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Drogues du Maroc, ...

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  • #16
    La drogue pèse près de 20% du PIB marocain, c'est chaque année 20 milliards de dollars d'argent net d'impôts qui rentrent dans les poches d'amir el mouminie et de son Makhzen... Et malheureusement les algériens en font les frais.

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    • #17
      Envoyé par Hallaj Voir le message
      La drogue pèse près de 20% du PIB marocain, c'est chaque année 20 milliards de dollars d'argent net d'impôts qui rentrent dans les poches d'amir el mouminie et de son Makhzen... Et malheureusement les algériens en font les frais.
      Pour rien au monde, ce makhzen ultra-pourri ne lâchera jamais cette manne.

      Notre malheur en ALGERIE est que non seulement notre jeunesse s'y est adonnée à ce trafic,

      mais le PIRE est que des barons et des réseaux se sont constitués, et qui sont protégés au plus haut niveau de la pyramide du pays.

      Si notre régime était vraiment clean, il aurait pu mettre ce makhzen au banc des accusés au niveau international, jusqu'à ce qu'il cesse ce trafic.
      Dernière modification par Pomaria, 21 avril 2021, 22h32.
      Lorsque vous changez votre manière de voir les choses, les choses que vous voyez changent !

      Ne cédez donc plus à la tentation de victimisation, si vous voulez êtes l’acteur principal de votre vie.

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      • #18
        Envoyé par Hallaj Voir le message
        La drogue pèse près de 20% du PIB marocain, c'est chaque année 20 milliards de dollars d'argent net d'impôts qui rentrent dans les poches d'amir el mouminie et de son Makhzen... Et malheureusement les algériens en font les frais.
        Je me demande pourquoi les Mkhaznis aiment nier cette évidence ?

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        • #19
          Envoyé par Pomaria Voir le message

          Pour rien au monde, ce makhzen ultra-pourri ne lâchera jamais cette manne.

          Notre malheur en ALGERIE est que non seulement notre jeunesse s'y est adonnée à ce trafic,

          mais le PIRE est que des barons et des réseaux se sont constitués, et qui sont protégés au plus haut niveau de la pyramide du pays.

          Si notre régime était vraiment clean, il aurait pu mettre ce makhzen au banc des accusés au niveau international, jusqu'à ce qu'il cesse ce trafic.
          La drogue canalise la violence sociale en tranquillisant les jeunes, tous les états du monde tolérent la drogue en vérité, à dose homéopathique bien sûr...mais dans le cas de l'Algérie on a dépassé ce stade, car nous avons un voisin immoral et immonde qui a fait de la drogue une économie entière, et dont le poison déborde tellement chez nous qu'il en devient un fléau national. Les USA pour moins que ca ont envoyé des avions bombarder les champs de cocaine en Colombie.

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          • #20
            Envoyé par Nodjoud Voir le message

            Je me demande pourquoi les Mkhaznis aiment nier cette évidence ?
            Ils le savent et ils en sont fiers même. Ces gens sont similaires aux démons humains dont Allah parle dans sourate An Nass. Plus félon, immoral, lâche et menteur qu'un 3iyacha ca n'existe pas.

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            • #21
              Envoyé par Hallaj Voir le message
              La drogue pèse près de 20% du PIB marocain, c'est chaque année 20 milliards de dollars d'argent net d'impôts qui rentrent dans les poches d'amir el mouminie et de son Makhzen... Et malheureusement les algériens en font les frais.
              Je dirais 30% et on vise les 50%

              tu as un problème avec ça?
              "Tout ce qui te dérange chez les autres, c'est seulement une projection de ce que tu n'as pas résolu en toi-même" - Bouddha

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              • #22
                Envoyé par ayoub7 Voir le message

                Je dirais 30% et on vise les 50%

                tu as un problème avec ça?
                Vous ferez moins les malins le jour où l'Algérie enverra 80 soukhoi accompagnés d'autant de bombardiers dans le Rif pour raser au napalm vos champs de cannabis.

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                • #23
                  Envoyé par Hallaj Voir le message

                  Vous ferez moins les malins le jour où l'Algérie enverra 80 soukhoi accompagnés d'autant de bombardiers dans le Rif pour raser au napalm vos champs de cannabis.
                  Quand l’Algérie pourra envoyer assez de camions d’huile pour nourrir ses citoyens, tu viendras nous parler de faire une gu guerre avec un autre pays

                  vas bombarder les algériens de semoule et de sucre vas...
                  "Tout ce qui te dérange chez les autres, c'est seulement une projection de ce que tu n'as pas résolu en toi-même" - Bouddha

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                  • #24
                    Alors ya l'3youb, t'as bien épluché mes posts ? Je suis sur que oui et tu en as pris une sacrée migraine ...je vais encore en dénicher d'énormes que ta cervelle en sera réduite à hummm , comment dirais-je ...à l'apothéose !

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                    • #25
                      Envoyé par wahrani Voir le message
                      Alors ya l'3youb, t'as bien épluché mes posts ? Je suis sur que oui et tu en as pris une sacrée migraine ...je vais encore en dénicher d'énormes que ta cervelle en sera réduite à hummm , comment dirais-je ...à l'apothéose !
                      haha t’es ouf toi. Autant lire Guerre et Paix
                      "Tout ce qui te dérange chez les autres, c'est seulement une projection de ce que tu n'as pas résolu en toi-même" - Bouddha

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                      • #26
                        Ce n'est pas la même chose, un roman se fait désirer et nous entraîne dans une sphère imaginaire et reposante tandis que mes posts t'obligent à un travail intellectuel harassant , j'imagine te voir à faire une comparaison mot à mot avec les articles originaux...question de voir si je n'y ai pas incrusté une phrase subliminale ! Bon travail l'3youb , surtout ne lâche pas un mot de mes posts et met à coté de toi un paquet de doliprane !

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                        • #27
                          Envoyé par wahrani Voir le message
                          Ce n'est pas la même chose, un roman se fait désirer et nous entraîne dans une sphère imaginaire et reposante tandis que mes posts t'obligent à un travail intellectuel harassant , j'imagine te voir à faire une comparaison mot à mot avec les articles originaux...question de voir si je n'y ai pas incrusté une phrase subliminale ! Bon travail l'3youb , surtout ne lâche pas un mot de mes posts et met à coté de toi un paquet de doliprane !
                          Pas besoin de philosopher, tu vois ce que je veux dire...

                          Il y a plus de drogue qui circule en Algerie qu'au Maroc, c'est un fait, et dans les plus hautes spheres. Ce n'est un secret pour personne que la nomenclature non seulement trafique mais aussi consomme!

                          Que ce soit le fils de Tebboune avec 7 quintaux de coke (de quoi envoyer toute l'Algerie au Nirvana) ou son papa qui est un avide consommateur de cannabis.

                          Si au moins ça le calmait
                          "Tout ce qui te dérange chez les autres, c'est seulement une projection de ce que tu n'as pas résolu en toi-même" - Bouddha

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                          • #28
                            Le Maroc n'est pas connu uniquement par la drogue, mais aussi par d'autres tares toutes inavouables.
                            ثروة الشعب في سكانه ’المحبين للعمل’المتقنين له و المبدعين فيه. ابن خلدون

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                            • #29
                              ◦ Économie de la drogue et réseaux de corruption au Maroc

                              Article
                              1En décembre 2003, un rapport de l’Office contre la drogue et le crime (ODC) des Nations unies [1] a apporté une confirmation scientifique à ce que tous les experts estimaient depuis longtemps : avec 135 000 hectares de culture de cannabis produisant chaque année plus de 3 000 tonnes de haschisch, le Maroc est de très loin le premier producteur/exportateur mondial de cette substance [2]. Non seulement 90% du haschisch consommé en Espagne et en France provient de la région du Rif, mais les trafiquants utilisent leurs réseaux pour acheminer en Europe des drogues dures comme la cocaïne et y blanchir leurs profits. Ces derniers représentent la plus importante source de devises dans l’économie marocaine et sont à l’origine de réseaux de corruption et de clientélisme allant du choix, par la population, de trafiquants comme autorités villageoises dans le Rif jusqu’aux plus hauts niveaux des autorités de l’État, du moins sous le règne de Hassan II. Si ce dernier avait laissé aux trafiquants et à leurs appuis dans l’administration et au sein des élus une marge de manœuvre importante dans la région du Nord, c’était pour préserver la loyauté d’une région réputée hostile au pouvoir central – loyauté d’autant plus nécessaire qu’à partir du début des années 1990 le pouvoir mettait progressivement en place une ouverture démocratique risquant de rendre difficilement contrôlable les nouveaux partis politiques. Simultanément, la tolérance dont bénéficient les cultures illicites de la part du gouvernement permet aux populations paysannes berbères marginalisées économiquement et socialement discriminées de survivre dans un environnement dégradé.
                              2La place prise par le haschisch marocain sur les marchés de consommation espagnol et français doit beaucoup aux réseaux de corruption, actifs ou passifs, qui facilitent son importation dans ces deux pays. Si, en Espagne, la corruption induite par le trafic de transit touche essentiellement les membres des forces de répression, en France, en revanche, les ministres de l’Intérieur successifs affirment que la consommation du cannabis constitue un « fléau » conduisant à l’usage des drogues dures [3], mais s’arrangent pour que la responsabilité du Maroc dans sa production et son exportation soit occultée. Cette politique, bien entendu, est dictée par des intérêts économiques et géopolitiques « supérieurs ». Par conséquent, on peut se demander si la décision de Mohammed VI d’autoriser la première évaluation des superficies de culture et de s’en prendre, depuis l’été 2003, à d’importants trafiquants et à leurs complices dans l’appareil d’État est le signe d’un changement politique dans ce domaine ou bien seulement un rideau de fumée, comme ce fut à deux reprises au moins le cas sous le règne d’Hassan II.
                              Un héritage de l’histoire
                              3Les historiens s’accordent pour établir l’existence de cultures déjà centenaires de cannabis (kif [4]) dans la région de Ketama, dans le Rif central, au xvie siècle. Ces cultures remonteraient à l’arrivée des immigrants arabes dans la région au viie siècle. Vers 1890, le sultan Hassan Ier (1873-1894) confirme l’autorisation de cultiver le kif dans cinq hameaux des tribus des Ketama et des Beni Khaled. En 1912, le royaume est séparé en deux zones, l’une placée sous administration française, l’autre sous tutelle espagnole. La conférence d’Algerisas, en 1906, concède le monopole de la vente et de l’achat du tabac et du kif à la Régie marocaine des kifs et tabac, une compagnie multinationale de capital français. La Régie a pour siège Tanger, ville bénéficiant, à partir de 1920, d’un statut international et administrativement séparée des zones française et espagnole [5]. Durant les cinq ans pendant lesquels Abd el Krim maintient par la force des armes un État indépendant dans le Rif (1921-1926), la production de cannabis diminue notablement, non pas tant du fait des opérations militaires que de la volonté du chef berbère, pour qui la consommation de kif est contraire aux préceptes du Coran.
                              4Le 12 novembre 1932 est promulgué un dahir (décret-loi royal) interdisant la culture du cannabis dans la zone sous protectorat français. Contrairement à l’Espagne, la France a en effet signé l’accord international sur les stupéfiants. Mais ce même dahir autorise la Régie à vendre aux populations locales un mélange de haschisch et de tabac, permettant à la France de profiter des recettes fiscales générées par cette activité [6]. Un nouveau dahir, promulgué en 1954 par le roi Mohammed V et censé s’appliquer, dès l’indépendance, aux deux zones du royaume, confirme l’interdiction de 1932. Toutefois, une tolérance subsiste pour les cinq hameaux des tribus Ketama et Beni Khaled, ce qui vaut à la région le surnom espagnol de « Cinco ». Mais, dans les années 1950, le kif est également ouvertement planté dans le Haouz (plaine de la région de Marrakech) et le Gharb (plaine de la région de Kenitra). En 1960, le gouvernement marocain étendait l’application du dahir de 1954 à l’ensemble du territoire, sans que cette décision soit suivie d’effet dans le Rif. Au contraire, Ketama devient une sorte de Katmandou pour les jeunes Européens [7].
                              5Entre 1958 et 1990, le Rif connaît trois soulèvements durement réprimés, ce qui ne sera pas sans incidence sur la marginalisation économique postérieure de la région et son recours accru aux cultures illicites. Le plus sanglant est sans conteste celui de 1958 ; noyé dans le sang par Hassan II, il fait des milliers de morts. En 1984, des mesures prises par les autorités locales pour limiter la contrebande dans l’enclave espagnole de Melilla et le trafic de cannabis dans tout le Nord provoquent également un soulèvement. Plus récemment, en décembre 1990, la répression d’un mouvement de révolte sociale, né à Fez, fera elle aussi nombre de victimes (officiellement une quarantaine, officieusement près d’un millier) dans cette ville, mais aussi à Tanger, Tétouan et Al Hoceima.
                              6Dans les années 1980, le développement continu des productions entraîne l’arrivée de délinquants d’autres régions du Maroc, qui coupent les routes et rançonnent touristes et narco-touristes. À cela s’ajoute l’activité des forces de répression tendant à faire des étrangers, frappés de lourdes peines lorsqu’ils sont arrêtés en possession de haschisch, des boucs émissaires, afin de masquer le fait que les autorités locales, et parfois nationales, sont impliquées dans la production et le trafic. Le nord du Maroc est donc considéré comme une « zone dangereuse », ce qui affecte non seulement le narco-tourisme, mais le tourisme tout court. Cette mauvaise réputation perdure encore aujourd’hui bien qu’il n’existe plus aucune insécurité dans la zone, même dans la région de Ketama, qui passe pour être le berceau des trafiquants. Depuis l’avènement de Mohammed VI (juillet 1999), les contrôles policiers se sont en effet assouplis, ce dont bénéficient les cultivateurs mais également les touristes, qui se déplacent en toute quiétude dans la région.
                              Des réseaux de contrebande aux filières de la drogue
                              7La spécialisation du Rif dans la production de cannabis et les pratiques illicites s’explique enfin historiquement par le fait que les activités de contrebande y constituent une réalité plus que séculaire. La contrebande à partir des enclaves espagnoles du littoral méditerranéen marocain, Ceuta et Melilla, a pris forme à mesure que le Maroc s’est ouvert, au cours de la deuxième moitié du xixe siècle, au commerce européen et que les vieux presidios espagnols, de garnisons pénitentiaires, se sont métamorphosés en entrepôts commerciaux. À l’aube du xxe siècle, Ceuta et Melilla et les îlots qui les jouxtent sont déjà au cœur d’un trafic intense d’armes et de munitions de guerre qui contribua fortement à ce qui fut appelé l’« anarchie marocaine », prétexte à l’établissement du protectorat.
                              8Depuis les années 1970, le phénomène a pris une dimension nouvelle. De confinée localement, la contrebande est devenue une donnée régionale et même nationale, car elle atteint les villes les plus éloignées du pays et fournit du travail à des dizaines de milliers de personnes [8]. Cette activité illégale est alimentée en toute connaissance de cause par l’Espagne ; en effet, les produits (des détergents à l’huile de cuisine en passant par le fromage et les insecticides) introduits au Maroc via les enclaves sont spécialement fabriqués dans ce but et ne sont pas vendus sur le territoire espagnol. Selon le gouvernement marocain, qui pourtant la tolère, la contrebande représentait à la fin des années 1990 un chiffre d’affaires annuel de 3 000 millions de dollars, et les pertes pour l’économie nationale s’élevaient à environ 1 350 millions de dollars [9]. Non seulement ce phénomène fait obstacle au développement de l’industrie manufacturière du pays, mais il a durablement enraciné les réseaux et les infrastructures d’une économie informelle dont le trafic illicite de stupéfiants a naturellement bénéficié. Schématiquement, le transport de la drogue permet d’optimiser les investissements en hommes et en moyens de transport de la contrebande traditionnelle, dont les flux se font depuis les enclaves espagnoles vers l’intérieur du Maroc, alors que la drogue circule de l’intérieur vers l’Espagne. Les douaniers, policiers, gendarmes et autres représentants de l’autorité, habitués à « fermer les yeux » sur les transports de marchandises dans un sens, n’éprouvent pas de scrupules majeurs, moyennant bakchich, à ne pas les ouvrir sur la drogue voyageant dans le sens opposé.
                              Estimation des superficies de culture du cannabis
                              9La région du nord du Maroc où se concentre la culture du cannabis occupe environ 20 000 km2, soit 2,7 % de la superficie du pays [10]. À cheval sur les provinces d’Al Hoceima, Chefchaouen, Larache, Taounate, Tetouan, elle est traversée d’est en ouest par la chaîne du Rif, qui culmine à 2 456 mètres. La densité de la population rurale (124 habitants au km2, avec, dans certaines communes, près de 150 habitants au km2) y est trois fois plus élevée que la moyenne nationale. Et cela bien que la région ait été, dans les années 1960-1970, la principale zone d’émigration vers l’Europe. Mais le taux d’accroissement y est de 2,19 % par an, la moyenne par famille de sept enfants, et la moitié de la population a moins de 15 ans.
                              10À partir des zones de production traditionnelle de certaines communes du Rif central où le cannabis est cultivé depuis plusieurs siècles, les cultures illicites se sont propagées au cours des vingt dernières années, vers l’ouest, dans les provinces de Chefchaouen et de Larache, puis ont gagné au nord celle de Tétouan et, au sud, celle de Taounate. Driss Basri, l’inamovible ministre de l’Intérieur déchu par le nouveau roi, avait coutume, en février, époque où l’on sème le cannabis, d’apparaître à la télévision pour exhorter les paysans à ne pas en planter sous peine de sanctions. Bien que ces menaces soient restées, le plus souvent, lettre morte, le silence de son successeur a donné aux paysans l’impression que les cultures étaient désormais autorisées.
                              11Les cultures sont progressivement passées de 30 000 hectares dans les années 1980 à plus de 100 000 au début des années 2000 [11]. Les chiffres obtenus par l’Office contre la drogue et le crime en 2003, en croisant des observations satellites et une enquête de terrain, font état de 134 000 hectares – une des plus importantes superficies de cultures illicites jamais observées dans un seul pays [12] – pour une production de 47 000 tonnes de cannabis brut, soit 3 080 tonnes de haschisch, auxquelles devraient s’ajouter la production d’une quinzaine de milliers d’hectares dans les régions à l’est et à l’ouest du Rif n’ayant pas fait l’objet d’observations directes. Ces chiffres, qui coïncident avec les données suggérant une croissance régulière des cultures illicites depuis une quinzaine d’années, contredisent les affirmations des diplomates marocains qui, dans les enceintes internationales, soutiennent que les cultures de cannabis ne dépassent pas 50 000 hectares [13].

                              .../...

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                              • #30
                                .../...
                                12Si un nombre très réduit de paysans berbères affirment ne pas cultiver le cannabis parce qu’il serait haram (impur) selon le Coran, sa production et son usage peuvent être qualifiés de « traditionnels » au sein de la population. On se rend encore en pèlerinage sur la tombe de Sidi-Heddi, le saint patron des fumeurs de kif, qui serait le premier à avoir rapporté des graines d’Asie. Bien que l’ivresse cannabique soit longtemps restée l’apanage des mystiques et que l’« herbe de fakirs » se retrouve toujours au cœur de certains rites religieux, les fumeurs de kif sont devenus, à partir du xixe siècle, de plus en plus nombreux parmi la population paysanne. Aujourd’hui, si le kif est traditionnellement fumé entre hommes autour d’un verre de thé à la menthe, on le consomme aussi en famille lors des grands événements. La poudre de cannabis intervient également dans la préparation du majoun, pâtisserie réservée aux repas de fête, encore très populaire dans tout le Maroc.
                                Dégradation de l’environnement physique et humain


                                13Le cannabis couvre 10 % de la superficie totale des cinq provinces concernées et 27 % de leur surface agricole utile, mais seulement 1,5 % de la surface agricole utile du Maroc ; quelque 96 600 familles rurales, représentant environ 800 000 personnes (2,5 % de la population du Maroc en 2002), soit un peu moins de la moitié de la population de la province, le cultivent. Les plantations de cannabis rapportent sept ou huit fois plus que celles de céréales, comme l’orge, lorsque les terres ne sont pas irriguées (88 % des cas), et douze à seize fois plus lorsqu’elles le sont (12 % des cas). La récolte de cannabis a généré en 2003 un revenu global de 214 millions dollars, soit, par famille, un revenu annuel moyen d’environ 2 200 dollars. Si l’on prend en compte les autres sources de revenu des cultivateurs de cannabis, cela équivaut en moyenne à 51 % du revenu annuel total des cultivateurs de cannabis (4 351 dollars), chiffre comparable au revenu moyen des 1,5 million d’exploitants agricoles du Maroc qui, eux, ne cultivent pas le cannabis. Ces chiffres montrent clairement que le Rif est une des régions les plus pauvres du pays et que seule la culture du cannabis y assure aux paysans un revenu équivalent à celui de la moyenne des cultivateurs du pays.

                                14On doit donc se demander pourquoi les autorités ont soudainement accepté, en 2003, de signer avec les Nations unies un accord portant sur l’évaluation des cultures de cannabis. D’une part, cette initiative se situe dans le contexte des mesures prises par le nouveau roi pour lutter contre la corruption et imposer davantage de transparence dans la gestion des affaires publiques. D’autre part, elle vise à attirer les fonds de la communauté internationale pour le développement de la région. La culture intensive du cannabis a en effet des conséquences sur l’environnement qui peuvent, à moyen terme, se révéler désastreuses et obliger une grande partie de la population à partir, sans que les zones urbaines puissent absorber cette migration intérieure.

                                15Sur le plan économique également, la culture du cannabis a des effets pervers : les paysans ont tendance à abandonner les cultures vivrières pour s’approvisionner sur les marchés en lait, légumes, oeufs, huile, etc., dont les prix ne cessent de monter, et donc à s’endetter saisonnièrement auprès des commerçants. On peut observer dans de nombreuses régions du Rif le cycle suivant : à la fin du mois d’août et au mois de septembre, lorsque la récolte est rentrée et vendue, l’atmosphère est à la fête et à la consommation. C’est notamment l’époque où l’on célèbre les mariages. Durant les quelques mois qui suivent, l’économie familiale est équilibrée, puis, au début de l’année suivante, s’ouvre une période de disette et d’endettement qui atteint son paroxysme en juillet, peu avant la récolte du cannabis.

                                16Au début des années 1980, on a commencé à former les habitants des régions du Rif. Alors que l’analphabétisme y est plus élevé que dans le reste du Maroc (touchant, en 2001, 75 % des hommes et 95 % des femmes pour les provinces de Chefchaouen et d’Al Hoceima), l’arrivée soudaine de l’argent du cannabis a fait fléchir les motivations en matière d’éducation des enfants. Le taux de scolarisation n’atteignait pas, en 2001, 50 % des enfants dans la région, la seule au Maroc où l’on observe une progression de l’analphabétisme. Il est vrai que les jeunes sont en général occupés à commercialiser le produit que leurs parents cultivent et qu’ils n’acquièrent donc pas le savoir-faire agricole traditionnel. Parmi eux, on observe une consommation de plus en plus importante de boissons alcoolisées mais aussi de drogues, notamment de la cocaïne fumée sous forme de base dans des boîtes de coca-cola et même de l’opium produit localement sur de petites superficies plantées de pavot [14]. L’économie du cannabis exacerbe également les conflits familiaux et contribue à multiplier les litiges fonciers. La population se montrant par ailleurs très réticente à l’égard des projets de développement, les ONG s’investissent dans d’autres régions du pays. D’une façon générale, l’argent n’est pas destiné à améliorer la situation familiale mais le plus souvent consacré à des dépenses dites « somptuaires » : beaucoup de Rifains possèdent dans les villes de Tétouan et de Tanger des appartements dans lesquels ils ne font qu’un court séjour, deux ou trois fois par an, pour marquer le signe d’un statut.

                                17Enfin, une conséquence sociale de cette économie est que les notables, traditionnellement investis de l’autorité villageoise ou tribale, ont dû céder la place à une nouvelle classe émergente de privilégiés, les trafiquants de drogue, qui possèdent le pouvoir économique : ce sont eux qui avancent de l’argent aux cultivateurs, possèdent des automobiles, achètent des terres, sont propriétaires de biens et d’appartements [15]…Un important producteur de cannabis de Ketama a même créé une ONG se proposant de développer (chez les autres, bien entendu) des cultures alternatives au cannabis et reçoit pour cela des subsides du gouvernement.
                                Argent de la drogue, grands trafics et corruption


                                18Dans le rapport de l’ODC, on peut lire qu’en 2002 environ 735 tonnes de résine de cannabis ont été saisies en Europe occidentale [16] (dont 564 en Espagne) et 66 tonnes au Maroc, soit un total de 801 tonnes. Si l’on déduit ces saisies du chiffre potentiel de la production de haschisch marocain, il reste environ 2 300 tonnes pour la consommation en Europe. Ce rapport met donc implicitement en opposition les 214 millions de dollars qui reviennent aux paysans marocains aux 12 milliards de dollars qui seraient engrangés par des trafiquants dont on insinue qu’ils sont européens. C’est probablement en exigeant cette présentation des faits, dans laquelle les Marocains apparaissent sinon comme des victimes, du moins comme les parents pauvres du trafic de haschisch, que les autorités du pays ont accepté de voir dévoiler l’ampleur des cultures sur leur territoire.

                                19En réalité, ce calcul « oublie » toutes les phases intermédiaires du trafic de gros, demi-gros, etc., dont les profits doivent être pris en compte, comme ceux des paysans et des petits dealers aux deux bouts de la chaîne. Ces bénéfices accumulés par les grands trafiquants représentent plusieurs milliards de dollars supplémentaires. Les Marocains ont le monopole de la vente de gros du haschisch à partir de leur pays ; ils ont ensuite une participation dans le commerce en Europe ; enfin, ils prennent une large part au commerce de détail dans les différents pays d’Europe. Or, ces deux dernières catégories de trafiquants rapatrient une partie de leurs profits au Maroc, où les contrôles sur le blanchiment de l’argent sont quasiment inexistants, même après la mobilisation de la communauté internationale autour de ce thème après le 11 septembre et bien que le Maroc ait été à son tour victime d’attentats. Plusieurs affaires, particulièrement en Belgique, ont mis au jour ces mécanismes. Ainsi, la banque Chaabi du Maroc a-t-elle été mise à l’amende, en juillet 1996, pour avoir fait transiter des centaines de millions de francs belges provenant de la vente de haschisch aux Pays-Bas par sa succursale anversoise [17] ; les sommes étaient ensuite ventilées sur différents comptes, dont ceux de clients utilisés à leur insu, de façon à ce que chaque fois la somme reste inférieure à 10 000 écus, montant au-dessus duquel une déclaration doit être remplie. L’auteur de ces opérations de blanchiment est un grand trafiquant tangérois, Abdesselam Echeeri. Ce propriétaire de nombreux immeubles, terrains, restaurants et clubs de la région est notamment impliqué dans l’affaire du Volga, un yacht à l’équipage composé de marins russes et ukrainiens sur lequel a été saisie par les autorités espagnoles, en 1995, la quantité phénoménale de 36 tonnes de haschisch. Arrêté au Maroc pour cette affaire, il bénéficiera d’une mise en liberté provisoire, achetée au prix fort auprès d’un juge. Arrêté à nouveau en Belgique, il sera extradé vers son pays. Pascual Moreno estime que, en 1997, 2 milliards de dollars provenant de la production et du commerce du haschisch ont été générés ou rapatriés au Maroc [18]. La même année, le tourisme a rapporté 1 260 millions de dollars, les investissements étrangers 460 millions et les exportations de textiles 750 millions.

                                20Les profits générés par la production, et surtout le trafic de gros de haschisch, sont d’une ampleur financière telle qu’ils permettent de nourrir la corruption. Il est évident que dans un pays aussi policier que le Maroc de Hassan II, plusieurs milliers de tonnes de haschisch n’ont pu être exportées chaque année sans des complicités très étendues. Selon des témoignages recueillis à Tanger par les auteurs, les trafiquants utilisent d’énormes limousines pour acheminer le haschisch du Rif jusqu’à la côte : les policiers s’imaginent ainsi que leurs propriétaires ne peuvent être que des gens influents qu’ils seraient dangereux de contrôler. Toujours selon les mêmes sources, les réseaux se sont considérablement structurés et complexifiés au fil des années.

                                21La même sophistication est observable au niveau des trafics maritimes. On peut citer le cas d’une organisation qui possède un chantier de fabrication de voiliers de plaisance destinés à transporter la drogue sous l’alibi « d’essayer » les bateaux en Méditerranée pour les revendre ensuite légalement. Les exportateurs ont également recours à de grands canots pneumatiques de type Zodiac, équipés d’un ou plusieurs moteurs de 500 CV [19], capables de transporter 1 500 kilos de haschisch par voyage (la destination la plus fréquente étant la région de Malaga en Espagne). Dans les années 2000, les plus importantes zones d’exportation en Méditerranée sont les ports de Oued Lalou, Martil et Bou Ahmed. Les commanditaires sont des trafiquants qui vivent à Tanger, Rabat et sur la Costa del Sol espagnole. Il existe deux modalités du trafic : certains bateaux vont directement en Espagne, d’autres transbordent au large la marchandise sur des embarcations de pêche ou des yachts. Les trafiquants, pour se livrer en toute tranquillité à leur négoce, doivent s’assurer la complicité de la confrérie des pêcheurs du cru ainsi que, selon les cas, de la gendarmerie, de l’armée, des douanes et de la marine. À l’arrivée en Espagne, des agents des douanes et des policiers sont également achetés. Un trafiquant marocain nous a même déclaré que, en cas de conflit avec son acheteur espagnol, rapatrier la marchandise au Maroc en attendant une prochaine tentative ne lui posait aucun problème : cela en dit long sur l’impunité qui règne des deux côtés de la Méditerranée. Les trafiquants utilisent aussi des hélicoptères (dont un s’est écrasé dans le Rif) et, selon l’attaché de police de l’ambassade de France, des avionnettes. Une partie du haschisch est également expédiée en camion vers le Sud, dans des ports comme Agadir, Essaouira, Casablanca, et même jusqu’au Sénégal (6 tonnes de haschisch marocain ont été saisies en 2000 dans le port de Dakar) et en Côte d’Ivoire, d’où elle est embarquée sur des bateaux à destination des Pays-Bas, de la Belgique ou de l’Allemagne.


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