et simple. En «nettoyeur, il devait être nettoyé» à son tour par ceux-là mêmes qui devaient le convoyer ailleurs. Le plan Condor prévoyait des écrans de protection à tous les niveaux de la hiérarchie des ombres. Sans but précis, Boumaârafi courut droit devant lui. Dans l'enceinte du Palais de la culture, les tirs déclenchaient d'autres tirs, sans aucune raison. Des tirs de réflexe. Les éléments du GIS postés sur le toit tiraient en direction du véhicule et de ses occupants. Les trois civils remontèrent dans le véhicule, pistolet au poing. Le véhicule démarra en trombe et disparut dans les venelles de la ville. Quelques rues plus loin, Boumaârafi s'apercevant qu'il n'était plus poursuivi, ralentit son allure, s'engouffra dans un immeuble et frappa en vain à la porte de plusieurs appartements du premier étage. Une femme qui était en train de faire le parterre du couloir de son appartement ouvrit par hasard la porte, certainement pour terminer le nettoyage de son couloir. Boumaârafi fit irruption, bousculant le seau de métal au passage. Face à l'attitude terrifiée de la femme, il l’informa qu'il faisait partie de l'escorte du Président qu'on venait d'assassiner et qu’il avait besoin d'un téléphone pour appeler la police. Le téléphone était en dérangement à ce moment-là.
                                Boumaârafi dut puiser dans ses capacités de persuasion pour convaincre le neveu de la dame, présent sur les lieux, d'aller informer le poste de police le plus proche.
                                Ce dernier, âgé de 17 ans environ, se décida enfin à aller alerter la police.
                                Il revint au bout de quelques minutes accompagné d'un officier de police en civil et de deux agents d'intervention de la DGSN.
                                Dans la salle, la panique régnait ; au milieu de la confusion générale, les blessés choqués se cramponnaient aux sièges, se terraient dans les coins, regardaient ahuris, incrédules, leurs plaies ensanglantées; on se traînait vers les portes et les issues de secours, on se piétinait, provoquant des gémissements déchirants. Rachid G., président de l'Association des cadres, se précipita vers Abdenour K. le ministre blessé pour le soutenir et lui éviter de s'effondrer. Trop tard, le ministre tout le flanc gauche ensanglanté, ne pouvait tenir debout.
                                Les secouristes accoururent pour l'évacuer. Brahim Z. fut embarqué sur la première ambulance qui arriva sur les lieux, gémissant de douleur. Rachid G. qui ne s'était toujours pas rendu compte de sa propre blessure, s'empara de la deuxième civière du véhicule de la Protection civile et retourna dans la salle dans l'intention de secourir le wali adossé au mur, assis sur une grande flaque de sang. Amine Benabderrahmane, beau-frère et secrétaire particulier du Président, tourna sur lui-même devant le fauteuil en gémissant. Il demanda à ceux qui s'agitaient sur l'estrade et en contrebas, de venir l'aider. Personne ne semblait savoir quoi faire. Dans ce genre de situation, rares sont ceux qui ont l'âme de leader, qui se maîtrisent et prennent l'initiative.
                                Amine Benabderrahmane retira sa veste et couvrit le corps ensanglanté du président. Il s'assit à côté, les larmes aux yeux, et se prit la tête dans les mains. Ses pieds touchaient l'autre cadavre étalé en contrebas de l'estrade. On ne parlera plus de ce deuxième cadavre, du moins officiellement. Rachid K., le compagnon, l'ami et le chef de cabinet du Président remonta sur l'estrade, le visage livide, regarda l'agent de la sécurité présidentielle qui lui tendait le pistolet-mitrailleur Heckel et Koch 9 mm de fabrication allemande qu'il venait de ramasser. Rachid G., Rachid K., Amine et un agent de la sécurité s'appliquèrent à redresser le Président et le faire glisser délicatement du fauteuil.
                                Tous réprimèrent un haut-le-cœur en voyant son crâne fracassé. Ils le placèrent sur la civière que Rachid G. avait ramenée. Le cœur du Président battait encore, il respirait toujours, la blessure à la poitrine laissait échapper des bulles rougies. Bendjoudi, le conseiller à la communication, arracha un drapeau et en couvrit le Président Boudiaf qu'on transporta à l'ambulance.
                                Celle-ci était démunie de tout équipement
                                « Puis-je rendre ma vie
                                Semblable à une flûte de roseau
                                Simple et droite
                                Et toute remplie de musique »

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