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Enquête. La très mauvaise et anachronique organisation de la distribution des produits alimentaires en Algérie

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    Enquête. La très mauvaise et anachronique organisation de la distribution des produits alimentaires en Algérie



    ALGERIEPART PLUS
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    12 AVRIL 2021
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    L’inflation, l’augmentation des prix des produits de première nécessité ou les pénuries de certains produits alimentaires s’expliquent également en Algérie par un autre problème beaucoup moins méconnu par les Algériens : il s’agit des faiblesses de l’organisation des canaux de distribution des produits alimentaires. Le circuit commercial en Algérie est encore largement traditionnel et peu développé. Certaines régions manquent cruellement de commerces ou de distributeurs de produits alimentaires. Les infrastructures existantes sont majoritairement de petite envergure et ne permettent ni de garantir le stockage des produits alimentaires en quantités suffisantes ni de couvrir comme il se doit les besoins d’une population en forte croissance à travers toutes les régions du pays. Explications.



    Il faut savoir que la distribution des produits alimentaires en Algérie est un secteur dominé par le petit commerce de proximité. Et pour cause, il y a exactement 825 116 détaillants en Algérie et 89 375 grossistes qui fournissent la filière agroalimentaire en se ravitaillent eux-mêmes chez 47 230 importateurs ou chez des entreprises industrielles ou agricoles locales.

    D’autre part, l’Algérie compte officiellement plus de 150 000 épiceries, dont 99 % appartenant à des personnes physiques. La plupart des distributeurs sont des entreprises privées, quant aux entreprises étatiques, ces dernières vendent essentiellement des denrées alimentaires en gros, des produits pharmaceutiques et des matériaux industriels importés.

    Il existe également en Algérie pas moins de 5245 marchés sur tout le territoire national. Officiellement, les marchés algériens se répartissent comme suit :

    Marchés de Gros : 46. Marchés de détails : 1451. Marchés de proximité : 691. Marchés couverts : 724. Marchés hebdomadaires 650. Marchés à bestiaux existants : 256. Marchés spécifiques existants : 57. Abattoirs existants : 354. Tueries existantes : 974. Halles à marrées poissonneries existantes : 42

    Il s’avère que le nombre de ces marchés est totalement dérisoire pour un pays de 45 millions d’habitants. Et pour cause, les autorités algériennes sont conscientes que le besoin à court terme est estimé à 500 nouveaux marchés supplémentaires (entre marchés de gros, détail, de proximité) car la majorité des 1541 communes réparties sur le territoire national ne disposent pas de marché de proximité.

    L’Algérie manque également cruellement de surfaces commerciales conformes aux normes modernes. Le nombre de ces surfaces est en hausse de 70% comparativement à
    2014. Cependant il reste insuffisant au vu de la population Algérienne qui dépasse les 45 millions d’habitants. En effet, il existe à peine 347 supermarchés, 52 hypermarchés et 2600 supérettes. C’est peu, très peu pour un pays de la taille de l’Algérie.

    Et le marché demeure encore vierge et prometteur. Preuve en est, des études de marchés ont démontré que le chiffre d’affaires du secteur de la grande distribution a augmenté
    considérablement ces dernières années en Algérie, ayant été multiplié par 5 entre 2012 et 2019. Il est à noter à ce propos qu’en Algérie, les grandes surfaces commerciales sont régies par le décret exécutif n°12 111 du 06 mars 2012. Il faut souligner que parmi les conditions de création de grandes surfaces définies dans le texte suscité : un espace
    entre 300 et 2500 m2, un parking et l’obligation de réserver au moins 30% de leur surface de vente à la commercialisation des produits nationaux.

    Force est également de constater que la distribution géographique des opérateurs de distribution en Algérie est déséquilibrée, la majorité se concentrent autour des grandes villes à plus forte population dans le nord du pays. Pour preuve, sur les 347 supermarchés par exemple (un supermarché dans un rayon de 10 000 km²), plus de 30% sont répartis sur trois grandes villes : Alger, Oran, Béjaia. Sur les 52 hypermarchés, près de 35% sont immatriculés dans la seule wilaya d’Alger et plus de 20% dans la wilaya d’Oran

    Pour ce qui est du commerce de détail : C’est la capitale Alger qui est le mieux achalandée avec 93 100 unités pour environ 4 millions d’habitants. Elle est suivie par les wilayas de Sétif (40 900 pour 1 489 979 habitants), Oran (37 500 pour 1 454 078) puis Tizi Ouzou (30 200 pour 1 127 607). La wilaya de Ghardaïa, connue pourtant pour le dynamisme de ses commerçants et peuplée de 363 598 personnes n’en possède pour sa part que 8 000.

    Répartition géographique inéquitable, commerces encore anachroniques et dépassés par les mutations modernes, des équipements désuets et inadaptés à une population de plus en plus nombreuse, la distribution des produits alimentaires en Algérie est bel et bien perturbée constamment par la vétusté de ses canaux. Que faut-il faire ?

    A ce propos, de nombreux experts ont préconisé la création rapide de nouveaux centres commerciaux et l’ouverture du marché Algérien aux grandes marques internationales. Par ailleurs, l’Algérie a besoin du développement d’une stratégie d’implantation de grandes centrales d’achats et de plateformes logistiques afin d’améliorer l’approvisionnement des marchés en fruits et légumes frais et produits transformés. L’Algérie doit aussi passer au développement des technologies d’information, de communication et de traçabilité des produits.

    L’Algérie doit rattraper son retard au niveau du développement du marketing pour positionner les produits dans l’univers concurrentiel dans lequel ils sont mis sur le marché ainsi que la généralisation des services de ventes en ligne et de livraison à domicile.

    Les consommateurs algériens bénéficieront d’un meilleur accès marché des produits alimentaires grâce à une meilleure maitrise du transport et de la logistique (l’Algérie occupe actuellement la 140ème place mondiale sur 150 pays) sans oublier la réduction du nombre d’intermédiaires dans le circuit de la distribution afin de rendre la traçabilité des produits moins opaque et d’augmenter le profit des producteurs.

    Enfin, les autorités algériennes doivent solutionner la Problématique liée à l’octroi du foncier industriel pour la création de nouveaux Hypermarchés sera traitée au vu du chantier entamé par les autorités Algériennes qui prévoient la refonte de la loi régissant les investissements et l’octroi du foncier industriel. Si ces mesures ne sont pas appliquées, la distribution des produits alimentaires demeurera toujours inéquitable et anachronique en Algérie. Ce qui va renforcer la cherté de la vie et le fléau des pénuries de certains produits de première nécessité.
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